Annonce de la mort de Claude Jade, d’un cancer de l’œil, ce 1 décembre 2006, des suites de métastases hépatiques. Elle venait de reprendre avec Patrick Préjean, la pièce de Jacques Rampal « Célimène et le Cardinal » au théâtre du Lucernaire, et elle devait la continuer en 2007 à Colombes puis à Boulogne-Billancourt. Elle fait des débuts timides auprès de son cousin Guy Jorré dans la dramatique « Le crime de la rue de Chantilly » sous le nom de Claude Jorré. Son charme y est indéniable le temps de deux scènes montrant l’insouciance d’un quartier de Paris avant la découverte d’un crime crapuleux au XIXème siècle, bien avant d’être remarqué par François Truffaut. Elle restera dans nos mémoires, avec son visage lumineux et sa grâce naturelle,  dans son rôle de Christine, jeune fille sage, qui deviendra la femme d’Antoine Doinel – Jean-Pierre Léaud -. Son évolution sera intéressante à suivre sur trois films « Baisers volés » (1968), « Domicile conjugal » (1970) et « L’amour en fuite » (1978). Dans ce dernier film, en femme divorcée et mère du petit Alphonse, elle devient sûre d’elle et indépendante. Le cinéma l’engage, pour un parcours inégal où elle passera d’une curieuse adaptation contemporaine de l’oeuvre d’Alexandre Dumas, avec « Le signe de Monte-Cristo » (André Hunebelle, 1968), avec Paul Barge et Pierre Brasseur, au rôle de la fille de Dany Robin dans « L’étau » (1969)  grand film malade d’Alfred Hitchcock, qui l’engagea grâce aux conseils de Tuffaut. Elle joue une jeune fille vierge dans « Mon oncle Benjamin » (1969), succombant au charme de Jacques Brel, surveillée par son père, un aubergiste fruste campé par Robert Dalban, qui fait tout pour son protéger la virginité de sa fille, qu’il appelle son « petit capital ». Elle rayonne dans les années 70, en une femme séduisante dans « Le bateau sur l’herbe » (1970), qui casse une amitié entre deux hommes. Dans l’amusant « Le pion » (1978), elle est une mère esseulée d’un des élèves le plus turbulents du pion timide, campé par Henri Guybet. Elle travaille régulièrement à la télévision, où on lui propose des rôles souvent romantiques. Elle est éblouissante dans le feuilleton « L’île aux trente cercueils » (1979), adaptation brillante de l’œuvre de Maurice Leblanc, signée Marcel Cravenne, qui supprimera de son adaptation le personnage d’Arsène Lupin. Dans le rôle de Véronique d’Hergemont, elle est une infirmière, travaillant dans un hôpital militaire en 1917, qui apprend la mort de son mari Vorski – excellent Jean-Paul Zehnacker, qui traumatisa toute une génération -, homme brutal et violent. L’œuvre reste forte et est à redécouvrir en DVD. Les rôles se font plus rares, on la retrouve régulièrement dans en vedette invitée de série policière, mais le cinéma ne lui à offert ces dernières années, mais Jean-Pierre Mocky tente de casser son image pour « Bonsoir » (1992), où elle incarne une lesbienne qui s’offre les charmes de Corinne Le Poulain, mais qui est dérangée par un trouble-fête joué brillamment par Michel Serrault. Elle est très touchante, dans le rôle d’une femme d’une cinquantaine d’année, montant avec difficultés les escaliers pour rentrer chez elle, et se cachant de ses voisins souffrant de dépendances à l’alcool dans « la rampe » (diffusé en 2000), un court-métrage de 6 minutes dans le cadre de la série « Scénarios sur la drogue ». Il est dommage que la gravité qu’elle montrait dans cette œuvre, n’ai pas inspiré les metteurs en scènes. Elle avait signé son autobiographie « Baisers envolés » en 2004. Son souvenir restera chèr à notre cœur.

Photo source « Act1 »

Filmographie : 1968  Baisers volés (François Truffaut) – Sous le signe de Monte-Cristo (André Hunebelle) – Topaz (L’étau) (Aldred Hitchcock) – 1969  Le témoin (Anne Walter) – Mon oncle Benjamin (Édouard Molinaro) – 1970  Domicile conjugal (François Truffaut) – Le bâteau sur l’herbe (Gérard Brach) – Nijinsky (Tony Richardson, inachevé) – 1972  Les feux de la chandeleur (Serge Korber) – Home sweet home (La fête de Jules) (Benoît Lamy) – 1973  Number one (Gianni Buffardi) – Prêtres interdits (Denys de la Patellière) – La ragazza di Via Condotti (Meutres à Rome) (German Lorente) – 1975  Trop c’est trop (Didier Kaminka) – Le malin plaisir (Bernard Toublanc-Michel) – Kita No Misaki (Le cap du Nord) (Kei Kumai) – Le choix (Jacques Faber) – 1976  Una spirale di nebbia (Caresses bourgeoises) (Eriprando Visconti) – 1978  Le pion (Christian Gion) – L’amour en fuite (François Truffaut) – 1980  Le bahut va craquer ! (Michel Nerval) – Téhéran 42 (Alexandre Alov & Vladimir Naoumov) – 1981  Lenin V Parize (Serguei Yutkevitch) – 1982  L’honneur d’un capitaine (Pierre Schoendoerffer) – 1985  L’homme qui n’était pas là (René Féret) – 1987/90  Le radeau de la Méduse (Iradj Azimi) – 1991  Tableau d’honneur (Charles Némès) – 1992  Bonsoir (Jean-Pierre Mocky) – 1993  Tombés du ciel (Philippe Lioret) – 1998  Vénus, beauté (institut) (Tonie Marshall, rôle coupé au montage) – Scénario sur la drogue : La rampe (Santiago Otheguy, CM) – 2003  À San Remo (Julien Donada, CM).Nota : 1975  Maître Pygmalion comment devenir un bon vendeur (Jacques Nahum & Hélène Durand) est un film d’entreprise, destiné à la formation à la technique des ventes en 10 épisodes. Nota : Elle ne témoigne pas dans les films consacrés à François Truffaut : « Vivement Truffaut » (Claude de Givray, 1985) et « François Truffaut : Portraits volés » (Serge Toubiana & Michel Pascal, 1992).

