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Françoise Fleury par Yvan Foucart

Photo : source « Agencesartistiques.com »

DÉCÈS DE FRANCOISE FLEURY annoncé par Yvan Foucart

Sa disparition passa inaperçue. C’est bien souvent le cas pour les comédiennes à la carrière discrète et il est vrai que le cinéma s’est peu intéressée à elle puisque l’essentiel de ses présences fut pour le théâtre, la télévision… et la post-synchronisation.

Au théâtre, soulignons : Folle Amanda de Barillet et Grédy avec Jacqueline Maillan et Daniel Ceccaldi (reprise pour « Au théâtre, ce soir » qui diffusait sur les chaînes de l’ORTF puis sur TF1 et Antenne2), Je veux voir Mioussov de Valentin Kataiev avec Jean Lefebvre (idem),  Le tournant de Françoise Dorin avec Jean Piat, Un fil à la patte de Feydeau avec Darry Cowl et Martin Lamotte, Les monstres sacrés de Cocteau avec Michèle Morgan et Jean Marais, etc.

Quant au doublage, ce fut très souvent pour des rôles secondaires : La croisière s’amuse où elle assuma la voix française de Claire Trevor et de Jean Stapleton; Falcon Crest; New York unité spéciale; Charmed; La petite maison dans la prairie; Madame est servie, et même pour des dessins animés telle la version japonaise des Aventures de Huckleberry Finn, etc.

Sa dernière apparition fut en 2000 pour M6, une fiction télévisée aux côtés de François Berléand.  Elle succomba à un cancer et repose dans un cimetière de la banlieue-est de Paris.

Photo BDFF 

Filmographie : 1939  Ma tante dictateur (René Pujol) – 1959 La millième fenêtre (Robert Menegoz) – 1972  Les caïds (Robert Enrico) – 1974  La rivale (Sergio Gobbi) – 1983  Signes extérieurs de richesse (Jacques Monnet) Until september / French lover (Richard Marquand).

Télévision (notamment) : 1962  Le théâtre de la jeunesse : Olivier Twist (Robert Guez) – À la monnaie du pape (Philippe Ducrest) –  1967  L’homme aux cheveux gris (Max Leclerc) – 1972  De sang froid (Abder Isker)   1975  Une Suédoise à Paris (Patrick Saglio) – 1976  Le comédien (Jeannette Hubert) –  1978  La filière (Guy-André Lefranc) – 1979  Désiré Lafarge : Désiré Lafarge suit le mouvement (Guy-André Lefranc)   1980  L’enterrement de Monsieur Bouvet  (Guy-André Lefranc) –  Le vol d’Icare (Daniel Ceccaldi)    Je veux voir Mioussov  (Philippe Ducrest)    1985  Le canon paisible (Stéphane Bertin) –  1980-1989 plusieurs épisodes de Julien Fontanes, magistrat   Les cinq dernières minutes : Les chérubins ne sont pas des anges (Jean-Pierre Desagnat)    1992  Un fil à la patte (Marion Sarraut)    2000  Ces forces obscures qui nous gouvernent (Olivier Doran). Ainsi que plusieurs participations pour « Au théâtre, ce soir », réalisées par Pierre Sabbagh : 1966  A la monnaie du Pape   1968  Je veux voir Mioussov    1969  Many    1971  Cash cash    Fric-frac    1973  La poulette aux œufs d’or    1974  La mare aux canards    Folle Amanda    1976  Seul le poisson rouge est au courant    1977  Monsieur Chasse    L’avocat du diable    Le faiseur    1978  Le locataire du troisième sur la cour    1979  Good bye Charlie    1980  Décibel    1981  Une sacrée famille    Monsieur Vernet.

 

@   Yvan Foucart    (Dictionnaire des comédiens français disparus)

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Esther Gorintin

Esther Gorintin dans « Depuis qu’Otar est parti… », source Zeitgeistfilm

Annonce de la mort d’Esther Gorintin, à l’âge de 96 ans. Elle avait débuté au cinéma grâce à Emmanuel Finkiel dans « Voyages », à l’âge de 85 ans. Elle était inoubliable dans ce film, avec le rôle de Véra, une vieille dame perdue de devoir vivre en Israël après toute une vie vécue en Russie. Son charme et sa belle présence sont alors utilisés par plusieurs cinéastes, elle est une  voisine souffrante dans « Imago », une kleptomane dans « Carnages », sa présence rayonne durant tout le film, même après sa disparition, dans « Les mots bleus », et on la retrouve en dame courbée qui a des difficultés à jeter une bouteille dans un container dans « L’enfer » dans un personnage très kieslowskien. A l’instar de Bruno de « La petite maison jaune » ceux qui avaient assisté à l’avant-première à l’UGC-cité-ciné de « Otar est parti » en 2003 se souviendront comme moi  avec émotion de sa présence avec Julie Bertuccelli  Avec Nino Khomasuridze et Dinara Droukarova, la réalisatrice avait fait un beau portrait de femmes géorgiennes de générations différentes. Esther Gorintin y joue avec humanité l’aïeule, guettant la moindre nouvelle de son fils Otar, parti en France. Elle retrouvait Bordeaux, la ville de sa jeunesse après des années, elle avait fui durant l’occupation. C’était un choc pour elle de voir la transformation du quartier Meriadeck, par exemple. Elle avait évoqué avec pudeur sa vie dans une série d’entretiens dans « À voix nue » cette même année sur France Culture. Ses personnages nous touchaient énormément par sa seule présence. A lire le bel hommage d’Antoine Perraud pour Médiapart.

Dans « Depuis qu’Otar est parti… »

 

Filmographie : 1999  Voyages (Emmanuel Finkiel) – 2000  Imago (Jours de folies) (Marie Vermillard) – Le stade de Wimbledon (Mathieu Amalric) – 2001  L’ombre des fleurs (Christèle Frémont, CM) – Carnages (Delphine Gleize) – 2002  Varsovie-Paris (Idit Cébula, CM)  – Depuis qu’Otar est parti… (Julie Bertuccelli) – 2003  Le grand rôle (Steve Suissa) – 2004  Les mots bleus (Alain Corneau) – L’enfer (Denis Tanovic) – Call me Agostino (Christine Laurent) – Bednye rodstvenniki (Famille à vendre) (Pavel Lounguine) – 2005  Le malotru (Olivier Roger, CM) – 2006  L’homme qui rêvait d’un enfant (Delphine Gleize) – Résistance aux tremblements (Olivier Hems, CM). Télévision : 2008  Drôle de Noël ! (Nicolas Picard).

©   Le coin du cinéphage (reproduction strictement interdite, textes déposés)

Dans « Résistance aux tremblements », photo copyright Valérie Teppe, source Longcours.fr

ARTICLE

LE MONDE du 20/03/2005

Inconnus dans l’histoire : La comédienne de Sokolka, par Marion Van Renterghem

Esther Gorintin donne ses rendez-vous à La Brioche dorée, rue de Rivoli. Un petit snack parisien où elle a ses habitudes, au fond à gauche, sur la banquette. Elle n’a pas un mot à dire, on lui apporte spontanément son café-crème et sa baguette, jour après jour, avec tout le respect qu’on doit aux grandes dames. « Mme Gorintin est souvent en retard », prévient la serveuse avec une fierté teintée de mystère. C’est qu’à La Brioche dorée on protège ses célébrités.

Depuis qu’elle a 85 ans, Esther Gorintin est actrice de cinéma. C’est arrivé tout d’un coup. Pour son film Voyages, en 1999, le jeune réalisateur Emmanuel Finkiel cherchait : 1. une vieille dame, 2. parlant russe et français, 3. avec « un vrai accent yiddish ». Esther s’est dit : « Pourquoi pas moi ? » Dès les premiers essais, elle a illuminé l’écran avec son ingénuité coquine et cet œil divergent qui lui donne l’air perdu.

Esther a maintenant 91 ans et elle ne cesse d’enchaîner les films. Son charme et sa chance invraisemblable lui ont permis de toujours passer entre les gouttes. Miraculée de la destruction des juifs d’Europe : du shtetl au Festival de Cannes.

Elle est très occupée. Si l’on n’est pas producteur à la Gaumont, mieux vaut s’armer de patience pour obtenir un rendez-vous. Elle diffère chaque fois par un soupir poli, se plaint d’être fatiguée, très pressée, et d’avoir « tant de choses à faire ». Son fils Armand, 54 ans, moniteur d’auto-école et militant anarchiste, connaît bien la chanson. « Un être humain, dit-il, on reconnaît qu’il est vivant à ses battements de cœur. Une mère juive, c’est à ses soupirs. »

Esther Gorintin s’appelait Esther Gorinsztejn. Sous l’Occupation, elle était Carmen-Juliette Guérin, née Gaillard, citoyenne suisse. Le dimanche, elle allait au cinéma et tentait d’y oublier sa vie, dans l’angoisse d’un contrôle d’identité. Cette peur-là ne l’a jamais quittée. « Nous vivons toujours sous l’Occupation, ironise son fils, qui partage son appartement, rue de Rivoli. J’habite la partie sud, en zone libre. Ma mère est en zone occupée, au nord. La cuisine est à l’extrême nord, en zone interdite, et le téléphone sur la ligne de démarcation. Quant à la Gestapo, méfiez-vous, elle est toujours au bout de la rue. »

A La Brioche dorée, Esther Gorintin surgit enfin, la silhouette toute courbée, un sac en plastique « Ed » à la main, les cheveux blancs mi-longs coquettement fixés par des barrettes en strass. Ses chaussures aussi sont en paillettes de strass et ses ongles presque assortis. Plus rien d’une dame aux soupirs. De son air malicieux, elle se met à bavarder. Soucieuse des mots exacts, les voyelles frappées avec application : du yiddish très vieille France.

Elle est née biélorusse en 1913, dans un shtetl (bourgade juive) de la Russie tsariste, et devient polonaise en 1920, à la suite des traités de paix : Sokolka, la petite ville de son enfance, fait partie de ces zones à nationalité variable, soumises aux caprices des frontières. La génération des parents d’Esther parle russe et biélorusse, les enfants le polonais. Entre juifs, on se parle en yiddish. « Un yiddish littéraire, très pur, souligne Esther avec fierté. C’est pour ça qu’Emmanuel Finkiel a apprécié mon accent. »

Esther Gorintin est bavarde de naissance : dans son shtetl bâti tout en longueur, où la rue principale mène d’un côté à Grodno et de l’autre à Bialystok, les potins sont une spécialité locale. D’où le dicton : « Quand quelqu’un tousse du côté de Bialystok, on dit « à votre santé » du côté de Grodno. »

Son père est tanneur, autre spécialité locale. La famille habite le centre-ville alors que les paysans, tous non juifs, vivent dans les faubourgs. A Sokolka, il y a une église, une synagogue, un théâtre et… un cinéma. Esther va à la synagogue une fois par an et mange des côtes de porc en cachette avec les paysans. « C’était très mal vu. »

La maison d’Esther est située à proximité du faubourg. Pour aller à l’église, les paysans y font étape, déposent leurs sabots boueux et enfilent des souliers en peau. « On vivait en bon voisinage, commente-t-elle. Le racisme, c’était plutôt dans les villes. » Elle ajoute : « D’après ce qu’on m’a dit, presque tous les habitants de Sokolka, même les non-juifs, ont été déportés à Treblinka et exterminés. »

A 4 ans, Esther rêve d’être ballerine.  » Mon père m’en a empêchée car les danseuses avaient mauvaise réputation. Ça m’a sauvé la vie. Si j’étais allée à Varsovie étudier la danse, j’aurais fini dans le ghetto. » Le choix est fait : Esther sera chirurgienne-dentiste. Le numerus clausus complique l’accès des juifs à l’université en Pologne. Au shtetl de Sokolka, on rêve du pays de la liberté : la France.

