André Badin dans « La folle de Maigret »

Annonce de la mort d’André Badin, le 23 janvier dernier à l’âge de 77 ans. Il suit les cours de Charles Dullin et Yves Furet et devient l’assistant d’André Thamin. C’est typiquement le comédien, qui tirait immédiatement son épingle du jeu. Il était demandé pour illustrer parfois un seul gag, tel dans le « kulte » « le plumard en folie » en employé d’un magasin de meubles, perplexe face au duo des frères Préboist en déménageurs fatigués ou dans « Impossible… pas français ! » où en petit pompiste, il s’éponge avec un billet de banque pour avoir vu une valise pleine d’argent dans la voiture du personnage interprété par Robert Lamoureux. Il est rare qu’on lui demande d’évoluer au-delà d’un seul plan, d’où son utilisation massive dans nombre de publicités, sa fabuleuse présence faisant mouche à coup sûr. Il y a souvent une constance, celle de ses rôles d’obsédés sexuels, tel dans « Une souris chez les hommes », où veilleur de nuit dans un grand magasin, il caresse libidineusement les mannequins féminins. Mais ses rôles reposent souvent sur sa petite taille (1m58), il est ainsi le directeur de la station-service – il y est d’ailleurs crédité sous le nom de Monsieur Badin, hommage à Georges Courteline -, raillé comme « grand  » directeur par son employé Philippe Dumat, humilié. Il est souvent victime tel le boucher souffre-douleur de Bernard Blier dans « Un idiot à Paris », et s’il court pour éviter une contravention, c’est pour se retrouver embobiné par un Darry Cowl survolté et déguisé en agent dans « Les livreurs ». Il est dommage qu’un Claude Chabrol ne l’ait pas mieux utilisé que pour deux silhouettes muettes, un policier acolyte de Daniel Boulanger dans « L’œil du malin » (1961) et un gardien de square qui joue à la balle avec un enfant dans « Landru » (1962). On le retrouvera avec émotion en oncle de La Baule,  que visite Daniel Prévost dans le mésestimé « Le soleil au-dessus des nuages ». On lui gardera une affection particulière, car il a nous a toujours tiré un sourire dans bien des comédies franchouillardes.

 

 

 

Filmographie, en collaboration avec Armel de Lorme, établie initialement pour Les gens du cinéma : 1959  Nathalie, agent secret (Henri Decoin) – À rebrousse poil (Pierre Armand) – 1960  La famille Fenouillard (Yves Robert) – Saint-Tropez Blues (Marcel Moussy) – 1961  Les livreurs (Jean Girault) – Léon Morin, prêtre (Jean-Pierre Melville, rôle coupé au montage) – Auguste (Pierre Chevalier) – La belle américaine (Robert Dhéry) – Horace 62 (André Versini) – Le monte-charge (Marcel Bluwal) – L’œil du malin (Claude Chabrol) – 1962  Pourquoi Paris ? (Denys de La Patellière) – Les bricoleurs (Jean Girault) – Arsène Lupin contre Arsène Lupin (Édouard Molinaro) – Strip-tease (Jacques Poitrenaud) – L’abominable homme des douanes (Marc Allégret) – Clémentine Chérie (Pierre Chevalier) – Landru (Claude Chabrol) – Les saintes nitouches (Pierre Montazel) – 1963  Carambolages (Marcel Bluwal) – L’assassin connait la musique… (Pierre Chenal) – Blague dans le coin (Maurice Labro) – Le magot de Joséfa (Claude Autant-Lara) – 1964  Une souris chez les hommes / Un drôle de caïd (Jacques Poitrenaud) – Les gorilles (Jean Girault) – Fantômas (André Hunebelle) – Déclic et des claques (Philippe Clair) – Le vampire de Düsseldorf (Robert Hossein) – Les combinards (Jean-Claude Roy) – Play Time (Jacques Tati) – 1965  La tête du client (Jacques Poitrenaud) – Le caïd de Champignol (Jean Bastia) – 1966  Le petit cheval de bois (Richard Balducci, CM) – Du mou dans la gâchette (Louis Grospierre) – Un idiot à Paris (Serge Korber) – L’homme qui trahit la maffia (Charles Gérard) – Le grand restaurant (Jacques Besnard) – Trois enfants dans le désordre (Léo Joannon) – 1967  L’homme qui valait des milliards (Michel Boisrond) – Caroline Chérie (Denys de la Patellière) – La petite vertu (Serge Korber) – Le grand bidule (Raoul André) – Ces messieurs de la famille (Raoul André) – 1968  La femme écarlate (Jean Valère) – Sous le signe du taureau (Gilles Grangier, crédit au générique seulement, rôle coupé au montage ?) – 1969  Et qu’ça saute ! (Guy Lefranc) – La honte de la famille (Richard Balducci) – Aux frais de la princesse (Roland Quignon) – L’homme orchestre (Serge Korber) – 1970  Élise ou la vraie vie (Michel Drach) – Le distrait (Pierre Richard) – Macédoine (Jacques Scandelari) – Les jambes en l’air / César Grandblaise (Jean Dewever) – 1971  La grande maffia… (Philippe Clair) – 1972  Na !… (Jacques Martin) – 1973  Le grand bazar (Claude Zidi) – Le plumard en folie (Jacques Lem [Lemoine]) – L’histoire très bonne et très joyeuse de Colinot Trousse-Chemise (Nina Companeez) – 1974  Les quatre Charlots mousquetaires (André Hunebelle) – Impossible… pas français ! (Robert Lamoureux) – 1975  Opération Lady Marlène (Robert Lamoureux) – Bons baisers de Hong-Kong (Yvan Chiffre) – 1976  Le trouble fesses (Raoul Foulon) – 1977  La zizanie (Claude Zidi) – 1978  Le gendarme et les extra-terrestres (Jean Girault) – 1979  Les joyeuses colonies de vacances (Michel Gérard) – 1981  San Antonio ne pense qu’à ça (Joël Séria) – Cargo (Serge Dubor) – 1983  Un homme à ma taille (Annette Carducci) – Le tombeau des musiciens (Patrick Jeudy, CM) – 1985  Le roi blanc (Dominique Ladoge, CM) – 1986  Le retour de Kyoto (Luc Bongrand, CM) – Remous (Benjamin Jules-Rosette, inédit en salles) – 1987  L’habitude de monsieur J. (Olivier Queysanne, CM) – 1988  Anna – der film (Frank Strecker) – Une journée (Intolérances) (Hervé Lièvre, CM) – 1989  Le messie (Edwige Busson & Gilles Alvarez, CM) – Carrousel (Georges Andreeff, CM) –  1990  En voiture ! (Patrick Rufo, CM) – 1992  Le collecteur (Ronan  Fournier-Christol, CM) – 1994  Le montreur de boxe / Lucky Punch (Dominique Ladoge) – 1995  Loin du front [sketch : « Douaumont repris ! »] (Vladimir Léon) – L’histoire du petit homme bizarre (Éric Le Roch, CM) – 2000  Le soleil au dessus des nuages (Éric Le Roch). Nota : André Badin est crédité à tort dans Nathalie (Christian-Jaque, 1957) , « Les lavandières du Portugal » (Pierre Gaspard-Huit, 1957) – « Les petits matins » (Jacqueline Audry, 1961) – dans « L’histoire du Cinéma Français »; le rôle du « satyre » est tenu par Pierre Repp, dans le sketch avec Lino Ventura -, « Le gendarme à Saint-Tropez » (Jean Girault,  1964) , « À nous quatre, cardinal » (André Hunebelle, 1974) – le générique est commun avec « Les quatre Charlots mousquetaires » -. 

