Léa Drucker

Nièce de Michel et Jean Drucker, elle prend goût aux arts du spectacle, grâce à son père qui l’initie à la cinéphilie dès l’âge de 4 ans. Loin de vouloir suivre une voix royale pour elle dans le journalisme, elle prend des cours de théâtre chez Véra Gregh, L’ENSAT , au cours Florent en classe libre avec Isabelle Nanty et Raymond Acquaviva. Les petits rôles arrivent au cinéma, sans avoir un grand retentissement, son nom de famille la desservant plutôt, mais elle tourne avec Mathieu Kassovitz ou Cédric Klapisch. Elle obtient deux rôles importants, dans « L’annonce faite à Marius » comédie à petit budget assez oubliable de Harmel Sbaire malgré les prestations de Jackie Berroyer et Pascal Légitimus dans une curieuse histoire de cobaye se faisant implanter un embryon dans « la couche cellulo-graisseuse du peritoine ! » rappelant un peu la comédie de Jacques Demy « L’événement le plus important… », et dans « Papillons de nuit » en 2001, histoire d’amour décalée, adaptation cinéma d’une pièce qu’elle avait joué sur scène, elle retrouve d’ailleurs son partenaire Eric Poulain. dont la distribution est hélas très confidentielle. Elle peine de son propre aveux à trouver ses marques sur l’écran, qualifiant même sa carrière comme étant « Bordélique et déstructurée », elle fait preuve cependant d’humilité dans des petits rôles très différents, ne dédaignant pas de participer à des courts-métrages. Elle apparaît souvent dans des rôles qui ne sont pas à son avantages, comme dans « Narco » où elle est une patineuse albinos, jumelle avec Gilles Lellouche, et trucidant François Levantal, père autoritaire et surtout « Fille perdue, cheveux gras », en paraplégique défaite, où elle fait à la fois preuve de mordant et d’une grande humanité. Elle continue dans des rôles secondaires, quelle rend percutent, même pour un rôle stéréotypé de femme futile de footballeur dans « 3-0 » (2001). Elle participe à des court-métrages de jeunes réalisateurs, on se souvient ainsi du remarquable « Pourquoi… paskeu » (Tristan Aurouët & Gilles Lellouche, 2001), observation très fine des petits tracas du quotidien, où elle irrésistible de maladresse, elle réussit à briser un amour naissant avec Gilles Lellouche… en imitant une guenon après des ébats torrides. Souvent cantonnée dans les rôles de bonnes copines, on la retrouve ainsi dans l’insoutenable « Dans ma peau », film radical de Marina de Van, où elle est loin de soupçonner les névroses de son amie Esther qui se livre à l’auto mutilation.

Avec Marina de Van dans « Dans ma peau »

