Vu hier le second film de la scénariste Florence Quentin après l’amusant « J’ai faim ! », dont on connaît les qualités d’écritures indéniables. Le public est nombreux pour cette comédie de fin d’année. Le sujet pouvait être passionnant, le rapport d’un chauffeur corvéable à merci, mais combinard, et son rapport amoureux avec un grand patron, fêtard et odieux. Hélas, il ne faut pas compter ici sur l’ombre d’une petite analyse sociologique, à la manière de « The servant », du tandem Harold Pinter-Joseph Losey, la réalisatrice n’exploite juste que la possibilité comique de l’histoire. Si  Gad Elmaleh, est tout à fait convaincant, en chauffeur arriviste, méticuleux et angoissé, on ne peut pas en dire autant du reste de la distribution, Sabine Azéma fait ce qu’elle peut avec un personnage hyper caricatural d’oisive hypocondriaque, la charmante Valeria Golino, est assez improbable, en Espagnole qui a toujours froid, et le personnage de Gérard Depardieu, est tragiquement absent. Pour continuer sur le feuilleton Depardieu, on ne voit que le comédien qui s’amuse visiblement. Il nous offre cette fois ci une sorte de « service minimum », parfois efficace, alors qu’il était plus convaincant, dans « Je préfère qu’on reste amis ». Pour tromper notre ennuie, on peut désormais se livrer au petit jeu suivant, suivre le regard de notre Gégé national, qui s’attarde de manière plus ou moins perceptible, sur un texte que l’on imagine affiché dans quelques recoins… La réalisatrice surligne la moindre de ses idées; Par exemple pour Gérard Depardieu tombant de moto sur du gravier, c’était une idée déjà présente dans « Les acteurs » de Bertrand Blier. C’est certes une manière d’autodérision, on peut, à la rigueur, esquisser un léger sourire à la commissure droite de sa lèvre, mais au bout de la troisième reprise du gag, on frise le lourdingue…

Gérard Depardieu & Gad Elmaleh

C’est dommage car il y avait de bonnes idées, le personnel de maison qui se lamente de rester sans rien faire, ou le chœur des chauffeurs, commentant les arcanes du pouvoir.  L’ombre de Francis Veber plane sur le film – Gérard Depardieu se nomme François Veber -, mais on est loin de son exigence. Le pire c’est encore l’apparition de Xavier Couture, ex-PDG de Canal+, actuellement « Endemolisé », qui nous régale habituellement de sa suffisance dans quelques « talk-shows ». Il est ici mauvais comme un cochon. Son personnage Delahaye, est censé être un personnage charismatique, c’est donc le « miscasting » de l’année. Dans l’émission « Tout le monde en parle », la comédienne Florence Thomassin, fatiguée de sa langue de bois, lui avait arraché les poils des oreilles ! C’était un grand moment de télévision, ce souvenir nous venge de cette pitoyable prestation couturesque. Au petit jeu des seconds rôles, d’excellents comédiens ne font que passer, le « Mockyen » Michel Bertay, Roger Pierre, le trop rare (au cinéma) Roland Bertin, Zinedine Soualem, en chauffeur, Édith Le Merdy en contractuelle. Par contre Mar Sodupe en banquière espagnole est excellente et le réalisateur Bob Swain compose un personnage inquiétant à souhait. Si on rajoute un grave problème de rythme à ce film, et des redites, on n’obtient au final qu’un pétard mouillé.