Deux petits cousins, l’un sous lithium, l’autre sous oxygène, « Garden State » & « I love huckabees », l’un semble virer au culte, l’autre irriter.

Garden State, il y a un travail magnifique, ici en France, de « Marketing » qui flirte sur la vague « Sideways » film d’Alexandre Payne. On prévend ce film comme déjà culte, sur des gens qui vous ressemble, souffrant de cette apathie qui semble s’abattre sur tout le monde – surtout Mézigue en ce moment d’ailleurs -. Le film de Zach Graff, figure dans le top 250 des films les mieux notés, des films sur IMDB, ce qui me laisse pantois ! Mais Braff – qui a déjà un univers, c’est déjà pas mal – semble un peu roublard, s’expose complaisamment – Un nombriliste sous calment – et insiste lourdement sur la moindre de ses trouvailles.

Braff a la chance d’avoir une distribution remarquable, qui donne de l’épaisseur à des personnages schématiques, il faut tout le brio d’un Ian Holm, pour faire exister ce rôle de père mal aimant-mal aimé, la radieuse Natalie Portman, en adolescente en quête d’amour, et Peter Sagarsgaard – décidément à l’aise dans l’ambiguïté – en désoeuvré plombé. La partie la plus intéressante me paraît le classique retour dans sa ville natale, du personnage d’Andrew Largeman assez bien vue, et la confrontation avec le regard qu’ont les connaissances qui restées et donc condamnée à vivoter – le jeune policier, les fossoyeurs, etc… -. Le chemin initiatique de « Large » est plutôt manichéen, entre des personnages incongrus, d’un groom libidineux, de receleur bucolique ou de médecin déballant sa vie sexuelle. Je suis en ce moment en train de regarder la saison 3 de « Six feet under » et ça ne supporte pas la comparaison.

Mais le film gagne sur l’air du temps entre indolence et inquiétude, la quête de l’âme soeur – vaste programme – dans des personnages où il est plus facile de faire preuve d’empathie. Une BO splendide donne l’illusion d’une oeuvre originale, mais on est loin de l’univers de Woody Allen ou de Paul Thomas Anderson, cités par les distributeurs qui ne sont pas les derniers pour la déconne – ils avaient annoncées « Le projet Blair Witch » comme le film le plus terrifiant depuis Shinning ! » -. Le film de Zach Braff est une promesse de talent cependant, si le succès ne lui monte pas au nez. Attendons !

Plus singulier, plus novateur « I love huckabees », si vous connaissez quelqu’un qui a aimé ce film présentez le moi, car je n’ai vu que le contraire. C’est un film attachant, choral, même si il y a un gros problème de rythme et qu’au final le film déçoit. La distribution détonne sur ce film choral, Jason Schwartzman ,rejeton de la tribu Coppola, est allumé et histrion. Il est la figure centrale de ce film en pré-trentenaire revanchard. On retrouve en couple de détectives existentiels – belle idée – Lily Tomlin jubile & Dustin Hoffman décale, Isabelle Huppert semble s’amuser de son image d’échappée de l’oeuvre d’Hal Hartley, Jud Law et Naomie Watts joue avec leurs images, Marc Walhberg prend enfin de la consistance, et on s’amuse à reconnaître Tippi Hedren et Talia Shire – soeur de… – ou Saïd Tagmaoui en griot éteint.

David O’Russell renvoie dos à dos, toutes les philosophies du mieux vivre, et d’aspirines de l’âme, dans un revival des sisties, à l’image du personnage de Richard Jenkins – le père dans « Six feet under » -, qui affublé d’une fausse barbe, se donne une bonne conscience en élevant un orphelin africain – scène incroyable du repas – ou le pacte final des pseudos gourous.  C’est un film cynique, salutaire et revigorant mais qui au final et inexplicablement manque sa cible, hélas…

Décidément le trentenaire déclinant que je suis va pouvoir, sur les écrans, compatir avec ses congénères ventres-mous, figurant en belle cible de ces types de films qui partagent ses « crises existentielles ». La mienne en se moment est, Maurice Chevit reprendra t’il son rôle de Marius dans « Les Bronzés 3 », on a les questionnements qu’on peut…