Annonce de la mort de Philippe Clay, le 13 décembre dernier, à l’âge de 80 ans. Pierre Mathevé, né le 7 mars 1927, à Paris. En 1945, il entre au conservatoire national d’art dramatique et débute au théâtre au T.N.P. Il est très représentatif des artistes de Saint-Germain-des-Près, il devient un interprète de chansons très prisés. Un parcours dû au hasard, ses amis l’inscrivant sans lui dire, en raison de sa belle voix, dans un concours pour amateurs au café « La colonne de la Bastille ». On le compare facilement à Serge Gainsbourg, on se souvient d’une interprétation mémorable de « Accordéon », avec lui, déguisés en clochards pour la télévision. Il apparaît souvent comme chanteur dans « C’est arrivé à 36 chandelles » – disponible chez René Chateau vidéo – et « Adorable voisine ». Il rencontre des polémiques en 1971, avec sa chanson « Mes universités », très contre l’esprit de Mai 1968, voir les paroles dans le site paroles.net, ce qui lui vaut une réputation d’anar de droite, voire réactionnaire. Une réputation pas si ursurpée que ça, comme on veut bien le dire, il semblerait. Sans vouloir polémiquer, comme chantait Brassens, « Les morts sont tous des braves types », mais j’ai le souvenir d’une interview de lui assez édifiante entendue par hasard, en parcourant la radio, il y a quelques années, en m’apercevant finalement que c’était Radio-Courtoisie, radio controversée d’extrême-droite. Au cinéma, la silhouette élastique et dégingandée – 1m90 – et ses traits émaciés le prédisposaient aux rôles d’affreux. Henri Jeanson dont on ne présente plus la rosserie, l’appelait « Le squelette d’Yves Montand ». Le comédien, souvent exceptionnel, était formidable. On le remarque à ses débuts dans « Rome-Express » en contrôleur de train zélé, collègue de Jean Debucourt, crédité au générique sous le nom de Phil Clay. On le retrouve virevoltant dans « French cancan » (1954), où son dynamisme fait merveille et on le retrouve dans la « Cour des Miracles », en impressionnant Clopin Trouillefou, chef de tire-laine dans « Notre-dame-de-Paris » (1956). Il en impose également dans le solide polar, « Des femmes disparaissent » (Édouard Molinaro, 1958), en tueur psychopate et sadique, martyrisant à l’envi le personnage joué par Robert Hossein, avec une délectation assez redoutable. Reste que la comédie est son domaine de prédilection. Il apporte un côté goguenard, une malice aux pires des nanars qu’il interprète, notamment dans les années 70, comme dans « Les joyeux lurons » (1972), où il campe un truand d’opérette, déguisé en prêtre. Il peut faire preuve aussi d’humanité, comme dans le téléfilm d’Agnès Delarive, « Maaarcelll ! » (1997), où il est l’ami de Michel Galabru, dont il partage les habitudes de piliers de comptoir. Il supporte son caractère de cochon, et le console de son veuvage. Comme il était l’amant de sa femme, il trouve de curieuses affinités avec elle, revenue sur la terre réincarnée en petite chatte ! Derrière la loufoquerie du sujet, il donne une grande tendresse à son personnage. Il est étonnant en père aveugle de Denis Lavant dans le méconnu « Tuvalu » (1998), où l’utilisation comique de son corps fait merveille. C’est au théâtre qu’il a connu des rôles plus intéressants, notamment dans les mises en scène de Jean-Luc Tardieu. Remplaçant au pied levé John Berry, à la mort de ce dernier, il interprète un octogénaire atteint de la maladie de Parkinson renversé par un jeune cadre, dans « Visites à Mister Green ». Il sera nommé aux Molières en 2002, pour ce rôle. Sa complainte des apaches chantée au générique des « Brigades du tigre », restera dans toutes les mémoires, et on peut le retrouver actuellement dans la série « La commune » chez Canal+. Il avait publié deux livres « Mes universités » (Éditions Robert Laffont, 1992), où il évoquait son entrée dans la Résistance, dans un maquis du Lot-et-Garonne et son engagement ensuite auprès du Maréchal de Lattre, et « Mérotte » (Éditions Anne Carrère, 1999). On peut déplorer cependant une meilleure utilisation de son talent et de sa vis comica au cinéma, comme souvent pour certaines individualités fracassantes.

