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Fragments d’un dictionnaire amoureux : Jean Delannoy

Annonce de la mort de Jean Delannoy le 18 juin dernier à l’âge de 100 ans. Après quelques co-réalisations, il devient metteur en scène à part entière avec l’exotique « Macao, enfer du jeu » (1939), plaisant film avec Sessue Hayakawa et Mireille Balin, mais qui connu quelques déboires sous la France occupée, Pierre Renoir retournant les scènes avec Erich Von Stroheim, jugé indésirable, les scènes de ce dernier furent rétablies dans la version que nous connaissons actuellement. Il signe ensuite sous l’occupation des mélodrames « Le diamant noir » (1940), avec Gaby Morlay, « Fièvres » (1942), avec Tino Rossi en voyou repenti devenu prêtre, une bonne adaptation du roman de Pierre Very « L’assassin a peur la nuit » (1942) avec Jules Berry – sorti il y a peu en DVD -. Il signe un film historique « Pontacarral colonel d’empire » – avec l’ineffable Pierre Blanchar -, devenu un symbole de la résistance, « …Nous l’avons réalisé à une époque où il était nécessaire de ressusciter le sentiment d’une certaine grandeur, celui de l’héroïsme et sur ce plan de la Résistance, à une époque particulièrement sombre. De la sorte, au nez et à la barbe de l’occupant, nous faisions un film d’actualité et de combat« . (1) Les historiens débatent pourtant sur ce fait : « On a fait souvent de Pontcarral, de Jean Delannoy, sorti en décembre 1942, un film de résistance explicite. Georges Sadoul dans le cinéma pendant la guerre, (…) n’a pas tort d’écrire que « le public français fut alors, bien plus que l’obscur romancier Albéric Cahuet, l’auteur de Pontacaral » : divers témoins ont raconté que le film était applaudi dans les salles, et Raymond Chirat se souvient que lors de la sortie du film à Lyon, dans l’hiver 42-43, des inscriptions apparurent sur les murs : « Pontcarral c’est Giraud » (…) Jean-Pierre Jeancolas – « 15 ans d’années 30 » (Stock cinéma, 1983). Suivent une belle illustration de l’œuvre de Cocteau « L’éternel retour » (1943), avec le couple mythique Jean Marais (…et son pull jacquart qu’il est tout autant) et Madeleine Sologne et les débuts à l’écran d’Yvonne de Bray, une très belle illustration de l’œuvre de Paul Féval, « Le bossu » (1944), toujours avec Blanchar. En 1946, il reçoit le grand prix du festival de Cannes, renaissant de ses centres en 1946, avec « La symphonie pastorale » d’après Gide avec Michèle Morgan en orpheline aveugle, avec pour partenaire Blanchar toujours et Jean Desailly. Il s’essaie ensuite au film onirique « Les jeux sont faits », avec Marcello Pagliero et Micheline Presle, rare tentative à demi-réussie d’incursion dans le cinéma fantastique en France. Retour au film historique avec « Le secret de Mayerling » (1948) avec Jean Marais, qui retrouvera son metteur en scène la même année, en couple avec Michèle Morgan dans un nouveau mélo dans le cadre de l’aviation « Les yeux du souvenir ». Dans les années 50, il devient le symbole d’une certaine qualité française. On se souvient de la célèbre lettre « une certaine tendance du cinéma français » de François Truffaut dans « Les cahiers du cinéma » N° 31 en 1954, lire le texte en son intégralité dans jdelpias.club.fr  Le futur cinéaste prendra en exemple une adaptation de Jean Aurenche et Pierre Bost du « Journal d’un curé de campagne », dans sa démonstration, ce qui est assez critiquable car il ne fut qu’un projet de Delannoy, qu’il qualifie de moralyste mystique – Robert Bresson devant faire ensuite le chef d’oeuvre que l’on sait -. Au contraire d’un Claude Autant-Lara, Delannoy n’avait gardé aucune acrimonie contre ces jeunes contestataires, il confiait encore il y a peu à Hubert Niogret dans le documentaire « Mémoires du cinéma français » – sorti en DVD en janvier dernier – trouver cette attitude tout à fait naturelle d’ « essayer de foutre en l’air ce qui viennent avant eux ». Avec le recul, on peut le trouver un peu injuste les jeunes hussards de la « Nouvelle vague », mais il est vrai qu’il est au service des grandes stars françaises de Pierre Fresnay dans l’édifiant « Dieu a besoin des hommes », « La route Napoléon » sur le petit monde déjà redoutable de la publicité, Madeleine Robinson et Franck Villard « Le garçon sauvage »  narrant les déboires d’un enfant malheureux –, Zizi Jeanmaire qui semble vouloir reprendre l’emploi d’Arletty dans « Guiguette » signé par Jeanson. Il entame aussi une fructueuse collaboration avec Jean Gabin : « …Ainsi, je pense être un des rares qui n’ait jamais confié à Jean Gabin deux fois le même genre de rôle ». On le retrouve ainsi dans le mélodramatique « La minute de vérité » en couple avec Michèle Morgan, « Chien perdu sans collier » – raillé par Truffaut -, où il est un juge – son jeu y est d’une grande sobriété –compréhensif envers l’enfance délinquante, avec l’une des meilleures adaptations des  « Maigret » à l’écran « Maigret tend un piège »» et dans décevant « Baron de l’écluse » où il est un baron désargenté.. Il participe à quelques films à sketches alors en vogue. A l’aise dans les reconstitutions historiques, il signe également une trop sage adaptation de « Notre Dame de Paris », d’après Victor Hugo, avec pléthore de grands comédiens, mais son « Marie Antoinette » est très honorable offrant un de ses meilleurs rôles à l’inégale Michèle Morgan. « La princesse de Clèves » adaptation par Cocteau de Mme de Lafayette , malgré le charme de Marina Vlady, déçoit également malgré sa beauté formelle. Il participe même à une co-production avec l’Italie avec son évocation des amours de Pauline Bonaparte campée par Gina Lollobrigida. Les années 60-70 deviennent très impersonnelles pour lui, avec « Le rendez-vous » polar landa sauvé par une belle distribution – dont George Sanders -« Le majordome » où Paul Meurisse reprend un peu son personnage du Monocle, en truand très féru de droit et majordome d’un juge usé – Noël Roquevert -, et deux comédies policières « La peau de Torpédo » et « Pas folle la guêpe » d’après James Hadley Chase. On sauvera « Les amitiés particulières », adaptation du roman de Roger Peyrefitte, dans un collège de jésuites dans les années 20, avec un Michel Bouquet formidable en abbé souffrant de son attirance pour les jeunes hommes. Il reviendra au cinéma en 1987, pour une trilogie hagiographique sur laquelle il est charitable de ne pas trop d’étendre « La passion de Bernadette » (1989) ne sorti jamais en salles et est parfois diffusé dans les chaînes câblées. Un excellent ouvrage de Claude Beylie était édité aux éditions Dujarric en 1987 – dans une belle collection très riche et qui rendait également hommage à Pierre Chenal et Jean Dréville, ouvrage hélas épuisé. Annonce également de la mort du grand créateur d’effets spéciaux, Stan Winston, mais je suis désolé de ne plus pouvoir suivre, car ce blog est de plus en plus R.I.P.olinisé, ce qui devient un tantinet lassant…

(1) « Confessions – Un siècle de cinéma français par ce qui l’ont fait » par Éric Leguèbe (Ifranc éditions, 1995).

Filmographie : Comme réalisateur : 1932  Franches lippées (CM, + montage) – 1933  Paris-Deauville (+ montage) – 1934  L’école des détectives (CM, + montage) – 1932  La moule (CM, + montage) – Une vocation irrésistible (CM) – 1937  Tamara la complaisante (co-réalisation avec Félix Gandera) – Ne tuez pas Dolly (CM, + régie) – 1938  Le paradis de Satan (co-réalisation avec Félix Gandera) – La Vénus de l’or (co-réalisation avec Charles Méré) – 1939  Macao, l’enfer du jeu – Le monde en action (documentaire inachevé) – 1940  Diamant noir (+ montage) – 1941  Fièvres (+ montage) – 1942  L’assassin a peur la nuit – Pontcarral, colonel d’Empire – 1943  L’éternel retour – 1944  Le bossu – 1945  La part de l’ombre (+ montage) – 1946  La symphonie pastorale – 1947  Les jeux sont faits – 1948  Aux yeux du souvenir – Le secret de Mayerling – 1950  Dieu a besoin des hommes – . 1951  Le garçon sauvage – 1952  Destinées, [sketch « Jeanne »] – La minute de vérité – 1953  La route Napoléon – Secrets d’alcôve, [sketch  » Le lit de la Pompadour »] – 1954  Obsession – 1955  Chiens perdus sans collier – Marie-Antoinette, reine de France – 1956  Notre-Dame de Paris – 1957  Maigret tend un piège – 1958  Guinguette – 1959  Le baron de l’écluse – Maigret et l’affaire Saint-Fiacre – 1960  La Française et l’amour, [sketch « L’adolescence »] – La princesse de Clèves – 1961  Le rendez-vous – 1962  Vénus Impériale – 1964  Les amitiés particulières – Le majordome – 1965  Le lit à deux places, [sketchs « Le berceau » & « La répétition »] – Les sultans – 1966 Le soleil des voyous – 1969  La peau de Torpédo – 1972  Pas folle la guêpe – 1976  Le jeune homme et le lion (TV) – 1978  Histoire du chevalier Des Grieux et Manon Lescaut (TV) – 1979  Les grandes conjurations : Le coup d’état du 2 décembre (TV) -1980  L’été indien – 1981  Frère Martin : La justice de Dieu & La justice du pape – 1983  Le crime de Pierre Lacaze (TV) – 1987  Tout est dans la fin (TV) – Bernadette – 1989  La passion de Bernadette – 1990  Le Gorille : Le Gorille compte ses abattis (TV) – 1994  Marie de Nazareth – Comme acteur : 1926  Casanova (Alexandre Volkoff) – 1927  Miss Helyett (Georges Monca & Maurice Kéboul) – 1928  La grande passion (André Hugon) – 1933  Casanova / Les amours de Casanova  (René Barbéris). Montage seulement : 1932  La belle marinière (Harry Lachmann) – Le fils improvisé (René Guissart) – Une étoile disparaît (Robert Villers) – 1933  Le père prématuré (René Guissart) – Mon chapeau (Jaquelux, CM) – 1934  Le roi des Champs-Elysées (Max Nosseck) – 1935  Michel Strogoff (Jacques de Baroncelli & Richard Eichberg) – Tovaritch (Jacques Deval, Jean Tarride, Germain Fried & Victor Trivas) – 1936  Nitchevo (Jacques de Baroncelli). Asssistant-réalisateur : Club de femmes (Jacques Deval) – 1937  Feu ! (Jacques de Baroncelli).


