D’où viens cette petite insatisfaction à l’issue du film. Après la formidable réussite du « Mystère de la chambre jaune », Bruno Podalydès continue à insuffle son univers personnel à l’œuvre de Gaston Leroux, rendant comme à son habitude hommage à Hergé – apparaissant lui-même en portrait du capitaine Haddock – et trouvant des gags subtils, sans se prendre au sérieux, rajoutant même un côté potache à l’ensemble – « le running gag » du dialogue « il est gentil, mais… ». Le film débute sous l’égide du magicien Houdini, Pierre Arditi retrouvé en Larsan, faisant un numéro stupéfiant sous le regard suspicieux d’un spectateur perplexe – Patrick Ligardes, burlesque -.  Privé de Pierre Arditi, son absence étant l’enjeu du film, le film perd malheureusement ce côté hommage à Alain Resnais, on retrouve tous les autres comédiens, même Claude Rich, le temps d’un cameo venu faire un passage sympathique. Si le film part bien, Michel Vuillermoz, un fidèle, est un truculent curé, ayant une conception du mariage très peu conventionnelle. Il marie Mathilde – Sabine Azéma, un peu évaporée – et Olivier Gourmet – impressionnant d’angoisse sourde – Suit le séjour chez les époux Rance – Zabou Breitman et le réalisateur lui-même, très bon avec un phrasé à la « Édouard Baer ».

Denis Podalydès, comment trouver le bon bout de la raison ?

Ce qui pêche ensuite, c’est le huis-clos, dans ce châteaux d’hercule, il manque une tension, une atmosphère, que compense la bonne humeur générale, d’une distribution particulièrement brillante, mention spéciale à Michael Lonsdale en professeur Stangerson, lunaire, constamment en décalage avec la situation présente, il amène son univers à chacune de ses apparitions, et Zabou Breitman, s’évertuant à donner une bonne ambiance, chaque fois que l’angoisse pointe son nez. Le reste de la distribution est à l’avenant, d’Isabelle Candelier – autre en Mme Bernier à la fois sombre et sensuelle, Jean-Noël Brouté retrouvant son personnage pétillant, Julos Beaucarne, en inventeur décalé et Vincent Elbaz amusant et intriguant Prince Galitch. Denis Podalydès assez décrié nous livre un Rouletabille plus inquiet et mature, ce qui semble désorienté, le personnage initial ayant, il est vrai 20 ans de moins. Plaisant, mais un peu décevant à l’aune des précédents films du tandem des frères Podalydès. Ne boudons cependant pas notre plaisir…

Parmi les précédentes adaptation de ce roman, on peut recommander le DVD des 3 aventures de « Rouletabille », dans l’épisode réalisé par Yves Boisset en 1966 pour l’O.R.T.F. avec le juvénile Philippe Ogouz, dans le rôle titre, voir la distribution que j’avais ajoutée IMDB, il existe une version de 1931 de Marcel L’Herbier avec Rolain Toutain, et une autre de 1949 Louis Daquin, avec Serge Reggiani.