L’amateur de nanar frémit quand il voit au générique Louis Becker comme producteur, c’est déjà une promesse de joyeuse désolation. Comme souvent désormais, dès qu’il y a une petite équipe qui a du talent, qui galèrent ensemble et sont légitimés par des passages télé,  ils ont droit à leur film… Ici c’est l’équipe des « Quiches » (chic en verlan) qui se sont rencontrés dans un cours du comédien Raymond Acquaviva, connus pour un programme court, le dimanche, « Allo’Quiche » sur Canal +. Ils ont tenu à réaliser le film eux-mêmes, ce qui est peut-être une erreur. Pour un premier passage au cinéma, on attendait ici un talent plus aguerri. On assiste ici à un comique potache, avec une invention évidente, malgré un manque de moyens évidents, à la reconstitution d’une Amérique des années 50 – exercice déjà tenté avec plus ou moins de bonheur dans le film « Mais qui a tué Pamela Rose ? » -. Tous les clichés sont présents des frustrés aux fashions, du bal de promo de fin d’année, de l’éveil de la libido, rien ne manque au tableau. Ils font allégrement quelques citations, des chansons interprétées par Isabelle Adjani, l’assassinat de J.F.K., des films comme « Carrie », « Cry baby », « Grease », « The rocky Horror Show », « Qu’est-il arrivé à Baby Jane », etc…, c’est plaisant, même si assez vain finalement. Mais la machinerie a du mal à tenir la durée d’un long-métrage, et seul les comédiens les plus confirmés se révèlent à l’aise avec cet exercice de style. D’ailleurs Martine Chevallier, sociétaire de la comédie française, qui déridée par son rôle dans « La confiance règne », se livre à numéro excentrique et azimuté, de directrice d’école, le film lui doit d’ailleurs les plus forts rires du public.

Martine Chevallier

L’idée d’un frangliche yahourtisant, se révèle très vite lassante, c’est dommage, d’autant plus que les numéros musicaux sont assez brillants. Dominique Frot – sœur de Catherine – est étonnante en assistante de « Miss Smokingkills », cassée de partout, elle cherche à se venger de sa rivale. Comme souvent dans ce type de comédie, il y a quelques caméos à signaler – Ludivine Sagnier, l’innéfable Matthias Van Khache, Cécile Cassel, Thierry Lhermitte habituel comparse de Louis Becker, et je n’ai d’ailleurs pas reconnu Marie Denarnaud pourtant créditée au générique. Au final, tout ça ne constitue pas un film. Le même jour, je tombe sur le câble sur une série télé de la BBC « Little Brittain », très corrosive, ne respectant rien, même pas Tony Blair, et en trois fois moins de temps, disposant de dix fois plus d’idées et d’irrévérences que « Foon », Aïe ! Mais la sympathique équipe des « Quiches » a du talent et un univers, laissons leur du temps et souhaitons leur un producteur moins flonflon que Becker junior…