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Fragments d’un dictionnaire amoureux : Cyd Charisse

 Cyd Charisse dans « Les sept cités d’Atlantis »

Annonce de la mort de Cyd Charisse, à l’âge de 86 ans. Peu de stars internationales ont eu sa beauté sculpturale et son charme. On est surpris de la grande sévérité de Bertrand Tavernier et Jean-Pierre Coursodon dans « 30 ans de cinéma américain » « Elle n’a dansé qu’un seul été, celui de la comédie musicale new-look qui fut bien bref. Un travelling latéral qui suivait une glissade de Gene Kelly, fit soudain entrer dans le champ sa jambe tendue et les coeurs se mirent à battre tandis que la caméra remontait lentement le long d’un des plus beaux corps jamais vus sur l’écran. C’était « Singin’ in the Rain » où, fort heureusement pour nos illusions elle ne faisait que danser. Par la suite, il fallut déchanter : elle ne chantait pas et jouait médiocrement, se contentant de promener un visage glacial, pâle contretype de celui d’Ava Gardner ».  Tula Ellice Amarillo dite « Sid », née au Texas. Un médecin conseille à cette fillette fluette de santé fragile de faire de la danse classique. Ses parents bijoutiers l’y encouragent, elle révèle dans cette activité une grande aisance. Elle épousera l’un de ses professeurs Nico Charisse. Elle débute sous le nom de Lily Norwood en 1943. Le producteur Arthur Freed, enthousiaste de ses performances sur le tournage de « Ziegfeld Follies », lui signe un contrat de 17 ans. Son apparition dans « Chantons sous la pluie » était à couper le souffle. Dans « Tous en scène », autre chef d’oeuvre du genre, on se régale de voir sa rivalité, en danseuse classique avec un danseur sur le retour joué par Fred Astaire. Dans « Brigadoon » – première comédie musicale en Cinémascope – dans les Highlands d’Écosse dont l’artifice est magnifié par Vincente Minelli, on comprend qu’un américain pragmatique veuille rester avec elle dans un monde imaginaire, n’apparaissant que tous les 100 ans. Elle est lumineuse dans le remake un peu terne de « Ninotchka », « La belle de Moscou » par Rouben Mamoulian, qu’elle illumine de sa grâce face à Fred Astaire. Elle prouvera son talent dramatique dans « Traquenard » (1960), film noir de Nicholas Ray, où elle est une danseuse voulant remettre sur « le droit chemin » un Robert Taylor qui campe un avocat au service de caïds de Chicaco. Elle participe en 1962 avec Dean Martin, au dernier tournage de Marilyn Monroe, avec un remake du film « Mon épouse favorite » réalisé par Garson Kanin, qui raconte les avatars d’un veuf qui s’est remarié et qui retrouve sa femme qu’il croyait décédée. Le film restera inachevé dans les circonstances que l’on connaît. Vincente Minnelli l’emploie à nouveau dans « Quinze jours ailleurs », portrait des vanités de la société du spectacle, où elle joue l’ex-femme d’un acteur star de Hollywood – Kirk Douglas -, qu’elle retrouve déchu sur un tournage à Rome. « Les septs cités d’Atlantis » – qui passe en ce moment sur la chaîne câblée Ciné FX – sera son dernier film. « On n’ose supposer que la présence de Cyd Charisse dans cette cité sous-marine soit un hommage à « Chantons sous la pluie », mais au point où on en est » déplora François Chevassu dans « La saison cinématographique 1979 ». Mais au final elle aura gardé son statut de mythe. Jean-Claude Missiaen lui avait consacré en 1979, un superbe livre « Cyd Charisse, du ballet classique à la comédie classique » – rareté désormais très recherchée – aux éditions Henri Veyrier.

Avec Gene Kelly dans « Chantons sous la pluie »

Filmographie : 1941  Rhumba serenade (CM) – Poème (CM) – I knew it would be this way (CM) – Did anyone call ? (CM) – 1942  Something to shout about (Gregory Ratoff) – This love of mine (CM) – Mission to Moscow (Michael Curtiz) – Magic of magniolas (CM) – 1943  Thousands cheer (Parade aux étoiles) (George Sidney) – 1944  Ziegfeld Follies (Id) [sketches : « Here’s to the ladies » (George Sidney) & « Beauty » (Vincente Minelli)] – 1945  The Harvey girls (Harvey Girls) (George Sidney) – 1946  Three wise fools (Edward Buzzell) – Till the clouds roll by (La pluie qui chante) (Richard Whorf) – 1947  Fiesta (Senorita Toréador) (Richard Thorpe) – The unfinished dance (La danse inachevée) (Henry Koster) – 1948  On an island with you (Dans une île avec vous) (Richard Thorpe) – Words and music (Ma vie est une chanson) (Norman Taurog) – The kissing bandit (Le brigand amoureux) (Norman Taurog) – 1949  Tension (John Berry) – East Side, West Side (Ville haute, ville basse) (Mervyn LeRoy) – 1951  Mark of renegade (Le signe des renégats / Le chevalier marqué) (Hugo Fregonese) – 1952  The wild North (Au pays de la peur) (Andrew Marton) – Sigin’ in the rain (Chantons sous la pluie) (Gene Kelly & Stanley Donen) – 1953  Sombrero (Id) (Norman Foster) – The band wagon (Tous en scène) (Vincente Minnelli) – Easy to love (Désir d’amour) (Charles Walters) – 1954  Deep in my heart (Au fond de mon coeur) (Stanley Donen) – Brigadoon (Id) (Vincente Minnelli) – 1955  Motion picture theatre celebration (CM)  – It’s always fair weather (Beau fixe sur New-York) (Stanley Donen & Gene Kelly) – 1956  Meet me in Las Vegas (Viva Las Vegas) (Roy Rowland) – 1957  Silk stockings (La belle de moscou) (Rouben Mamoulian) – 1958  Twilight for the gods (Crépuscule sur l’océan) (Joseph Pevney) – Party girl (Traquenard) (Nicholas Ray) – 1960  Les collants noirs / Un deux trois quatre (Terence Young) – 1961  Cinque ore in contanti / Five golden hours (Mario Zampi) – 1962  Something go to give (George Cukor, inachevé) – Two weeks in another town (Quinze jours) (Vincente Minnelli) – 1963  Assassinio  made  in  Italy / Il segreto del  vestito  rosso /  El segreto de Bill North  (Silvio Amadio) – 1966  The silencers (Matt Helm agent très spécial) (Phil Karlson) – Maroc 7 (Maroc, dossier N¨7) (Gerry O’Hara) – 1972  Film portrait (Jerome Hill, documentaire) – 1975  Won Ton Ton the dog  who saved Hollywood (Michael Winner) – 1978  Warlords of Atlantis (Les sept cités d’Atlantis) (Kevin Connor) – 1989  Visioni private (Antonio Bruschetta, Francesco Calogero & Donald Ranvaud) – 1994  That’s entertainment ! III (Bud Friedgen & Michael J. Sheridan) – Télévision (notamment) : 1979  The love boat (La croisière s’amuse) : Super Mom / I’ll see you again / April’s return – 1980  Professional date (Steven Hilliard Stern) – 1984  Sentimental journey (James Goldstone) –  (William Cosel) – Glitter (Gabrielle Beaumont) – Kim Friedman, Alan Rafkin & Robert Scheerer) – Sentimental journey – 2003  Satin and silk (Peter Fitzgerald, CM video) –  2008  Meutres à l’Empire State Building (William Karel, documentaire fiction). Nota : Elle est parfois créditée à tort dans la distribution de « The player » (Robert Altman, 1991).

Bibliographie : « Stars N°18 » (Hiver 93); « Quinlan’s film stars » (Batsford, 2000).

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Dino Risi

Annonce de la mort de Dino Risi, Cet étudiant en  médecine fit ses débuts comme créateurs chez « Les calligraphes » dans les années 40. Après la réalisation de films documentaires et de courts-métrages, il se lance dans la réalisation. En France, sa reconnaissance fut assez tardive, beaucoup de films sortirent ne sortirent pas par ordre chronologique. On continue d’ailleurs à le découvrir, certains films ne connurent une édition DVD que très récente comme « Il giovedi » ou « Il vedovo » – on retrouve un entretien très émouvant en français avec lui dans ce dernier, tourné en janvier 2008 – . Raymond Lefèvre le cernait à la perfection dans la revue Cinéma 74, N°190-191 : « …plus que l’amertume d’un « fanfaron » au style brillant, ou que par l’impertinence d’un film comme « La femme du prêtre », nous le connaissons surtout par la maîtrise qu’il a su apporter au film à sketches, ce genre si difficile. Depuis « Les monstres » jusqu’au récent « Sexe fou », il nous donne une étonnante galerie de portraits misant chaque fois sur une situation ou un gag qui transcende toute notion de bon ou de mauvais goût. C’est dire que ce jusqu’au-boutiste des bizarreries psychologique ou sexuelles ne fait pas toujours l’unanimité. Son humour ne connaît aucune retenue, les conventions de la bienséance sombrent dans les excès de la perversité cocasse. Et Dino Risi, avec le plus grand des sérieux et le plus ironique des sourires, affirme que toute normalité est une maladie. Avec un tel a priori, tout devient alors possible ». Il connaît une popularité avec « Pauvre mais beaux » mettant en scène deux jeunes romains désœuvrés séduit par la même femme. Il était l’un des meilleurs éléments de l’âge d’or de la comédie italienne, son sens de la farce lui permettant d’aller loin dans la dénonciation des institutions italiennes comme dans « Au nom du peuple italien », où il oppose un Vittorio Gassman au sommet de son art en industriel véreux face à Ugo Tognazzi qui personnifie un juge intègre. Il était volontiers vachard, il ne manque pas par d’exemple d’égratigner Michelangelo Antonioni dans « Le fanfaron ». Il n’a pas son pareil pour mettre en valeur les 4 mousquetaires de la comédie Vittorio Gassman, Nino Manfredi, Alberto Sordi et Ugo Tognazzi, en utilisant au maximum leurs aptitudes à la composition. Le film à sketch lui permet de portraiturer ces contemporains avec une rare acidité comme dans le chef d’œuvre du genre « Les monstres », festival Ugo Tognazzi et Vittorio Gassman à l’aise dans tous les registres.  Il a signé ainsi d’authentiques chefs d’oeuvres comme « Une vie difficile » – cliquez sur le lien -, une biographie caustique d’une Italie qui essaie de surmonter les difficultés tout en défiant les nantis, à l’instar d’un Alberto Sordi crachant sur des voitures de luxe un soir de grande cuite. Il donna même de grands rôles à des comédiens français comme Jean-Louis Trintignant en jeune timoré dans « Le fanfaron » – choisi parce que sa silhouette était la même qu’un figurant tournant dans un Rome désert, le film devant être joué par Jacques Perrin. Coluche trouve avec lui son meilleur rôle – mais il semble s’être désintéressé du film après une coupure suite à une maladie du comédien Beppe Grillo – dans « Le fou de guerre ». En chirurgien fou exerçant dans un désert Lybie en 1940, il montre sa vulnérabilité derrière une fascination morbide pour la guerre. Finalement plus on aime un cinéaste – et c’est ici mon cas – plus il me semble difficile de l’évoquer. A recommander chaudement le livre qui lui est consacré, « Dino Risi, maître de la comédie italienne »,  par Valerio Caprara (Gremese international, 1996), pour la version française. On retrouve son humour, il relate ses films avec une singulière franchise, comme avec les difficultés du tournage de « Rapt à l’italienne » avec un Oliver Reed en constant état d’ébriété. Dino Risi était un des seigneurs du cinéma mondial. on y retrouve aussi des « mini maximes », comme « Je suis un raté réussi » ou « C’est après la mort qu’on saura si on valait quelque chose ».

