« Little Miss Sunshine », présenté Festival de Sundance 2005 et en compétition officielle du 32ème festival du film américain de Deauville, est assurément la bonne surprise de cette tournée. Nous découvrons avec grand plaisir la famille Hoover – rassurez-vous rien à voir avec le ciaesque J. Egar Hoover, travesti à ses heures -. La petite famille se retrouve dans un road-movie azimuté, à bord d’un véhicule Wolkswagen jaune et déglingué, échappé des années 70, qui est d’ailleurs un personnage à part entière du film. Il y a le père de famille, Richard – Greg Kinnear -, qui se veut un gagneur et qui tente de placer partout ses « Parcours vers le succès en 9 étapes », sorte de petits commandements devant ouvrir les portes de la réussite. Son épouse Sheryl – Toni Collette -, essaye de faire tampon avec son fils, Dwayne – Paul Dano inquiet et sensible -, nietzschéen convaincu, qui par rébellion a fait vœu de silence jusqu’à sa candidature pour la prestigieuse Air Force Academy.. Dwayne, finit par se consoler de voir son oncle Frank, encore plus déprimé que lui et qui vient de réchapper à une tentative de suicide.  – Steve Carell -, spécialiste de Proust et amoureux éperdu d’un de ses élèves et en rivalité avec une autre sommité proustienne, qui lui a ravi l’objet de ses pensées. A ce petit groupe, se rajoute le père de Richard – Alan Arkin, à mon avis un comédien aussi génial que Peter Sellers -, qui découvre l’héroïne à 70 ans, qui fait tout pour devenir un vieillard indigne, en disant tout ce qui lui passe par la tête. La petite fille de 7 ans de la famille, est sélectionnée pour participer aux épreuves de « Little Miss Sunshine », une sorte de concours de beauté de petites filles. Sa joie va convaincre tout ce petit groupe de s’y rendre pour y assister. 

Steve Carell, Greg Kinnear, Alan Arkin, Paul Dano & Toni Collette

Une causticité remarquable balaye cette famille modèle de névroses urbaines, qui vont déplacer leurs problèmes pour se focaliser sur le rêve de la petite Olive – craquante Abigail Breslin -. En effet, les membres de cette famille qui traversent tous une mauvaise passe, vont s’unir, malgré les mésententes et diverses hostilités. L’humour noir traverse ce film, le véhicule mangé aux mites et exigu n’est pas le lieu le plus probant pour réduire les tensions… La distribution est exceptionnelle et au diapason. Le cap vers l’Ouest est riche en rebondissement. Le trait est mordant, et la réalisation du couple – à la ville comme à l’écran -, Jonathan Dayton et Valerie Faris, issus de l’univers du vidéo-clip – la B.O. est d’ailleurs ici très bien amenée -, se révèle très subtile, et assez vacharde, voire la manière dont ils décrivent le ridicule – voire l’indécence naïve – de petites filles singeant les miss de beauté. Le dosage humour corrosif et situation dramatique est habile, la mièvrerie est éviter pour laisser éclater l’humanité des personnages. La critique d’une société obsédée par le succès, ayant du mal à surmonter des rêves brisés, et dans laquelle on a de plus en plus de mal à trouver sa place, est assez implacable, mais finalement assez optimiste. On évite la caricature dans ses situations insolites, Steve Carell tout en retenue mais en rajoutant de l’humour à l’instar de sa curieuse manière de courir, Toni Collette en mère courageuse et sans tabous et compréhensive, Alan Arkin en désinhibé iconoclaste et Greg Kinnear, enfermé derrière ses propres principes, sans oublier Paul Dano et Abigail Breslin finissent par former, malgré leurs personnalités diverses, un groupe très homogène très crédible. On aurait bien continué un petit brin de route, avec cette famille encombrée… Et mine de rien, ce joli conte cruel est véritable petit hymne à la vie.