J’ai la chance d’avoir un collègue passionné de l’âge d’or des séries TV, et qui vient de me passer le 13ème DVD  – deux disques pour 3 films, et hélas pas d’autre bonus qu’un texte commentaire – des « Cinq dernières minutes » de Claude Loursais  première version. Bizarrement ces DVD sont difficiles à trouver, mais on peut les retrouver en consultant le site d’LCJ ÉDITIONS ou passer par France Loisirs. A noter l’éditions de ces volumes ne respectent pas la chronologie.

La célèbre réplique « Bon sang, mais c’est bien sûr ! » est en fait « Bon Dieu, mais c’est bien sûr ! ». On prend un grand plaisir à visionner ces oeuvres. L’ancrage sur le réel (sur ce DVD, les mariniers « Poison d’eau douce », l’impression d’un journal « Un sang d’encre » , donne presque une radiographie de la société et des mentalités des années 50-70. Une mine pour les sociologues.. Pour plus de détails, il faut lire le formidable livre de Jacques Baudou & Jean-Jacques Schleret « Meutres en séries, les séries policières de la télévision françaises » (Éditions 8ème art – 1990) qui mériterait une ré-édition.

Jean Daurand & Raymond Souplex

Cette série doit beaucoup à la connivence entre Raymond Souplex (souvent râleur, et choisi pour sa mémoire prodigieuse, les épisodes étant en direct) et Jean Daurand, dont on apprend dans le livre de Baudou & Schleret, qu’il a repris son rôle de Dupuy dans la série plus réaliste « La brigade des mineurs » 1977-1979, sur Antenne 2. Dupuy est hélas absent des derniers épisodes des années 70.

On s’amuse bien sûr, à voir les plantages, tel les interventions laborieuses des candidats – intervenant en direct -, et les hésitations des comédiens devant rejouer certaines scènes, – il n’est pas rare d’entendre comme ici,  les indications du metteur en scène soufflant à Bourrel de renvoyer Dupuy -. Certes le rythme est loin d’être haletant, surtout en comparaison avec nos séries actuelles, mais le pittoresque, une certaine nostalgie et le jeu de l’énigme, amusent bougrement. Raymond Souplex y est d’ailleurs remarquable (malgré une « moumoute » à géométrie variable), de même que Jean Daurand, raisonneur et humain.

Raymond Souplex

Il est amusant de voir dans cette série, souvent les mêmes acteurs, passant allègrement de statut de victime à celui d’assassin dans un épisode suivant. Dans l’épisode « Sang d’encre » on retrouve même le familier Yvon Sarray, tenir deux rôles un médecin et un livreur du bougnat (Jean Clarieux).

Vous pouvez retrouver la liste des acteurs de cette série, que je complète régulièrement via IMDB. Ce qui forme un sacré casting grâce aux génériques des 13 DVD que j’ai presque visionné en intégralité. A noter par exemple la présence de Marcel Bozzuffi et Marie Dubois – alors Claudine Huzé -, dans l’épisode « Poison d’eau douce », oubliés de la jaquette du DVD, par l’éditeur qui manque un peu du sens du commerce.

Il faut évoquer également Pierre Collet, qui sur ce DVD, n’apparaît que dans l’épisode « Poison d’eau douce » (1959). On le retrouve ensuite, régulièrement au début des années 70, il est le planton, plus enclin à parler de ses week-ends en voitures, que de tenir compagnie à quelques suspects agités.

Léonce Corne

Pour en finir sur ce 13ème volume, on retrouve dans deux épisodes l’acteur Léonce Corne. Dans « Poison d’eau douce » il est un vieux marinier grincheux, père de Marie Dubois et dans « Un sang d’encre », un typographe sourdingue.

C’est un parcours assez tragique : « …Léonce Corne, soupçonné d’être juif doit prouver qu’il est aryen, mais, malgré cette démarche, les Allemands lui impsent d’interpréter une série de sketches sous peine de lui retirer sa carte de travail, ils vont jusqu’à lui proposer de travailler en Angleterre au service de l’espionnage allemand ». (Jean-Pierre Bertin-Maghit, Le cinéma français sous l’occupation, Éditions Perrin).

De nombreux cinéastes après guerre, ne semblent pas lui avoir tenu rigueur de cette participation forcée aux pires films de propagande nazis comme « Forces occultes ».