 

 

 

 

Filmographie : 1946  I bersaglieri della Signora (CM) – Barboni (CM) – Verso la vita (CM) – 1947  Pesctorella (CM) – Strade di Napoli (CM) – Tigullio minore (CM) – Cortili (CM) – 1948  Costumi e bellezze d’Italia (CM) – Cuore rivelatore (CM) – La fabbrica del Duomo (CM) – Segantini – Il pittore della montagna (CM) – 1848 (documentaire) – Il grido della città (documentaire) – 1949  La città dei traffici (CM) – Caccia in brughiera (CM) – La montagna di Luce (CM) – Vince il sistema (CM) – Terra Ladina (CM) – Il siero della verità (CM) – Sedita spiritica (CM) – 1950  L’isola bianca (CM) – Il grido della città (CM) – Buio in sala (CM) – Fuga in città (CM) – 1952  Vacanze col gangster – 1953  Viale della speranza (Le chemin de l’espérance) – Amore in città (L’amour à la ville) (sketch : [« Paradiso per 4 ore » / « Quatre heures de Paradis »] – 1955  Il segno di Vernere (Le signe de Vénus) – Pane, amore, e… (Pain, amour, ainsi soit-il) –  1956  Poveri ma belli (Pauvres mais beaux) – 1957  La nonna Sabella (L’imossible Isabelle) – Bella ma povere (Ma soeur et moi) – 1958  Venezia, la luna e tu (Venise, la lune et toi…) – 1959  Il vedovo (Titre DVD : Id – Le veuf) – Il mattatore (L’homme aux cents visages) – 1960  Un amore a Roma (L’inassouvie) – 1961  A porte chiuse – Una vita difficile (Une vie difficile) – 1962  La marcia su Roma (La marche sur Rome) – Il sorpasso (Le fantaron) – 1963  Il successo (co-réalisation, film commencé par Mauro Morassi) – I mostri (Les monstres) – Il giovedi (Titre DVD : Id) – 1964  Il gaucho – Le bambole (Les poupées), [sketch : « La telefonat »] – 1965  I complessi (Les complexés), [sketch « Una giornata decisiva »] – L’ombrellone (Play boy party) – 1966  I nostri mariti, sketch : « [Il marito di Attilia »] – Operazione San Gennaro (Opération San Gennaro) – 1967   Il tigre (L’homme à la Ferrari) – Il profeta – 1968  Straziami ma di baci saziami (Fais-moi mal mais couvre-moi de baisers) – 1969  Vedo nudo (Une poule, un train et quelques monstres) – Il giovane normale – 1970  La moglie del perte (La femme du prêtre) – 1971  Noi donne siamo fatte cosi (Moi, la femme) – In nome del popolo italiano (Au nom du peuple italien) – 1972  12 dicembre (co-réalisation, film collectif) – 1973  Mordi e fuggi (Rapt à l’Italienne) – Sessomato (Sexe fou) – 1974  Profumo di donne (Parfum de femme) – 1975  Telefoni bianchi (La carrière d’une femme de chambre) – 1976  Anima persa (Âmes perdues) – 1977  La stanza del vescovo (La chambre de l’évêque) – Il nuovi mostri (Les nouveaux monstres), [sketches : « Con i salut idegl iamici », « Tantum ergo », « Pornodiva », « Mammina Mammona » &  « Senza Parol »] – 1978  Primo amore (Dernier amour) – 1979  Caro papà (Cher papa) – 1980  Sono fotogenico (Je suis photogénique) – Les séducteurs / Sunday lovers / I seduttori della Domenica, [sketch : « Armando’s notebook » / « Rome »] – 1981  Fantasma d’amore (Fantôme d’amour) – 1982  Sesso e violentieri (Les derniers monstres) – 1983  …e la vita continua (Et la vie continue) (TV) – 1984  Le bon roi Dagobert  / Dagobert – Scemo di guerra (Le fou de guerre) – 1986   Il commissario lo Gatto (co-réalisation avec Claudio Risi) – Carla. Quattre storie di donne (TV) – 1988  Teresa – Il vizio di vivere (TV) – La ciocciara (TV) – 1989  Vita coi figli (TV) – Tolgo il disturbo (Valse d’amour) – 1991  Missione d’amore (La voie de l’amour) (TV) – 1996  Giovani e belli – Esercizi di stile, [sketch : « Myriam »] – 2002  Le ragazze di Miss Italia (TV). Comme scénariste ; 1951  Anna (Alberto Lattuada) – Totò e i re di Roma (Steno & Mario Monicelli) – 1952  Gli eroi della domenica (Les héros du dimanche) (Mario Camerini) – 1956  Montecarlo (Une histoire à Monte Carlo) (Samuel Taylor) –   1957  Anna di Brooklyn (Anna de Brooklyn) (Vittorio De Sica, Reginald Denham & Carlo Lastricatti) – 1992  Scent of a woman (Le temps d’un week-end) (Martin Brest, remake de « Parfum de femmes »). Comme assistant-réalisateur :  1941  Piccolo mondo antico (Le mariage de minuit) (Mario Soldati) – 1942  Giacomo l’idealista (Alberto Lattuada) – Divers : 1990  Il muro di gomma (Marco Risi, voix seulement).   

 

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Fragments d’un dictionnaire amoureux : Sydney Pollack

Annonce de la mort de Sydney Pollack, dans la nuit de lundi à mardi, à Los Angeles, des suites d’un cancer à l’âge de 73 ans. Sur ses méthodes de travail notamment pour le scénario et sur son parcours de réalisateur, l’analyse de référence reste celle de Jean-Pierre Coursodon et Bertrand Tavernier dans l’indispensable « 50 ans de cinéma américain ». Il débute au comme réalisateur au cinéma avec « Trente minutes de sursis » en 1965, avec Sydney Poitier en étudiant bénévole dans un centre d’aide aux désespérés, qui tente de sauver en ligne une suicidaire interprétée par Anne Bancroft. Il débute ensuite une collaboration fructueuse de films avec Robert Redford, de 7 films. Dans « Propriété interdite » (1966), il interprète un homme chargé de licencier des ouvriers d’une société de chemins de films, en pleine crise économique dans les années 30. Il tombera amoureux de la jeune Alva – Natalie Wood éblouissante -, la fille des propriétaires de l’hôtel où il réside. Il tourne ensuite avec Burt Lancaster dans « Chasseur de scalp » où il l’utilise en trappeur, et dans « Un château en enfer », où il campe un officier américain durant la seconde guerre mondiale investissant un château des Ardennes dans une ambiance presque fantastique. Il signe une belle adaptation du roman d’Horace Mc Coy avec « On achève bien les chevaux », montrant la tragique exploitation de la dépression aux Etats-Unis avec un marathon de danse, avec Michael Sarrazin et Jane Fonda. Dans « Jeremiah Johnson » (1972), préfiguration du récent « Into the wild » de Sean Penn, Redford, qui participe également au scénario, joue le rôle titre d’un homme vivant en 1850, choisissant de s’isoler en essayant de survivre dans les hostiles Montagnes Rocheuses. C’est un film d’une grande beauté formelle et une belle réflexion sur un citadin voulant fuir la barbarie des hommes, se retrouvant face à une nature tout aussi rude. « Nos plus belles années » est l’adaptation d’un roman à succès d’Arthur Laurents, mettant en scène la romance de Redford et Barbara Streisand, et racontant leur couple de 1937 à 1950, mais « La chasse aux sorcières » anti-communiste à Hollywood est aussi évoquée. « Les trois jours du Condor », toujours avec Redford, est une formidable réussite, un thriller et une ode au « quatrième pouvoir » qu’est le journalisme, avec un formidable Max Von Sydow. Il offre l’un des derniers grands rôles de Robert Mitchum dans « Yakuza », en enquêteur nippophile. Al Pacino est formidable dans « Bobby Deerfield », mélodrame trop sous-estimé en pilote automobile tombant amoureux d’une leucémique jouée par Marthe Keller. Paul Newman est également formidable dans « Absence de malice », en fils de truand injustement soupçonné et « Tootsie » malgré une improbable composition de Dustin Hoffman reste un film qui a beaucoup de charme. Si certaines de ses oeuvres déçoivent – « Le cavalier électrique », « Sabrina » – pâle remake du film de Billy Wilder, « La firme » -, avec la mort de Sydney Pollack, c’est tout un âge d’or du cinéma américain qui part avec lui. Une œuvre foisonnante et lyrique, souvent d’un romanesque flamboyant – « Out of Africa », « Havana » – ce dernier étant à réévaluer -. Sur « L’interprète » voir l’humeur du moment ici. Mais il n’omet pas de donner un constat social des Etats-Unis – il avait abandonné en raison de sa maladie, la réalisation du téléfilm « Recount » sur la polémique en 2002, du recomtage de voix en Floride à l’éléction présidentielle américaine -, ou en faisant un documentaire plus intimiste sur l’architecte Frank Gehry. Il était excellent comme acteur également, dans « Maris et femmes » de Woody Allen, où marié à Judy Davis il annonce son intention de divorcer à un couple d’amis campé par Allen lui-même et Mia Farrow, cette annonce changera la donne pour les deux couples. Il remplace Harvey Keitel comme acteur sur le tournage de « Eyes wide shut », où il excelle dans un rôle particulièrement ambigu. Un tournage difficile avec ce perfectionniste de Kubrick, Pollack raconte dans le documentaire « A life in picture », avoir passé trois semaines dans une salle de billard pour une seule scène. On l’avait revu l’an dernier en dirigeant d’un grand cabinet d’avocats dans »Michael Clayton ». Michèle Leon a signé un excellent livre à son sujet « Sydney Pollack » (Éditions Pygmalion / Gérard Watelet, 1991), où le réalisateur s’exprime sur ses films, comportant un témoignage du très discret Robert Redford sur leur amitié commune. Annonce également de la mort de Christine Fersen qui était la doyenne de la Comédie Française.

