Farid Chopel dans "Les fauves"

 

Annonce de la mort de Farid Chopel, d’un cancer foudroyant ce 20 avril. Un comédien aux capacités formidables sur la scène, comme on peut le constater avec la liste complète de ses activités sur son site officiel. Avec Ged Marlon notamment dans « Les aviateurs », il révolutionne le monde de la scène par une drôlerie très innovante. On le retrouve sur tous les fronts, de la publicité à l’enregistrement de deux singles. Le cinéma n’utilise que trop rarement ses capacités physiques, il est pourtant hilarant dans une des scènes de « Suivez mon regard », joli film assez mésestimé de Jean Curtelin, quand il essaie de laver les vitres d’une porte qui s’ouvre automatiquement dès que l’on s’y approche. Il va bien évidemment attirer l’attention dans ce lieu public, et petit rappel sociologique tout de même, il essuie quelques réflexions racistes. Il connaît surtout une reconnaissance dans les années 80. Il est particulièrement inquiétant en prisonnier caïd harcelant Richard Berry dans « L’addition ». Soucieux de ne pas se laisser enfermer dans cet emploi, il utilise sa vis-comica. C’est Josiane Balasko, qui l’utilise avec le plus d’originalité dans le très acide « Sac de nœuds », son premier film très réussi en l’utilisant sur un mode assez désespéré dans son rôle d’évadé de prison. Il est la vedette d’un exercice de style intéressant « Iréna et les ombres » (1986), en projectionniste rencontrant une femme fatale et dans « Un vampire au paradis » (1990) dans le rôle de Nosfer, homme mystérieux qui provoque le trouble de jeunes filles et qui se révèle être un vampire. Hélas ces films ne connaissent qu’un accueil confidentiel. Marco Ferreri l’utilise avec brio dans « Le banquet » d’après Platon à la télévision. Il lui donne un beau rôle dans « La chair » (1990) où il est touchant en artiste de cabaret philosophe – on le voit dans un numéro de claquettes -, compagnon de Philippe Léotard. Mais personne ne l’écoute, alors qu’il rêve de devenir un artiste dramatique. Où trouve tu la force de devenir un artiste dramatique. Il connaît ensuite une traversée du désert, voir l’article joint de « Libération » de 2005  – que j’avais conservé et ajouté sur un forum d’Allôciné car il m’avait beaucoup touché de même que l’une de ses interventions dans l’émission « Tout le monde en parle » -. Il avait connu un grand succès sur la scène avec « Le pont du milieu ». On pouvait espérer le revoir, comme dans « C’est beau une ville la nuit » où il jouait un berbère aveugle. Il laisse l’impression d’un talent gâché, peut-être est-il arrivé vingt ans trop tôt pour s’épanouir dans son génie.

© Pascal GELY Agence Bernand

Filmographie : 1982  Les princes (Tony Gatlif) – 1983  La femme de mon pote (Bertrand Blier) – Les fauves (Jean-Louis Daniel) – La poudre aux yeux (Dominique Delcourt & Philippe Gautier, CM) – L’addition (Denis Amar) – 1984  La vengeance du serpent à plumes (Gérard Oury) – Sac de noeudes (Josiane Balasko) – 1985  Poésie en images – Condamné (Abel Bennour, CM) –  Cinématon N°550 (Gérard Courant, CM) – Suivez mon regard (Jean Curtelin) – 1986  Le toréro hallucinogène (Stéphane Clavier, CM) – Irèna et les ombres (Alain Robak) – 1987  Jane B. par Agnès V. (Agnès Varda) – 1990  Un vampire au paradis (Abdelkrim Bahloul) – La carne (La chair) (Marco Ferreri) – 1995  Rainbow pour Rimbaud (Jean Teulé) – 1996  Mo’ (Yves-Noël François) – 2005  L’homme inventé, presto agitato (Elisée Fritz, CM) – C’est beau une ville la nuit (Richard Bohringer) – C’est Gradiva qui vous appelle (Gradiva) (Alain Robbe-Grillet) – 2007  Un si beau voyage (Kahled Ghorbal). Télévision : 1988  Le banquet (Marco Ferreri) – 1990  La goutte d’or (Marcel Bluwal) – 1991  Le Gorille : Le Gorille et le barbu (Jean-Claude Sussfeld) – 1993  L’homme dans la nuit (Claude Boissol) – Chambre froide (Sylvain Madigan) – 1994  Avanti ! (Jacques Besnard) – 1996  Alla turca (Macha Méril) – 1997  La fine équipe (Yves Boisset) – 1998  La guerre de l’eau (Marc F. Voizard).