Et encore une comédie ! donnez nous du givre, du crachin, du spleen, on ne va jamais pouvoir tenir le coup à ce rythme là. Bon, tout est dérision de nos jours, Droopy est même premier ministre, mais là nous sommes au-delà de l’indigestion. Alors voir « Seuls two », après le faux film culte « Steak » – grand délire des Cahiers du cinéma sur deux pages -. La vision de ce film m’avait laissé perplexe, et dans une totale incompréhension. Écouter nos deux zigues parler du nouvel humour sous fond de paysage canadien twinpeaksisé, ça pouvait désarçonner aussi les bien les amateurs du tandem – furieux à la sortie de film – que ceux amateurs pathologiques de nanars franchouillisant – rangez moi plutôt dans cette catégorie, et en plus je ne me soigne même pas -. Le duo vedette du film Eric Judor et Ramzy Bedia – pas les plus antipathiques, convenons-en -, déclarent depuis quelques années être déçus par les réalisations d’après leur univers, par les vétérans Charles Némès et Gérard Pirès. Ces deux derniers ont du talent, mais le culte  auteuriste aidant ils signent ici eux même leurs derniers forfaits. Le début vise le cartoon, le probe Gervais – Eric Judor déguisé en palmier (mort de rire) – est en planque pour arrêter le voleur speedé Curtis – Ramzy Bédia -. Bien entendu, ce dernier gagne à tout les coups et Gervais et la tête de turc de ses collègues et n’est bon qu’à martyriser un jeune voleur de saucisses… Le duo finit par se retrouver seul au monde, par une sorte d’entrée dans la cathodique dimension – idée déjà prise sans grand résultat dans « Les Guignols, la fiction », il y a quelques années -. S’ils apprennent à s’estimer, ils retrouveront les autres. C’est amusant de voir finalement le décalage, un budget colossal pour notre duo de choc, qui se livre à une sorte d’impro généralisée, ce qui donne un résultat assez étonnant. En gros comme l’autre duo présent sur le film – Fred Testot et Omar Sy, séparés cependant – on s’attend toujours à ce qu’ils nous refourguent quelque chose, un met façon fast food, ou un compte en banque… où est la limite entre la pub, petits sketchs TV et cinéma… On s’étonne devant la démesure de l’ensemble, on imagine aisément les tournages parisiens dans les petits matins blêmes histoire de figurer la disparition des autres personnes. Finalement la réplique la plus drôle est dans le générique de film – mais tout le monde s’est barré, je persiste quand je vous disais que j’étais un grand pervers – : de mémoire : « C’est une « archipel(le) », un chapelle en plus gros -. C’est tout de même mieux que « Gervais, c’est frais », disons à la rigueur. Parfois c’est nettement limite, un truand noir à pour surnom « blanchette » ! – bidasses pas morts !-. On attendait mieux pour un film dédié à… Pierre et Marie Curie !

Éric Judor, « Je suis tombé dans Paris, c’est la faute à Ramzy… »

Quelques guests sont présents histoire de meubler l’ensemble. François Damiens, qui peut se targuer de passer de Jacques Doillon à nos deux zigues – 653 apparitions depuis le début d’année, il bat donc Julie Ferrier de deux films -, en adepte du curling, Benoît Magimel et Kristin Scott Thomas semblent s’ennuyer, Elodie Bouchez s’essaie dans la composition – sans grand résultat d’ailleurs -, Edouard Baer tente l’accent belge, Mc Jean Gab’1 s’amuse avec son image. Ils ne font que passer, mais il est assez limite de voir ces comédiens de manière abusive en promotion  – A l’instar de Michaël Youn et Antoine de Caunes dans le pataud « Tu peux garder un secret ? », on préfère plutôt avoir la surprise comme de retrouver Alain Chabat et Elie Semoun dans « 15 ans et demi ». Il y a aussi un nouveau phénomène à déplorer, l’absence de seconds rôles et de personnalités. On retrouve des génériques avec beaucoup de noms inconnus, les amateurs d’excentricités broient du noir, il ne semble plus y avoir d’inventivité concernant les comédiens ces derniers temps. Et le public alors, à voir les jeunes présent préférer regarder leurs portables – effet déplaisant garantie -, plutôt que nos deux amis, on se dit que le résultat final ne doit pas être trop avenant. Il y a un gros problème actuellement dans le cinéma français, on table sur un casting, on ébauche une vague histoire, on noie le tout dans une bande son « vavavoumhissante », et sur un profit immédiat. Certains essaient parfois une véritable inventivité – Nicolas et Bruno, mais pour la plupart des comédiens, on ne vise que le service minimum et la rentabilité immédiate. Peut-être que comme les duettistes Franco Franchi / Ciccio Ingrassia ou Abbott et Costello, il finiront « cultifiés » à la Cinémathéque en 2072, mais ce n’est pas leur rendre service que de les laisser en roue libre ou en démesure. Dès qu’un tandem a du tempérament, il est propulsé vedette à l’écran – sauf Sören Prévost et Arnaud Gidouin, sans oublier les hilarants Roselyne Bachelot et Bernard Laporte, on ne sait pas pourquoi -. Et pourtant il était amusant de voir leur évolution d’Eric Judor et Ramzy Bédia, l’un s’enroue, l’autre s’empatte… Reste à savoir, si nos estomacs supporteront longtemps ce régime hautes calories.  Entendu notre duo pour une « promo » pour le site « commeaucinema.com » : « On la refait, en drôle ? » : Chiche !