Filmographie : Comme réalisateur : 1961  Cain’s Hundred : King of the mountain (TV) – 1962  The Alfred Hitchcock hour : The black curtain (TV) – 1962/1963  Ben Casey (10 épisodes) – 1963  The Alfred Hitchcock hour : Diagnosis danger (TV) – The fugitive : Man on a String (TV) – The defenders : kill or be killed (TV) – 1964  Slattery’s people : What became ot the white tortilla ? (TV) – 1965  The slender thread (Trente minutes de sursis) – 1966  This propriety is condemned (Propriété interdite) – 1967  The scalphunter (Les chasseurs de scalps) – The swimmer (Frank Perry) [réalisation d’une scène avec Janice Rule] –  1968  Castle keep (Un château en enfer) – 1969  They shoot horses don’t they ? (On achève bien les chevaux) – 1972  Jeremiah Johnson (Id) – The way we were (Nos plus belles années) – 1974  The Yakuza (Yakuza) (+ production) – 1975  Three days of the condor (Les trois jours du condor) – 1976  Bobby Deerfield (Id) (+ production) – 1978  The electric horseman (Le cavalier électrique) – 1981  Absence of malice (Absence de malice) (+ production) – 1982  Tootsie (Id) (+ production) – 1985  Out of Africa (Out of Africa, souvenirs d’Afrique) – 1990  Havana (Id) (+ production) – 1993  The firm (La firme) (+ production) – 1995  Sabrina (Id) (+ production) – 1999  Random hearts  (L’ombre d’un soupçon) (+ production) – 2000/2005  Sketches of Frank Gehry (Esquisses de Frank Gehry) (documentaire, + directeur de la photographie) – 2004  The interpreter (L’interprète) (+ producteur exécutif) – Comme acteur : (notamment) 1959  Playhouse 90 : From whom the bells tolls (John Frankenheimer, TV) – Brenner : Family man (TV) – 1960  Alfred Hitchcock presents (Alfred Hitchcock présente) : The countest for Aaron Gold ((Norman LLoyd, TV) – The twillight zone : The trouble with Templeton (Buzz Kulik, TV) – 1962  War hunt (La guerre est aussi une chasse) (Denis Sanders) – 1969  The moviemakers (Jay Anson, CM documentaire) – 1972  The saga of Jeremiah Johnson (Elliot Geisinger, CM documentaire) – 1978  The electric horseman (Le cavalier électrique) (+ réalisation) – 1982  Tootsie (Id) (+ réalisation) – 1991  The player (Id) (Robert Altman) – 1992  Husbands and wives (Maris et femmes) (Woody Allen) – Death becomes her (La mort vous va si bien) (Robert Zemeckis) – 1997  A civil action (Préjudice) (Steven Zaillian) – 1998  Eyes wide shut (Id) (Stanley Kubrick) – 1999  Random hearts (L’ombre d’un soupçon) (+ réalisation) – 2000 Lost Angeles (Eckhart Schnidt, documentaire) – Stanley Kubrick : A life in pictures (Stanley Kubrick, une vie en images) (Jan Harlan, documentaire) – The majestic (Id) (Frank Darbont, voix seulement) – 2001 Changing lanes (Dérapages incontrôlés) (Roger Michell) – 2002  Charlie : The life and art of Charles Chaplin (Richard Schickel, voix du récitant) – 2003  A decade under the influence (Une décennie sous influence) (Ted Demme  Richard LaGravenese, documentaire) – 2004  The last mogul : Life and times of Lew Wasserman (Barry Avrich, documentaire) – The interpreter (L’interprète) (+ réalisateur) – 2005  The needs of Kim Stanley (Dani Minnick, documentaire) – Cineastas contra magnates / Cineastes en accio (Carlos Benpar, documentaire) – Fauteuils d’Orchestre (Danièle Thompson) – 2006  Michael Clayton (Id) (Tony Gilroy) – Boffo ! Tinseltown’s bombs and blockbusters (Bill Couturié, documentaire) – 2007  The Sopranos : Stage 5 (Alan Taylor, TV) – Comme producteur ou producteur exécutif seulement : 1980  On the road again / Honeysuckle Rose (Show bus) (Jerry Schatzberg) – 1983  Songwriter (Alan Rudolph) – 1984  Sanford Meisner : The american theatre’s best kept secret (Nick Doob, documentaire) – 1987  Bright lights, big city (Les feux de la nuit) (James Bridges) – 1989  The fabulous Baker Boys (Susie et les Baker Boys) (Steve Kloves) – Presumed innocent (Présumé innocent) (Alan J. Pakula) – 1990  White palace (La fièvre d’aimer) (Luis Mandoki) – King Ralph (Ralph super king) (David S. Ward) – Dead again (Id) (Kenneth Branagh) – 1991  Leaving normal (Edward Zwick) – 1993  Searching for Bobby Fischer (À la recherche de Bobby Fischer) (Steven Zaillian) – Flesh and Bone (Id) (Steve Kloves) – 1994  Sense and sensibility (Raison et sentiments) (Ang Lee) – 1997  Sliding doors (Pile & face) (Peter Howitt) – 1999  The talented Mr. Ripley (Le talentueux Mr. Ripley) (Anthony Minghella) – Up at the villa (Il suffit d’une nuit) (Philip Haas) – 2000  Blow dry (Coup de peigne) (Paddy Breathnach) – Birthday girl (Nadia) (Jez Butterworth) – 2001  Iris (Richard Eyre) – 2002  The quiet american  (Un américain bien tranquille) (Phillip Noyce) – Heaven (Id) (Tom Tykwer) – Cold Mountain (Retour à Cod Mountain) (Anthony Minghella) –  2003  In the name of love (Shannon O’Rouke, documentaire) – 2004  Forty shades of Blue (Ira Sachs) – 2005  Breaking and entering (Par effraction) (Anthony Minghella) – 2006  Catch a fire (Au nom de la liberté) (Phillip Noyce) – Michael Clayton (Id) (Tony Gilroy) – 2007  Made of honor (Le témoin amoureux) (Paul Weiland) – Leatherheads (Jeux de dupes) (George Clooney) – The n° 1 ladies detective agency (Anthony Minghella) – 2008  Recount (Jay Roach, TV) – Margaret (Kenneth Lonergan) – The reader (Stephen Daltry) – Divers : 1961  The young savages (Le temps du châtiment) (John Frankenheimer, dialogues) – 1985  Nine 1/2 weeks (9 semaines 1/2) (Adrian Lyne, consultant technique).

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Fragments d’un dictionnaire amoureux : John Phillip Law

John Phillip Law dans une photo de studio pour la Columbia en 1971

Annonce de la mort de John Phillip Law, à l’âge de 70 ans des suites d’un cancer. Ce fils d’un shérif et de l’actrice, Phyllis Sallee, étudie auprès d’Elia Kazan au début des années 60, et très vite sa haute stature et sa blondeur sont utilisées au cinéma, il est un russe membre de l’équipage d’un sous-marin dans la comédie « Les russes arrivent… ». C’est grâce à l’Europe qu’il connaîtra une consécration dans des films de séries et adaptations de bande-dessinées. Il évite le ridicule par son charisme – ce qui n’est pas une mince performance – dès son apparition emplumée en  ange aveugle dans l’étonnant « Barbarella », devenu culte par nostalgie de par son décorum très « sixties ». Il est choisi par Vadim, sur les conseils de Jane Fonda, qui jouait sa cousine dans « Que vienne la nuit », en lutte contre le Klu Klux Klan. Il est aussi un tireur vengeur initié par Lee Van Cleef qui participa à l’assassinat de son père, dans un des meilleurs westerns européens dans « La mort était au rendez-vous ». Sa prestation assez expressionniste dans « Diabolik » pour Mario Bava, tiré d’une B.D. culte des soeurs Giussani, participe au résultat jouissif de l’ensemble. Il est idéal pour camper un gentleman cambrioleur, et le couple qu’il forme avec Marisa Mell fonctionne parfaitement, quand ils font tourner en « bourrique » un officier de police joué Michel Piccoli.  Il tourne en 1967 dans « Le Sergent » avec Rod Steiger et Ludmila Mikaël, sujet jugé plus sérieux, traitant de l’homosexualité à l’armée, mais Guy Allombert est sévère sur son jeu dans « La saison cinématographique 1969 » : « …John Phillip Law, fade, sans éclat, sans volonté ne soutient pas la comparaison [en comparaison du jeu de Rod Steiger qui joue Callan] et ne justifie jamais qu’un homme comme Callan l’ai remarqué ». Pour Roger Corman, il est un baron, pilote allemand obstiné de la première guerre mondiale dans « Le baron rouge » (1971). En 1973, en compagnie de la belle Caroline Munro, il est « Sinbad » dans « Le voyage fantastique de Sinbad », film qui bénéficie du grand talent de Ray Harryhaussen, maître des effets spéciaux. Jean-Marie Sabatier n’est pas tendre non plus dans la « Saison cinématographique 1976 » : « …John Phillip Law donne une interprétation bien pâle de l’intrépide capitaine Sinbad ». En 1975, il retrouvera un autre personnage adapté d’une B.D., « Docteur Justice », d’Ollivier et Marcello, réalisé par le vétéran Christian-Jaque, où il arrive à animer un film assez terne en médecin justicier spécialiste en arts-martiaux. Suivent dans les années 80, de nombreuses incursions dans des films de séries B., voire Z. Vient le temps des hommages – il est l’invité de « L’étrange festival » en 2003 -, Roman Coppola l’utilise comme citation du « Barbarella » de Vadim dans « C.Q ». Il figure même dans un court-métrage expérimental français – impossible d’en trouver le titre pour l’instant, si quelqu’un pouvait m’aider…-, variantes autour des scènes de voitures du « Diabolik », en hommage à Mario Bava. Il méritait vraiment mieux que certaines critiques acerbes à son sujet, ces films étant souvent cultes. A lire son portrait dans l’indispensable « Nanarland » .

avec Marisa Mell dans « Danger Diabolik », provenant de son site officiel

Filmographie : 1950  The magnificent yankee (John Sturges) – 1951  Show Boat (George Sidney) – 1961  Smog (Franco Rossi) – 1963  Alta infidelità (Haute infidélité) [Sketch : « Scandaloso »] (Franco Rossi) – 1964  Tre notti d’amore [sketch : « Fatebenefratelli »] (Luigi Comencini) – 1966  The Russians are coming, the Russians are coming (Les russes arrivent) (Norman Jewison) – Hurry Sundown (Que vienne la nuit) (Otto Preminger) – 1967  L’harem (Le harem) (Marco Ferreri) – Da uomo a uomo (La mort était au rendez-vous) (Giulio Petroni) – Barbarella (Roger Vadim) – Diabolik / Danger : Diabolik (Danger Diabolik) (Mario Bava) – 1968  Skidoo (Otto Preminger) – The sergeant (Le sergent) (John Flynn) – 1969  Certo, certissimo, anzi… probabile (Marcello Fondato) – 1970  The Hawaiians / Master of the island (Le maître des îles) (Tom Gries) – 1971  The last movie (Id) (Dennis Hopper) – Strogoff (Michel Strogoff) (Eriprando Visconti) – Von Richthofen and Brown / The Red Baron (La baron rouge) (Roger Corman) – The love machine (Id) (Jack Haley jr.) – 1973  Polvere di stelle (Titre TV : Poussière d’étoiles) (Alberto Sordi) – The golden voyage of Sinbab (Le voyage fantastique de Sinbab) (Gordon Hessler) – Open Season / Los Cazadores (Vidéo : La chasse sanglante) (Peter Collinson) – 1975  The spiral staircase (La nuit de la peur) (Peter Collinson) – Docteur Justice (Christian-Jaque) – 1976  Tigers don’t cry (Un risque à courir) (Peter Collinson) – The Cassandra crossing (Le pont de Cassandra) (George Pan Cosmatos) –Tu dios y mi infierno / Your God my hell (Rafael Romero Marchent) – 1977  L’occhio dietro la parete (Vidéo : Voyeur pervers) (Giuliano Petrelli) – 1978  Der schimmelreider (Aldred Weidenmann) – 1979  Un’ombra nell’ombra (Vidéo : Les vierges damnées) (Pier Carpi) – 1979  The Z men (Attack force Z) (Tim Burstall & Jing Ao Hsing) –  1981  Tarzan the ape man (Tarzan l’homme singe) (John Derek) – 1982  Tin man (John G. Thomas) – 1984  American commandos / Hitman (Le commando du triangle d’or) (Bobby A. Suarez) – L.A. Bad / Rainy day friends (Vidéo : Rémission pour un voyou) (Gary Kent) – 1985  Night train of terror (Vidéo : Train express pour l’enfer) (John Carr, Philip Marshak, Tom McGowan, Gregg C. Tallas & Jay Schlossberg-Cohen) – 1986  Moon in scorpio (Gary Graver) – Johann Strauss – Der könig ohne krone (Johann Strauss, le roi sans couronne) (Franz Antel) – 1987  Stricker (Enzo G. Castellari) – Colpo di stato (Fabrizio De Angelis) – Space mutiny (David Winters & Neal Sundstrom) – Blood Delirium / Delirio di sangue (Sergio Bergonzelli) – 1988  Thunder III (Fabrizio de Angelis) – A case of honor (Vidéo : American heroes 1) (Eddie Romero) – Nerds of a feather (Gary Graver) – 1989  Cold heat (Ulli Lommel) – Alienator (Fred Olen Ray) – 1990  The guest / L’ospite (Alberto Marras) – 1991  Il giorno del porco (Sergio Pacelli) – 1992  Marilyn alive and behind bars (John Carr) – Shining blood (Stash Klossowski) – 1993  Angel eyes (Gary Graver) – 1994  Brennendes herz (Peter Patzak) – 1996  Hindsight (John T. Bone) – 1998  Bad guys (Bryan Genesse) – Wanted (Harald Sicheritz) – 1999  Vic / Final act (Sage Stallone) – 2000  Citizens of perpretual indulgence (Alex Monty Canawati) – CQ (Id) (Roman Coppola) – 2002  Curse of the forty-niner (John Carl Buechler) –  2004  I tre volti del terrore (Sergio Stivaletti) – L’apocalisse delle scimmie (Romano Scavolini) – 2005  Chinaman’s chance (Aki Aleong) – 2006  Ray of sunshine (Norbert Meisel). Télévision (notamment) : 1977  Love boat – 1978  The devil’s bed (Helmut Pfandler) – 1979  The best place to be (David Miller) – 1984  La signora in giallo – Danger : Keine zeit zum sterben / No time to die (Vidéo : La forêt explosive) (Helmut Ashley) – 1985  Una grande storia d’amore (Duccio Tessari) – 1989  Quatro piccole donne (Gianfranco Albano) – 1990  Le Gorille : Le Gorille sans cravate (Peter Patzak) – 1994  Intrighi internazionali (Fernando Cicero) – 1996  My ghost dog / My magic dog (John Putch) – 1999  Working with dinosaurs (Louis Heaton, documentaire).   