1932. Dans le Varsovie-Paris, Esther traverse l’Allemagne, la Belgique. »Des fenêtres du train, je voyais des croix gammées sur les murs. C’était le commencement. » Elle est attendue à Bordeaux, où se trouve déjà l’un de ses frères, pour y faire l’école dentaire.

L’un de ses condisciples s’appelle David Gorinsztejn et vient aussi de Pologne. Elle est sympathisante communiste, il est fils d’un militant du Bund (parti social-démocrate juif). En 1938, ils se marient. Un an plus tard, la guerre les sépare : David Gorinsztejn, engagé dans la Légion étrangère, est fait prisonnier. Esther reste dans Bordeaux occupée.

Docilement, elle va se déclarer à la préfecture. La première ordonnance allemande du 27 septembre 1940 exige que toute « personne juive » vienne se faire inscrire sur un registre spécial. Quelques jours plus tard, le 3 octobre, le gouvernement de Vichy promulgue le premier « statut des juifs »: ceux-ci sont exclus, en principe, de la fonction publique, des professions libérales, du journalisme, du théâtre, de la radio… et du cinéma.

« Je n’avais pas peur, dit-elle. On ne connaissait pas les camps ni rien de tout ça. Je ne me méfiais pas. D’autant moins que j’étais femme de prisonnier de guerre. Théoriquement, je devais en tirer un statut particulier. » 5 177 juifs sont recensés à Bordeaux. Dont Esther Gorinsztejn.

Esther boit une gorgée de café-crème, regarde au plafond. « Je ne me rappelle plus très bien comment ça a commencé. Je travaillais chez un photographe et j’habitais 15, rue Maucoudinat, une pièce meublée chez une veuve de guerre. Et puis je me suis retrouvée au camp de Mérignac. »

La chronologie n’est pas le fort d’Esther Gorintin. Dans l’appartement commun, son fils Armand fait parfois des intrusions clandestines en « zone occupée » pour y rechercher des documents, dans un désordre indescriptible. « Entre deux pains au chocolat fossilisés », comme il dit, il a retrouvé des indices : le fil d’Ariane de la vie d’Esther sous l’Occupation. Elle-même, désormais, a la tête ailleurs. « Vous savez, je suis tellement prise par le cinéma ! »

Le 13 mars 1942, Esther est arrêtée. « C’était facile, j’étais déclarée à la préfecture. » Elle est conduite au commissariat. « J’étais très abattue. Je pleurais terriblement. Un policier me regardait, un petit vieux adorable qui n’était pas du tout dans l’affaire. Il m’a dit : « Ne pleurez pas, regardez plutôt dans votre sac », et il m’a montré le poêle à gaz. » Esther fouille alors dans son sac. Elle en sort une vieille demande de visa pour l’Union soviétique, l’ennemi communiste. Elle la jette dans le poêle.

Elle est conduite au camp de Mérignac, d’où partent les convois de juifs vers Drancy et les camps de la mort. Elle y fait « un séjour de six semaines », dit-elle avec une préciosité de circonstance. « Ma logeuse, Gisèle Soulat, est venue s’indigner qu’on arrête sa locataire. Je crois que c’est elle qui m’a sortie de là. » Les documents d’Esther indiquent qu’une association fait jouer son statut de « femme de prisonnier de guerre ». Le 24 avril, elle est libérée.

« Là, j’aurais dû comprendre, dit Esther. J’aurais dû partir. Au lieu de ça, j’ai repris tranquillement mon travail. J’ai eu tort. » Arrivé en juin, le nouveau secrétaire général de la préfecture de la Gironde, responsable du service des questions juives, est Maurice Papon. Le 15 juillet 1942, Esther rentre chez elle, son étoile jaune sur la poitrine. Il est 20 heures. Deux gendarmes et deux policiers l’attendent dans la cage d’escalier.

« Ils m’ont dit : « Venez avec nous. » Le ton n’était pas aimable. Je n’ai pas discuté. » Esther est incarcérée au fort du Hâ, en plein Bordeaux. A la suite d’un malaise, elle est admise à l’hôpital Saint-André. Le policier qui l’accompagne l’informe qu’il reviendra la chercher le lendemain, à 6 heures. « J’ai compris à son regard : il m’invitait à m’enfuir. J’ai profité d’un séjour aux toilettes et je me suis sauvée. » Le 16 juillet, 172 juifs bordelais sont déportés vers les camps de la mort. Pas Esther.

Son frère Boris, qui a des liens avec la Résistance, la confie à un passeur. Destination Lyon, en zone libre. « A l’époque, c’était une drôle d’expédition, raconte Esther, l’air naïf. On est passés par un petit patelin juste avant la zone libre, La Réole. La voiture s’est arrêtée. Le passeur m’a dit : « Vas-y, cours ! » J’ai couru, j’ai entendu tirer. Je ne me rappelle pas exactement. J’ai pris un train. »

11 novembre 1942 : Esther est à peine arrivée à Lyon que la zone libre est occupée à son tour. « Lyon, c’est une longue histoire,soupire-t-elle, agacée par ses souvenirs. Je passais mon temps à fuir. Je changeais de domicile. Je nageais dans l’eau trouble, toujours dans la méfiance. Je parlais le moins possible. Cette peur, je n’ai jamais pu m’en défaire. Le dimanche, j’allais au cinéma. C’était un grand danger, à cause des contrôles de papiers. »

A La Brioche dorée, Esther Gorintin s’impatiente. Elle doit partir, elle a beaucoup à faire. Défilent alors en vitesse : le curé qui lui fournit ses faux papiers ; les amis qui possèdent une charcuterie « connue pour ses saucisses, ce qui était très appréciable » ; l’atelier de photographie où elle travaille, orné de photos du maréchal Pétain ; l’officier allemand qui la drague dans un tramway ; la rafle à laquelle elle échappe grâce à l’aide d’un policier ; une passagère du tram qui insulte les « sales youpins » ; les immeubles sur les pentes de la Croix-Rousse, avec des issues à différents niveaux, qui lui permettent de s’enfuir ; la concierge qui l’héberge, une délatrice retrouvée poignardée par la Résistance.

La guerre est finie. 76 000 juifs ont été déportés de France vers les camps d’extermination. Les parents d’Esther ont été assassinés à Treblinka. Son frère Boris, raflé à Bordeaux, déporté à Auschwitz, a miraculeusement survécu. Son mari est revenu de son camp de prisonniers. « Vous voyez, j’ai eu une vie très normale », conclut Esther.

Après la Libération, Esther et David Gurinsztejn francisent leur nom en Gorintin et installent leur cabinet dans l’actuel appartement de la rue de Rivoli. David est dentiste, Esther reçoit les clients et nettoie les instruments. L’immeuble abrite un petit cinéma, le Rivoli-Beaubourg. La cabine de projection donne dans la cour. Quand le projectionniste ouvre les portes, Esther est presque au cinéma. En 1985, un attentat antisémite frappe la salle lors d’un festival du film juif et fait une vingtaine de blessés. Avec sa chance habituelle, Esther ne s’y trouve pas ce soir-là.

Lorsque son mari meurt, elle a 73 ans. Elle fait de la peinture « très innocemment », puis tente son premier casting, une dizaine d’années plus tard. Emmanuel Finkiel lui confie le rôle d’une grand-mère juive perdue dans la modernité de Tel Aviv, où plus personne ne comprend le yiddish.

C’est un succès. Esther est invitée à Cannes. La critique salue cette nouvelle actrice de 85 ans promise à un avenir brillant. Les propositions se succèdent. Elle tourne dans une dizaine de films, dont Le Stade de Wimbledon, de Mathieu Amalric, ou Depuis qu’Otar est parti, de Julie Bertucelli. Elle tourne avec Alain Corneau, a passé deux mois en Géorgie pour Otar et revient de plusieurs semaines en Ukraine pour un film du cinéaste russe Pavel Lounguine. « Je joue toujours des rôles de vieille dame », s’étonne-t-elle.

La silhouette courbée quitte La Brioche dorée à petits pas. « Excusez-moi, je suis très pressée. Pavel Lounguine doit me rappeler, il y a peut-être des scènes à tourner, je ne sais pas, c’est compliqué. Vous savez, je suis entre leurs mains. C’est ça, le cinéma. »

MORT DE FRANÇOIS CADET

Photo Agence artistique Stéphane Lefebvre

Annonce par le site « Les gens du cinéma » et confirmée par Yvan Foucart de la mort de François Cadet le 24 septembre dernier à l’âge de 77 ans. Il fut un inoubliable Brigadier, puis inspecteur « Lucas » dans « Les enquêtes du commissaire Maigret ». J’y reviendrai dès que possible. Annonce également de la mort du comédien britannique Richard Todd.

 

Filmographie : 1960  Le caïd (Bernard Borderie) – 1963  Le bluffeur (Sergio Gobbi) – Cherchez l’idole (Michel Boisrond) – 1964  Comment épouser un premier ministre (Michel Boisrond) – 1966  Commissaire San Antonio / Sale temps pour les mouches (Guy Lefranc) – 1966  Lotosblüten für Miss Quon / Trappola per 4 (Coup de gong à Hong-Kong) (Jürgen Roland) – 1967  Le grand bidule (Raoul André) – 1969  Le temps des loups (Sergio Gobbi) – 1970  Les mariés de l’An II (Jean-Paul Rappeneau) – Les assassins de l’ordre (Marcel Carné) – 1971  Frantz (Jacques Brel) – 1972  Les fous du stade (Claude Zidi) – Les Charlots font l’Espagne (Jean Girault) – Far West (Jacques Brel) – 1973  Le grand bazar (Claude Zidi) – Nada (Claude Chabrol) – La grande nouba (Christian Caza) – Les guichets du Louvre (Michel Mitrani) – 1974  Verdict (André Cayatte) – Dupont Lajoie (Yves Boisset) – Les murs ont des oreilles (Jean Girault) – 1975  La course à l’échalote (Claude Zidi) – On a retrouvé la 7ème Compagnie (Robert Lamoureux) – Leurre du loup (Yvette Michaud, CM) – 1977  Attention, les enfants regardent (Serge Leroy) – 1978  L’amour en question (André Cayatte) – 1982  Qu’est-ce qui fait craquer les filles ? (Michel Vocoret) – 1984  Les ripoux (Claude Zidi) – 1988  Génération oxygène (Georges Trillat) –  1992  Justinien Trouvé ou le bâtard de Dieu (Christian Fechner).

