Annonce de la mort de Deborah Kerr le 16 octobre dernier dans le Suffolk – Est de l’Angleterre -, elle souffrait de la maladie de Parkinson. Cette comédienne d’une grande distinction, est née à Helensburg, en Ecosse, le 30 septembre 1921. Elle s’inscrit en 1937 à la Sadler’s Wells Ballet, comme danseuse. Elle joue ensuite de petits rôles sur la scène. Michael Powell avait aimé cette comédienne à ses début en Angleterre, mais il s’était marié avec une autre Femme Frankie. Il évoque avec émotion sa rupture avec elle, dans son livre « Million dollar movie » : « Une moitié de moi-même, une partie de Deborah, avait été écorchée, débitée, comme une viande sanglante mise à l’étal du marché hollywoodien… ». Il devait la retrouver pour le « Colonel Blimp » (1943), où elle joue trois rôles différents, elle remplaça Wendy Hiller alors enceinte, et le superbe « Narcisse noir », en 1946, où elle incarnait une religieuse vivant dans une communauté dans les contreforts de l’Himalaya. La Metro Goldwyn-Mayer l’engage en 1947, pour des rôles de Ladies, le plus souvent. Elle fit un parcours exemplaires, mais si elle fut nommée pour l’Oscar de la meilleure actrice à six reprises – « Edward, mon fils », « Tant qu’il y aura des hommes », « Le roi et moi », « Dieu seul le sait », « Tables séparées », et « Horizons sans frontière », elle ne le reçu jamais. La noblesse de son port naturel la prédispose à jouer dans des films historiques de prestiges. Elle tourne avec Fred Zinneman où elle a une scène torride au bord d’une plage avec Burt Lancaster, Vincente Minnelli dans « Thé et sympathie » (1956) , dans le rôle d’une femme mariée séduite par un jeune homme, Otto Preminger dans « Bonjour tristesse » (1957), adaptation de l’œuvre de Françoise Sagan, où elle séduit David Niven, au grand désarroi de la fille de ce dernier jouée par Jean Seberg. Elle rayonne face à Cary Grant, dans « Elle et lui » (1957), mélo radieux dans le décors de l’Empire State Building, remake abouti de Leo MacCarey de son propre film joué en 1938 avec Irene Dunne et Charles Boyer de 1938. Son interprétation sensible de gouvernante dans le magnifique « Les innocents » (1961) de Jack Clayton, participe à la réussite du film adapté de l’œuvre d’Henry James. John Huston fit voler son image en éclats, avec le jubilatoire « Dieu seul le sait » (1957), où elle joue une nonne échouée dans une île du Pacifique, avec un séduisant marin cabochard – génial Robert Mitchum -, jouant à la déstabiliser en blasphémant. Elle retrouve Huston dans « La nuit de l’Iguane » 1964), en femme dans l’errance, dans l’un des meilleurs moments de l’inégal « Casino royale » (1967), en jouant aux côtés de David Niven en incarnant une espionne écossaise portée sur la boisson, entourée de superbes créatures. Dans l’un des meilleurs films d’Elia Kazan, « L’arrangement » (1969), elle est éblouissante en femme meurtrie ne comprenant pas le comportement de son mari après un accident – Kirk Douglas dans l’un de ses plus grands rôles -, et qui tente de sauver son couple, avant de le faire hospitaliser dans un hôpital psychiatrique, ne supportant plus l’idée d’un bonheur perdu. Elle s’éloigne ensuite des plateaux, pour ne revenir que dans les années 80, le plus souvent dans des téléfilms. Elle était l’épouse de l’écrivain Peter Viertel depuis 1960, et vivait surtout en Suisse. Un parcours exemplaire, pour cette comédienne charmante, jouant avec une image sophistiquée, pour mieux laisser poindre l’émotion.
Bibliographie : « Stars » N°2 (Grand Angle absl, 1988); « 30 ans de cinéma britannique » de Raymond Lefevre & Roland Lacourbe (Éditions Cinéma 76).
