Evidemment depuis le succès planétaire du film de William Friedkin « L’exorciste », nous avons droits à une multitude de produits dérivés, un récent lifting qui n’apporte rien, deux suites dont l’excellente de John Boorman – film à réévaluer, se démarquant de l’oeuvre originelle -, et la « prequel », « L’exorciste au commencement », commencé par Paul Schrader, version abandonnée au profit d’un retournage plus spectaculaire par Renny Harlin – on nous promet les deux versions dans un même DVD -. Le troisième opus de 1990 est réalisé par William Peter Blatty, lui-même auteur du livre originel, qui abandonne les pistes de John Boorman – trop décrié par les fans et par Blatty lui-même, mais encore une fois, son film est remarquable -, et la révélation du démon Pazuzu. Le film adapté de son roman « Legion », fait suite à la première version, quinze après, en reprenant comme fil conducteur le personnage du Lieutenant William Kinderman, joué par Lee J Cobb, mais disparu en février 1976. C’est le vétéran George C. Scott, qui lui ressemble d’ailleurs qui prend la relève, et c’est on peut le dire le meilleur et le plus spectaculaire effet spécial du film. Il est un peu trop âgé pour le rôle, la nuance n’est pas trop son fort, mais il est remarquable cependant.
George C. Scott dans « L’exorciste IIII »
Le démon intrumentalise l’âme d’un sérial killer, pour revenir sur les lieux de Georgetown, Kinderman enquête sur des crimes rituels très élaborés, tout semble converger vers un hôpital à la section des « agîtés » ou vivent des catatoniques et des perpétuels « agités ». Les scènes fantastiques confinent assez souvent avec le grotesque – un Christ ouvrant les yeux -, et le climax final – non présent dans le livre précise un internaute sur IMDB – ne tient pas ses promesses. Mais Blatty arrive à installer une inquiétude, les scènes les plus réussies sont souvent des scènes de dialogues – très bons d’ailleurs -, tel les monologues du patient X – absolument remarquable Brad Dourif, bien utilisé pour une fois – ou les échanges de Kinderman avec son ami le Père Dyer – joué par le méconnu Ed Flanders, qui se suicidera en 1995 -. Il lui confit son désarroi d’avoir la carpe que doit préparer sa belle-mère dans sa baignoire ! Le film bénéficie d’une distribution honorable avec un retour inattendu du père Karras, Scott Wilson en médecin nerveux, l’inquiétante Viveca Lindfors en infirmière peu commode ou l’acteur fétiche de John Ford, Harry Carey Jr. en prêtre quelque peu malmené et même le débutant Samuel L Jackson en aveugle le temps d’un cauchemar. Déplorons par contre de ne retrouver le brillant comédien anglais Nicol Williamson, que dans un rôle de prêtre exorciste assez anecdotique. A ranger donc dans la catégorie honorable sans plus.