Claude Jade dans « Le crime de la rue Chantilly »

Télévision : 1965  Le crime de la rue Chantilly (Guy Jorré) – 1967  Prunelle (Edmond Tiborowsky) – 1968  Les oiseaux rares (Jean Dewever) – Mauregard (Claude de Givray, série TV) – 1969  Le songe d’une nuit d’été (Jean-Christophe Averty) – Allô Police : Retour à l’envoyeur (Daniel Le Comte) – 1971  Au théâtre ce soir : Il y a longtemps que je t’aime (Georges Folgoas) – Shéhérazade (Pierre Badel) – 1972  La mandragore (Philippe Arnal) – 1973  Le château perdu (François Chatel) – Au bout du chemin (Daniel Martineau) – 1974  Mamie Rose (Pierre Goutas) – Les oiseaux de lune (André Barsacq) – Malaventures : Monsieur seul (Joseph Drimal) – 1976  Les anneaux de Bicêtre (Louis Grospierre) – Antenne à Francis Perrin (Jean Kerchbron, variétés) – Le collectionneur de cerveaux (Michel Subiela) – 1977  Les amours sous la Révolution : La passion de Louis et Camille Desmoulins (Jean-Paul Carrère) – Claude Jade lit Madame de Sévigné (Jacques Cornet) – 1978  Au théâtre ce soir : Volpone (Pierre Sabbagh) – Ulysse est revenu (Claude de Givray) – La grotte au loups (Bernard Toublanc-Michel) – 1979  Nous ne l’avons pas assez aimé (Patrick Antoine) – L’île aux trente cercueils (Marcel Cravenne) – Cinéma 16 : Fou comme François (Gérard Chouchan) – 1981  Treize (Patrick Villechaise) – Commissaire Moulin : L’amie d’enfance (Jean Kerchbron) – Lise et Laura (Henri Helmann) – 1982  Rendezvous à Paris (Rendez-vous à Paris) (Gabi Kubach) – 1984  Une petite fille dans les tournesols (Bernard Ferie) – Voglia di volare (Pierre Giuseppe Murgia) – 1985  Vivement Truffaut (Claude de Givray, documentaire) – 1987  Le grand secret (Jacques Trébouta) – Qui sont mes juges (André Thiéry) – 1989  Regulus 93 (Jean-Luc Tardieu, captation) – 1990  Fleur bleue (Plusieurs réalisateurs) – V comme vengeance : Le bonheur des autres (Charles Bitsch) – The hitchhiker (Le voyageur) : Windows (René Manzor) 1992  Eugène Grandet (Jean-Daniel Verhaeghe) – 1993  La tête en l’air (Marlène Bertin) – 1994  Tabou (Jacques Richard) – Julie Lescaut : Rumeurs (Marion Sarraut) – Navarro : Sentiments mortels (Nicolas Ribowski) –1995  Porté disparu (Jacques Richard) – Belle époque (Gavin Millar) – 1996  Inspecteur Moretti : Un enfant au soleil (Gilles Béhat)  – 1997  Les Rapapommes (Myron Meerson, voix seulement) – Une femme d’honneur : Mémoire perdue (Michèle Hauteville) – 1998  Une femme d’honneur : Mémoire perdue (Michèle Hauteville) – 1998  Cap des pins (Emmanuel Fondallosa & Bernard Dumont) – 2000  Sans famille (Jean-Daniel Verhaeghe) – 2003  Meutres pour mémoire (Michel Sidoroff) – La crim’ : Le secret (Dominique Guillo) – 2004  Groupe flag : Vrai ou faux (Étienne Dhaene).

Théâtre :  notamment : 1966  L’école des femmes, de Molière (Dijon) – 1967  Henri IV, de Luigi Pirandello, m.e.s. de Sacha Pitoëff – 1971  Je t’aime, de Sacha Guitry, m.e.s. de Julien Bertheau – 1974  Les oiseaux de lune, de Marcel Aymé – Il y a longtemps que je t’aime, de Jacques Deval – 1975  La guerre de Troie n’aura pas lieu, de Jean Giraudoux, m.e.s. de Jacques Mauclair –  1977  Port-Royal, d’Henry de Montherlant, m.e.s. de Jean Meyer – 1978  Intermezzo, de Jean Giraudoux, m.e.s. de Jean Meyer – Volpone, de Jules Romain – 1983  Les exilés, de James Joyce, m.e.s. de Jean Meyer – 1984  Le faiseur, d’Honoré de Balzac, m.e.s. de Christian Alers – 1986  L’interrogatoire, de Vladimir Volkoff, m.e.s. de Christian Alers – 1988  Regulus 93, de  Catherine Decours, m.e.s. de Jean-Luc Tardieu – 1991  Un château au Portugal, de Julien Vartet, m.e.s d’Idriss – 1992  Dissident il va sans dire, de Michel Vinaver, m.e.s. de Jean Maisonnave – 2001  Lorenzaccio, une conspiration en 1534, de George Sand & Alfred de Musset, m.e.s de Henri Lazarini – 2006 Célimène et le Cardinal, de Jacques Rampal, m.e.s de Jacques Rampal.

Mise à jour du 14/03/2009