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Fragments d’un dictionnaire amoureux : Georges Aminel

 

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Georges Aminel & Benoît Régent – Photo © Claude Angelini

Annonce de la mort de Georges Aminel, le 29 avril dernier, confirmée par François Justamand aux « Gens du cinéma ». Ce comédien, originaire de la Martinique, de son vrai nom Jacques Maline, fut le premier acteur noir à entrer à « La Comédie Française » en 1967,  avant de démissionner en 1972. On l’associe immédiatement à une des voix de notre jeunesse, il la prêta notamment au personnage de dessin-animé du chat Sylvestre dit « Gros minet » composant avec Arlette Thomas en « Titi » un duo mémorable. Il inventa à l’occasion pour cette version française le chuintement et le fameux « Nom d’un chat » qui devait rester dans nos mémoires. Il avait la stature et la tessiture de voix idéale pour doubler des comédiens magistraux comme Vittorio Gassman « Parfum de femme » (Dino Risi, 1974), Yul Brynner, Orson Welles dans « Paris brûle-t-il ? » (René Clément, 1965), « Casino Royale » (version 1967, dans le rôle du « Chiffre ») et  dans « La décade prodigieuse » (Claude Chabrol, 1971) – mais il ne fut pas très satisfait de la latitude laissée par Chabrol pour ce dernier film selon un de ses dernières interview. Il faisait mouche, notamment en doublant plusieurs rôles dans « Le magnifique » (Philippe de Broca, 1973) où il nous régalait de son humour en doublant Vittorio Caprioli, méchant d’opérette mais aussi Hans Meyer jouant un espion très sérieux. Dans « Tendre voyou » (Jean Becker, 1966), il alterne deux voix différentes dans une même scène de bateau, passant d’un marin noir au commandant du navire allemand, montrant ainsi ses grandes capacités. On lui reprochait parfois de détourner certains doublages à l’instar de celui de Ron Ely dans « Doc Savage arrive » (Michael Anderson, 1975). En apportant une voix « zézéyante », inexistante en V.O. ? il a donné une réputation de « Nanar » à ce film qui n’en méritait pas temps (Source Wikipédia et Nanarland). Il succéda même à François Chaumette pour trois des volets de la saga de « La guerre des étoiles », pour nous donner des frissons en « Dark Vador » VF, on ne peut que lui tirer notre chapeau, car la voix originale de James Earl Jones dans ce rôle était exceptionnelle. Pour la petite histoire c’est grâce à la ferveur de ses fans, qu’il avait pu reprendre en 2005, en une heure de temps, cette voix française « Star Wars 3 – La Revanche des Sith ». Vous pouvez retrouver quelques uns de ses plus célèbres doublages dans un des sujets du forum de « La gazette du doublage ».Le cinéma ne lui a hélas pas laissé beaucoup de place comme comédien. On le reconnaît dans un banquet d’étudiants fauchés dans « L’ange de la nuit » (1942), aux côtés d’une autre débutante Simone Signoret. On peut retenir aussi l’avocat mal à l’aise de « Chiens perdus sans collier » (Jean Delannoy, 1956), et l’apprenti dictateur noir dans le curieux « Popsy Pop » (Jean Herman, 1970), où il avait la chance de jouer avec une Claudia Cardinale au sommet de sa beauté. Il a un très joli rôle dans « Les amants de demain » (Marcel Blistène, 1957) qui vient de sortir en DVD chez René Château. Il est très touchant en client habituel du café tenu par Raymond Souplex. Toujours bien habillé, il est à la recherche d’un emploi, sans succès. Il évite de prendre la parole avec son accent créole, on comprend très vite que s’il est toléré, on le laisse en fait à l’écart. On sent dans son personnage une infinie tristesse et une grande détresse, quand il se voit refuser le sourire d’un enfant alors qu’il lui ramasse un jouet, ou quand il essaie discrètement de ramasser un mégot de cigarette, n’ayant plus d’argent. Il aura une grande gratitude auprès du personnage joué par Michel Auclair, qui venu de l’extérieur lui donne un peu d’attention. L’ironie toujours distinguée qu’il donnait à sa voix grave, restera durablement dans l’inconscient collectif de plusieurs générations. Un formidable serviteur du monde doublage, dont les fans déploreront sa disparition. A lire un entretien de lui par François Justamand pour « Objectif cinéma ».