 

 André Badin dans « Les bricoleurs »

 Télévision : (notamment) : 1959  Les maris de Léontine (André Leroux) – 1965  Thierry la Fronde : Moi, le roi  (Robert Guez) – 1969  Allô Police : Le déjeuner de Suresnes (Michel Strugar) – Les oiseaux rares (Jean Dewever) – Laure (Mosché Mizrahi, série TV) – Songe d’une nuit d’été (Jean-Christophe Averty) – 1970  Original Dixieland Jass band (Jean-Christophe Averty, série TV) – La brigade des maléfices : Voir Venise et mourir (Claude Guillemot) – Alice au pays des merveilles (Jean-Christophe Averty) – 1971  Arsène Lupin : L’arrestation d’Arsène Lupin (Jean-Pierre Decourt) – Al Jolson (Jean-Christophe Averty) – Ubu enchaîné (Jean-Christophe Averty) – 1972  Avec le cœur (Rémy Grumbach, variétés) – 1973  Les malheurs de la comtesse (Bernard Deflandre) – La vie rêvée de Vincent Scotto (Jean-Christophe Averty) – Musidora (Jean-Christophe Averty) – 1975  Messieurs les jurés : L’affaire Lambert (André Michel) – Les enquêtes du commissaire Maigret : La folle de Maigret (Claude Boissol) – 1976  Adios (André Michel) – 1977  Impressions d’Afrique (Jean-Christophe Averty) – 1979  Le crime des innoncents (Roger Dallier) – Il y a plusieurs locataires à l’adresse indiquée (François Chatel) – Azouk (Jean-Christophe Averty) – 1980  Julien Fontanes, magistrat : Une femme résolue (Bernard Toublanc-Michel) – Fantômas : L’étreinte du diable (Juan Luis Buñuel) – Des vertes et des pas mures (Maurice Delbez) – C’est pas Dieu possible (Edmond Tyborowsky) – Opération trafics : La sainte famille (Christian-Jaque) – 1981  Nana (Maurice Cazeneuve)  – Médecins de nuit : Amalgine (Gilles Legrand) – Les avocats du diable (André Cayatte) – Gaston Lapouge (Franck Appréderis) – Ursule Mirouët (Marcel Cravenne) – 1982  L’adieu aux as (Jean-Louis Lignerat) – L’amour s’invente (Didier Decoin) – Le sage de Sauvenat (Jean Pignol) – 1984  Emportez-la avec vous (Jean Sagols) – Disparitions : Double fond (Yves Elléna) – 1985  Comment devenir une mère juive en dix leçons (Jeannette Hubert, captation) – 1988  Un château au soleil (Robert Mazoyer) – 1989  Le Masque : En scène pour la mort (Pascal Goethals) – L’agence : Les médecines du prince (Jean Sagols) –  1990  Le grand dîner (Gérard Pullicino, divertissement) – 1991  Cas de divorce : Cremer contre Cremer – 1996  Tendre piège (Serge Moati) – 1999  H : Une histoire de démission (Williams Crépin).