Francia Séguy, était une personne attachante qui est désormais une figure familière du cinéma français. Loin d’être une débutante tardive, à la manière d’une Jeanne Calment (dans le film « Vincent et Moi » de Michael Rubbo, aux côtés de Tcheky Karyo, en 1990), elle a plus de 85 ans de carrière, car née en 1914 !

Jacques Richard qui avait eu du nez, la remarque dans plusieurs publicités, et dresse son portrait dans l’excellente « Lettre des comédiens N°19 », en avril 1999. Il la définit comme «une comédienne infatigable» :  de son texte, voici quelques extraits : « … elle débuta en 1916, sur la scène du Gymnase auprès de Madeleine Barjac dans « La Fayette, elle avait dix-huit mois. L’année suivante, elle apparaît à l’écran dans Mater Dolorosa d’Abel Gance. A cette époque on l’appelait la «petite Francia»… », « …Toute une vie au studio, dans des rôles d’enfants, d’adolescentes, plus tard d’adultes ; ou encore sur scène jusqu’à Dieu le savait d’Armand Salacrou en 1951, et dernièrement avec Les portes claquent »…

Elle était aussi monteuse, notamment dans un court-métrage d’Henri Calef : « Fido ». C’était… en 1965. Puis on ne la retrouve comme comédienne que dans un seul film  « Le pélican » en 1973, où elle joue le rôle de la mère du personnage  de Paul, interprété par Gérard Blain, suit une longue période d’absence…

Après plusieurs publicités, le cinéma l’utilise souvent depuis 1996, d’antant plus qu’elle est très à l’aise dans l’humour noir. Elle est la « petite vieille » que rassure Chick Ortéga (lors d’un braquage d’une banque) dans « Dobermann », lui prêtant de l’argent et lui bouchant les oreilles pour la préserver des détonations. On la retrouve aussi dans le film de Jean-Pierre Mocky Tout est calme où elle forme avec Pierre Gérald un couple à l’aspect charmant… mais dont le but est d’assassiner le Pape! Jean-Pierre Darroussin, l’embrasse spontanément dans la rue, suite à son gain au loto dans « Ah ! si j’étais riche ».

Francia Séguy joue aussi le rôle de la mère d’Annie Grégorio, formant un duo décalé de pompistes, face à un Yves Berteloot désemparé, dans le film à sketches « À vot’ service », inédit en salles mais diffusé sur TPS. Elle participe aussi à l’accueil frileux de Camille (Grégori Derangère) à Ouessant dans « L’équipier ». Pour la petite histoire, elle venait de se casser la jambe….

L’actrice parcourt aussi plusieurs courts-métrages, participe au « Morning live » sur M6 et aux 11 commandements (elle est le chauffeur du dieu de la blague) aux côtés de son petit-fils Vincent Desagnat. Elle fait d’ailleurs une apparition non créditée, dans un café dans « Le carton » dont il est la vedette. Elle est la mère d’un halluciné Didier Flamand dans « L’ex-femme de ma vie » de Josiane Balasko. Cette dernière, vient à sa rescousse, le forcené contrarié séquestrant cette pauvre femme.

Édouard Baer l’engage en mère de l’atypique Francis Van Litsenborgh et dans son show estival de 2003 sur France 2 : « Le grand plongeoir«  où elle joue du jambon avec un archer de violon… grand moment de non-sens. Elle décède de 24 octobre 2013, Vincent Desagnat lui rendant cet hommage dans les médias « Elle nous laisse beaucoup de bons souvenirs et plus de 50 films. Elle était notre marraine au cinéma, notre marraine de la bêtise. Elle va nous manquer. »

Filmographie : 1916   Mater Dolorosa (Abel Gance) – 1918  Fifine (Roger Max) – 1919   Perdue (Georges Monca) – 1920  Le penseur (Roger Max) – 1921  L’ombre déchirée (Léon Poirier) – 1922  Geneviève (Léon Poirier) – 1922  Geneviève (Léon Poirier) – 1923   L’affaire du courrier de Lyon (Léon Poirier) – 1924   L’affiche (Jean Epstein) – 1936  L’appel du silence (Léon Poirier) – 1937  Sœurs d’armes (Léon Poirier) – 1954  Papa, maman, la bonne et moi (Jean-Paul Le Chanois) – 1973   Le pélican (Gérard Blain) – 1993  Fleurs d’automne (Herbstblumen) (Maija-Lene Rettig, CM) – 1996   La pisseuse (Suzanne Legrand & Frédéric Benzaquen, CM) – Dobermann (Jan Kounen) – 1997  Trajet discontinu (Partho Sen-Gupta, CM) – 1998   Tout est calme (Jean-Pierre Mocky) – Pascal et la vieille dame (Wilfried Hureau, CM) – Ce sera du gâteau (Claude Berne, CM) – 1999  Les vieux jours (Angelo Cianci, CM) – La bostella (Édouard Baer) – 2000   Mademoiselle (Philippe Lioret) – Alice ou le cul des autres (Virginie Sauveur, CM) – Le nombril de l’univers (Émma De Caunes, CM) – La malédiction de la mamie (François Desagnat et Thomas Sorriaux, CM) – À vot’ service [épisode “La station service”] (Laurence Katrian, inédit en salles) – Il est difficile de tuer quelqu’un, même un lundi (Éric Valette, CM) – Quand on sera grand (Renaud Cohen) –  Tanguy (Étienne Chatilliez) – 2001   Hiromi (Catherine Villeret & Thomas Cirotteau, CM) – La gardienne du B (Joël Brisse, CM) – Filles perdues, cheveux gras (Claude Duty) – Spartacus (Virginie Covisone, CM) – Monique (Valérie Guignabodet) – Ah ! si j’étais riche (Michael Munz & Gérard Bitton) – 2002   Toutes les filles sont folles (Pascale Pouzadoux) – 2003   Le son de mes pas sur le parquet (Marie Pascaud, CM) – Les 11 commandements (François Desagnat et Thomas Sorriaux) –  L’équipier (Philippe Lioret) – Le carton (Charles Némès) – 2004   L’ex-femme de ma vie (Josiane Balasko) – La vieille dame aux dents jaunes (Fabien Bonali, CM) – 2005  Je vais bien, ne t’en fais pas (Philippe Lioret) – 2007  Le gigot (Thomas Ruat, CM,  sous le nom de « Francia Desagnat »).

Télévision :  (notamment) 1973  Arsène Lupin : La demeure mystérieuse (Jean-Pierre Desagnat) – 1996  Baldi et les petits riches (Claude d’Anna) – 1998   Chez ma tante (Daniel Ravoux) – Papa est monté au ciel (Jacques Renard) – 1999   Louis La Brocante : Louis et la prison de cristal (Pierre Sisser) – Mélissol : La déchirure (Jean-Paul Igoux) – 2002   Les Thibault (Jean-Daniel Verhaegue) – 2004   Une femme d’honneur : complicité de viol (Michaël Perrota)

Remerciements à André Siscot