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Filmographie établie avec Armel de Lorme : 1942  L’ange de la nuit (André Berthomieu) – 1943  Le ciel est à vous (Jean Grémillon) – 1944  La cage aux rossignols (Jean Dréville) – 1946  Le cabaret du grand large (René Jayet) – 1954  Le tournant dangereux (René Jayet) – 1955  Chiens perdus sans collier (Jean Delannoy) – 1956  À la Jamaïque (André Berthomieu) – La loi des rues (Ralph Habib) – 1957  Cargaison blanche (Georges Lacombe) – Les amants de demain (Marcel Blistène) – 1960  Le Sahara brûle (Michel Gast) – 1962  Ame qui vive (Jean Dasque, CM) – 1970  Popsy Pop (Jean Herman) – Docteur Caraïbes / L’homme à l’albatros (Jean-Pierre Decourt, sortie en salles des 3 premiers épisodes de la série TV homonyme) – 1971  Les portes de feu (Claude Bernard-Aubert) – 1972  Les tueurs fous (Boris Szulzinger) – 1975  La grande récré (Claude Pierson) – 1977  La vie parisienne (Christian-Jaque) – 1989  Jean Galmot, aventurier (Alain Maline, version longue TV seulement). Nota : Il n’apparaît pas dans les copies existantes des films suivants : 1956  « Porte des Lilas » (René Clair, 1956) et « Le soleil des voyous » (Jean Delannoy, 1966) – dans ce film le rôle du commissaire Leduc est en fait joué par Bernard Charlan – , titres crédités dans les catalogues de Raymond Chirat. Télévision (notamment) : 1956  Les énigmes de l’Histoire : L’énigme du Temple (Guy Lessertisseur) – 1956  Les énigmes de l’Histoire : L’énigme de la Mary Celeste (Stellio Lorenzi) – 1960  Rive droite (Jean-Paul Carrère, divertissement) – 1964  La puissance et la gloire (Claude Barma) – Bayard : Ludovic le More (Claude Pierson) – 1966  Comment ne pas épouser un milliardaire (Roger [Lazare] Iglèsis, série) – 1967  La vie parisienne (Yves-André Hubert) – 1969  Comédie Française : L’émigré de Brisbane (Jean Pignol) – Judith (Robert Maurice) – 1970  Reportages sur un squelette ou Masques et bergamasques (Michel Mitrani) – 1973  Docteur Caraïbes (Jean-Pierre Decourt, série) – Au théâtre ce soir : La tête des autres (Pierre Sabbagh) – 1977  Messieurs les jurés : L’affaire Beauquesne (Frédéric Witta) – 1979  Messieurs les jurés : L’affaire Coublanc (Dominique Giuliani) – 1980  Histoires étranges : La mort amoureuse (Peter Kassovitz) – Le séquestré (Guy Joré) – 1983  Clémentine (Roger Kahane) – 1993  Le siècle des lumières (Humberto Solás).

Voxographie succincte : 1954  Fortune carrée (Bernard Borderie, doublage) – 1959  Les seigneurs de la forêt ( Henry Brandt & Heinz Sielmann , voix du récitant) – 1962  Histoires africaines (Denise Charvein, série TV documentaire, récitant) – Stvoreni sveta (La création du monde)  (Eduard Hofman, animation, voix française) – 1963  L’inconnue de Hong Kong (Jacques Poitrenaud, doublages) – 1964  Moukenge (Denise Charvein, CM documentaire, récitant) – 1966  Tendre voyou (Jean Becker, doublages) – 1969  D’Artagnan (Claude Barma, série TV, voix française de Porthos) – 1975  Tarzan, la honte de la jungle (Picha et Boris Szulzinger, animation) – 1976  Drôles de zèbres (Guy Lux, voix clin d’œil de « Gros minet ») – 1980  The missing link (Le chaînon manquant) (Picha, animation) – Mama Dracula (Boris Szulzinger, voix du récitant) – 1983  Mickey’s Christmas Carol (Le Noël de Mickey) (Bunny Mattinson, version française) – 1986  Big Bang (Picha, animation).

