« Il faut bien convenir que, Freud ou pas Freud, une grande œuvre nous plaît ou nous émeut parce qu’elle touche en nous un complexe inconscient », disait Gaston Bachelard. Mais que dire quand ce fichu « complexe inconscient » (je sais, la culture, moins on en a, plus on l’étale…), ne vous raconte rien quand vous assistez à un curieux cocktail de prétention et de puérilités potaches ? J’ai traversé un petit bout de vie, sans trop de certitudes, mais je croyais au  moins s’avoir ce que c’était l’ennui. C’était avant de voir « Cashback », film inter(minable), qui tient de l’épreuve, tant rien, mais vraiment rien n’accrochait mon esprit (enfin ce qu’il en reste). Le tâcheron, un certain Sean Ellis, anglais au physique d’ado attardé, est un photographe de mode, qui a travaillé au cinéma – pas besoin de lire son pedigree pour le savoir, son « savoir-faire » s’étale suffisamment sur l’écran pour le deviner –. L’histoire semble venir d’un de ses vieux devoirs d’école, nouvelle fantastique laborieuse où l’on rêve de geler les choses, ou alors le zigue est resté bloqué dans son adolescence. Il a juste développé un court-métrage qu’il avait déjà fait, en prime, il existe une version longue du film heureusement restée au placard. Quelque part, il a réussi à  retransmettre l’impression de l’interminable traversée du tunnel au sortir de l’adolescence. Car à l’instar de son personnage, un jeune étudiant aux Beaux-arts – Sean Biggerstaff, tête de minaud, échappé des versions filmées des « Harry Potter » -, il arrive à transformer les minutes en siècles ! Le personnage a, en effet, trouvé le moyen d’arrêter le temps, en employant une touche pause mentale, glaçant l’instant présent. Il illustre cette idée en vous sidérant de vacuités. Ce qui est curieux, c’est la subjectivité de l’ennui, le film semble plaire, mais rien à faire de reste hermétique. Il a même reçu  le prix CICAE au Festival du Film International de San Sebastian en 2006, – c’est un festival sous acide ? -, alors qu’à tout casser, il devait tout rafler aux « Razzy award », catégorie films lamentable.

Emilia Fox, nouveau, le film interactif, où comment s’ennuyer en même temps que les personnages…

L’histoire tiendrait sur un timbre-poste, Ben se fait plaquer par sa copine Suzy qui lui hurle dessus au ralenti – pépère Ellis est tellement content de sa trouvaille, qu’il nous la ressert dans la dernière partie du film… (pardon de ce salmigondis).. Devenu insomniaque – il ne dort plus du tout d’ailleurs, heureusement pour lui, un des spectateurs, ronflait ferme, je n’ai pas eu cette chance, j’ai dû mal à dormir dans les lieux publics -. Ben s’emmerde – et nous avec…-, il décide de travailler dans le supermarché du coin, régi par un chauve suffisant, échappé d’un film de Luc Besson tant il flirte avec le vide abyssal – c’est qu’il est doué le Besson, il a quand même transformé Mia Farrow en zombie dans son « dernier » avatar de cinéaste -. Deux post-ados s’amusent en faisant des farces d’une rare stupidité, Ben s’attache à l’une des caissières la sensible Sharon – Emilia Fox, la seule du lot à ne pas avoir l’air d’une endive -. Oui je sais, c’est méchant pour les endives, je vous recommande un site endive.net http://www.endive.net/, pour vérifier ma mauvaise foi évidente. Bon  Ben, libidineux, c’est de son âge, arrête le temps et peint nues, les clientes de la supérette. L’érotisme de David Hamilton est du niveau d’un Antonioni, en comparaison de la vision de Ellis – hélas est là -, qui se paie le luxe de n’avoir strictement aucune inventivité. Pour meubler l’ennui, j’ai donc tenté de trouver au moins une belle idée, un beau plan, un truc qui ne me pas regretter ma soirée. C’est vrai quand on tombe dans l’ineptie la plus totale, comme chez Josée Dayan ou dans la campagne électorale actuelle d’une grande tenue, le ricaneur finit toujours par tomber sur quelque chose. J’ai fini par trouver, le personnage du gérant chauve, a des pellicules sur sa veste ! et mon esprit tortueux se met en branle, est-ce volontaire, l’acteur a t’il mit un blouson d’un autre en dernière minute, bref c’est une énigme et au moins ça meuble. On trouvait François Truffaut injuste quand il disait : « On peut se demander s’il n’y a pas incompatibilté entre le mot cinéma et le mot Angleterre », on sait désormais qu’au moins sur ce film cette déclaration toniturante colle parfaitement.