Ce film est, selon une expression à la mode « Un film monde » tiré du livre de Yoko Ogawa. Il faut ici abandonner toute tentative d’explication, pour s’abandonner aux émotions. On comprend vite que les clefs sont inutiles, mais c’est un peu les limites du film. C’est le portrait d’une jeune fille déracinée, perdue dans une zone portuaire – Le film est tourné à Hambourg. Faut-il voir dans ce film, la peur de rentrer dans l’âge adulte ?. Elle est à la recherche d’un travail provisoire, suite à l’amputation d’un petit bout de son annulaire, dans un travail à la chaîne. Elle semble naïve et partage une chambre d’hôtel avec un jeune marin vivant la nuit, qu’elle ne fera que croiser. Le choc du film est la présence d’Olga Kurylenko, on est happé par sa sensualité, et très rares sont les actrices qui ont une telle présence à l’écran, la caméra l’aime et la désire. On suit donc son personnage facilement, et de son entrée chez un curieux naturaliste, composant de curieux spécimens. La réalisatrice Diane Bertrand  – réalisatrice du film choral « Un samedi sur la terre » (1995) – semble consciente de la grâce de son interprète, et manque d’en abuser.

Olga Kurylenko et Marc Barbé dans « L’annulaire »

Son employeur est l’excellent Marc Barbé, décidement abonné aux rôles d’ogres après l’étonnant « Sombre » de Philippe Grandrieux (1999). Comme la Mrs. Danvers du « Rebecca » d’Hitchock, d’après Daphné Du Maurier, on ne l’entend jamais arriver. Protecteur et précis, il dégage l’angoisse, l’opacité de son métier nous intrigant. Il continue donc son parcours singulier avec une belle exigence. Diane Bertrand a donc réussi à rendre une atmosphère oppressante, une moiteur, les variantes d’un climat humide influencent les clients du laboratoire. Reste quelques opacités inutiles – la présence de l’enfant -, mais la ronde des clients est prenante. Il convient de saluer trois comédiens – et non des moindres – du film : Hanns Zischler en hôtelier jovial, Edith Scob qui promène une étrangeté  et une superbe, en locataire mystérieuse et le trop rare Sotigui Kouyaté qui laisse toujours une humanité dans son rôle de cireur de chaussures philosophe, aucun film semble digne d’être à la hauteur du talent de cet ancien griot. Saluons également la  musique de Beth Gibbons, et la photo magnifique d’Alain Duplantier. Laissez vous donc aller à ce climat particulier de ce film, sous peine de rester à la porte…