François Cadet dans « Les enquêtes du commissaire Maigret », épisode « Signé Picpus »

Télévision (notamment) : 1963  Thierry la Fronde : La bague du dauphin (Robert Guez) – 1964  Le procès de Mary Dugan (Jean-Marie Coldefy) – Alerte à Orly (Pierre Nivollet, série TV) – L’abonné de la ligne U (Yannick Andréi, série TV) – 1965  Frédéric le guardian (Jacques R. Villa) – 1966  Au Moyen-Age : La maison de l’orfèvre (Jacques Villa, CM) – Un jour comme les autres  sous Louis XIV : Les parents ont toujours raison (Jacques Villa, CM) – Retour à Bacoli (Jean-Paul Sassy) – 1967  Le tueur de chipeaux (Jean-Paul Carrère) – Vidocq : Vidocq et les faux témoins (Claude Loursais) – L’espagnol (Jean Prat) – Les enquêtes du commissaire Maigret : Cécile est morte (Claude Barma) – Rue barrée (André Versini, série TV) – Les enquêtes du commissaire Maigret : La tête d’un homme (René Lucot) – 1968  Les enquêtes du commissaire Maigret : Le chien jaune (Claude Barma) – Les enquêtes du commissaire Maigret : Signé Picpus (Jean-Pierre Decourt) – Les enquêtes du commissaire Maigret : Félicie est là (Claude Barma) – 1969  Les enquêtes du commissaire Maigret : L’ombre chinoise (René Lucot) – Les enquêtes du commissaire Maigret : La nuit du carrefour (François Villers) – 1970  Les enquêtes du commissaire Maigret : L’écluse N°1 (Claude Barma) – Les enquêtes du commissaire Maigret : Maigret et son mort (Claude Barma) – Les enquêtes du commissaire Maigret : Maigret (Claude Barma) – 1971  Les enquêtes du commissaire Maigret : Maigret et le fantôme (René Lucot) – Les enquêtes du commissaire Maigret : Maigret aux assises (Marcel Cravenne) – 1972  Les enquêtes du commissaire Maigret  : Maigret en meublé (Claude Boissol) – 1973  Les enquêtes du commissaire Maigret : Maigret et la jeune morte (Claude Boissol) – 1974  À dossiers ouverts : Gros calibre (Claude Boissol) – Les enquêtes du commissaire Maigret : Maigret et la grande perche (Claude Barma) – 1975  Les enquêtes du commissaire Maigret : La folle de Maigret (Claude Boissol) – Les enquêtes du commissaire Maigret : La guinguette à deux sous (René Lucot) – Les enquêtes du commissaire Maigret : Maigret hésite (Claude Boissol) – Monsieur Jadis (Michel Polac) – 1976  Nick Verlaine ou comment voler la Tour Eiffel : Dans l’eau d’une piscine (Claude Boissol) – Les enquêtes du commissaire Maigret : Les scrupules de Maigret (Jean-Louis Muller) – 1977  Les enquêtes du commissaire Maigret : Maigret, Lognon et les gangsters (Jean Kerchbron) – Les enquêtes du commissaire Maigret : Maigret et monsieur Charles (Jean-Paul Sassy) – Les enquêtes du commissaire Maigret : L’amie de madame Maigret (Marcel Cravenne) – Les enquêtes du commissaire Maigret : Au rendez-vous des Terre-Neuvas (Jean-Paul Sassy) – Les enquêtes du commissaire Maigret : Maigret et monsieur Charles (Jean-Paul Sassy) – 1978  Les enquêtes du commissaire Maigret : Maigret et le marchand de vin (Jean-Paul Sassy) – Les enquêtes du commissaire Maigret : Maigret et le tueur (Marcel Cravenne) – Les enquêtes du commissaire Maigret : Maigret et l’affaire Nahour (René Lucot) – 1979  Les enquêtes du commissaire Maigret : Maigret et la dame d’Étretat (Stéphane Bertin) – 1980  Les enquêtes du commissaire Maigret : Le charretier de la Providence (Marcel Cravenne) – Les enquêtes du commissaire Maigret : Maigret et l’ambassadeur (Stéphane Bertin) – La traque (Philippe Lefebvre, série TV) – 1981  Les enquêtes du commissaire Maigret : Maigret en Arizona (Stéphane Bertin) – Les enquêtes du commissaire Maigret : Maigret se trompe (Stéphane Bertin) – 1982  Les enquêtes du commissaire Maigret : Le voleur de Maigret (Jean-Paul Sassy) – Les enquêtes du commissaire Maigret : Maigret et l’homme tout seul (Jean-Paul Sassy) – 1983  Médecin de nuit : Jo Formose (Stéphane Bertin) – Les enquêtes du commissaire Maigret : Maigret s’amuse (René Lucot) – Les enquêtes du commissaire Maigret : Un Noël de Maigret (Jean-Paul Sassy) – 1984  Les enquêtes du commissaire Maigret : L’ami d’enfance de Maigret (Jean-Paul Sassy) – Les enquêtes du commissaire Maigret : Maigret se défend (Georges Ferraro) – Les enquêtes du commissaire Maigret : La patience de Maigret (Alain Boudet) – Les enquêtes du commissaire Maigret : La nuit du carrefour (Jean-Paul Sassy, seconde version) – 1985  Les enquêtes du commissaire Maigret : Le client du samedi (Pierre Bureau) – Les enquêtes du commissaire Maigret : Le revolver de Maigret (Jean Brard) – Les enquêtes du commissaire Maigret : Maigret au Picratt’s (Philippe Laïk) – 1987  Marie Pervenche : Salade russe (Claude Boissol) – Les enquêtes du commissaire Maigret : Maigret voyage (Jean-Paul Carrère) – Les enquêtes du commissaire Maigret : Monsieur Gallet décédé (Georges Ferraro) – Les enquêtes du commissaire Maigret : Les caves du Majestic (Maurice Frydland) – 1988  Les enquêtes du commissaire Maigret : Le chien jaune (Pierre Bureau, seconde version) – Les enquêtes du commissaire Maigret : Maigret et l’inspecteur Malgracieux (Philippe Laïk) – Les enquêtes du commissaire Maigret : La morte qui assassina (Youri) – Les enquêtes du commissaire Maigret : Maigret et le voleur paresseux (Jean-Marie Coldefy) – Les enquêtes du commissaire Maigret : Maigret et l’homme de la rue (Jean Kerchbron) – 1989  Les enquêtes du commissaire Maigret : L’amoureux de madame Maigret (James Thor) – Pause-café, pause tendresse : Betty, 15 ans (Serge Leroy) – Les enquêtes du commissaire Maigret : L’auberge aux noyés (Jean-Paul Sassy) – Les enquêtes du commissaire Maigret : Jeumont 51 minutes d’arrêt (Gilles Katz) – 1990  Les enquêtes du commissaire Maigret : Stan le tueur (Philippe Laïk).   

Danielle Godet par Yvan Foucart

 

Danielle Godet dans « Un couple » (Jean-Pierre Mocky, 1960)

 

 

Yvan Foucart après son portrait de Maurice Régamey, nous fait l’amitié une nouvelle fois  de rendre hommage suite au décès de la comédienne Danielle Godet. 

 

Danielle  GODET : Un chemin parsemé de roses et d’épines

 

Parisienne, Danielle naît le 30 janvier 1927 non loin de la place de la Nation, fille d’un papa industriel et d’une maman au foyer, pianiste douée et fervente des musiques de Ravel et de Debussy en particulier, lesquelles berceront  toute la douce enfance de Danielle, encore Dany.

Encouragée par sa maman, Danielle lorgnant davantage vers la scène de l’Opéra, se retrouve néanmoins, suivant le vœu et l’insistance maternelle, devant un clavier de piano et suit les cours privés d’un professeur à domicile. Elle brille honorablement au Concours Léopold Belland à la salle Gaveau et sort avec un premier prix, il est vrai de satisfaction.

La guerre éclate, le père étant mobilisé, s’empresse de mettre toute sa petite famille agrandie d’un petit frère pour Danielle, à l’abri dans la zone libre.

Démobilisé, le père revenu à Paris, Danielle entre en sixième au Lycée Hélène Boucher du Cours Vincennes à Paris.

A 14 ans, n’ayant pas renoncé aux entrechats et aux fouettés, elle entre dans un cours de danse classique ayant comme compagnes et voisines de barre, Brigitte Auber et Christiane Minnazolli.

Plus tard, une amie l’entraîne aux cours d’art dramatique donnés par Jean Martinelli et Marie Ventura, deux éminents sociétaires de la Comédie Française.

Elle a seize ans, renonce à la danse, se concentre sur ses études de philo, obtient le bac de justesse et se rapproche dès l’année suivante du théâtre.  Elle fréquente les cours de René Simon où ses condisciples s’appellent Pierre Mondy, Robert Hossein, Geneviève Page et Marcelle Derrien.

Elle se trouve par ailleurs en compétition avec cette dernière pour le principal rôle féminin de l’hommage au cinématographe muet que rend René Clair avec Le silence est d’or. Finalement, c’est Marcelle Derrien qui obtient le rôle et le cinéaste lui offre un maigre rôle de consolation ainsi qu’une réplique à Maurice Chevalier dans l’un de ses meilleurs rôles dramatiques.  

L’année suivante s’annonce sous de meilleurs auspices car Alexandre Esway, réalisateur d’origine hongroise ayant commencé sa carrière en Angleterre avant de la poursuivre de l’autre côté du Channel, lui fait confiance et la dirige dans le rôle principal de L’idole auprès d’Yves Montand. Esway est satisfait, mais son film ne récolte qu’un succès très mitigé, ce qui incite Danielle à retourner chez René Simon afin d’y parfaire ses connaissances.

Henri-Georges Clouzot prépare Manon et Danielle est l’une des prétendantes avec Dany Robin et Cécile Aubry. C’est cette dernière qui hérite du rôle et des exactions bien connues de l’exigeant cinéaste.

A défaut, elle fait partie de la distribution de J’irai cracher sur vos tombes, le pamphlet polémiste de Boris Vian au Théâtre Verlaine. A ses côtés, entre autres : Daniel Ivernel, Christian Marquand, Véra Norman et Jacqueline Pierreux.

Remarquée par Alexandre Korda, celui-ci lui demande de rejoindre ses studios de  Londres pour The Elusive Pimpernel et y tenir le rôle d’une jeune aristocrate française sauvée de la guillotine auprès de David Niven et de Margaret Leighton. La presse anglaise apprécie son interprétation et lors de la « Royal Performance », tenue un peu plus tard comme c’est la tradition en présence de la reine et du prince consort, la surnomme « new Madeleine », allusion très flatteuse à l’actrice américaine très populaire sur l’île, Madeleine Carroll.

Elle gagne l’Italie pour Taxi de nuit qui marque sa rencontre avec Philippe Lemaire, le sémillant jeune premier de l’époque, qu’elle retrouve l’année suivante pour Nous irons à Monte-Carlo, la suite voulue par Jean Boyer et Ray Ventura eu égard à l’immense succès populaire que fut Nous irons à Paris.

Seulement voilà, les deux complices ne retrouvent pas la magie du précédent, et si le public regrette l’absence de Françoise Arnoul dans cette mouture, il fait néanmoins la connaissance d’une elfe bien craquante et jolie, mais dont il ne discerne pas encore l’aura qu’elle va immanquablement dégager sur le cinéma international. Cette gracieuse sylphide qui ravit Danielle n’est autre qu’Audrey Hepburn.

Danielle enchaîne avec Les trois mousquetaires version Hunebelle pour laquelle elle interprète la toute douce Constance Bonacieux auprès d’un autre séducteur, encore et toujours jeune premier,  Georges Marchal.

Suit une vingtaine de films, des comédies, bonnes et mauvaises : Ces sacrées vacances; C’est une fille de Paname (où elle retrouve Philippe Lemaire entre-temps marié et divorcé de Juliette Gréco); Arènes joyeuses avec Fernand Raynaud; des polars, bons et moins bons, parmi une belle brochette de truands de série B : Votre dévoué Blake, Rapt au deuxième bureau ou Y’en a marre (et il y a de quoi) du Belge Yvan Govar, etc.

Par contre, Les honneurs de la guerre un film antimilitariste de Jean Dewever, tourné sur les bords de l’Eure à défaut de la Venise verte près de Niort, lui laisse un très bon souvenir.

Et ce sera le dernier, car la suite n’est vraiment pas en adéquation avec son talent.

La fin des années 50 ne seront pas les meilleures. Insatisfaite de ses films et de ses amours, Danielle broie du noir et se réfugie dans la boisson.

Seule lueur réjouissante, Robert Lamoureux la fait teindre en brune avant de lui faire rejoindre son quatuor de « fringantes pouliches » (dixit Jean-Jacques Gautier) dans sa pièce La brune que voilà aux côtés d’Odette Laure, de Michèle Mercier et de Françoise Brion. La pièce est créée à Bruxelles,  récolte un très large succès reconduit au Théâtre des Variétés à Paris (1958).