Elle n’hésite donc pas à tenir des rôles qui ne la mettent pas forcément en valeur, hors quand on le voit, j’ai eu cette chance de converser un peu avec elle lors de l’avant-première des « Brigades du tigre », on est immédiatement séduit par son charme lumineux, sa modestie et la chaleur de sa conversation. Elle reste modeste pourtant, quand elle salue l’évolution du cinéma, qui permet pour elle d’être utilisée « quand on a pas le physique de Rita Hayworth et Ava Gardner ». C’est Mabrouk El Mechri, qui utilise le mieux sa photogénie, dans « Virgil », elle est à la fois très belle, elle joue Margot, une  combative fonçant dans l’ironie dans un petit jeu d’approche avec le personnage joué par Jalil Lespert, et se rebelle, quand blessée, elle s’aperçoit que son taiseux de père, campé avec maestria se confit à Jean-Pierre Cassel, alors qu’elle n’avait pas entendu le son de sa voix durant toutes ses visites en prison. Sans artifices, elle rayonne dans ce film d’hommes, bel hommage au film noir. Elle se révèle à l’aise dans la folie de l’univers d’Édouard Baer, tel la touriste se retrouvant enfermée dans « Akoibon », mais aussi à la radio – elle était chroniqueuse dans l’émission « La grosse boule » sur Radio Nova en 1996, et au théâtre – elle participe à l’aventure de  « La folle et véritable vie de Luigi Prizzoti ». C’est le théâtre qui lui donne ses premiers grands rôles, des grands classiques « Le misanthrope », dans une mise en scène de Roger Hanin, jusqu’au pièces contemporaines « Plaidoyer pour un boxeur », dans une mise en scène de Serge Brincat, jusqu’à celui exemplaire de « 84 charing cross road » dans une mise en scène de Michel Hazanavicius qui lui vaut une nomination aux molières pour la meilleure révélation en 2004. Elle va retrouver Zabou Breitman sur les planches, qui lui donne comme sœur Isabelle Carré – belle idée -. Désormais les médias s’emparent de son discours lucide et charmeur, elle est d’ailleurs épatante en prostituée indicatrice dans « Les brigades du tigre », amour secret d’un sombre Pujol, marquant les retrouvailles avec Édouard Baer, où elle est étonnante de gouaille – elle cite volontiers Suzy Delair et Arletty, les peintures de Toulouse Lautrec -, et surtout d’humanité. Les rôles de premier plan arrivent enfin. Elle excelle face à Jonathan Zaccaï, dans la tension avec son personnage de femme écorchée vive qui recherche sa soeur disparue dans le téléfilm « La blonde au bois dormant » diffusé sur France 3. Elle est bouleversante ans le second film de Zabou Breitman, « L’homme de sa vie », en épouse de Bernard Campan, dépassée par l’intrusion de Charles Berling dans son couple. Elle particulièrement remarquable dans la scène où elle craque en parlant de la fragilité d’un enfant. Dans « Tel père, telle fille » elle donne une grande sensibilité à son rôle de jeune mère démissionnaire. Elle qui garde sa dignité face à Vincent Elbaz qui s’improvise nouveau père ignorant l’existence de sa fille. Elle rayonne d’aplomb et de sensualité dans « Divine Émilie », diffusé sur France 3 en décembre 2007. Face à Thierry Frémont très convaincant dans le rôle de Voltaire, elle incarne Émilie du Châtelet, marquise au caractère bien trempé, douée pour les sciences et très en avance sur son temps. Cette nouvelle composition nous surprend encore. Au naturel, comme dans la composition, touchante, drôle et travailleuse, elle devrait légitimement s’imposer dans les années à venir.

Avec Jalil Lespert dans « Virgil » 