Bibliographie : « Attori stranieri del nostro cinema » d’Enrico Lancia & Fabio Melelli (Gremese editore, 2006), « Quinlan’s film stars » de David Quinlan (Bastford, 2000).

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Hazel Court

Annonce de la mort d’Hazel Court à l’âge de 82 ans. Elle valait mieux que ce qu’en disaient Raymond Lefevre et Raymond Lacourbe dans « 30 ans du cinéma britannique » (Éditons cinéma 76) : « …Une beauté rousse qui n’a guère réussi  surmonter le handicap d’une récente spécialisation dans les films d’épouvante ». Cette anglaise, fille d’un joueur de cricket réputé, G.W. Court, débute au théâtre et fait sa première apparition à l’âge de 16 ans dans « Champagne Charlie ». Cette rousse flamboyante a un physique idéal pour personnifier les héroïnes victimes de monstre, elle rencontre une martienne dans « Devil girl from Mars », et devient Elizabeth dans « Frankenstein s’est échappé », renouvellement complet du genre pour la Hammer par un Terence Fisher très inspiré, elle a pour partenaire Peter Cushing et Christopher Lee. Elle retrouve ce metteur en scène dans « L’homme qui trompait la mort » – inédit en salles en France -, face à Anton Diffring en professeur fou découvrant le secret de jouvence. Elle connaît grâce aux succès de ces films, une consécration internationale qui lui vaut de participer à des adaptions de l’univers d’Edgar Allan Poe par Roger Corman. Elle est la partenaire de Ray Milland qui joue un médecin cataleptique dans « Emmuré vivant » (1962), celle de Vincent Price, Boris Karloff et Peter Lorre dans « Le corbeau » farce bien éloignée du poème original, et de Vincent Price toujours dans « Le masque de la mort rouge » Un certain âge d’or de ce cinéma terminé, elle devient une vedette invitée pour nombre de séries comme « Alfred Hitchcock présente », 4 épisodes dont un signé par le maître lui-même, « Arthur » (1959), petit bijou d’humour noir avec Laurence Harvey, irrésistible en éleveur de poulets industriels. On la retrouve aussi notamment dans, »Destination danger », « La quatrième dimension », « L’homme à la Rolls », « Les mystères de l’Ouest », « Mission impossible », « Mannix », etc… Elle épouse le comédien Don Taylor – en secondes noces après son mariage avec le comédien irlandais Dermot Walsh – en 1964, et décide de s’éloigner de l’écran pour s’occuper de ses enfants Jonathan et Courney, elle restera avec lui jusqu’à sa mort en 1998. Elle se consacre alors à la peinture et à la sculpture. Elle se retire définitivement au début des années 80, après une apparition dans « La malédiction finale ». Elle fut une des plus célèbre « scream queen » de l’histoire du cinéma fantastique, souvent célébrée par les fans du genre. A lire son portrait par Benoît Chénier, sur le site « Astronef magazine ».

Filmographie : 1944  Champagne Charlie (Alberto Cavalcanti) – Dreaming (John Baxter) – 1946  Gaiety George (Titre USA : Showtime) (George King & Léontine Sagan) – Carnival (Stanley Haynes) – Hungry Hill (Brian Desmond Hurst) – 1947  Meet me at dawn / The Gay Duellist (Thornton Freeland & Peter Creswell) – Root of All Evil (Brock Williams) Dear Murderer (Mon cher assassin) (Arthur Crabtree) – Holiday camp (Ken Annakin) – 1948  My sister and I (Harold Huth) – Bond Street (Gordon Parry) – Forbidden (George King) – 1952  Ghost Ship (Vernon Sewell) – 1953  Counterspy (Titre USA : Undercover Agent) (Vernon Sewell) – 1954   Devil girl from Mars (La martienne diabolique) (David MacDonald) – Scarlet Web (Charles Saunders) – Tale of Three Women (sketch « Wedding Gift’ story ») (Thelma Connell & Paul Dickson) – Present for a bride Edward J. Danziger) – 1956  The narrowing circle (Charles Saunders) – Behind the Headlines (Charles Saunders) – The curse of Frankenstein (Frankenstein s’est échappé) (Terence Fisher) – 1957  Hour of decision (C.M. Pennington-Richards) – 1958  A woman of mystery (Ernest Morris) – 1959  Model for murder (Terry Bishop) – Breakout (Peter Graham Scott) – The man who could cheat death (L’ homme qui trompait la mort / L’homme qui faisait des miracles) (Terence Fisher) – The Shakedown (Chantage à Soho) (John Lemont) – 1961  Doctor Blood’s Coffin (Belgique : Le cadavre qui tue) (Sidney J. Furie) – Mary had a little… (Edward Buzzell) – 1962  Premature burial (L’enterré vivant) (Roger Corman)1963  The raven (Le corbeau d’Edgar Poe) (Roger Corman) – 1964  The masque of the red death (Le masque de la mort rouge) (Roger Corman) – 1981  The Final Conflict (La malédiction finale) (Graham Baker) – 1997  Flesh and blood (Ted Newsom, documentaire) – 2000  I used to be in pictures (Peter Turner, documentaire).

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Jacques Morel

ROCHE/TF1/SIPA ¦ Jacques Morel sur le tournage de la serie «Julien Fontanes».

Annonce de la mort de Jacques Morel, dans la nuit de mercredi à jeudi. Sur le parcours étonnant de Jacques Morel, je vous renvoie vers l’indispensable livre de Jacques Lorcey « Tout Guitry ». Il cite les anecdotes multiples de son livre « Regards en coulisses » (Guy Authier, 1978), évidemment épuisé, et évoque longuement cet artiste complet. De son vrai nom Jacques Houstraete, il est prédestiné à travailler dans les métiers du carburant comme sa famille. Il rencontre Jane Sourza, puis Raymond Souplex. Il se lance dès 1941, dans l’animation de cabarets, avec bien évidemment quelques zones d’ombre, comme quelques interventions à la radio dans « Radio-Paris », qui lui vaut quelques déboires face aux comités d’épurations à la Libération. Sa voix aussi, est souvent utilisée – selon lui il participe à plusieurs milliers d’émissions radio, tel le culte « Maîtres du mystère ». Il sera plus tard Obélix formant un contraste amusant avec Roger Carel dans les premiers dessins animés adaptés de l’œuvre de René Goscinny et Albert Uderzo, il sera aussi « le bon gros toutou », dans le dessin animé « La maison de toutou », à la télévision. Il alterne les films passant de grands metteurs en scène – Marcel Pagnol, Jean Renoir, Sacha Guitry – dont il témoigne longuement dans le livre de Lorcey -. Il confère une humanité remarquable au Louis XVI dans l’académique « Marie-Antoinette » de Jean Delannoy, il est sans doute l’un des comédiens à l’avoir le mieux incarné avec Jean-François Balmer dans – « La Révolution française » -. On le voit parfois dans des rôles patelins, veules – son personnage de Castel-Vagnac dans « Topaze » face à Fernandel -, ou au contraire bonhomme, confiant, voire mari trompé.  La télévision l’utilise souvent depuis « Joueurs », d’après Nicolas Gogol, filmé en 35mn en 1950 avec un certain Louis de Funès.  Il est un rédacteur en chef, chapeautant Jean Amadou et Daniel Cauchy dans « De nos envoyés spéciaux » (1965-1966), l’ami d’une veuve d’un commissaire de police – Danielle Darrieux – s’improvisant enquêtrice dans le plaisant – sans-plus  -, « Miss » (1980), réalisé par Roger Pigaut, jusqu’aux mésaventures d’un studio télé dans le très bâclé « Studio Folies », avec Patrice Laffont en vedette, mais que sauve Ticky Holgado en cafetier toulousain. On le retrouve en 1974, dans une tonalité inhabituelle pour lui dans « Maigret et la grande perche » de Claude Barma, en fils soumis de Madeleine Renaud. Particulièrement peu coopératif avec le commissaire Maigret joué par Jean Richard, sa femme ayant disparu, il excelle dans la complexité. On peut déplorer, que cette facette de son talent ne fut pas assez exploitée. Mais c’est avec « Julien Fontanes, magistrat »» qu’il retrouve enfin un rôle à sa mesure. La série évoquée en détails dans le livre de Jacques Baudou et Jean-Jacques Schleret « Meutres en série », a la bonne idée de s’inspirer des « Juges noirs », de la Direction des Affaires Criminelles, inconnus du public et qui représentent le dernier espoir des condamnés« . Cette série, très bien écrite par Jean Cosmos, se terminera en 1989, suite à la privatisation de TF1  en 1987, au profit de « Tribunal » !. Jacques Morel est remarquable, le livre citant un numéro de Télé 7 jours de 1984 : « Jacques Morel qui possédait un potentiel dramatique et une force intérieure qui méritaient d’être exploités et c’est tout naturellement, en fonction de sa personnalité que se sont précisé les contours et le comportement de Julien Fontanes ». La série parlant des problèmes de son époque, bénéficiant d’une distribution exceptionnelle – André Falcon, Jean-Claude Calon, Antoinette Moya, etc…- Son parcours reste étonnant, et il est très dommage comme le disait Jacques Lorcey dans son livre, qu’on l’ait oublié dans bien des dictionnaires de cinéma.

Dans « Les suspects »

 

Filmographie : 1945  Seul dans la nuit (Christian Stengel) – 1948  Toute la famille était là (Jean de Marguenat) – Entre onze heures et minuit (Henri Decoin) – Bonjour le monde (Jean-Jacques Mehu, CM) – 1949  Voyage à trois (Jean-Paul Paulin) – Au p’tit zouave (Gilles Grangier) – 1950  La dame de chez Maxim’s (Marcel Aboulker) – L’homme de joie (Gilles Grangier) – Topaze (Marcel Pagnol) – Au fil des ondes (Pierre Gautherin) – 1951  Victor (Claude Heynemann) – Le dindon (Claude Barma) – 1952  Nous sommes tous des assassins (André Cayatte) – Une fille dans le soleil (Maurice Cam) – Un trésor de femme (Jean Stelli) – Les amours finissent à l’aube (Henri Calef) – Rue de l’Estrapade (Jacques Becker) – 1953  Une nuit à Megève (Raoul André) – Mandat d’amener (Pierre-Louis) – Si Versailles m’était conté (Sacha Guitry) – Les hommes ne pensent qu’à ca… (Yves Robert)  – 1954  Après vous, duchesse (Robert de Nesle) – Escalier de service (Carlo Rim) – 1955   Les grandes manoeuvres (René Clair) – La môme Pigalle (Alfred Rode) – Si Paris nous était conté (Sacha Guitry) – Marie-Antoinette (Jean Delannoy) – Elena et les hommes (Jean Renoir) – 1956  L’homme aux clés d’or (Léo Joannon) – Folies-Bergère (Henri Decoin) – Le septième commandement (Raymond Bernard) – Les suspects (Jean Dréville) – 1957  Un certain monsieur Jo (René Jolivet) – Clara et les méchants (Raoul André) – Sacrée jeunesse (André Berthomieu) – La vie à deux (Clément Duhour) – Madame et son auto (Robert Vernay) – Drôles de phénomènes (Robert Vernay) – 1959  Maigret et l’affaire Saint-Fiacre (Jean Delannoy) – À rebrousse-poil (Pierre Armand) – 1960  Le panier à crabes (Joseph Lisbona) – L’imprevisto (L’imprévu) (Alberto Lattuada) – 1961  Rencontres (Philippe Agostini) – 1964  Les mordus de Paris (Pierre Armand) – Le gentleman de Cocody (Christian-Jaque) – La corde au cou (Joseph Lisbona) – 1965  Pleins feux sur Stanislas (Jean-Charles Dudrumet) – Un milliard dans un billard (Nicolas Gessner) – 1969  L’auvergnat et l’autobus (Guy Lefranc) – 1976  L’excercice du pouvoir (Philippe Galland) – 1977  Ça fait Tilt (André Hunebelle) – 1978  L’amour en question (André Cayatte). Nota : IMDB seul le crédite dans « L’aventure est au coin de la rue » (Jacques Daniel-Norman, tourné en 1943) dans le rôle de « L’homme mystérieuse » (sic) et sous le pseudonyme de Jacques Murel, gourrance, gourrance ? Voxographie : 1950  La poison (Sacha Guitry) – 1967  Astérix le Gaulois (René Goscinny, Albert Uderzo & Raymond Leblanc, animation) – Deux romains en Gaule (Pierre Tchernia, animation, TV) – La maison de Toutou (Georges Croses, animation, série TV) – 1968  Astérix et Cléopâtre (René Goscinny, Lee Payant & Albert Uderzo, animation) – 1976  Les douze travaux d’Astérix (René Goscinny, Albert Uderzo & Pierre Watrin, animation) – 1977  La ballade des Dalton (René Goscinny, Morris, Henri Gruel & Pierre Watrin, animation).