Deux ans plus tard, il s’ensuit une version cinématographique que signe l’auteur pour laquelle seule Michèle Mercier retrouve son rôle. Danielle ayant été remplacée par Perrette Pradier.

Un tout dernier film, Joy, une co-production franco-canadienne à la recherche d’un succès comparable à celui d’Emmanuelle lui réserve le rôle de la maman de l’héroïne, Claudia Ury.

Seulement voilà, Serge Bergon alias Bergonzelli n’est pas Just Jaeckin et Claudia, toute ravissante qu’elle soit, n’est qu’une pâle copie de Sylvia Kristel qui, elle-même, n’est qu’une pâle copie de… ?

Le rideau se ferme sur cette réalisation déprimante et pataude et une présence inconsistante chronométrée à deux minutes et vingt secondes. Pour Danielle, ce n’est évidemment pas la meilleure sortie. Quoi qu’il en soit, sa carrière est définitivement close.

Une fin injustement imméritée. A 56 ans, meurtrie par les blessures et les dépressions, le beau diamant a perdu de son éclat.

Loin des paillettes du show-biz, du miroir aux alouettes, elle s’enfonce, repliée et recluse, dans la déprime et l’oubli quasi total.

On n’entendra plus jamais parler d’elle, même pas de sa façon la plus discrète de nous quitter en Ile-de-France, victime de sa longue maladie.

Heureusement, il nous reste le souvenir romanesque de la douce Constance telle que nous l’avait imaginée Alexandre Dumas père…

 

@   Yvan Foucart (Dictionnaire des comédiens français disparus) + source, entre autres « Si tu n’es pas gentille tu ne feras pas de cinéma » (Ed. France-Empire, 1981)

 

 

Danielle GODET et de Jean RAYMOND lors de la version théâtrale de « Les hommes préfèrent les blondes » au Théâtre des Arts à Paris

 

Filmographie : 1942  L’homme sans nom (Léon Mathot) – 1945 L’idiot (Georges Lampin) – 1946  Ploum ploum tra la la (Robert Hennion) – Le silence est d’or (René Clair) – 1947  L’idole  (Alexandre Esway) – 1948 Une femme par jour (Jean Boyer) – The Elusive Pimpernel / Le chevalier de Londres (Michael Powell et Emeric Pressburger) – 1949 La souricière (Henri Calef) – 1950  Taxi di notte / Taxi de nuit (Carmine Gallone) – Identité judiciaire (Hervé Bromberger) – 1951  Nous irons à Monte-Carlo (Jean Boyer) – Monte Carlo baby, version anglaise du précédent (Jean Boyer et Lester Fuller) – 1952  Quitte ou double (Robert Vernay) – 1953 Les trois mousquetaires (André Hunebelle) – Boum sur Paris (Maurice de Canonge) – L’aventurier de Séville (Ladislas Vajda) – 1954  Votre dévoué Blake (Jean Laviron) – Chéri-Bibi (Marcello Pagliero) – 1955  Ces sacrées vacances (Robert Vernay) – 1956 C’est une fille de Paname (Henry Lepage) – 1957 Cuatro en la frontera / De l’or dans la vallée (Antonio Santillán) – Le souffle du désir (Henry Lepage) – Paris clandestins ( Walter Kapps) – Arènes joyeuses (Maurice de Canonge) – 1958  Rapt au deuxième bureau ( Jean Stelli) – Nuits de Pigalle (Georges Jaffé) – Amour, autocar et boîtes de nuit (Walter Kapps) – 1959  Monsieur Suzuki (Robert Vernay) – Y’en a marre / Le gars d’Anvers (Yvan Govar) – La Reina del Tabarin / Mariquita, fille de Tabarin / Mariquita, la belle de Tabarin (Jesus Franco) – 1960 Un couple, de Jean-Pierre Mocky – Le capitaine Fracasse (Pierre Gaspard-Huit) – Les honneurs de la guerre (Jean Dewever) – 1961 Horace 62 (André Versini) – 1962 Autopsia de un criminal / Autopsie d’un criminel (Ricardo Blasco) – El innocente / 6 heures, quai 23 (José Maria Forn) – 1965  Kommisar X : Jagd auf Unbekannt / Le commissaire X traque les chiens verts (Frank Kramer) – Un bellissimo novembre / Ce merveilleux automne (Mauro Bolognini) – 1969  El enigma del ataúd  / Les orgies du Docteur Orloff (Santos Alcocer) – Los amantes de la isla del diablo / Les amants de l’île du diable / Quartier de femmes (Jesus Franco) 1977  Sale rêveur (Jean-Marie Périer) – 1983 Joy (Serge Bergon). Télévision (notamment) : 1955  Captain Gallant of the Foreign Legion :  The lady from Zagora (Jean Yarbrough) – 1969  Minouche (Maurice Fasquel & Rinaldo Bassi) – 1972  Les chemins de pierre (Joseph Drimal) – 1973  Du plomb dans la tête (Roger Dallier) – 1975  Un souper chez Lauzun (Georges Lacombe) – 1978  Les héritiers : Photos de famille (Juan Luis Buñuel) – 1980  Fantômas : Le mort qui tue (Juan Luis Buñuel) – 1982  De bien étranges affaires : Un homme ordinaire (Juan Luis Buñuel) – 1983  La route inconnue (Jean Dewever).

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Paul Naschy

Photo de Paul Naschy en 2007  par Oscal L. Tejeda Source : http://www.oscarltejeda.com/

Annonce de la mort de Paul Naschy des suites d’un cancer, à l’âge de 75 ans, ce 1 décembre. Il était bien connu des amateurs de fantastique, comme étant le Lon Chaney espagnol. Trapu, ce sportif de haut niveau – il était notamment haltérophile -, fait de la figuration dans les superproductions produites par Samuel Bronston et tournées en Espagne. Après des débuts hésitants, on apprend par Jean-Marie Lardenois dans « Stars N°34/35 », qu’il a choisi son pseudonyme de Paul Naschy en hommage au Pape Paul VI ! En 1968, il interprète le personnage qui le popularisera, celui de Waldemar Daninsky, un loup-garou au grand coeur selon la formule de Jean-Marie Sabatier. S’il reste encore assez méconnu en France, il a été pourtant très vite considéré chez nous, recevant en 1973 le prix du meilleur acteur à la deuxième convention française du cinéma fantastique de Paris pour son jeu dans « Le bossu de la morgue ».  Sabatier, toujours, le salue dans « La saison cinématographique 1973 » : « …L’interprétation de Paul Naschy illustre bien cette tendance du cinéma espagnol à revenir au cinéma fantastique américain des années vingt et trente, en ignorant délibérément tout apport des réalisateurs britanniques. Malgré des références un peu trop évidentes à Lon Chaney père et à « The Hunch-Back of Notre-Dame » (1922), Naschy parvient à donner à son personnage d’amoureux torturé une réelle dimension tragique, prenant en cela le contrepied d’un Christopher Lee par exemple, qui tendrait plutôt à ramener les personnages à des dimensions humaines ». Ses films contournent souvent la censure franquiste, en transposant les histoires à l’étranger. Il se consacrera au fantastique en incarnant toute une série de monstres tels Jekyll et Hyde, Dracula, la créature de Frankenstein, la momie, et même le docteur Petiot et Gilles de Rais. En 1976, il se lance dans la réalisation, Laurent Aknin évoque son « El caminante »  (1979), comme « une curieuse ballade picaresque, dans laquelle  Naschy joue le Diable en personne » (1). Si ces films demeurent rares en DVD, on pourra le découvrir en truand au visage bandé dans l’ahurissant « L’homme à la tête coupé », dont Christophe Bier parlait dans son excellent volume de « Cinéma Culte Européen » : « …Ce polar à la lisière du fantastique est une surprise de taille, pourtant peu appréciée à sa valeur par les spécialistes du cinéma bis ». On aimerait mieux connaître ses films, ce personnage méritant notre considération. La Cinémathèque Française lui avait consacré une soirée en novembre 2003. A voir un site très complet qui lui est consacré www.naschy.com ainsi que l’excellent Club des monstres qui lui consacre une page. Bibliographie : « Las estrellas de nuestro ciné » par Carlos Aguilar & Jaime Genover (Alianza editorial, 1996), + filmo – Stars N°34/35 (2ème trimestre 1999) –  (1) « Cinéma Bis – 50 ans de cinéma de quartier » par Laurent Aknin (Nouveau monde éditons, 2007).

Paul Naschy dans « Les vampires du Dr. Dracula »