 

ARTICLE Source : AFRICULTURES

Georges Aminel a tiré sa dernière révérence, par Sylvie Chalayepublié le 22/05/2007

Premier acteur noir à entrer au Français, Georges Aminel vient de disparaître à l’âge de 84 ans. Il faisait partie de ces comédiens sans visage que la télévision a fabriqué dans l’ombre du cinéma américain et de ses stars auxquelles il fallait bien donner des voix françaises. On a oublié les traits de l’acteur, mais le timbre de sa voix est resté dans l’oreille de nombreux spectateurs. Qui ne connaît les chuintements de Gros minet ou la magistrale inflexion de la voix française d’Orson Welles ou de Yul Brynner ? Georges Aminel avait du tempérament et une voix profonde qui traduisait parfaitement sa noblesse d’âme et sa hauteur. Fier et entier, il n’avait fait aucune concession à ce métier, où pendant longtemps les acteurs « basanés » étaient restés limités dans des emplois qui correspondaient à leur couleur, et il préféra, dans les années 70, tirer sa révérence et assumer dans l’ombre le jeu d’un acteur qui donne sa voix, mais dont on ne sait rien de la couleur. Il eut ainsi la carrière paradoxale d’un comédien qui connut les feux de la rampe de la Comédie-Française, mais qui eut le courage de démissionner, plutôt que d’être enfermé dans l’image de l’Autre qu’on voulait lui faire systématiquement jouer.

Né à Clichy en 1922, d’un père martiniquais et d’une mère parisienne, Georges Aminel connaît la notoriété en 1954, quand Yves Jamiaque lui confie le rôle de Bistouri dans Negro Spiritual, le médecin philosophe qui ramène ses frères à la raison, et les empêche de commettre un meurtre, et même si la pièce n’est pas un succès, la critique salue avec enthousiasme sa prestation d’acteur.

Jacques Maline (*), qui avait pris le nom de Georges Aminel, avait commencé sa carrière dix ans plus tôt en jouant d’abord de petits rôles : ici un Polynésien muet dans Faux jour de Closson au Théâtre de l’Oeuvre (1941), là un vieux nègre illuminé dans Sud de Julien Green au Théâtre de l’Athénée, ou un gentil sauvage dans une robinsonade (Robinson de Supervielle en 1952). Dès ces années-là, Aminel n’hésitera pas à dénoncer dans la presse la difficulté que rencontraient alors les acteurs noirs : « On rejette les gens de couleur parce qu’ils risquent de vous apporter des ennuis. Il n’y a pas de pièce pour eux. Celles qui ont été montées sont tombées à plat. ». (1)

En 1958, Jean Louis Barrault l’engage, il joue dans Le Soulier de satin, La Vie parisienne, Madame Sans-Gêne… En 1963 Pierre Debauche fait appel à lui pour le rôle d’Holopherne dans Judith de Hebbel, qu’il tournera ensuite pour la télévision avec Maurice Garrel, Pierre Arditi et Evelyne Istria, puis Raymond Rouleau lui donne le rôle d’Alexandre de Médicis dans son Lorenzzaccio. Enfin, ce sera le duc d’York dans Henri VI de Shakespeare que Jean-Louis Barrault monte à l’Odéon. Georges Aminel est alors remarqué par Jacques Charon et Maurice Escande qui l’engagent à la Comédie-Française en 1967, où il sera le premier acteur de couleur. Son premier rôle est celui de Picaluga dans L’Emigré de Brisbane de Georges Shéhadé. Il joua ensuite Pyrrhus dans Andromaque, Don Gormas dans Le Cid, Joad dans Athalie. Il fut un extraordinaire Malatesta, en 1970, dans la pièce de Montherlant.

Il tourna aussi au cinéma pour Claude Bernard-Aubert dans « Les portes de feu » en 1971, à côté d’Annie Cordy et Dany Carrel. Il participa à plusieurs feuilletons populaires à la télévision comme « Le temps des copains » ou « Comment ne pas épouser un milliardaire ».

En 1972, Georges Aminel incarne Oedipe dans une mise en scène de Jean-Paul Roussillon. La pièce est fortement décriée par la critique et on remplace Aminel par Claude Giraud. Bien qu’il fût à quelques jours de devenir pensionnaire [En fait sociétaire, voix commentaires] de la Comédie-Française, George Aminel, démissionna. Déçu par les rôles qu’on lui proposait, il finit par quitter la scène une dizaine d’années plus tard et à se consacrer au doublage. En 1979, avant de renoncer au théâtre, il confiait à Marion Thébaud lors d’un entretien pour le Figaro : « Je suis trop blanc, trop noir, le cheveu trop crépu ou pas assez. Bref, des amis qui me veulent du bien me demandent pourquoi je ne joue pas Othello mais jamais pourquoi je n’interprète pas Macbeth. C’est bien simple, j’ai passé mon temps à me barbouiller et à prendre un accent. Les faits sont là : j’ai débuté dans un rôle de Polynésien muet et depuis je ne compte pas les personnages de chamelier juif, brésilien ou arabe que j’ai endossés. Alors, si parce que mon père est Antillais, je dois toute ma vie incarner des Sud-Américains explosifs ou des Indigènes fanatiques, je préfère arrêter. » (20/06/1979) 1. Le Figaro littéraire, 25 septembre 1967.