 

 Dans « Julien Fontanes »

 

 

Télévision : (notamment) : 1950  Les joueurs (Claude Barma) – 1958  Le roman en neuf lettres (Marcel Cravenne) – 1962  La caméra explore le temps : L’affaire du collier de la reine (Guy Lessertisseur) – Système deux (Marcel Cravenne) – 1965  De nos envoyés très spéciaux (Jan Herman, Marc Monnet, Jean-Marie Coldefy, Claude Dagues & Jean-Patrick Lebel, saison 1) – Quelle famille ! (Roger Pradines) – 1966  De nos envoyés très spéciaux (Louis Grospierre, Jean-Patrick Lebel, Maurice Régamey & Pierre Cosson, saison 2) – Plainte contre X (Philippe Ducrest) – Au théâtre ce soir : Le père de Mademoiselle (Georges Folgoas) – Au théâtre ce soir : J’y suis, j’y reste (Pierre Sabbagh) – Edmée (Jean-Marie Coldefy) – 1967  Au théâtre ce soir : Les vignes du seigneur (Pierre Sabbagh) – 1968  Au théâtre ce soir : Mademoiselle (Pierre Sabbagh) – Au théâtre ce soir : Le système deux (Si j’étais moi) (Pierre Sabbagh) – 1969  Au théâtre ce soir : Le mari ne compte pas (Pierre Sabbagh) – 1972  Au théâtre ce soir : La reine blanche (Georges Folgoas) – 1973  La duchesse d’Avila (Philippe Ducrest) – 1974  Les enquêtes du commissaire Maigret : Maigret et la grande perche (Claude Barma) – Au théâtre ce soir : L’or et la paille (Georges Folgoas) – Au théâtre ce soir : Hélène ou la joie de vivre (Georges Folgoas) – 1975  Au théâtre ce soir : La mandragore (Pierre Sabbagh) – 1976 Le comédien (Jeannette Hubert, captation) – Au théâtre ce soir : La frousse (Pierre Sabbagh) – 1978  Preuves à l’appui : Les loups du bois (Jean Laviron) – Jean-Christophe (François Villiers) – Les bijoux de Carine (Philippe Ducrest) – 1979  La belle vie (Lazare Iglèsis) – Au théâtre ce soir : Le troisième témoin (Pierre Sabbagh) – 1980  Miss (Roger Pigaut, six épisodes) – Les dossiers éclatés : Le querellé ou la nécessité d’être comme tout le monde (Alain Boudet)  -Cabrioles (Yves-André Hubert, captation) – Julien Fontanes, magistrat : Un cou de taureau (Guy-André Lefranc) – Julien Fontanes, magistrat : Une femme résolue (Bernard Toublanc-Michel) – Julien Fontanes, magistrat : Par la bande (François Dupont-Midy) – Julien Fontanes, magistrat : Les mauvais chiens (Guy-André Lefranc) – 1981  Julien Fontanes, magistrat : Le soulier d’or (François Dupont-Midy) – Les bons bourgeois (Pierre Desfons, captation) – Tovaritch (Jeannette Hubert, captation) – La vie des autres : Pomme à l’eau (Emmanuel Fonlladosa) Julien Fontanes, magistrat : Un si joli petit nuage (Jean Pignol) – Julien Fontanes, magistrat : La dernière haie (François Dupont-Midy) – Julien Fontanes, magisrat : La 10ème plaie d’Égypte (Patrick Jamain) – 1982  Julien Fontanes, magistrat :  Une fine lame (François Dupont-Midy) – Julien Fontanes, magistrat : Cousin Michel (Guy-André Lefranc) – 1983  Mort d’un piéton (Pierre Billard) – Julien Fontanes, magistrat : Week-end au paradis (Guy-André Lefranc) – Julien Fontanes, magistrat : L’âge difficile (Serge Friedman) – Julien Fontanes, magistrat : Perpète (Jean-Pierre Decourt) – Julien Fontanes, magistrat : Un coup de bluff (Daniel Moosman) – 1984  Julien Fontanes, magistrat : La pêche au vif (Guy-André Lefranc) – Au théâtre ce soir : J’y suis, j’y reste ! (Pierre Sabbagh) – 1985  Châteauvallon (plusieurs réalisateurs) – Julien Fontanes, magistrat : Rien que la vérité (André Farwagi) – Julien Fontanes, magistrat : Mélanie sans adieu (Daniel Moosman) – 1986  Julien Fontanes, magistrat : Les nerfs en pelote (Jean-Pierre Decourt) – Julien Fontanes, magistrat : Jamais rien à Coudoeuvre (Roger Kahane) – Julien Fontanes, magistrat : Un dossier facile (Patty Villiers) – Julien Fontanes, magistrat : Retour de bâton (Guy-André Lefranc) – 1987  Julien Fontanes, magistrat : 10 petites bougies noires ( Christiane Spiero) – Julien Fontanes, magistrat : Le couteau sous la gorge (André Farwagi) – Studio folies (Yves Barbara, Pascal Goethals et Armand Wahnoun, 60 épisodes) – 1988  Julien Fontanes, magistrat : Le bête noire (Michel Berny) – 1989  Julien Fontanes, magistrat : Les portes s’ouvrent (Guy-André Lefranc).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Fragments d’un dictionnaire amoureux : Charlton Heston

 

img390/3809/heston1ln3.jpg Annonce de la mort de Charlton Heston, ce 5 avril, à l’âge de 83 ans. Jean-Pierre Coursodon et Bertrand Tavernier le définissaient avec justesse dans « 30 ans de cinéma américain » : « Dès qu’il apparaît sur l’écran, sa puissance balaie tout. Il concrétise à merveille la notion de force physique, voire de violence. Quand il se met en colère, chacun de ses gestes semble répondre  une crispation intérieure, à une insupportable tension morale ». Il débute, avec une silhouette assez frêle,  en 1941 dans « Peer Gynt », film du réalisateur David Bradley, qui ne connaîtra une sortie qu’en 1955 – 1965 ? selon d’autre sources – avec un nouveau montage, scènes additionnelles, sonorisation . Appelé sous les drapeaux, « il sert pendant trois ans, de 1943 à 1946, dans « Les îles Aléoutiennes », et il est opérateur radio sur un B-52 De l’USA Air Force » (1). En 1950, il signe un contrat pour 14 films à la Paramount, mais il a l’autorisation de tourner pour d’autres studios, une fois l’an. Il débute en vedette dans un polar de série B. « La main qui venge », en flambeur minable, écumant les tripots. Sa carrure, son côté « bigger than life », le prédisposent à jouer des personnages historiques, dans des films aux budgets conséquents. Pléthore de personnages mythiques composent sa filmographie. On le retrouve en trapéziste dans « Sous le plus grand chapiteau du monde », en Buffalo Bill dans « Le triomphe de Buffalo Bill » , etc… Il vise ensuite le grandiose, avec des superproductions, le cinéma voulant rivaliser avec la télévision en plein essort. Il retrouve Cecile B. DeMille dans le grandiose – et finalement assez indigeste – « Dix commandements » , avant de recevoir l’oscar du meilleur acteur pour « Ben Hur » en 1960. On le retrouve aussi dans « Le cid », film d’Anthony Mann, à revaloriser et dans « Les 55 jours de Pékin », une fresque assez flamboyante dans la Chine de 1900, peut-être un grand film malade selon une expression de François Truffaut. Il est étonnant dans « Le seigneur de la guerre », en chevalier normand du XIème siècle émérite, boutant l’envahisseur jusqu’à la mer. On le retrouve aussi en Michel-Ange, dans le romanesque « L’extase et l’agonie ». Il excelle dans le fantastique, à la fin des années 70, dans l’adaptation de l’œuvre de Pierre Boulle « La planète des singes », en explorateur de l’espace se retrouvant dans un monde dominé par des singes, une adaptation finalement assez probante de « Je suis une légende », après Vincent Price et avec Will Smith dans « Le survivant », où il a même des scènes d’amour avec Rosalind Cash, comédienne de la « Blaxploitation », ce qui était assez inhabituel pour l’époque. Il est remarquable face à Edward G. Robinson, dans « Soleil vert », film d’anticipation très réussi de Richard Fleischer. Il se lance dans la réalisation en 1972 avec une adaptation de la pièce de William Shakespeare « Antoine et Cléôpatre », puis en 1982, dans « La fièvre de l’or », où il joue un chercheur d’or dans une région sauvage du canada, dont Jacques Zimmer dans « La saison cinématographie 1983 », déplorait « une mise en scène appliquée et une direction d’acteurs relâchée font cohabiter malencontreusement lourdeur et frénésie… » A la télévision il signera en 1988, après Fred Zinnemann, une nouvelle adaptation de la pièce de Robert Bolt « Un homme pour l’éternité ». Le cinéma semble moins l’intéresser ses dernières années, mais il compose un Richelieu inattendu dans les deux adaptations des « Trois mousquetaires » de Richard Lester, et il ose l’autodérision comme dans « Wayne’s world 2 », où il fait un cameo étonnant, de « bon comédien », engagé pour figurer… un pompiste ! Comme le rappelaient Coursodon et Tavernier sur « Major Dundee », film hélas mutilé, dans lequel il compose un major sudiste : « Ce libéral a fait preuve d’une dignité de grand seigneur en offrant son salaire à Peckinpah pour qu’il tourne une scène ». Il d’ailleurs aidé Orson Welles à se remettre en selle, en lui confiant la réalisation de « La soif du mal, un chef d’œuvre où Heston accepte, grimé en mexicain de se laisser voler la vedette par Welles lui même en adipeux Hank Quinlan, policier corrompu. Il est vrai que l’homme est assez complexe et contradictoire dans ses engagements, passant du soutien à des oeuvres humanitaires à un conservatisme républicain, virant au réactionnaire – son engagement en 1987 à « Pro-life », association anti-avortement à la fin de sa vie -. Il participe aussi à la marche pour les droits du peuple noir en 1963, pour soutenir Martin Luther King. Mais ces dernières années, il était membre de la « National rifle association », entachant son image ces derniers temps. Il fera toujours l’apologie des armes en feu et on le retrouve visiblement très malade, défendant ses positions dans le polémique film de Michael Moore « Bowling for Colombine » en 2002. Mais curieusement, à le voir ainsi diminué, on finit par se surprendre à s’attendrir sur lui devant l’acharnement du réalisateur. On le retrouve d’ailleurs dans un clin d’œil ironique en singe belliqueux mourant, selon Antoine de Baeque dans son livre sur Tim Burton (Éditions des Cahiers du cinéma, 2007) : « …méconnaissable en vieux singe déliquescent mais très incisif en parrain réactionnaire de National Rifle Association », puisqu’il lance , lors de sa courte scène , « un revolver vaut bien mille javelots ». Il meurt près de sa femme, la comédienne, Lydia Clarke qu’il avait épousé en 1944. Il formèrent un couple durable, une longévité assez rare dans l’histoire du cinéma américain. La maladie d’Alzheimer (1) « Stars 18 » hiver 93.

img99/9954/heston2uf8.png Charlton Heston en 1963, lors de la marche pour les droits du peuple noir.

