On se dit, encore une comédie dramatique anglaise, surfant sur le succès de « Billy Boyd » et « The full monty »… On visualise déjà les grands sentiments dégoulinants, l’éloge de l’abnégation face à l’adversité, excentriques anglais de rigueur. Ce n’est pas le cas avec ce film « Une belle journée » : « One a clear day » en V.O., il serait vraiment dommage de passer à côté de ce film, avec cette appréhension suites à plusieurs déclinaisons du genre. Nous sommes certes ici terrain connu d’une comédie sociale, mais la réussite est au rendez-vous. Frank, la bonne cinquantaine, est licencié de son travail dans un chantier naval en Écosse. Son caractère revendicatif faisait de lui un des premiers de la liste. Sa vie bascule, il prend un malaise vagual pour une crise cardiaque. Cette perte de repères va lui donner conscience du fragile équilibre qu’il avait au sein de sa famille sinistrée par la crise, dont sa femme et son fils père de deux jumeaux – joué par le poignant  Jamie Sives -. Dans le rôle de la femme de Frank, Joan on retrouve Brenda Blethyn, saluée à Cannes pour « Secrets et mensonges », et qui s’était déjà révélée à l’aise dans la comédie dans « Saving  Grace ».. Avec brio, elle compose une femme qui prend sa destinée en main, en passant le permis de conduire pour conduire en bus. Peu sûre de réussir à l’obtenir, elle le fait à l’insu de son mari. Frank, lui, trompe son ennui avec ses compagnons d’infortune, qu’il retrouve régulièrement à la piscine. Une idée saugrenue lui vient alors par défit, traverser la Manche, en plein hiver à la nage, histoire de se prouver à lui même, que sa vie a encore un sens…

Pour un coup d’essai, c’est un coup de maître, la réalisatrice Gaby Dellal, comédienne de théâtre essentiellement,  réussit avec humanité à se jouer des clichés et créer une petite communauté crédible, et émouvante. L’humour est constamment présent, détaché mais assez corrosif, avec de formidables trouvailles, à l’image des mouettes particulièrement à l’affût des passagers d’un ferry, souffrant du mal de mer (Je vous laisse découvrir pourquoi) ?. L’interprétation est excellente ici, de Peter Mullan touchant de retenu,  Sean McGinley, sorte d’Édouard Balladur décharné – son personnage se nomme d’ailleurs Eddie, est-ce un hommage ? -, qui pour l’anecdote, a d’ailleurs appris à nager pour ce film, Billy Boyd, le jeunot de la bande, hilarant Dany – le fameux Pippin de la trilogie du « Seigneur des anneaux » – , Benedict Wong restaurateur réservé et humilié, qui retrouve la parole par une émulation amicale ou Ron Cook, en célibataire endurci après une déception amoureuse. C’est la bonne surprise de ces derniers mois, histoire de prouver encore une fois que le cinéma anglais a toujours du ressort.

Billy Boyd, Benedict Wong, Ron Cook, Peter Mullan & Sean McGinley