Filmographie : 1960  El príncipe encadenado (Luis Lucia, figuration) – 1961  King of Kings (Le roi des rois) (Nicholas Ray, figuration) – 1963  55 Days at Peking (Les 55 jours de Pékin) (Nicholas Ray, figuration) – L’ultimo gladiatore (Hercule contre les mercenaires) (Umberto Lenzi, figuration) – 1966  Operación Plus Ultra (Pedro Lazaga, figuration) – 1967  Plan Jack cero tres (Cecilia Bartolomé, CM) – Dove si spara di più  (Un doigt sur la gâchette) (Gianni Puccini) – 1968  Agonizando en el crimen (Enrique L. Eguiluz) – La marca del hombre-lobo (Vidéo : Les vampires du Dr. Dracula / Manwolf le seigneur de la nuit) (Enrique L. Eguiluz) – La esclava del paraíso (José Maria Elorrieta) – 1969  Los monstruos del terror (Dracula contre Frankenstein) (Hugo Fregonese & Tullio Demicheli) –  1970  El Vértigo del crimen (Pascal Cervera) – La furia del hombre-lobo (José María Zabalza) – La noche de Walpurgis (La furie des vampires) (León Klimovsky) – 1971  Jack el destripador de Londres (José Luis Madrid, + co-scénario) – Doctor Jekyll y el hombre-lobo (León Klimovsky, + co-scénario) – 1972  El gran amor del Conde Drácula (Javier Aguirre, + scénario) – El jorobado de la morgue (Le bossu de la morgue) (Javier Aguirre, + scénario) – La rebelión de las muertas (La vengeance des zombies) (León Klimovsky, + co-scénario) – Los crímenes de Petiot (José Luis Madrid, + co-scénario) – Disco rojo (Rafael Romero Marchent) – La orgía de los muertos / L’orgia dei morti (Orgies macabres) (José Luis Merino) – El espanto surge de la tumba (Carlos Aured, + scénario) – Los ojos azules de la muñeca rota (Carlos Aured, + co-scénario) – 1973  La venganza de la momia (Carlos Aured, + co-scénario) – El retorno de Walpurgis (L’empreinte de Dracula) (Carlos Aured) – Las ratas no duermen de noche (Version Eurociné : L’homme à la tête coupée / Version X : Le viol et l’enfer des X) (Juan Fortuny) – Una libélula para cada muerto (León Kimovsky, + co-scénario) – El asesino está entre los trece (Javier Aguirre, + co-scénario) – Tarzán en las minas del rey Salomón (José Luis Merino) – 1974  Todos los gritos del silencio (Ramón Barco, + co-scénario) – La diosa salvaje (M.I. Bonns [Miguel Iglesias]) – Exorcismo (Juan Bosch) – El mariscal del infierno (León Klimovsky, + co-scénario) – 1975  Los pasajeros (José Antonio Barrero) – Muerte de un quinqui (León Klimovsky, + co-scénario) – La maldición de la bestia (Dans les griffes du loup-garou) (M.I. Bonns [Miguel Iglesias], + scénario) – Último deseo (León Klimovsky) – Docteur Justice (Christian-Jaque) – 1976  Secuestro (León Klimovsky) – Muerte de un presidente / Commando Txiquia (José Luis Madrid) – Inquisición (+ scénario et réalisation sous son vrai nom, Jacinto Molina) – 1977  El francotirador (Carlos Puerto, + scénario) – Pecado mortal (Miguel Ángel Díaz) – El transexual (José Jara) – El huerto del francés’ (+ scénario et réalisation sous son vrai nom, Jacinto Molina) – 1978  Madrid al desnudo (+ scénario et réalisation sous son vrai nom, Jacinto Molina) – 1979  El caminante (+ scénario et réalisation sous son vrai nom,Jacinto Molina) – 1980  Los cántabros (+ scénario et réalisation sous son vrai nom, Jacinto Molina) – El carnaval de las bestias (+ scénario et réalisation sous son vrai nom, Jacinto Molina) – El retorno del hombre lobo (+ scénario et réalisation sous son vrai nom, Jacinto Molina) – 1981  Misterio en la isla de los monstruos (Le mystère de l’île aux monstres) (Juan Piquer Simón) – La batalla del porro (Joan Minguell) – 1982  Buenas noches señor monstruo (Antonio Mercero) – 1983  Latidos de pánico (+ réalisation sous son vrai nom, Jacinto Molina) – La bestia y la espada mágica (Jacinto Molina) – 1984  Mi amigo el vagabundo (+ scénario et réalisation sous son vrai nom, Jacinto Molina) – Operación Mantis (+ scénario et réalisation sous son vrai nom, Jacinto Molina) – El último kamikaze (+ scénario et réalisation sous son vrai nom, Jacinto Molina) – 1985  Pez (Luis Guridi, CM) – 1986  Mordiendo la vida (Martín Garrido) – Shh (Luis Guridi, CM) – Trampa (Maurizo Ladrón) – 1987  El aullido del diablo (+ scénario et réalisation sous son vrai nom, Jacinto Molina) – 1988  El último guateque 2 (José Luis Porto) – 1989  Aquí huele a muerto… / ¡pues yo no he sido! (Álvaro Sáenz de Heredia) – La hija de Fu-Manchu (Escuadlilla Amalilla, CM) – 1990  La noche del ejecutor (+ scénario et  réalisation sous son vrai nom, Jacinto Molina) – 1992  State of mind (Reginald Adamson) – 1996  Licántropo: el asesino de la luna llena (Francisco Rodríguez Gordillo) – Científicamente perfectos (Francisco Javier Capell) – 1998  Cuando el mundo se acabe te seguiré amando (Pilar Sueiro) – El ojo de la Médusa (José Cabanach) – 2000  Érase otra vez (Juan Pinzás) – La gran vida (Une vie de rêve) (Antonio Cuadri) – 2001  School Killer (Carlos Gil) – 2002  El lado oscuro (Luciano Berriatúa) – Octavia (Basilio Martín Patino) – Mucha sangre (Pepe de las Heras) – 2003  Aldea Muriel (Israel Calzado, CM) – 2004  Tomb of The Werewolf (Fred Olen Ray) – Countess Dracula’s Orgy of Blood (Donald F. Glut, vidéo) – Rojo sangre (Christian Molina) – Rottweiler (Brian Yuzna) – 2005  Um lobisomem na Amazônia (Ivan Cardoso) – 2006  The Edgar Allan Poe Collection: Vol. 1 : Annabel Lee & Other Tales of Mystery and Imagination [sketch : « El corazón delator » (Alfonso S. Suárez) – 2007  La duodécima hora (Rodrigo Plaza & Juanma Ruiz, CM) – Lagrimas de papel (Angel Gomez, CM) – 2009  Coffin of light (Nacho Cerdà, documentaire) – La herencia Valdemar (José Luis Alemán) – La sonrisa del lobo (Javier Perea). Voxographie : 2008  O Apóstolo / El apóstol (Fernando Cortizo).

©   Le coin du cinéphage (reproduction strictement interdite, textes déposés)

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Jocelyn Quivrin

Jocelyn Quivrin dans « Incognito »

Annonce de la mort du comédien Jocelyn Quivrin, hier à l’âge de 30 ans, le 15 novembre dernier d’un accident au volant de son « Ariel Atom ». Il était l’un des comédiens les plus prometteurs de sa génération, son panache nous manquera beaucoup. Il débute comme comédien enfant, il est retenu dans un casting dans le Marais, venant accompagner son voisin. Il se retrouve pendant deux mois et demi dans la série TV « Les compagnons de l’aventure », rôle pour lequel il sera remarqué par Roger Planchon (1).  On le retrouve au cinéma en jeune Duc d’Anjou dans « Louis, enfant roi », ou apprenti cuistot impertinent et bousculé par Michel Aumont dans « Au petit Marguery » avec déjà un petit côté frondeur. De petits rôles en petits rôles, on le remarque dans « Rastignac ou les ambitieux », intéressante transposition moderne de l’univers de Balzac. Christian Bosséno rappelait pourtant, dans « Télévision française – la saison 2001 » que la presse se partageait lors de à sa première diffusion : « Des inrockuptibles à Libération, c’est une surenchère de sarcasmes : Rastignasse, titre par exemple (non sans humour) Libé, par allusion à la chevelure en pétard de Jocelyn Quivrin, en présentant le premier épisode, ou Rastignac ou le cousin bête (dernier épisode). » Il trouve également à la télévision un beau rôle, celui du fils de Nathalie Baye dans « L’enfant des lumières », qui préfère lutiner plutôt que de venger sa mère. Il saura retenir le conseil de sa prestigieuse partenaire « On ne fait pas sa carrière avec des oui, mais on fait carrière avec des noms ».  Il excelle en jeune étudiant sportif, venant d’un milieu aisé dans « Grande École », adapté d’une pièce de Jean-Marie Besset. Face à Alice Taglioni et Grégori Baquet, il y est l’objet d’un pari sexuel entre ses deux partenaires. Il fait jeu égal avec Jean Reno dans le médiocre « L’empire des loups », adaptation de l’univers de Jean-Christophe Grangé, il y campe un jeune policier fougueux chargé d’enquêter sur le meurtre de jeunes clandestines turques. Il est le grand méchant comte de Nansac dans « Jacquou le croquant », il fait preuve de maturité et de cruauté dans un film pourtant mal reçu lors de sa sortie. Il reste dans la noblesse en incarnant un Louis XIV plein de morgue dans « Jean de La Fontaine ». Il compose ensuite plusieurs personnages souvent désinvoltes tel le copain fumiste de Jean Dujardin dans « 99 francs », s’aidant de son sens de la répartie pour tirer partie de la superficialité du monde de la pub. Il aimera aussi participer à un certain cinéma d’auteur, comme en tenant un petit rôle chez Éric Rohmer dans « Les amours d’Astrée et de Céladon » ou les grandes amours contrariées chez les bergers. Il devait toujours défendre ce cinéma en tournant aussi avec le radical Jean-Claude Brisseau.  Il est à l’aise dans la comédie, il est un policier décontracté et amant de Sophie Marceau dans « Lol… », et l’ami faussement désinvolte de Bénabar dans « Incognito », coupé des réalités et de retour d’un voyage en Inde. Il trouve l’un de ses meilleurs rôles dans « Notre univers impitoyable », en avocat carriériste mis en compétition avec sa femme – Alice Taglioni -. Dans « La famille Wolberg », il est « l’homme blond », rival de François Damiens qui représente tout ce qu’il déteste. Il préparait la réalisation de son premier long-métrage comme réalisateur « Maestro », il avait déjà réalisé un court-métrage très prometteur « Acteur ». Pour l’anecdote, l’ayant vu lors d’avant-premières à Bordeaux, notamment celle de « Notre univers impitoyable », où il était venu avec sa compagne Alice Taglioni et la réalisatrice Léa Fazer, on ne pouvait qu’être admiratif de sa passion du cinéma. Il défendait aussi bien l’univers d’un Jan Kounen que celui d’Éric Rohmer avec la même ferveur. Il était très disponible et enthousiaste. Nos pensées vont à sa famille.

(1) Source Vincennes : Portrait de Jocelyn Quivrin

Dans « Au petit Marguery »

Filmographie : 1991  Louis, enfant roi (Roger Planchon) – 1993  Crash record (Dominique Champetier, CM) – 1994  Au petit Marguery (Laurent Bénégui) – Option cinéma (Patrick Volson, MM) – Fiesta (Pierre Boutron) 1996  Au bout de la nuit (Étienne Faure, CM) – Country Boy (Rafaël Schneider & Sébastien Lafarge, CM) – 1997  La leçon de Monsieur Paillasson (Michel Fessler, CM) – Lautrec (Roger Planchon) – 1998  Peut-être (Cédric Klapisch) – Noël en famille (Aruna Villiers & Fabienne Berthaud, CM) – Il fait trop chaud ici – J’ai froid – J’ai chaud – Vous ne vous souvenez pas ? (Patricia Bardon, CM) – Elizabeth (Id) (Shekhar Kapur) – Befschnargel (Pierre Mégemont, inédit) – Le prof (Alexandre Jardin) – Sans plomb (Muriel Teodori) – 2000  En solitaire (Stéphane Kazandjian, CM) – Féroce (Gilles de Maistre) – Clément (Emmanuelle Bercot, téléfilm diffusé en salles) – 2001  Qui veut devenir une star ? (Patrice Pooyard, inédit en salles) – 2002  Sem Ela (Sans elle) (Anna de Palma) – 2003  Zoltex (David Ingaro, CM) – Grande école (Robert Salis) – L’outremangeur (Thierry Binisti) – 2004  Le premier jour (Luc de Saint-Sernin, CM) – L’empire des loups (Chris Nahon) – Syriana (Id) (Stephen Gaghan) – Quoi ? l’éternité (Étienne Faure) – 2005  Jacquou le croquant (Laurent Boutonnat) – L’ultimatum (Rafaël Schneider, & Sébastien Lafarge, CM) – 2006  Jean de la Fontaine, le défi (Daniel Vigne) – Les amours d’Astrée et de Céladon (Éric Rohmer) – 99 francs (Jan Kounen) – 2007  Ca$h (Éric Besnard) – Notre univers impitoyable (Léa Fazer) – Deux vies plus une (Idit Cebula) – À l’aventure (Jean-Claude Brisseau) – 2008  Comité exécutif (Gilbert Carsoux, CM) – LOL (laughing out loud) ® (Lisa Azuelos) – Incognito (Éric Lavaine) – 5 à 7 (Audrey Dana, CM) – 2009  La famille Wolberg (Axelle Ropert) – Ensemble c’est trop (Léa Fazer). Comme acteur-auteur-réalisateur : 2006  Acteur (CM).

  

Télévision : 1990  Les compagnons de l’aventure (Christophe Andrei) – Port Breac’h (Pierre Goutas) – 1991  Oeil pour oeil : Besoin de personne (Nicolas Lublin) – 1994  L’instit : Vanessa et la petite dormeuse (Philippe Triboit) – 1995  Clara et son juge (Joël Santoni) – Mylène (Claire Devers) – 1996  Histoires d’hommes (Olivier Langlois) – Les Boeuf-carottes : Émotions fortes (Pierre Lary) – 1997  Le juge est une femme : Drôle de jeu (Daniel Vigne) – Dossiers : disparus : Madeleine (Frédéric Demont) – 1998  Embarquement immédiat (Aline Issermann) – Anne Le Guen : Un poids lourd sur la conscience (Alain Wermus) – La banquise (Pierre Lary) – La façon de le dire (Sébastien Grall) – Voyage à travers le XXème siècle (Hélène Guétary) – 1999  L’ombre d’un doute (Gilles Béhat) – Julie Lescaut : Destins croisés (Alain Wermus) – Maigret : Maigret chez les riches (Denys Granier-Deferre) –  P.J. : Garde à vue (Gérard Vergez) – Chère Marianne : La sous-préfète (Pierre Joassin) – 2000  Rastignac ou les ambitieux (Alain Tasma) – Nana (Édouard Molinaro) – 2001  L’enfant des lumières (Daniel Vigne) – 2002  Navarro : Meutre en famille (Gilles Béhat) – 2008  Antonio Palizzi : CDD conneries (Jean Dujardin) – Équipe médicale d’urgence : L’enfant diamant (Étienne Dhaene) – Revivre (Haïm Bouzaglo). Publicités : 1997  Lutte anti tabac (Marion Vernoux) – 1998  Loto (Cédric Klapisch) – 1999  Freeyop (Bertrand Blier).   