Filmographie : 1941  Peer Gynt (David Bradley) – 1949  Julius Caesar (David Bradley) – 1950  Dark city (La main qui venge) (William Diertele) – 1951  The greatest show of earth (Sous le plus grand chapiteau du monde) (Cecil B. DeMille) – 1952  The savage (Le fils de Géronimo) (George Marshall) – Ruby Gentry (La furie du désir) (King Vidor) – 1953  The President’s lady (Sa seule passion / Le sel de la terre) (Henry Levin) – Pony Express (Le triomphe de Buffalo Bill / Belgique : Les cavaliers du Pony Express) (Jerry Hopper) – Arrowhead (Le sorcier du Rio Grande) (Charles Marquis Warren) – Bad for each other (Belgique : Éternels ennemis) (Irwing Rapper) – The naked jungle (Quand la Marabouta gronde) (Byron Haskin) – 1954  The secret of the Incas (Le secret des incas) (Jerry Hooper) – The far horizons (Horizons lointains) (Rudoph Maté) – 1955  Lucy Gallant (Une femme extraordinaire) (Robert Parrish) – The private war of Major Benson (La guerre privée du Major Benson / La petite guerre du major Benson) (Jerry Hopper) – 1956  The ten commandments (Les dix commandements) (Cecil B. DeMille) – Three violent people (Terre sans pardon) (Rudoph Maté) – 1957  The big country (Les grands espaces) (William Wyler) – 1958  Touch of evil (La soif du mal) (Orson Welles) – The buccaneer (Les boucaniers) (Anthony Quinn) – 1959  Ben-Hur (Id) (William Wyler) – The wreck of the Mary Dare (Cargaison dangereuse) (Michael Anderson) – 1960  El Cid (Le Cid) (Anthony Mann) – 1961  The pigeon that took Rome (Le pigeon qui sauva Rome) (Melville Shavelson) – 1962  Diamond head (Le seigneur d’Hawaii) (Guy Green) – 1963  Fifty-five days at Pekin (Les 55 jours de Pékin) (Nicholas Ray) – The greatest story ever told (La plus grande histoire jamais contée) (George Stevens) – Major Dundee (Id) (Sam Peckinpah) – 1965  The agony and the ecstasy (L’extase et l’agonie) (Carol Reed) – The war lord (Le seigneur de la guerre) (Franklin J. Schaffner) – 1966  Khartoum (Id) (Basil Dearden) – 1967  Think twentieth (Richard Fleischer, CM) – Counterpoint (La symphonie des héros) (Ralph Nelson) – Will Penny (Will Penny le solitaire) (Tom Gries) – Planet of the apes (La planète des singes) (Franklin J. Schaffner) – 1968  Rowan & Martin at the movies (Jack Arnold, CM) – Number one (Tom Gries) – 1969  The festival game (Tony Kinger & Michael Lytton, documentaire) – Beneath the planet of the apes (Le secret de la planète des singes) (Ted Post) – Julius Caesar (Jules César) (Stuart Burge) – The Hawaiians (Le maître des iles) (Tom Gries) – The omega man (Le survivant) (Boris Sagal) – 1971  Antony and Cleopatra (Antoine et Cléopâtre) (+ réalisation et adaptation) – Skyjacked (Alerte à la bombe) (John Guillermin) – 1972  The special London bridge special (David Winters, CM) – Soylent green (Soleil vert) (Richard Fleischer) – The call of the wild (L’appel de la forêt) (Ken Annakin) – 1973  The three musketeers (Les trois mousquetaires) (Richard Lester) – The four mustketeers (On l’appelait Milady) (Richard Lester) – 1974  Airpont 75 (747 en péril) (Jack Smight) – Earthquake (Tremblement de terre) (Mark Robson) – 1975  Midway (La bataille de Midway) (Jack Smight) – The last hard men (La loi de la haine) (Victor V. McLaglen) –  1976  Two minute warning (Un tueur dans la foule) (Larry Pearce) – 1977  The prince and the pauper / Crossed swords (Vidéo : Le prince et le pauvre) (Richard Fleischer) – Gray Lady Down (Sauvez le Neptune) (David Hreene) – 1979  The mountain men (La fureur sauvage) (Richard Lang) – 1980 The awakening (La malédiction de la vallée des rois) (Mike Newell) –  1982  Mother Lode (La fièvre de l’or) (+ réalisation) – 1985  The fantasy film world of Georges Pal (Arnold Leibovit, documentaire) – 1986  Directed by William Wyler (Aviva Slesin, documentaire) – 1990  Solar crisis / Kuraishisu niju-goju nen / Starfire (Alan Smithee [Richard C. Sarafian]) – Almost an angel (Un ange ou presque) (John Cornell) – 1991  Symphony for the spire (Mike Mansfield, documentaire) – 1993  Genghis Kahn (Ken Annakin) –  Wayne’s world 2 (Id) (Stephen Surjik) – Tombstone (Id) (George Pan Cosmatos) – 1994  In the mouth of madness (L’antre de la folie) (John Carpenter) – True lies (True lies, le caméléon) (James Cameron) – A century of cinema (Caroline Thomas, documentaire) – 1995  Ben Johnson : Third cowboy on the right (Tom Thurman, documentaire) – 1996  Alaska (Fraser Clarke Heston) – Hamlet (Id) (Kenneth Branagh) – 1997  Off the menu : The last days of chasen’s (Shari Springer Berman & Robert Pulcini, documentaire) – 1998  Gideon’s webb (Gideon) (Claudia Hoover) – Forever Hollywood (Arnold Glassman & Todd McCarthy, documentaire) – 1999  An given sunday (L’enfer du dimanche) (Oliver Stone) 2000  Town & country (Potins mondains et amnésie partielle) (Peter Chelsom) – Planet of the apes (La planète des singes) (Tim Burton) – The order / Jihad warrior (Sheldon Lettich) – Last party 2000 (Last party 2000 – La démocratie américaine dans tous ses états) (Rebecca Chaiklin & Donovan Leitch, documentaire) – 2002   Bowling for Columbine (Id) (Michael Moore, documentaire) – Papà Rua Alguem 5555 (Egidio Eronico) – Télévision : (notamment) : 1949  Studio one : Smoke (Paul Nickell) – Studio one : The outward room (Paul Nickell) – Studio one : Battleship Bismark (Paul Nickell) –  Studio one : Of human bondage (Paul Nickell) – Studio one : Jane Eyre (Franklin J. Schaffner) – 1950  Studio one : The willow cabin (Paul Nickell) – The clock : The hypnotist (Fred Coe) – Studio one : The timing of the shrew (Paul Nickell) – Studio one : Wuthering Heights (Paul Nickell) – Studio one : Letter from Cairo (Lela Swift) – 1951  Studio one : Macbeth (Franklin J. Schaffner) – Studio one : A bolt of lightning (Paul Nickell) – 1952  Studio one : The wings of the dove (Franklin J. Schaffner) – 1955  Climax : Bailout at 43,000 Feet (John Frankenheimer) – 1957  Climax : The climax of captain Wirtz (Don Medford) -1961  Alcoa premiere : The fugitive eye (Herman Hoffman) – 1963  The patriots (George Schaefer) – 1983  Chiefs (Chronique policière) (Jerry London) – 1984  Nairobi affair (Sale affaire à Nairobi) (Marvin J. Chomsky) – 1995  Dynasty (Id) – 1985/1997  The Colbys (Les Colby) – 1987  Proud men (William A. Graham) – 1989  Original sin (Seule face au crime / Le péché du parrain) (Ron Satlof)  1989  A man for all seasons (un homme pour l’éternité) (+ réalisation) – The little kidnappers (Donald Shebib) – 1990  Treasure Island (L’île au trésor) (Fraser Clarke Heston) – The little kidnappers (Le secret des deux orphelins) (Donald Shebib) – 1991  Nostradamus : The man who saw tomorow – The crucifer of blood (Sherlock Holmes et la croix du sang) (Fraser C. Heston) – 1992  Crash landing : The rescue of flight 232 (Des héros par milliers) (Lamont Johnson) – 1994  SeaQuest DSV (SeaQuest, police des mers) : Abalon (Les Sheldon) – 1995  The avenging angel (Craig R. Baxley) – 1998  Friends (Id) : The one with Joey’s dirty day (Peter Bonerz) – 1999  Camino de Santiago (Robert Young) – 2000  The outer limits : Final appeal (Au-delà du réel – L’aventure continue) (Jim Kaufman). Voxographie : 1957  Many voices (récitant) – 1962  The five cities of June (Bruce Herschensohn, récitant) – 1965  The egyptologists (récitant) – 1966  While I run this race (Edmond Levy, récitant)) – 1967  Adventures of  Mowgli /  Maugli (Roman Davidov, récitant) – 1968  The movie experience : A matter of choice (Tracy Ward, récitant) – 1969  Rod Laver’s Wimbledon (Michael Seligman, récitant) – King : A filmed record… Montgomery to  Memphis (Joseph L. Mankiewicz & Sidney Lumet, documentaire, récitant) – 1975  The fun of your life (John J. Hennesy, voix du récitant) – 1976  Amercia at the movies (Il était une fois l’Amérique) (George Stevens Jr., documentaire, récitant) – 1988  Call from space (L’appel de l’espace) (Richard Fleischer, CM) – 1994  Texas (Richard Lang, TV, récitant) – 1996  The dark mist (Ryan Carroll, récitant) – Alaska : Spirit of the wild (George Casey, documentaire, récitant) –  1997  Hercules (Hercules) (Ron Clements & John Musker, récitant) – 1998  Bagpipe : Instrument of war (Patrick King, récitant) – Armageddon (Michael Bay, récitant) – 2000  Cats & dogs (Comme chiens et chats) (Lawrence Guterman) – 2003  Ben Hur (Bill Kowalchuk, animation, TV).