Philippe Clay dans « Nathalie »

Filmographie : 1947  Le destin exécrable de Guillemette Babin (Guillaume Radot) – 1949  Rome-Express (Christian Stengel) – 1951 Le crime du Bouif (André Cerf) – 1954 French Cancan (Jean Renoir) – 1955 33 tours et puis s’en vont (Henri Champetier, CM) – 1956 La vie est belle (Roger Pierre & Jean-Marc Thibault) – Notre-Dame de Paris (Jean Delannoy) – 1957 C’est arrivé à 36 chandelles (Henri-Diamant-Berger) – Nathalie (Christian-Jaque) – En bordée (Pierre Chevalier) – 1958 Bell book and candle (Adorable voisine) (Richard Quine) – Drôles de phénomène (Robert Vernay) – Des femmes disparaissant (Édouard Molinaro) – Messieurs les Ronds de Cuir (Henri-Diamant-Berger) – Totò a Parigi (Parisien malgré lui) – 1959 La nuit des traqués (Bernard-Roland) – Les canailles (Maurice Labro) – 1960 Touchez pas aux blondes (Maurice Labro) – Dans l’eau qui fait des bulles / Le garde-champêtre mène l’enquête (Maurice Delbez, voix seulement [Récitant et la voix du mort]) – 1961 I moschettieri del mare (Il était trois flibustiers) (Steno) – 1964 Le gentleman de Cocody (Christian-Jaque) – 1966 Voilà l’ordre (Jacques Baratier, CM) – Sale temps pour les mouches (Guy Lefranc) – 1967 Les têtes brûlées (Willy Rozier) – 1969 Pour un sourire (François Dupont-Midy) – 1971 Armiamoci e partite ! (Deux corniauds au régiment) (Nando Cicero) – 1972 Pas folle la guêpe (Jean Delannoy) – Les joyeux lurons (Michel Gérard) – L’insolent (Jean-Claude Roy) – 1974 Shanks (William Castle) – Une partie de campagne (Raymond Depardon, documentaire) – 1982 Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ (Jean Yanne) – Salut la Puce (Richard Balcucci) – 1973 Un bon petit diable (Jean-Claude Brialy) – 1992 Le Put 320 décembre (Marcel Angosto, CM) – Die wildnis / État sauvage (Werner Masten, inédit en France)- 1995 Krim (Ahmed Bouchaala) – 1997 Lautrec (Roger Planchon) – 1998 Les cachetonneurs (Denis Dercourt) – 2000 Tuvalu (Veit Hermer) – 2001  Là-haut un roi au-dessus des nuages (Pierre Schoendoerffer) – 2007  La deuxième vie du sucrier (Didier Canaux, CM). 

 

 

 