Filmographie : 1940 Contraband / Blackout (Espionne à bord) (Michael Powell, rôle coupé au montage) – 1941 Major Barbara (Id) (Gabriel Pascal, Harold French & David Lean) – Love on the dole (Belgique : Les naufragés de la vie) (John Baxter) – Penn of Pennsylvania (Lance Comfort) – Hatter’s castle (Le chapelier et son château) (Lance Comfort)- 1942 The day will dawn / USA : The avengers (La revanche ou Riposte à Narvik) (Harold French) – 1943 The live and death of colonel Blimp / The adventures of Colonel Blimp(Colonel Blimp) (Michael Powell & Emeric Pressburger) – 1945 Perfect strangers / Vacation from marriage (Entracte au mariage) (Alexander Korda) – 1946 I see a dark stranger (L’étrange aventurière / En Belgique : Le carnet secret) (Frank Launder) – The black narcissus (Le narcisse noir / Belgique : Ames en détresse) (Michael Powell & Emeric Pressburger) – 1947 The hucksters (Marchands d’illusions) (Jack Conway) – If winter comes (Quand vient l’hiver) (Victor Saville) – 1949 Edward, my son (Edward, mon fils) (George Cukor) – Please believe me (J’ai trois amours) (Norman Taurog) – 1950 King Salomon’s mines (Les mines du roi Salomon) (Andrew Marton & Compton Bennett) – 1951 Quo Vadis ? (Id) (Mervyn LeRoy) – Thunder in the East (Tonnerre sur le temple) (Charles Vidor) – 1952 Dream wife (La femme rêvée) (Sidney Sheldon) – The prisoner of Zenda (Le prisonnier de Zenda) (Richard Thorpe) – 1953 Young Bess (La reine vierge) (George Sidney) – Julius Caesar (Jules César) (Joseph L. Mankiewicz) – 1954 From here to eternity (Tant qu’il y aura des hommes) (Fred Zinnemann) – The end of the affair (Vivre un grand amour) (Edward Dmytryk) – 1955 The pround and profane (Un magnifique salaud) (George Seaton) – 1956 The King and I (Le roi et moi) (Walter Lang) – Tea and sympathy (Thé et sympathie) (Vincente Minnelli) – 1957 Kiss them for me (Une sacrée bordée / Embrasse-la pour moi) (Stanley Donen, voix seulement) – An affair to remember (Elle et lui) (Leo McCarey) – Heaven knows, Mr. Allison (Dieu seul le sait / En Belgique : Heaven kows, Mr. Allison) (John Huston) – 1958 Bonjour tristesse (Id) (Otto Preminger) – Separate tables (Tables séparées) (Daniel Mann) – The journey (Le voyage) (Anatole Litvak) – 1959 Count your blessings (J’ai épousé un français) (Jean Negulesco) – Beloved infidel (Un matin comme les autres) (Henry King) – 1960 The sundowners (Horizons sans frontières) (Fred Zinnemann) – The grass is greener (Ailleurs l’herbe est plus verte) (Stanley Donen) – 1961 The naked edge (La lame nue) (Michael Anderson) – The innocents (Les innocents) (Jack Clayton) – 1962 The chalk garden (Mystère sur la falaise) (Ronald Neame) – 1963 The night of the Iguana (La nuit de l’iguane) (John Huston) – On the trail of the iguana (Ross Lowell, CM, documentaire) – 1965 Marriage on the rocks (Les inséparables / Comment marier sa femme) (Jack Donohue) – Eye of the devil / Thirteen (Le mystère des 13 / L’œil du malin) (Jack Lee Thompson) – 1966 Casino Royale (Id) (Séquences réalisées par John Huston) – 1967 Prudence and the pill (Prudence et la pilule) (Ronald Neame & Fielder Cook) – 1969 The gypsy moths(Les parachutistes arrivent) (John Frankenheimer) – The arrangement (L’arrangement) (Elia Kazan) – 1984 The Assam garden (Mary McMurray) – 1991 Preminger: Anatomy of a filmmaker (Valerie A. Robins, documentaire). Télévision (notamment) : 1982 BB2 Playhouse : A song of Twilight (Cedric Messina) – Witness for Prosecution (Témoin à charge) (Alan Gibson) – 1984 A woman of substance (Don Sharp) – 1985 Reunion at Fairborough (Rendez-vous à Fairborough) (Herbert Wise) – 1986 Hold the dream (Accroche-toi à ton rêve) (Don Sharp).