On est de prime abord surpris par la tonalité assez grave de cette  comédie réussie, qui traduit une inquiétude sourde de parent d’élèves. Pierre Jolivet est toujours à l’aise avec l’air du temps et soucieux de ne pas tomber dans les clichés. Si on a du mal à voir en Adrien Jolivet, à la présence un peu envahissante – + B.O. en prime -, autre chose qu’une jeune projection de son père, Naidra Ayadi, Mhamed Arezki et Yannick Nasso font preuves d’un formidable abattage. Le film est centré Victor Zimbietrovski, dit Zim, et de ses amis Safia aux prises avec son patron qui l’exploite – un tempérament, Abbes Zahmani -, Cheb bricoleur génial et Arthur carrossier, redoutant l’autorité de son père – Maka Kotto, formidable comédien et l’un des comédiens fétiches de Jolivet, il fait preuve ici d’une autorité bienveillante -. Jolivet s’amuse avec les situations, et avec son scénariste Simon Michaël est conscient des risques, le trio de garçons « black/blanc/beur » de étant comparé à un « casting pour pub Benetton », par un pote. Le petit groupe se laisse vivre tranquillement en bricolant ou accumulant les petits boulots au « black ». « Zim » lui est obligé de comparaître devant un juge après un accident, après une petite fumette, on lui lui promet de faire de la prison, le système de la double peine s’appliquant après un incident mineur, il a la surpise de découvrir qu’on  lui reproche une récidive de délit de fuite. Il doit revenir avec des fiches de paies, et doit obtenir « une caisse » pour obtenir un travail.

Yannick Nasso, Adrien Jolivet, Mhamed Arezki et Naidra Ayadi

Nathalie Richard dans le rôle de la jeune mère de Zim, nous offre une composition particulièrement subtile en mère « débrouille » – elle fait des travaux de plomberie -, partagée entre son rôle maternel et celui de la bonne copine, elle éblouissante dans la scène où elle apprend que son fils lui a dissumulé ses tracas. Nos jeunes amis doivent faire preuve de débrouillardise face un monde adulte plus qu’hostile, à l’image du chauffeur vindicatif joué avec verve par Michel Fortin – il était présent dans un des précédents films de Jolivet : « Strictement personnel » -. On flirte souvent avec la caricature avec les adultes – tous très bien joués-, la trop rare Nada Stancar en examinatrice féroce (et raciste) d’auto-école, Jean-Claude Frissung en ouvrier bègue combinard et touchant, Guilaine Londez en juge sévère, Pierre Diot en entrepreneur désinvolte, Éric Prat en vendeur de polo par petites annoncesetc…, mais sans trop y tomber. Pierre Jolivet nous dresse un portrait attendri, sans misérabilisme, critique les dérives de son temps et de notre système tout en nous proposant une comédie enlevée, autour de ce petit groupe solidaire et dynamique. A recommander vivement, cet oeuvre proposant une vision plus juste et non spectaculaire de la banlieue.

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Annonce de la mort d’Eva Renzi, dont on se souvient de son personnage torturé dans « L’oiseau au plumage de cristal » de Dario Argento.