Arielle Dombasle

Meilleurs vœux à tous – … et surtout la santé -, comme le veut l’usage à l’usure. Les fêtes de fin d’année télévisuelle amènent leurs lots d’abomination, comme si l’on devait être en perpétuelle gueule de bois, une sinistrose s’installe avec son lot de bassesses comme celles de présentateurs télé qui vous souhaite dans un faux direct une bonne année enregistrée trois semaines à l’avance, Robert Alagna reprenant avec suffisance Luis Mariano, André Halimi reprenant ses activités de saucissonneurs, et en prime les éternelles rediffusions. Curiosité TF1 a diffusé plusieurs téléfilms inédits, on imagine pour respecter des quotas de diffusions, on aurait aimé voir « Tête haute » de Gérard Jourd’hui d’après Georges Simenon, avec une distribution brillante Eddy Mitchell, Anna Galiéna, Ticky Holgado, Mylène Demongeot, que je n’ai hélas pas vu mais qui aurait mérité mieux qu’une diffusion à la sauvette vers 1 heure du matin ! Diffusion le 2 janvier de « Milady » de Josée Dayan, avec Arielle Dombasle, dans le rôle titre. Nos amis belges l’ont vu en décembre 2004, nous connaissons donc une diffusion tardive sans doute pour ne pas souffrir de la comparaison avec le divertissant-sans plus « D’Artagnan et les mousquetaires » de Pierre Aknine, avec Emmanuelle Béart, diffusé en février 2005. Après « Les rois maudits » de sinistre mémoire, on s’attend donc avec beaucoup d’appréhension de voir l’œuvre de Dumas ainsi maltraitée. Bonne nouvelle c’est dans la veine burlesque (involontaire bien sûr) que notre Josée a signé cette adaptation la plus désolante depuis « Les quatre Charlots mousquetaires » déjà évoqués ici même. L’idée de centrer l’histoire sur un personnage secondaire d’une œuvre foisonnante n’est pas neuve, on découvre notre petite Charlotte future Milady, dont la famille est massacrée à cause de sa perfide grand-mère. On est déjà hilare à cette scène, d’un grotesque achevé, Josée Dayan n’ayant pas le sens du dramatique et est incapable d’apporter un souffle épique. Tout est à l’avenant, avec de gros morceaux d’ennuis profonds dedans, mais ça vaut la peine de les affronter pour quelques fulgurances comiques. La réalisatrice pousse la performance de faire un film de cape et épées sans scènes spectaculaires ( deux molles d’entraînements réglés par les cascadeurs eux-mêmes à toute évidence).  Les costumes Kitschissimes de Milady signés Vincent Darre, sont pathétiquement drôles, les collerettes en forme de cadres de tableaux, cage aux oiseaux, ou style porc épique, ralentissent lamentablement les déplacements de la pauvre Arielle Dombasle ce qui n’arrange rien.

Frédéric Longbois, Florent Pagny, Arielle Dombasle, Daniel Olbrychsky, Guillaume Depardieu & Éric Ruf

On suit les perfidies de notre Milady, avec des incohérences sympathiques, par une Arielle Dombasle hyper caricaturale, mais qui semble jouer un peu de l’auto ironie, ce qui est un peu sa marque de fabrique, mais la voir s’évanouir théâtralement fait regretter de ne pas avoir enregistré ce téléfilm, histoire de se les visualiser en boucle un soir de grand spleen. C’est à ranger dans son panthéon du ridicule au niveau du « Jour et la nuit » de Bernard-Henri Lévy, c’est dire ! Elle reste pourtant une bonne comédienne avec beaucoup d’humour. La revisitation grotesque des « Ferrets de la Reine »  vaut son pesant de cacahuètes, et Bruno Coulais avec son omniprésente musique lénifiante finit même par nous irriter. Il faut bien le dire la direction de notre Josée est tellement convaincante, que tout le monde est mauvais, on ne peut sauver qu’à la rigueur de Martin Lamotte qui s’amuse en cardinal de Richelieu, devant retrouver l’ambiance dans ce salmigondis du film culte de Coluche « Vous n’aurez pas l’Alsace et la Lorraine » (1977). Ah, il faut voir Florent Pagny en un improbable D’Artagnan trop raide – Tirez pas sur l’ambulance -, Daniel Olbrychski en Lord de Winter (le beauf de Milady) tourné la tête comme un pigeon, Asia Argento totalement absente en Sally La Chèvre (Il n’y a pas de Mêêhh, comme dirait Coluche), servante amoureuse transie de Milady et en prime atrocement doublée, Lakshan, ridicule âme damnée de Richelieu, Stanislas Merhar en fadasse John Felton, François Hadji-Lazaro en Jacob Mazel qui essaie de mettre un peu de sentiment, Christophe Buccholz, Julie Depardieu, Guillaume Depardieu et Eric Ruf qui retrouveront – hélas pour eux -, la réalisatrice dans « Les rois maudits », et les pauvres Dominique Marcas, en mère supérieure qui n’a rien a faire, et la trop rare Nicole Courcel en méchante grand-mère, histoire de déplorer sa rareté sur les écrans. La diction est hésitante pour tout le monde, faute de temps, reste le 36ème degré à employer pour les comédiens qui inévitablement flirte ici avec le cornichonesque. Pour parachever l’ensemble, il y a même le ridicule Massimo Gargia en Lord Anglais – Schocking ! – et Edouard Baer, qui devait passer par-là et qui est non crédité, en amant de Milady, obligé de faire l’amour avec elle dans le noir, pour qu’il ne puisse pas voir sa marque d’infamie, et qui oh miracle est le seul à ne pas finir assassiner dans les douves comme les autres. Une œuvre qui devrait figurer comme l’un des sommets du comique désolant en 2058. On commence bien l’année !