Télévision : 1954  La femme du photographe (Janine Guyon) – 1955 Paris Precinct : Cognac et cyanure (Sobey Martin) – 1964 L’assassinat de Franz Léhar (Maurice Château, scopitone) – 1966  L’esprit et la lettre : La grande peur de la montagne (Pierre Cardinal) – Un conte d’hiver (Jean Kerchbron) – Les gueux au paradis (Jean Pignol) – 1970 La brigade des maléfices : Voir Vénus et mourir (Claude Guillemot) – L’homme qui rit (Jean Kerchbron) – La canne (Adrien Papazian) – 1971 Le père Noël est en prison (Pierre Gautherin) – La sainte farce (Jean Kerchbron) – 1977 L’affaire Miller (André Flédérick) – Brigade des mineurs : Play back et tais-toi (André Flédérick) – 1978 La maréchale d’Ancre (Jean Kerchbron) – 1979  Un comédien lit un auteur : Philippe Clay lit Louis Pergaud (Jean-Claude Demey) – La dame aux coquillages (Charles Paolini) – Les amours de la belle époque : Ces dames aux chapeaux verts (André Flédérick) – La ruée vers l’eau (Charles Paolini) – 1980  Ubu cocu ou l’archéoptéryx (Jean-Christophe Averty) – La nuit du général Boulanger (Hervé Bromberger) – 1981  Frère Martin (Jean Delannoy) – Au bon beurre (Édouard Molinaro) – Novgorod (Armand Ridel) – 1982  Cinéma 16 : Le ressac (Charles Paolini) – Marianne, une étoile pour Napoléon (Marion Sarraut) – 1984 Catherine (Marion Sarraut) – L’herbe rouge (Pierre Kast) – 1985  Le chevalier de Pardaillan (Josée Dayan) – 1987 Anges et loups (Boramy Tioulong) – 1988 Le ravissement de Scapin (Michel Folgoas) – Le Gerfaud (Marion Sarraut) – L’homme à tout faire (Gandrey Rety) – La comtesse de Charny (Marion Sarraut) – 1989  Loft story : Kleptomanie – 1990  Le dernier gang : L’homme aux chiens (Josée Dayan) – 1991  Le gourou occidental (Daniel Souissa) – La dérive (Josée Dayan) – 1992  Un flic pourri (Josée Dayan) – Le J.A.P. : Tirez sur le lampiste (Josée Dayan) – 1993  Le J.A.P. : La cible (Henri Helman) – Le J.A.P. : Rupture (Franck Appréderis) – Police secrets : Mort d’un gardien de la paix (Josée Dayan) – 1994  Le J.A.P. : Point de rupture (Franck Appréderis) – La rivière Espérance (Josée Dayan) –  1993  Le J.A.P. : Chacun sa gueule (Franck Appréderis) – 1995  Pasteur, 5 années de rage (Luc Béraud) – Les allumettes suédoises [épisodes « David et Olivier » et « Les sucettes à la menthe »] (Jacques Ertaud) – 1996  La guerre des moutons (Rémy Burkel) – Les anneaux de la gloire (Jean-Luc Miesch) – La parenthèse (Jean-Louis Benoît) – 1997 Le bimillionnaire (Michaël Perrotta) – Les lois de l’hospitalité (Luc Béraud) – Le causse d’Aspignac (Rémy Burkel) – La grande Béké (Alain Maline) – Marceeel !!! (Agnès Delarive) – Le comte de Monte Cristo (Josée Dayan) – 1998 La maison d’Alexina (Mehdi Charef) – 2000 Des croix sur la mer (Luc Béraud) – Amour, embrouille et ballade / Promène-couillon (Bernard Malaterre) – 2004 Père et maire : Retour de flammes (Gilles Béhat) – 2006 Dombais et fils (Laurent Jaoui) – 2007 La commune [épisode 2 et 6] (Philippe Triboit).

Avec Thomas Joussier, dans « Visites à Mister Green » DR 

Théâtrographie : 1945 à 1949 Le marchand de Venise de W. Shakespeare / Tartuffe de Molière / Iphigénie de Racine / De 1950 à 1953 Comédien dans la troupe du Palais de Chaillot. / De 1966 à 1995 Don Quichotte d’Y. Jamiaque / Des idées larges Théâtre de l’Athénée. /  Le comte de Monte-Cristo, m.e.s. M. Jacquemont / Philippe Clay, Théâtre des Nouveautés. / Le Barbier de Séville, Théâtre des Champs Elysées. / Jules Romain, homme de bonne volonté. Rencontres du Palais Royal. / L’aiglon d’E. Rostand, m.e.s. J.-L. Tardieu / Zoo de Vercors, m.e.s. J.-L. Tardieu / Oscar de C. Magnier, m.e.s. J. Bœuf / 1995 La veuve joyeuse de F. Lehar, m.e.s. J.-L. Tardieu / Un ennemi du peuple de H. Ibsen, m.e.s. J.-L. Tardieu / 1996 Des ronds dans l’eau, m.e.s. J.-L. Tardieu / Le voyage de Monsieur Perrichon de E. Labiche, m.e.s. J.-L. Moreau / 1997 Des ronds dans l’eau, m.e.s. J.-L. Tardieu / 1998/1999  Le sexe faible d’E. Bourdet, m.e.s. Jean-Claude Brialy ((Festival d’Anjou + tournée) / 2001/2003 Visite à Mr Green, de Jeff Barron, aaptation de Thomas Joussier et Stéphanie Galland, m.e.s. de Jean-Luc Tardieu (Genève ; reprise à Paris, espace Rachi ; Théâtre de la Bruyère, Théâtre Antoine. Festival de Gordes ; + tournée) / 2005/2006 L’escale de Paul Hengge, adapation de Stephan Meldegg ; Attica Guedj, m.e.s. Stephan Meldegg