Mise à jour le 28/11/2009

©   Le coin du cinéphage (reproduction strictement interdite, textes déposés)

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Pierre Doris

 

Dans « La maison des bois »  

Annonce de la mort du comédien Pierre Doris, grand chantre de l’humour noir, alors qu’il allait atteindre son 90ème anniversaire. Il ne semble pas avoir pris le cinéma au sérieux. Il joue le satyre dans bien des films depuis la série des « Saintes chéries ». Le regard salace, l’air libidineux, il se régale dans l’égrillard. Il est même en vedette avec France Anglade dans le navrant mais néanmoins désopilant « Clémentine Chérie », adapté d’une B.D. de Jean Bellus. Il y joue Gaston Bellus, un archétype du Français moyen, inventeur du tissu élastique. La plupart du temps, il se contente de faire-valoir tel le moine fourbe face à Fernandel dans « Le bon roi Dagobert ». Il trouve le rôle de sa vie à la télévision, en tragi-comique garde-champêtre, grâce à Maurice Pialat qui lui donne l’occasion de donner le meilleur de lui-même dans le feuilleton « La maison des bois », à l’instar d’un Hubert Deschamps dans « La gueule ouverte ». Samuel Douhaire en parle parfaitement dans « Le dictionnaire Pialat », (Éditons Léo Scheer, 2008). : « …Grâce à Pialat, un grand acteur comique vient de révéler un don pour la tragédie que les circonstances ne lui avaient pas permis d’exprimer. Et ne lui permettront plus d’exprimer : pour Pierre Doris, « La maison des bois » sera resté une parenthèse éblouissante entre le boulevard télévisé d’Au théâtre ce soir et Les planqués du régiment ». Selon Pascal Mérigeau, dans son livre « Pialat » (Bernard Grasset, 2002 », il ne semble pas avoir pris son rôle très au sérieux : « …Sans doute Pierre Doris se considérera-t-il parfois, lui aussi, comme de passage, un cacheton de plus à toucher, chaque soir il repart pour Paris au volant de sa Mercedes pour faire le zouave dans un cabaret ou dans un autre ».  Hormis Pialat, il n’aura eu que rarement d’occasions de sortir du registre « franchouille », comme chez Jean Marboeuf « La ville des silences », où il est un commissaire corrompu et chez Nicole Garcia dans « Outremer », en oncle patriarche vivant dans l’Algérie coloniale. Malgré une parfaite tendance au n’importe quoi – il fallait l’entendre parodier l’ineffable Jordy dans « C’est dur d’être un pépé », il aura gardé une truculence rabelaisienne dans bien des nanars. Dans « Les rois du gag », il est même cantonné dans le rôle d’un gagman de Michel Serrault, qui faisant équipe avec Maurice Baquet forme un duo totalement ringard. On se régalera à le voir en spectateur bavard dans le « Kulte » « Si vous n’aimez pas ça n’en dégoutez pas les autres » , ou en truand d’opérette dans « L’émir préfère les blondes ». Il sera un Bérurier adipeux dans « San Antonio ne pense qu’à ça », dans hélas, le moins intéressant des films de Joël Séria. Mais il restera comme un comique novateur, jouant avec les tabous comme la mort « Nuance : quand l’homme est mort, on l’enterre, quand l’arbre est mort, on le déterre ! », et ouvrant des perspectives à d’autres, comme Laurent Ruquier, qui ne manquait jamais de s’en référer. Son fils Michel Tugot-Doris est également comédien.   

Dans « L’émir préfère les blondes »

Filmographie : 1956  Comme un cheveu sur la soupe (Maurice Régamey) – 1957  Paris Music-Hall (Stany Cordier) – L’amour est en jeu / Ma femme, mon gosse et moi (Marc Allégret) – Le triporteur (Jack Pinoteau) – Mimi Pinson (Robert Darène) – 1958  En légitime défense (André Berthomieu) – Cigarettes, whisky et p’tites pépées (Maurice Régamey) – Messieurs des Ronds de Cuir (Henri Diamant-Berger) – Julie la Rousse (Claude Boissol) – 1959  Business (Maurice Boutel) – 1960  Fortunat (Alex Joffé) – Le Sahara brûle (Michel Gast) – Dans la gueule du loup (Jean-Charles Dudrumet) – Dans l’eau qui fait des bulles / Le garde-champêtre mène l’enquête (Maurice Delbez) – 1962  L’empire de la nuit (Pierre Grimblat) – Les veinards [Sketch : « Une nuit avec la vedette »] (Philippe de Broca) – Clémentine chérie (Pierre Chevalier) – L’assassin viendra ce soir (Jean Maley) – 1963  Cherchez l’idole (Michel Boisrond) – La porteuse de pain (Maurice Cloche) – Le bon roi Dagobert (Pierre Chevalier) – Le motorizzate (Les motorisées) [Sketch : « Roulotte squillo »] (Marino Girolami) – 1964  Le petit monstre (Jean-Paul Sassy, inédit en salles) – Les mordus de Paris (Pierre Armand) – Requiem pour un caïd (Maurice Cloche) – Allez France ! (Robert Dhéry) – Les gorilles (Jean Girault) – Déclic… et des claques (Philippe Clair) – La bonne occase (Philippe Clair) – 1965  Whisky y vodka (Fernando Palacios, inédit en France) – 1966  Trois enfants dans le désordre (Léo Joannon) – 1967  La permission (Melvin Van Peebles) – 1968  Bruno, l’enfant du dimanche (Louis Grospierre) – Slogan (Pierre Grimblat, bien que crédité au générique, il n’apparaît pas dans les copies existantes) – 1969  Aux frais de la princesse (Roland Quignon) – 1972  La guerre des espions / Bastos ou ma soeur préfère le colt 45 (Jean-Louis Van Belle, film belge inédit en France) – 1973  Le Führer en folie (Philippe Clair) – 1974  Mais où sont passées les jeunes filles en fleurs (Jean Desvilles) – 1975  Les petits dessous des grands ensembles (Christian Chevreuse) – 1976  Le jour de gloire (Jacques Besnard) – 1977  Si vous n’aimez pas ça, n’en dégoûtez pas les autres ! (Raymond Lewin) – Ça glisse au pays des merveilles (Christian Chevreuse) – 1978  Freddy (Titre DVD : Jeannot la frime) (Robert Thomas) – 1979  La ville des silences (Jean Marboeuf) – 1980  San Antonio ne pense qu’à ça (Joël Séria) – 1982  Ça va faire mal ! (Jean-François Davy) – On n’est pas sorti de l’auberge (Max Pécas) – On l’appelle catastrophe (Richard Balducci) – 1983  L’Émir préfère les blondes (Alain Payet) – Les planqués du régiment (Michel Caputo) – 1984  Les rois du gag (Claude Zidi) – 1985  Dressage / Titre TV : Éducation perverse (Pierre B. Reinhard) – 1987  Le diable rose (Pierre B. Reinhard, inédit en salles) – 1989  Outremer (Brigitte Roüan). Voxographie : 1978  Tess (Id) (Roman Polanski, doublage version française) – 1983  Heidi’s song (Les malheurs d’Heidi) (Robert Taylor, animation, version française).

Télévision : (notamment) : 1960  La coupe enchantée (François Gir) – 1961  La dame de Monsoreau (Alain Boudet) – 1962  Vincent Scotto (Henri Spade) – 1963  La chasse ou l’amour ravi (Alain Boudet) – Teuf-teuf ou hommage à l’automobile (Georges Folgoas, variétés) – Le contrôleur des wagons lits (Gilbert Pineau) – 1964  Un homme en or (André Leroux) – Les raisins verts (Jean-Christophe Averty, série TV) – Pauline ou l’écume de la mer (François Gir) – Pierrot des alouettes (Henri Spade) – 1965  La misère et la gloire / La misère et la gloire d’Alexandre Dumas (Henri Spade) – Paris paradis (Jacques Pierre, divertissement) – Cherche merveille (Richard Chaumont) – Conflis mineurs : Le bonheur conjugal (Jacqueline Audrey) – La queue du diable (André Leroux) – Les saintes chéries : Ève au volant (Jean Becker) – 1966  Gerfaut (François Gir, série TV) –  Lazare le pâte (Jean-Marie Coldefy) – Rhésus B : Comment épouser son patron (Serge Leroy) – 1967  Les locataires de l’escalier 15 / Les sept de l’escalier quinze B (Georges Régnier, série TV) – Deux romains en Gaule (Pierre Tchernia, série TV) – Rhésus B : Il est prudent de louer (Jean-Charles Lagneau) – Deslouettes père et fils : L’auberge espagnole (Claude Robrini) – Le sourire de la Joconde (Albert Riéra) – Meurtre en sourdine (Gilbert Pineau) – 1968  Les saintes chéries : Quand Éve n’est pas là (Jean Becker) – Les saintes chéries : Ève sur la plage (Jean Becker) – Chansons souvenirs (Robert Valey, divertissement) – Les dossiers de l’agence O : La petite fleuriste de Deauville (Jean Salvy) – La tempête (François Gir) – 1969  Au théâtre ce soir : Le mari ne compte pas (Pierre Sabbagh) – Au théâtre ce soir : Rappelez-moi votre nom (Pierre Sabbagh) – 1970  Les fiancés de Loches (Pierre Badel) – Au théâtre ce soir : Les assassins associés (Pierre Sabbagh) – Les lettres de mon moulin (Pierre Badel) – Une autre vie (Louis Grospierre) – La maison des bois (Maurice Pialat) – Le père Noël est en prison (Pierre Gautherin) – 1972  Au théâtre ce soir : Le fils d’Achille (Pierre Sabbagh) – Au théâtre ce soir : La main passe (Pierre Sabbagh) – 1973  Pierre et Jean (Michel Favart) – Le temps de vivre, le temps d’aimer (Louis Grospierre) – Monsieur Pompadour (André Leroux, captation) – 1974  Un curé de choc : Hold-up campagnard (Philippe Arnal) – L’ange de la rivière morte (Édouard Logereau) – Le droit aux étrennes (Jean Bertho) – 1975  La rôtisserie de la reine Pédauque (Jean-Paul Carrère) – La simple histoire d’un merveilleux poste de télévision (Armand Ridel) – Au théâtre ce soir : Les hannetons (Pierre Sabbagh) – Le docteur noir (Gérard Vergez) – 1976  Robert Macaire (Roger Kahane) – 1978  Les amours sous la Révolution : Les amants de Thermidor (Jean-Paul Carrère) – Les samedis de l’histoire : La banqueroute de Law (Jean-François Delassus) – Le temps des as (Claude Boissol) – 1979  Histoires de voyous : La belle affaire (Pierre Arago) – Le petit théâtre d’Antenne 2 : Tout un dimanche ensemble (Stéphane Bertin) – Les amours de la Belle Époque : Le maître de Forges (Dominique Giuliani) – 1980  Tarendol (Louis Grospierre) – Petit déjeuner compris (Michel Berny) – Les amours des années folles : Les soeurs Hortensia (Dominique Giuliani) – 1981  Le mécréant (Jean L’Hôte) – Les amours des années folles : Un mort tout neuf (Dominique Giuliani) – Sans famille (Jacques Ertaud) – 1982  Bekenntnisse des Hochstaplers Felix Krull (Les confessions du chevalier d’industrie Felix Krull) (Bernhard Sinkel) – En votre aimable réglement (Jean-Claude Charnay) – Ralentir école (Alain Dhouailly) – L’ours en peluche (Édouard Logereau) – 1983  Julien Fontanes, magistrat : L’âge difficile (Serge Friedman) – 1984  Battling le ténébreux (Louis Grospierre) – Les fils des alligators (André Farwagi) – 1985  Les Bargeot [épisode ?] – Maguy : Amorale, morale et demie – 1986  La guerre du cochon (Gérard Chouchan) – Le coeur du voyage (François Leterrier) – 1987  Les idiots (Jean-Daniel Verhaeghe) – 1988/1989  L’homme à tout faire (Patrick Gandrey-Réty, 42 épisodes) – 1990  Les voisins du dessus (Jacques Audoir, captation) – Pépé la gâchette (Jean Pignol) – 1991  Héloïse (Robert Dhéry) – 1992  Mes coquins (Jean-Daniel Verhaeghe) – 2001  Des croix sur la mer (Luc Béraud).

