Jean-Roger Caussimon devant le Trianon-Théâtre, futur « Jean Vigo », en 1978

Petite promenade dans « la belle endormie » – désormais plus ripolinisée que Catherine Nay -, j’appréhende de traîner rue Franklin. J’y passe finalement, un écriteau fuse au cinéma Jean Vigo « fermeture définitive », une femme distinguée téléphone sur son portable sans s’en préoccuper, quelques papiers volants, aperçus dans au travers de la baie vitrée, jonchent le sol. Je m’attends presque à rejoindre le fantôme de Jean-Roger Caussimon. En effet, ce prodigieux comédien, chanteur et créateur de chansons – je le place dans mon petit panthéon personnel aux côtés des Brel/Barbara/Ferré/Brassens -, est à l’honneur d’un livre DVD « Jean-Roger Caussimon en images ».  On y retrouve un joli documentaire de 1984 signé Élisabeth-Charlotte Pelletier « Moi je suis du temps du tango ». Il parle de son enfance bordelaise, tout en marchant dans Bordeaux. En commentaire, il signale « Il y avait dans une courte rue perpendiculaire au cours de l’Intendance, lieu de promenade, de rendez-vous de rencontres, des étudiants et des étudiantes, lorsque les 6 heures du soir avaient gravement sonnées, à la cathédrale Saint-André, il y avait dis-je rue Franklin, un lieu qui m’attirait, qui me fascinait. C’était le Trianon-Théâtre. C’était un très joli théâtre à l’italienne. C’est aujourd’hui un cinéma, spécialisé peut-être dans les films de catégories X, je ne sais pas, nous verrons bien… ». Et l’on voit Jean-Roger Caussimon hausser les bras, devant ce lieu, en l’an 1978 – voir photo -. Caussimon reprend sa quête nostalgique, en évoquant ses souvenirs. A l’âge de 16 ans, il y avait une pièce toutes les semaines. Le directeur en était Kléber Harpain qui fut son professeur au conservatoire, et l’engagea finalement à l’année. Il cite alors « ses amours de fantômes de comédiens », Jean Marchat, Jacques Baumer, Marguerite Moreno, Marcelle Géniat, Henri Bosc…. Ce lieu chargé d’histoire, est désormais porte close. Quels qu’en soient les responsables ou les fautifs, on ne peut que s’en navrer….

Jean-Roger Caussimon visitant le « Trianon-Théâtre »

J’espère que le titre de cette notule ne fut pas pour vous une source de fausse joie, car il concernait bien la fermeture du « Vigo », et non de ce blog, c’est en fait pour moi l’occasion d’un re-départ. Je reprends ce blog, après voir annoncé mon retour il y a peu. Mais une mauvaise convergence entre un nouveau « tripalium » dans une société qui cadrerait parfaitement au film « J’ai mal au travail » et un ordinateur moribond, n’a pas arrangé grands choses. Pour plus de « lisibilité », je cite le très remarquable « Le petit livre du français correct » de Jean-Joseph Julaud, « travail » vient du latin « tripalium » qui désigne un instrument formé de trois pieux (tri-pal). Cet instrument était destiné à immobiliser un animal (….) l’imagination des hommes étant sans limites lorsqu’il s’agit de faire souffrir leurs semblables, le travail fut aussi utilisé pour la torture. Il prit alors le sens de « souffrance ». Mais se plaindre alors que l’on a du travail, c’est un tantinet indécent en ce moment, non ? J’ai aussi changé de PC et je suis donc passé d’une charrette à bras à un TGV, je reprends du service, quelques hommages végétant dans les brouillons, et un logiciel de capture me permettra de nouvelles rubriques. P.S. : Bonne année quand même !