Ce film de 1974, est à ranger dans les grandes réussites du cinéma de science fiction. Dans un désert d’Arizona, de simples fourmis, évoluent de manière spectaculaire. Les espèces rivales vivent désormais en communauté évoluée et elles n’ont plus de prédateurs – mantes religieuses, araignées -, qui disparaissent mystérieusement.  Un savant le professeur Hubbs – Nigel Davenport, démesuré et déterminé -, accompagné d’un spécialiste du langage animal – Michael Murphy -, s’installe dans une sorte de forteresse scientifique, sous la forme d’un dôme pour étudier ce comportement inédit. Il ne reste dans les alentours, qu’un couple de vieux fermiers, leur petite-fille passionnée un ouvrier. Ils sont les derniers à partir, pendant que les deux scientifiques essaient de comprendre le phénomène, et le projet des insectes. C’est l’un des rares films comme réalisateur de Saul Bass, célèbre pour nombre de génériques de films, chez Alfred Hitchcock, Stanley Kubrick, Otto Preminger, Martin Scorsese. Dessinateur et animateur génial il a marqué durablement les esprits, avec ces petits chefs d’œuvres de concision et de beauté. Il avait fait le storyboard de la scène de la douche dans « Psychose », avant de s’attribuer la paternité de celle-ci, à tort selon Donald Spoto.

Nigel Davenport

Le film reprend le schéma classique du cinéma de science fiction, sans préciser la raison de cette évolution, on pense évidemment à la menace nucléaire, et l’opposition entre humains et animaux, ces derniers étant perturbés par la folie de l’homme. Le parti pris, ici est très réaliste, très convaincant, habile en utilisant intelligemment des moyens et les décors d’un Arizona, en proie aux promoteurs immobiliers. Il réussit avec ce film, à installer un climat de menace permanent. Le scénario est habile, puisque opposant l’individualisme des hommes, contre l’intérêt de la colonie qui privilégie le groupe social avant tout. Loin de jouer la carte du gore, et de la grandiloquence, le réalisateur s’attarde sur les actes, filme les fourmis comme un entomologiste. Il a l’art de créer l’intérêt en personnalisant les fourmis, montrant leur adaptation à toutes les contraintes, contre l’arrogance de l’homme qui croit en sa suprématie. En filmant des galeries, le laboratoire de fortune, des fourmilières construites comme des immeubles humains, il sait créer la tension, à travers l’univers coloré des fourmis, face à celui plus sombre des humains. Ce film compte parmi les grandes réussites du genre.