Maurice Régamey par Yvan Foucart

Nadine Tallier (future « baronne de Rothschild ») et Louis de Funès dans « Comme un cheveu sur la soupe »

Yvan Foucart auteur de l’indispensable « Dictionnaire des comédiens français disparus« , nous fait l’amitié de rendre hommage à Maurice Régamey, réalisateur connu pour avoir donné à Louis de Funès l’un de ses premiers rôles principaux avec « Comme un cheveu sur la soupe » – disponible chez René Chateau vidéo -, et c’est également l’une des rares fois où on le voit jouer du piano. Le 9 octobre prochain France 3 diffusera « Honorin de Marseille ». Peu avant son décès, aidé de son épouse, il s’était confié à Yvan à qui nous devons cette très complète évocation :

Maurice Régamey 

Décédé le 23 août 2009 dans la discrétion totale telle qu’il l’avait souhaitée, Maurice Régamey était né à Wolanka (Pologne) le 7 janvier 1924 où le papa avait été appelé pour travailler au réseau des chemins de fer.  Maurice n’en garda aucun souvenir puisqu’il arriva en France à l’âge de quatre ans.  Il effectua ses études primaires à Montreuil dans la région parisienne, puis entra dans une école de spécialisation en T.S.F.

 

Attiré par le théâtre, il fréquenta les cours d’art dramatique de Catherine Fonteney, sociétaire de la Comédie Française, ainsi que ceux de Tania Balachova où il côtoya Jean-Claude Pascal, son cadet de trois ans.  

 

A 19 ans, il se produisit en tournée avec Mon curé chez les riches de Clément Vautel et La puce à l’oreille de Georges Feydeau. Revenu à la capitale, on le remarqua dans Antigone de Jean Anouilh (Théâtre de l’Atelier, 1944); La patronne d’André Luguet (Théâtre des Nouveautés, 1947); Dix petits nègres d’Agatha Christie (Théâtre Antoine, 1947); Les mains sales de Jean-Paul Sartre (Théâtre Antoine, 1948); Un tramway nommé désir de Tennessee Williams (Théâtre de l’Athénée, 1949) dont il garda le plus merveilleux des souvenirs, celui d’une partenaire d’exception : Arletty; La femme en blanc de Marcel Achard (Théâtre des Galeries à Bruxelles), etc.

 

Il doit sa première apparition au cinéma à Georges Lacombe qui l’engagea pour un petit rôle dans Florence est folle, celui d’un maître d’hôtel en prise avec une bouteille de champagne trop chaude et récalcitrante !

 

Il s’ensuivit une filmographie de plus de trente titres en tant qu’interprète et de cinq longs métrages en tant que réalisateur.

 

Dans la première série, il se distingua dans l’évocation émouvante de la vie de Grock, le plus célèbre clown de la première moitié du XXème siècle (Au revoir Monsieur Grock,… se souvient-on encore des Sans blââgue ! et des Pourquouâ ?); en souteneur de Suzy Delair dans le Lady Paname de Henri Jeanson; mais aussi de l’ancien collégien devenu aveugle des Anciens de Saint-Loup; de l’énergique et séduisant inspecteur de police de Rue des saussaies; du tout aussi brillant agent secret de Duel à Dakar.

 

Son meilleur souvenir d’acteur ira cependant à Ils sont dans les vignes où, représentant de boisson non alcoolisée, il séduisait la fille du cafetier, laquelle n’était autre que Line Renaud.  Un aimable divertissement, sans plus, dans lequel il chantait (il est vrai avec la voix de Lucien Jeunesse) et dansait sur l’agréable musique de Loulou Gasté, lequel venait juste de convoler avec Line.

 

On le « vit » une dernière fois en 1956 dans Comme un cheveu sur la soupe dont il signait la  réalisation, mais sa participation était si modeste qu’elle ressemblait davantage à un clin d’œil.

 

Acteur, c’est bien, mais la technique semblait l’intéresser davantage aussi est-ce donc, tout naturellement, qu’il se retrouva derrière la caméra pour des courts métrages, bientôt suivis de plus longs.

 

Il se lança dans des tournages humoristiques, puis dans des séries inspirées par les programmes de la télévision américaine, ce qui donnèrent les fameux Rendez-vous avec Maurice Chevalier lesquels servirent d’argument pour y inviter des célébrités telles que Michèle Morgan, Brigitte Bardot ou Martine Carol.

 

Ayant dirigé Fernandel pour l’un de ses courts, il le retrouva pour sa première grande réalisation, Honoré de Marseille, où notre comique put se laisser aller à sa truculence, à ses galéjades et en poussant la chansonnette (ce qu’il n’avait plus fait depuis Simplet en 1942) et ce, tour à tour, en chef phocéen, en gouverneur, et en marseillais contemporain.

 

Avec Comme un cheveu sur la soupe il confia à Louis de Funès le soin de conduire une comédie burlesque fertile en gags, style tarte à la crème, cela en galante compagnie, puisqu’il fut  accompagné de la charmante Noëlle Adam, future Madame Reggiani et d’une piquante blonde Nadine Tallier… future baronne de Rothschild.  Ensuite, Cigarettes, whisky et p’tites pépées nous propulsèrent dans une institution de culture physique reconvertie en saloon animé par d’accortes hôtesses qu’entraînaient Annie Cordy et une piquante blonde vue précédemment… Nadine Tallier, bien sûr.

 

Citons aussi La salamandre d’or, un western historique, comme il se plaisait à le définir lui-même, en fait sur fond de bataille de Pavie, tourné en grande partie en Belgique, à Bruges et au château d’Oostkerke, ainsi qu’en Languedoc. Ce fut son ultime grand engagement cinématographique.  

 

En 1962/63, il réalisa Ciné-Parade pour le compte de Télé Luxembourg, des rencontres surtout prétextes à des interviews de vedettes. En 1966, son nom apparut encore une dernière fois au générique d’une fiction télévisée de treize fois 26mn, Trois étoiles, une co-production franco-anglaise, hommage à notre gastronomie dont il signa  le co-scénario et la mise en scène et à laquelle outre la Britannique Suzanna Leigh, participèrent de nombreux comédiens français dont Dalio, Dufilho et Raymond Bussières.

 

Ensuite, l’O.R.T.F. l’engagea pour réaliser les reportages de ses envoyés spéciaux, avant d’opérer un changement radical en remplissant les fonctions de directeur commercial chez Hachette-Belgique.

 

C’est à cette époque, en juin 1966 qu’il se marie avec Francine Wainer, une scripte et monteuse, avec laquelle il eut une fille, Lena Frédérique, née en 1967. 

 

De sa carrière cinématographique, il ne fut pas toujours épargné des critiques, en particulier ceux de la Nouvelle Vague, mais il put toujours compter sur d’indéfectibles amitiés comme celles de Joe van Cottom et de Jean Vietti, piliers du vrai « Ciné-Revue » (celui de la bonne époque), ainsi que celle de Rodolphe-Maurice Arlaud de « Combat ».

 

Depuis plus de quarante ans, retiré du show-business, son nom s’était forcément quelque peu dissous dans l’amnésie du temps.

 

  

 

©  Yvan Foucart.

FILMOGRAPHIE : 1944  Florence est folle (Georges Lacombe) – 1945  Les démons de l’aube (Yves Allégret) – L’idiot (Georges Lampin) – Le roi des resquilleurs (Jean Devaivre) – 1946  Antoine et Antoinette (Jacques Becker) – Miroir (Raymond Lamy) – 1947  Blanc comme neige (André Berthomieu) – Croisière pour l’inconnu (Pierre Montazel) – L’idole (Alexandre Esway) – 1948  Cartouche, roi de Paris (Guillaume Radot) – Les autos volages (c.m. Marcel Martin) – 1949  Au revoir, Monsieur Grock (Pierre Billon) – Je n’aime que toi (Pierre Montazel) – Le jugement de Dieu (Raymond Bernard) – Lady Paname (Henri Jeanson) – Maya (Raymond Bernard) – Pas de week-end pour notre amour (Pierre Montazel) – Rendez-vous avec la chance (Emile Edwin Reinert) – 1950  Les anciens de Saint-Loup (Georges Lampin) – Boîte de nuit (Alfred Rode) – Les mémoires de la vache Yolande (Ernest Neubach) – La rose rouge (Marcel Pagliero) – Rue des Saussaies (Ralph Habib) – Souvenirs perdus, sketch « La statuette d’Osiris » (Christian-Jaque) – Les mécanos de l’air (c.m. Marcel Martin) – 1951  Adhémar ou le jouet de la fatalité (Fernandel) – Duel à Dakar (Claude Orval et Georges Combret) – Et ta sœur (Henri Lepage) – Ils sont dans les vignes (Robert Vernay) – La plus belle fille du monde (Christian Stengel) – 1952  Au diable la vertu (Jean Laviron) – Le huitième art et la manière (c.m., réalisation) – 1953  Le village près du ciel / Sie fanden eine Heimat (Léopold Lindtberg)Numéro spécial, (c.m., réalisation) – Derrière le rideau (c.m., réalisation) – Dansez maintenant (c.m., réalisation) – Le rire, (c.m., réalisation) – 1954  L’art et la manière de rire (c.m., réalisation) – Plaisir des neiges (c.m., réalisation) – Sur toute la gamme (c.m., réalisation) – 1955  Les carnets du major Thompson (Preston Sturges) – Les indiscrètes (Raoul André) – 1956  Honoré de Marseille (réalisation) – L’art d’être papa (c.m., réalisation et scénario) – Le téléphone (c.m., réalisation) – 1957  Comme un cheveu sur la soupe (réalisation et co-scénario) – Rendez-vous avec Maurice Chevalier N° 1 (c.m., réalisation) – Rendez-vous avec Maurice Chevalier N° 2 (c.m., réalisation) – Rendez-vous avec Maurice Chevalier N° 3 (c.m., réalisation) – Rendez-vous avec Maurice Chevalier N° 4 (c.m., réalisation) – Rendez-vous avec Maurice Chevalier N° 5, sketch « Soirs de Paris » (c.m., réalisation) – Rendez-vous avec Maurice Chevalier N° 6, sketch « Une Américaine à Paris » (c.m., réalisation) – 1958  Cigarettes, whisky et p’tites pépées (réalisation et scénario) – 1959  A pleines main (réalisation et scénario) 1960  La brune que voilà (Robert Lamoureux, uniquement conseiller technique) – Ravissante (Robert Lamoureux, uniquement conseiller technique) – 1961  Les hommes veulent vivre (Léonide Moguy, uniquement conseiller technique) – 1962  La salamandre d’or (réalisation et scénario) – Indiscrétion (c.m. Georges Reich, uniquement assistant réalisateur) – 1964  Le petit monstre (Jean-Paul Sassy, uniquement scénario, inédit en salles).

