Plusieurs films traitent du harcèlement moral et de la pression dans les entreprises actuellement. Ce film parle de la difficulté pour une femme de travailler dans un univers presque exclusivement masculin. Dans ce film : North country (L’affaire Josey Aimes) » se passe au début des années 80. Josey Aimes – Charlize Theron, plus probante dans la simplicité que dans la composition certes spectaculaire dans « Monster », mais finalement assez laborieuse – quitte son mari violent, avec ses deux enfants. Elle est obligée pour survivre de retourner vivre chez ses parents dans le Minnesota – Richard Jenkins & Sissy Spaceck -. Elle subit l’hostilité de son père, qui lui bat froid depuis qu’elle est devenue fille mère. Elle décide de travailler dans la mine, pour trouver son indépendance déclenchant la colère paternelle. Mais en plus d’un travail particulièrement pénible, elle doit subir en plus, comme ses rares collègues féminines, des plaisanteries salaces ou scatologiques, des humiliations quotidiennes, qui ne sont d’ailleurs pas pris au sérieux dans l’organisation syndicale du lieu. Elle décide de se dresser, seule contre tous contre ce système, ne voulant plus subir un ostracisme et les préjugés de par à son statut famillial. Son attitude courageuse va donner une grande avancée dans le droit des femmes. Son combat personnel va être celui des femmes… La réalisatrice Niki Caro, avec classicisme, restitue admirablement l’ambiance (la mine, les vestiaires, une patinoire) des lieux – habile utilisation des décors naturels – et trouve une empathie bienveillante avec ses personnages.

On peut déplorer certaines ficelles scénaristiques, à l’exemple d’une tardive caution morale, apportée à un des personnages, l’histoire est inspirée de faits réels  – l’affaire « Lois Jensen » dans les années 70 -, mais il peut y avoir certaines libertés. Cependant l’émotion est présente dans plusieurs scènes. La quotidienneté du travail, de même les élans et les reculs de ses personnages, face à une situation précaire sont restitués avec habileté et justesse. Charlize Theron restitue bien ici, la lutte du personnage, sa pudeur face à son fils aîné, qui ne la comprend pas, et la difficulté de surmonter son isolement dans un machisme, puéril et cruel, aidé par une certaine lâcheté masculine  ambiante. Autour d’elle, tous les comédiens sont à l’unisson, de Frances McDormand, bouleversante d’humanité en bonne copine souffrant d’arthrite, dans une tonalité proche de son rôle dans « Fargo », Richard Jenkins – l’incarnation du « père » dans le cinéma actuelle, loin de sa composition goguenarde dans « La rumeur court », coincé dans ses retranchements, Sissy Spacek en mère résignée, Sean Bean en homme d’honneur, Michelle Monaghan touchante ouvrière qui soigne sa mère, et même Woody Harrelson, parfaitement crédible en avocat esseulé. Le film nous rappelle la réalité de la condition de la femme dans un passé pourtant très proche. Le personnage de Josey Aimes est en cela proche avec celui de  « Norma Rae » (1979) de Martin Ritt, avec la prodigieuse Sally Field, qui décrivait une situation identique, mais dans le milieu du textile. Le film évite le didactisme et finit par convaincre et gagner en émotion malgré certaines conventions.