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Fragments d’un dictionnaire amoureux : Jules Dassin

Annonce de la mort de Jules Dassin, à Athènes , le 31 mars dernier à l’âge de 96 ans. Il suit donc dans la mort son interprète Richard Widmark des « Forbans de la nuit ». Il débute comme réalisateur en 1941, par un court-métrage brillant – diffusé au cinéma de minuit – d’après « Le cœur révélateur » d’Edgar Allan Poe. Il réalise ensuite plusieurs longs-métrages passant de films anti-nazis à des comédies romantiques, dont beaucoup resteront inédits en France, hormis « Le fantôme de Canterville », avec un Charles Laughton très inspiré dans le rôle titre. Il quitte la MGM avec fracas, où il ne pouvait véritablement s’exprimer. Il raconte son départ dans un entretien de 2005 (1), répondant à Louis B. Mayer qui comparait le cinéaste à un cheval de course sur lequel il fallait hurler parce qu’il flanchait  parce qu’il avait mal aux testicules : « Vous n’aurez pas mes couilles espèce de salopard ! ». Le producteur Mark Hellinger lui confie « Les demons de la liberté », premier film d’une suite de plusieurs chefs d’œuvres du film noir. Ce film donne un des premiers grands rôles de Burt Lancaster, qui joue un prisonnier victime de la haine d’un gardien-chef sadique – Hume Cronym dans le rôle de sa vie selon Claude Chabrol -, les représailles seront lourdes de conséquences… Le réalisme de Dassin fait merveille. « La cité sans voile » est du même niveau un inspecteur – Barry Fitzgerald – enquête sur le meurtre d’une jeune femme. Le film sera cependant amputé de quelques scènes par l’Universal, le film étant monté sans son réalisateur. « Les démons de la liberté » et « La cité sans voiles » sont disponibles dans un DVD dans la formidable collection « Les introuvables », bénéficiant de bonus remarquables dont des entretiens avec Jules Dassin. Avec « Les bas fonds de Frisco », il signe un autre chef d’œuvre, un homme – Richard Conte –rentre sur les lieux de sa jeunesse à San Francisco, pour retrouver son père accidenté et victime d’un grossiste en fruits et légumes revanchard. Si son parcours devait être riche en promesse, il fut hélas dénoncé comme communiste par le cinéaste Edward Dmytryk, il est obligé de tourner « Les forbans de la nuit » à Londres, avec Richard Widmark, comme évoqué précédemment donc et Gene Tierney. « Blacklisté » durant la chasse aux sorcières, il s’exile en France en 1952. Il se voit proposer la réalisation de « L’ennemi public numéro un », polar parodique avec Fernandel. Le film assez médiocre sera finalement réalisé en 1953 par Henri Verneuil. Il tourne finalement, heureusement pour lui, l’un des classiques du film policier français « Du rififi chez les hommes », adapté de l’œuvre d’Auguste Le Breton, avec Jean Servais probant dans le rôle de Tony le Stéphanois, truand lessivé sorti de prison. Dassin réalise une scène anthologique d’un casse silencieux d’une bijouterie se réservant de plus l’un des rôles principaux sous le pseudonyme de Perlo Vita. Toujours en France, il adapte le roman de Nikos Kazantsakis « Le christ recrucifié », montrant un petit village grec, dont certains habitants refusent, par égoïsme, de recevoir les survivants d’une attaque de Turcs. Il rencontre sur ce film Melina Mercouri qu’il épousera finalement en 1966. Ses admirateurs de la première heure, déploreront l’arrivée d’une telle personnalité fracassante dans son univers. Suit, une collaboration de 8 autres films (dont un documentaire), dont « La loi », assez décevant malgré une brillante distribution – Pierre Brasseur, Gina Lollobrigida, Yves Montand, Marcello Mastroianni… -, sombre histoire de vendetta italienne. « Jamais le dimanche », reste euphorisant, par le cabotinage « Mercourien », qui campe une prostituée à Athènes, dont un américain – Joué par Dassin lui même – tombe amoureux. Fasciné par la culture hellénique, il s’improvisera pour elle pygmalion. Toujours pour elle, il adapte ensuite « Phèdre », d’après la tragédie « Hippolyte » d’Euripide.  « Topkapi » (1963) est une variante ludique de son « rififi » transporté à Istanbul, où une bande de voleurs internationaux menée par Peter Ustinov, souhaite s’introduire par le toit du musée « Topkapi » grâce à l’agilité d’un acrobate – excellent et trop méconnu Gilles Ségal -. Dans la catégorie « on demande à voir »,  « 10 heures et demi en été », Melina Mercouri joue une femme espagnole délaissée par son mari – Peter Finch, ayant pour maîtresse Romy Schneider – qui par dépit, aide un homme qui vient de commettre un crime passionnel. Dassin adapte en France en 1969, l’œuvre de Romain Gary « Les promesses de l’aube », avec toujours Melina Mercouri en mère abusive du jeune Romain. Leur dernier film en commun sera « Cri de femmes », où une actrice grecque rencontre une meurtrière – Ellen Burstyn – afin de mieux interpréter « Médée ». Sans Melina Mercouri, il retourne à ses premières amours avec un polar social en 1969 avec « Point noir », traitant des violences du « Black Power ». Ce film qui ne semble ne pas avoir trop bonne réputation, est une nouvelle transposition du célèbre roman de Liam O’Flaherty, qui fut adapté en 1935  par John Ford. Il finira sa carrière par une variante de « Lolita » en 1980, « Circle of two » avec Richard Burton et Tatum O’Neal, film resté inédit chez nous. A noter qui a également réalisé deux documentaires : « Comme un éclair » (1967), sur Israël après la guerre des 6 jours et « The rehearshal » sur les révoltes estudiantines en lutte contre le pouvoir militaire la Grèce des colonels en 1973, tourné juste avec leur chute. Pour conclure l’entretien de 2005, il concluait ainsi sur le polar « Quelqu’un a écrit que j’avais été l’un des pionniers du genre. Cela ne m’a pas déplu… » (1) Il était le père du chanteur Jo Dassin et de la comédienne Julie Dassin. Il y a y avait eu un très bon livre à son sujet par Fabien Siclier et Jacques Lévy, dans l’excellente collection « Filmo » (Édilig, 1986), mais il est hélas épuisé. A lire un portrait très complet sur le site du « Festival de La Rochelle ». (1) « Jules Dassin, le cinéma dévoilé » , documentaire en bonus du DVD « Jules Dassin Films Noirs », collection « Les introuvables » chez Wild Side video.

Avec Gina Lollobrigida sur le tournage de « La loi » (DA)

 

Filmographie : Comme assistant-réalisateur : 1940 They knew what they wanted) (Garson Kanin) – 1941  Mr. and Mrs Smith (Joies matrimoniales) (Alfred Hitchcock). Comme réalisateur : 1941  Rr Allan Poe’s The tell-tale heart) – 1942  Nazi agent / Salute to courage – Once upon a Thursday / The affair of Martha – 1943  Reunion in France (Titre TV: Quelque part en France) – Young ideas – The Canterville ghost (Le fantôme des Canterville) – 1945  A letter for Evie – 1946  Two smart people – 1947  Brute force (Les démons de la liberté) – 1948  The naked city (La cité sans voile) – 1949  Thieve’s highway (Les bas-fonds de Frisco – Belgique : Le marché des voleurs) – 1950  Night and the city (Les forbans de la nuit) – 1952  The trio : Rubinstein, Heifetz and Pietigersky million dollar trio (CM) – 1954  Du rififi chez les hommes  (+ rôle sous le pseudonyme de « Perlo Vita ») – 1957  Celui qui doit mourir – 1958  La loi / La legge – 1960  Never on Sunday (James le dimanche) (+ rôle) – 1961  Phaedra (Phèdre) – 1963  Topkapi (Id) – 1964  10 : 30 P.M. summer (dix heures et demi du soir en été) (+ production) – 1967   Survival 1967 / Hamilchama al hashalom (Comme un éclair / Israël, An 5727 (La guerre amère)) (documentaire) – 1968  Up tight !  (Point noir) – 1969  La promesse de l’aube / Promise at dawn (+ rôle, production) – 1974  The rehearsal / I dokimi (documentaire) – 1978  A dream of passion (Cri de femmes) (+ production) – 1980  Circle of two.  

 

 

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Fragments d’un dictionnaire amoureux : Paul Scofield

 DA

Annonce du décès le 19 mars dernier de Paul Scofield, à Balcombe, au Royaume Uni, d’une leucémie à l’âge de 86 ans. Ce grand comédien au parcours théâtral prestigieux n’a tenu que peu de rôles au cinéma. Ses pairs de la « Royal Shakespeare company »  saluèrent en 2004 son interprétation du « Roi Lear », comme une des meilleures performances shakespeariennes de tous les temps. Ses deux rôles les plus connus restent celui de Sir Thomas More dans « Un homme pour l’éternité » (1966) pour lequel il reçoit l’oscar du meilleur acteur. Raymond Lefèvre et Roland Lacourbe dans l’excellent « 30 ans de cinéma britannique » (Éditions 76), parlent de lui pour ce film comme « …étonnant de présence et de dignité apportant au texte de Robert Bolt une puissance bouleversante ». Il figure aussi un officier allemand cultivé dans « Le train » – sorti en 1964 – au tournage chaotique – Burt Lancaster avait renvoyé Arthur Penn – … On le retrouvait ces dernières années dans quelques films historiques, dont l’ambitieux « Henry V » – meilleur film de la filmographie inégale de  Kenneth Brannagh comme réalisateur – où il campait le roi de France -. Robert Redford lui offrit l’un de ses rares rôles contemporains, dans les années 50 du moins, avec « Quiz show », où il joue le rôle du père de Ralph Fiennes. Il laissera le souvenir d’un comédien dont le jeu était toujours d’une grande justesse. D’autres décès sont à déplorer celui de l’écrivain Arthur C. Clarke adapté par Stanley Kubrick et son mythique « 2001, l’odyssée de l’espace » et du dramaturge et réalisateur belge Hugo Claus – qui vécu dans les années 70 avec Sylvia Kristel – . Pour mémoire citons aussi la disparition des comédiens Hubert Gignoux, et celle d’Alain Feydeau – mort en janvier, mais je l’ignorais – pilier d’  « Au théâtre de soir », infos découvertes dans le site des « Gens du cinéma » et auteur de livres sur Edwige Feuillère et Viviane Romance.

© Hulton-Deutsch Collection/CORBIS (prise le 14 juin1958)

Filmographie : 1954  That Lady (La princesse d’Eboli) (Terence Young) – 1958  Carve her with pride (Agent secret S.Z.) (Lewis Gilbert) – 1963  The train (Le train) (John Frankenheimer & Bernard Farrel) – 1965  A man for all seasons (Un homme pour l’éternité) (Fred Zinnemann) – Tell me lies (Dites-moi n’importe quoi) (Peter Brook) – 1969  Nijinsky  (Tony Richardson, inachevé) – 1970  Bartleby (Anthony Friedman) – 1970 Bartleby (Anthony Friedmann) – 1971  King Lear (Le roi Lear) (Peter Brook) – 1973  A delicate balance (Tony Richardson) – Scorpio (Id) (Michael Winner) – 1983  Summer lightning (Paul Joyce) – 1984  1919 (Hugh Brodie) – When the wales came (L’île aux baleines) (Clive Rees) – 1989  Henry V (Id) (Kenneth Branagh) – Hamlet (Franco Zeffirelli) – 1992  Utz (George Sluizer) – 1994  Quiz show (Robert Redford) – 1996  The crucible (La chasse aux sorcières) (Nicholas Hytner). Télévision (notamment) : 1969  Male of the species (Charles Jarrott) – 1985  Anna Karenina (Simon Langton) – 1987  Miss Corbett’s ghost (Danny Huston) – 1988  The Attic : The hiding of Anne Frank (John Erman) – 1994  Martin Chuzzlewit (Pedr James) – 1996  The little riders (Les cavaliers de la liberté) (Kevin Connor). Voxographie succincte : 1967  The other world of Winston Churchill (Louis Clyde Soumen, documentaire TV, récitant) – 1994 London (Patrick Keiller, documentaire, récitant) – 1997  Robinson in space (Les Robinson de l’espace) (Patrick Keiller, documentaire, récitant) – 1999  Rashi: A light after the dark ages (Ashley Lazarus, animation) – Animal farm (La ferme des animaux) (John Stephenson, animation, TV) – 2000  Kurosawa (Adam Low, documentaire).

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