Un ami qui connaît bien Jean-Pierre Mocky, mais qui tient à être discret, m’a montré le fameux film pornographique « Les couilles en or », réalisé en 1973 ou 1974 par notre  bateleur… Quelle surprise…  il existe !  Pour être honnête, je ne croyais pas trop à son existence, pensant que c’était une affabulation de notre provocateur préféré. J’avais même poussé le vice jusqu’à vérifier dans les catalogues du CNC, qui répertoriait de manière exhaustive les génériques des films pornos de l’époque, s’il y avait bien un « Serge Bateman » –  son pseudo -, en vain… Mais il est vrai qu’il était le premier à avoir mis des inserts hards dans « L’ombre d’une chance » que j’avais déjà évoqué ici-même. Le palpitant s’emballe, découvrir cet incunable, qui circule sous le manteau sous forme d’une VHS au-delà de l’anémique, est une chance inouïe pour l’amateur de Mocky que je suis. Mocky en parlait dans son « M  le Mocky  » : « …Les Allemands payaient 400 000 francs pour un film porno. Je portais un masque. Sur mon T-shirt était brodée la tête de Batman. En trois jours nous avons bouclé « Les couilles en or ». Le film signé Serge Bateman m’a rapporté 2000 000 francs. Ce fut le tournage le plus chaste que j’ai jamais connu. Les candidates qui s’étaient présentées étaient à cent lieues des reines du porno. J’ai reçu entre autres, une fille de la Comédie Renaud-Barrault. La plus intéressante était une ouvrière d’une usine de roulements à billes, un physique pulpeux à la Viviane Romance. Elle me déclare tout de go : « J’ai un beau vagin »… ». » (sic !)  Il présentait aussi sur le veb ce film, comme un acte de révolte carrément hardcore, en réaction à la « libéralisation suffocante du porno sous Giscard » … Quelle énigme que ce film, car une petite légende, alimentée par Mocky lui-même, circulait allégrement… Le film était détruit par le mari très riche d’une des comédiennes, ayant acheté le négatif au producteur, à l’instar de celui d’Hedy Lamar, qui fit racheter toutes les copies du film « L’Extase » (Gustav Machaty, 1933), où la belle actrice figurait nue. Il  parlait hier encore de ce film, dans l’émission de Laurent Ruquier « On n’est pas couché », avec son sens de la provocation habituel… L’histoire, Camille, un jeune cadre, aux allures – très vagues – de play-boy, fait part à son ami Édouard  – acteur à la pilosité épouvantable -, de son intention d’épouser la charmante – et très riche – Janine  – ce doit être l’actrice de chez « Renaud-Barrault », vu son « jeu » très statique -. Il met à profit ses fréquents déplacements pour dissimuler à son épouse actuelle cette nouvelle union. Jaloux du succès de son confrère, Édouard s’empresse d’apprendre la nouvelle à Laura – femme de Camille -, qui saisit l’occasion d’une revanche contre son mari. La bigamie fait désordre, mais dans un porno… Janine, naïve, se rend pour un examen pré-conjugal chez le docteur qui, chaud lapin, ne manque pas d’abuser de la situation… La distribution qui m’est strictement inconnue, a dû prendre des cours chez « l’endive’s Studio ». Il reste le côté sociologique de voir les mœurs de l’époque, l’épilation n’étant pas monnaie courante dans les années 70… Cela dit il est d’ailleurs difficile de tout voir, tant l’image est de mauvaise qualité – il est vrai que c’est une pièce de musée. Il m’a d’ailleurs semblé reconnaître vaguement la silhouette – habillée – de Paul Muller, tenant une couple de champagne, lors d’une partouze mondaine, mais les plans peuvent provenir d’un autre film…  Le film, il faut bien le dire, n’est pas très passionnant, ni même excitant on peut sauver quelques scènes de luxure et de sadisme, très anodines d’ailleurs. Seule une réplique libertaire est mémorable, une partouzeuse recouverte du drapeau français (!) et qui déclare – »…passer de la verge gauchiste à celle mollassonne de ce bourgeois, c’est comme si je me tapais CENSURED« – suit le nom d’un célèbre homme politique dont je tairais le nom par simple lâcheté… Sacré Mocky, omniprésent dans les médias – pas autant que François Berléand et l’ineffable Roland Cayrol, vendeur de poudre aux yeux – pardon, je veux dire sondage -, il n’a pas fini de nous surprendre. Il vient de commenter ses affiches dans « Mocky s’affiche » chez « Christian Pirot », dans un livre à la très riche iconographie, et a offert en avant-première à 13ème rue – chaîne que je n’ai pas, hélas -, la primeur de son dernier film « Le deal », avec Jean-Claude Dreyfuss, Jackie Berroyer et Jean-François Stévenin. En attendant la prochaine salve des films de Mocky en DVD, prévue le 25 avril prochain : « Les vierges », « Divine enfant », « Noir comme le souvenir », « Chut ! », « Le mari de Léon », et deux inédits en salles, « Les ballets écarlates » et « Touristes, oh yes ! ». Mais je doute fortement que ces « couilles en or« , sortent un jour en DVD !