Filmographie : 1991  La thune (Philippe Galland) – 1992  Tableau d’honneur (Charles Némès) – 1994  Raï (Thomas Gilou) – Putain de porte (Jean-Claude Flamand & Delphine Quentin, CM) -1996  2 minutes 36 de bonheur (Tristan Aurouët & Gilles Lelouche, CM) – Assassin (s) (Mathieu Kassovitz) –  Bouge ! (Jérôme Cornuau) – L’annonce faite à Marius (Harmel Sbaire) -1997  Ah, les femmes ! (Nicolas Hourès, CM) – Le banquet (Samuel Tasinaje, CM) – Le château d’eau (Christian Carion, CM) – 1998  À tout de suite (Douglas Law, CM) – La vie ne fait pas peur (Noémie Lvovsly) – Mes amis (Michel Hazanavicius) – Un pur moment de rock’n roll (Manuel Boursinhac) – Fait d’hiver (Robert Enrico) – Peut-être (Cédric Klapisch) – 2000 Chaos (Coline Serreau) – Papillons de nuits (John Pepper) – 2001  Pourquoi… paskeu (Tristan Aurouët & Gilles Lellouche, CM, repris dans le long-métrage « 01 », en 2003) – L’auberge espagnole (Cédric Klapisch) – Filles perdues, cheveux gras (Claude Duty) – 3-0 (Fabien Onteniente) – 2002  Dans ma peau (Marina de Van) – Bienvenue au gîte (Claude Duty) – Concours de circonstance (Mabrouk El Mechri, CM) – 2003  Narco (Tristan Aurouët & Gilles Lellouche) – À quoi ça sert de voter écolo (Aure Attika, CM) – 2004  Du bois pour l’hiver (Olivier Jahan, CM) – Illustre inconnue (Marc Fitoussi, CM) – Virgil (Mabrouk El Mechri) – Dans tes rêves (Denis Thybaud) – Akoibon (Édouard Baer) – 2005  L’homme de sa vie (Zabou Breitman) – Les brigades du Tigre (Jérôme Cornuau) – Deux filles (Lola Doillon, CM) – 2006  Un été sans Nicolas (Benjamin Rataud) – J’ai plein de projets (Karim Adda, CM) – Tel père, telle fille (Olivier de Plas) – 2007  Le bruit des gens autour (Diastème) – Coluche (Antoine de Caunes) – 2008  Cyprien (David Charhon) – 2009  Une pièce montée (Denys Granier-Deferre) – Les meilleurs amis du monde (Julien Rambaldi) – Pauline et François (Renaud Fély). Télévision : (notamment)  : 1993  Colis d’oseille (Yves Lafaye) – 1994  Le misanthrope (Yves-André Hubert, captation) – 1995  Anne Le Guen : Madame la conseillère (Stéphane Kurc) – Anne Le Guen : Du fil à retordre (Stéphane Kurc) –  1996  Et si on faisait un bébé (Christiane Spiero) – Anne Le Guen : Fatalité (Stéphane Kurc) – 1998  Ann Le Guen : Le mystère de la crypte (Stéphane Kurc) – 1999  Avocats et associés : Tractations (Denis Amar) – 2000  Duelles : c’est lui (Laurence Katrian) – 2001  Fabien Cosma : Le poids d’une vie (Franck Apprédéris) – 2006  La blonde au bois dormant (Sébastien Grall) – 2007  Divine Émilie (Arnaud Sélignac) – 2009  Suite noire : Envoyez la fracture (Claire Devers) – 2010  Jeanne Devere (Marcel Bluwal) – À vos caisses (Pierre Isoard).  Théâtre (notamment) : 1996 Les vilains, m.e.s. M. Nakache – Plaidoyer pour un boxeur de M. Romano, m.e.s. S. Brincat – 1999  Le Projet de G. Dyrek, F. Hulne, P.Vieux, A. Lemort, m.e.s. G. Dyrek – Le Misanthrope de Molière, m.e.s. R. Hanin – Lysistratha d’Aristophane, m.e.s. S. Serreau-Labib – Le Mot de Victor Hugo, m.e.s. X. Marcheschi – El Burlador de Sevilla de T. de Molina, m.e.s. J-L. Jacopin – 2000  Danny et la grande bleue, de John Patrick Shanley , mise en scène de John R. Pepper (Proscenium) – Extrême nudité, de Christiane Liou, mise en scène de Hans Peter Cloos (Essaïon) – 2003  Mangeront-ils ?, de Victor Hugo, mise en scène de Beno Besson (Théâtre du Nord, à Lille, Théâtre de Sartouville) – 2004  Trois jours de pluie, m.e.s. Jean Marie Besset et Gilles Desveaux – 2005  84  Charring cross road, d’Helene Haff, mise en scène de Serge Hazanavicius – 2006/2007  Blanc, d’Emmanuelle Marie, mise en scène de Zabou Breitman (Théâtre de la Madeleine, + tournée) – 2007/2008  Le système ribadier, mise en scène de Georges Feydeau (Théâtre Montparnasse, + tournée) – 2010  L’amant, d’Harold Pinter, mise en scène de Didier Long (Marigny – Salle Popesco).

Mise à jour du 07/08/2010