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Sim

Sim dans « La voce della luna »

Annonce de la mort de Sim, à l’âge de 83 ans ce 6 septembre dernier, des suites d’une embolie. Ce fantaisiste très populaire fut assez mal utilisé au cinéma, mais Michel Audiard qui disait de lui « Sim semble être le fruit des amours d’un étourneau et d’une pointe Bic », lui donnera l’un de ses rôles les plus mémorables dans « Elle boit pas… », en maître-chanteur retord et artiste de cabaret, il faut le voir en libellule chantante. Il participa à quelques nanars qui sont très souvent des sommets du « film cornichon ». Il tourne ainsi avec Philippe Clair dans « La grande maffia » où il est un petit chef de bureau garde-chiourme et autoritaire, qui oblige ses subordonnés à faire de la gymnastique et dans « La brigade en folie », en douanier crétin en mission avec Jacques Dufilho, pour pourchasser les fraudeurs et retrouver les capitaux cachés en Suisse – comme qui dirait d’actualité ! -. On peut légitimement vouer un culte à « Drôles de zèbres », de l’ineffable Guy Lux, où il forme un tandem  machiavélique avec Alice Sapritch, film où il reprend son célèbre personnage de la baronne de la Tronchembiais, ce bijou est disponible en DVD chez L.C.J. éditions. Il y eut un rendez-vous manqué avec Jean-Pierre Mocky pour « Le roi des bricoleurs », dans un rôle prévu pour Louis de Funès, mais sa vis comica semble mal adaptée à ce film. Selon Mocky lui même dans le livre d’entretien avec Gaston Haustrate (Edilig, 1989), qui déclarait « …Quelqu’un m’a conseillé Sim, mais il a fallu remanier le scénario en fonction de la personnalité de ce fantaisiste. J’ai en quelque sorte, divisé le rôle principal en ceux, Sim et Pierre Bolo se partageant plus ou moins les gags de cette satire du bricolage. Finalement, cela a quelque peu déséquilibré le film. Le talent de Sim n’est pas en cause. En fait , on s’était trompé en confiant le rôle d’un méchant à un gentil… » : Federico Fellini lui donne l’occasion de sortir de ses emplois habituels, dans « La voce della luna », avec son rôle de joueur de hautbois lunaire. Devenu complètement fou – il pense que son instrument déplace ses meubles et provoque des sortilèges -, il décide de vivre dans un cimetière au grand désarroi de sa femme. Le cinéma l’a dédaigné ces dernières années, sa prestation d’Agecanonix dans deux versions d' »Astérix… »  tenant plus d’une présence à assurer que d’un véritable rôle à tenir… ». Grand ami et partenaire au théâtre de Victor Lanoux – il en témoignait en début d’année dans le documentaire « Victor Lanoux, l’essai de la vie »  -,  on le retrouve à ses côtés dans le rôle de Théo de Montalenvert, un marginal doux dingue naïf et porté sur la boisson dans 4 épisodes de « Louis la brocante ».  

 

Sim dans « Le roi des bricoleurs »

 

Filmographie : 1958  Les gaietés de l’escadrille (Georges Péclet) – 1961  Cartouche (Philippe de Broca, rôle coupé au montage) – 1969  Une veuve en or (Michel Audiard) – Elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas… mais elle cause (Michel Audiard) – 1970  Les mariés de l’An II (Jean-Paul Rappeneau) – 1971  La grande maffia (Philippe Clair) – 1972  La brigade en folie (Philippe Clair) – 1973  La grande nouba (Christian Caza) – 1975  Andréa ((Henri Glaeser) (1) – 1976  Le roi des bricoleurs / Mocky s’moque N°2 (Jean-Pierre Mocky) – Drôles de zèbres (Guy Lux) –  1980  Sacrés gendarmes (Bernard Launois) – Touch’ pas à mon biniou (Bernard Launois) – 1984  Pinot simple flic (Gérard Jugnot) – 1989  La voce della luna (Id) (Federico Fellini) – 1998  Astérix et Obélix contre César : de Claude Zidi) – 2006  Astérix aux jeux Olympiques (Thomas Langmann & Frédéric Forestier). Télévision (notamment) : 1970  Le personnage (Jean-Paul Sassy) – 1973  La porteuse de pain (Marcel Camus) – 1974  Au théâtre ce soir : Edmée (Georges Folgoas) – 1981  Les rats de cave (Jean-Claude Morin) – Le roman du samedi : L’agent secret (Marcel Camus) – 1984  Le brin de muguet (Jean-Claude Morin) –  2003  Louis la brocante : Louis, Mathilde et les autres (Pierre Sisser) – 2004  Louis la brocante : Louis et le mystère du viager (Pierre Sisser) – 2006  Louis la brocante : Louis et les répondants (Michel Favart) – 2008  Louis la brocante : Louis voit double (Pierre Sisser) – Victor Lanoux, l’essai de la vie (Véronique Langlois, documentaire).

 

(1) On apprend sa présence dans ce film dans « Le dictionnaire des longs métrages français érotiques et pornographiques », il y joue sous le pseudonyme de Sim O’Connor.

 

Bibliographie : Dictionnaire cinématographique de Bretagne de Gérard-Louis Gauthier (Télégram édition, 1995).

 

 

 

©   Le coin du cinéphage (reproduction strictement interdite, textes déposés)

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Albert Médina

Albert Médina dans l’épisode « L’ère de la calomnie » de la série « Les brigades du Tigre »

 

 

Annonce de la mort d’Albert Médina – ou Albert de Médina à ses débuts – dans le site Les gens du cinéma, le 5 août dernier à l’âge de 89 ans. Il reste fortement associé au monde du doublage – voir le brillant hommage, comme à l’accoutumée du Blog sur le doublage -, sa voix nous est très familière notamment dans des personnages hispaniques ou du Sud. Au cinéma, comme acteur son rôle le plus connu reste celui d’un programmateur d’une émission politique à la radio qui demande des comptes à Roger Pierre sur le motif réel de sa suppression – la raison est en fait de satisfaire la demande d’un ministre -. Prêt à en découdre avec son supérieur, il se voit manipulé et retourné par lui suite à de vagues promesses. On le retrouve souvent à la télévision, dans des rôles truculents, en ermite vindicatif dans « L’ermite », un épisode de « Thibaud ou les croisades » ou en rédacteur chef d’un journal peu scrupuleux et avide de scandale dans « L’ère de la calomnie », un épisode des « Brigades du Tigre ». On retrouvera des révélations stupéfiantes faites à son sujet sur le site « idee-jour » dans l’article Albert de Médina, le comédien que François Mitterrand, Marguerite Duras et Edgar Morin ont voulu assassiner.  Une petite pensée également pour la disparition du cinéaste John Hugues qui nous reste cher au coeur des années 80.

Albert Médina dans « Mon oncle d’Amérique »

Filmographie : 1948  D’homme à hommes (Christian-Jaque) – 1953  Si Versailles m’était conté… (Sacha Guitry) – 1955  Si Paris nous était conté (Sacha Guitry) – Les Duraton (André Berthomieu) –  Les carottes sont cuites (Robert Vernay) – 1956  Alerte au deuxième bureau (Jean Stelli) –  Fernand cow-boy (Guy Lefranc) – Quelle sacrée soirée (Robert Vernay) –  Les lumières du soir (Robert Vernay) – Mon curé chez les pauvres (Henri Diamant-Berger) –  1957  La garçonne (Jacqueline Audry) – Charmants garçons (Henri Decoin) –  Le septième ciel (Raymond Bernard) – Pot-Bouille (Julien Duvivier) – Maigret tend un piège (Jean Delannoy) – Échec au porteur (Gilles Grangier) –  1958  En légitime défense (André Berthomieu) –  Pourquoi viens-tu si tard ? (Henri Decoin) –  Faibles femmes (Michel Boisrond) –  1959  La chatte sort ses griffes (Henri Decoin) –  Nathalie, agent secret (Henri Decoin) –  1960  Au cœur de la ville (Pierre Gautherin) – Ça va être ta fête (Pierre Montazel) – 1964  Requiem pour un caïd (Maurice Cloche) – 1968  Jeff (Jean Herman) – 1974  Impossible… pas français (Robert Lamoureux) – 1975  Opération Lady Marlène (Robert Lamoureux) – 1976  Le coeur froid (Henry Helman) – 1977  Nazis dans le métro (Michel de Vidas, inédit) – 1979  Mon oncle d’Amérique (Alain Resnais). Voxographie succincte : 1957  Monsieur et madame Untel (Jean Kerchron, TV) – 1961  Tintin et le mystère de la toison d’or (Jean-Jacques Vierne, doublage) – 1971  Red sun (Soleil rouge) (Terence Young, doublage version française) – 1975  La flûte à six schtroumpfs (Pierre Culliford, Yvan Delporte & Peyo) – 1979  Le roi et l’oiseau (Paul Grimault, animation). Télévision (notamment) : 1950  Au bon coin (Jean Kerchron) – 1956  Inspecteur Grey (Jean Kerchron) – En votre âme et conscience : L’affaire Landru (Jean Prat) – 1958  Monsieur de Pourceaugnac (Jean Kerchron) – La fille de la pluie (Jean Prat) – 1959  En votre âme et conscience : L’affaire Steinhel (Jean Prat) – Le nouveau journal des voyages : Savorgnan de Brazza (Jean Kerchbron) – En votre âme et conscience : L’affaire Danval (Claude Barma) – Le mouchoir rouge (Jean Prat) – 1960  En votre âme et conscience : La chambre 32 (Claude Barma) – La servante du passeur (Jean Kerchbron) – 1961  Flore et Blancheflore (Jean Prat) – 1962  Les cinq dernières minutes : La tzigane et la dactylo (Pierre Nivollet) – La mort à la une (Pierre Nivollet) – 1963  Le troisième concerto (Marcel Cravenne) – 1964  La cruche cassée (Jean Kerchbron) – 1965  L’apollon de Bellac (Gilbert Pineau) – Mon royaume pour un lapin (Jacques Villa) – Frédéric le guardian (Jacques Villa) – 1968  Koenigsmark (Jean Kerchbron) – 1969  Thibaud ou les croisaes : L’ermite (Henri Colpi) – 1970  Tango (Jean Kerchbron) – 1971  La visite de la vieille dame (Alberto Cavalcanti) – 1972  Les chemins de pierre (Joseph Drimal) – 1974  La mouche bleue (Jean-Paul Sassy) – La cloche tibétaine (Michel Wyn & Serge Friedman) – 1975  Les malfaisants (Jean Kerchbron) – L’homme d’Amsterdam : Enquête sur une idole (Victor Vicas & John Van de Rest) – Messieurs les jurés : L’affaire Lambert (André Michel) – 1976  Bonjour Paris (Joseph Drimal) – 1977  Les brigades du Tigre : L’ère de la calomnie (Victor Vicas) – Bonsoir chef (Pierre Goutas) – Les folies d’Offenbach (Michel Boisrond) – 1979  L’étrange Monsieur Duvallier : Casse-Cash (Victor Vicas) – Histoires de voyous : Des immortelles pour Mademoiselle (Paul Siegrist) – Pour tout l’or du Transvaal (Claude Boissol) – Opération trafics : Procédure exceptionnelle & La bataille d’or (Christian-Jaque) – 1980  Au théâtre ce soir : Ne quittez pas ! (Pierre Sabbagh) – Les incorrigibles (Abder Isker) – Le taciturne (Jacques Floran) – 1981  Commissaire Moulin : La bavure (Claude Grinberg) – 1982  Au théâtre ce soir : La foire aux sentiments (Pierre Sabbagh) – 1984  Le château (Jean Kerchbron).