(*) L’article initial donnait par erreur Jacques Lamine, comme son vrai nom.

EN COUP DE VENT #1

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Jean Abeillé

Petite rubrique « coup de vent », imaginée en créant quelques fiches pour « Wikipédia », histoire de saluer quelques comédiens souvent cantonnés dans des rôles qualifiés parfois péjorativement de seconds plans. Ils font pourtant souvent mouche à la moindre de leurs apparitions, au détour d’un plan dans le cinéma français, à l’instar d’Henri Attal et Dominique Zardi déjà évoqués ici, en attendant un petit hommage consacré à Bernard Musson. Quelques messieurs pour commencer. Vous pouvez trouver plus d’informations pour quelques uns d’entre eux dans le site Les gens du cinéma et dans les ouvrages évoqués ici. Pour les reconnaître il y a aussi l’indispensable trombinoscope de Thelin.

Jean Abeillé : Incroyable « speakerin » dans les émissions de « La 7 » qui devint « Arte » par la suite. Sa nochalance est très appréciée de Luc Moullet et Jean-Pierre Mocky.

Edmond Ardisson (1904-1983) : Membre régulier de la troupe de Marcel Pagnol, un tempérament méditerranéen constamment dans la sympathie. Il est le jardinier jovial prénommé Napoléon dans la célèbre « Demoiselle d’Avignon » à la télévision.

Philippe Brizard (1932-) : Malgré ses airs débonnaires, il faut parfois se méfier de lui comme son rôle de « Fanfan » dans la « Scoumoune » (1972), mais il incarne souvent l’ordre et l’autorité.

Paul Bisciglia : (1928). Ce prolifique comédien, spécialisé dans des seconds rôles, a près de 200 films à son actif. On le retrouve souvent dans des personnages souvent gouailleur, tel le comédien marié à Micha Bayard en quête de rôles dans « Le cinéma de Papa ». Il ne dédaigne pas des comédies égrillardes, et on le retrouve régulièrement chez Jean Rollin.

Pierre Collet (1914-1977) : Le planton dans « Les 5 dernières minutes » version Loursais-Souplex, un bon sens et une aptitude peu commune à être complètement dépassé par des personnalités loufoques. Une voix aussi, on retrouve souvent ce comédien solide dans des rôles d’hommes du peuple.

Georges Douking (1902-1977) : Une folie évidente, acteur fétiche de Pierre Chenal, qui a manqué de grands rôles à la fin de sa carrière. Il est le jardinier assassiné par Julien Bertheau dans « Le charme discret de la bourgeoise ».

Henri Lambert (1927-2003) : Comédien très physique, souvent cantonné dans des rôles de brutes ou d’hommes de main, on le retrouve parfois dans des rôles d’inspecteurs.

Robert Le Béal (1915-1996) : Archétype du monsieur distingué, fine moustache et flegme britannique, il fut le fils de Denise Grey dans « La boum » faisant curieusement beaucoup plus âgé qu’elle.

Rudy Lenoir (1913-1995) : Ce strasbourgeois est souvent employé dans des rôles d’officier S.S., de par sa stature et sa calvitie, mais Jean-Pierre Mocky l’intègre dans son bestiaire.

Sylvain Lévignac  (1929-1994) : Une silhouette massive, et un parcours solide de cascadeur. On le retrouve hélas beaucoup dans les rôles d’abrutis de service.

Roger Lumont (1934-) : Une rondeur, une voix – beaucoup de doublage -, cantonné souvent dans des rôles inquiétants, mais on le retrouve aussi dans des emplois plus bon enfant – le commissaire dans l’ineffable « Na ! » de Jacques Martin.

Max Montavon (1926-1983) : Caricature d’homosexuel tendance « grande folle » du comique français des années 60 à 1980. Il en fait tellement en policier maniéré, que son partenaire, Serge Gainsbourg n’arrive visiblement pas à contrôler son hilarité dans le film « Trop jolies pour être honnêtes » (1972).

Albert Michel (ou Albert-Michel)  (1909-1981) : Un prolifique archétype du français moyen, souvent odieux ou sans-gênes voire râleur, mais attachant au final.

Jean Ozenne (1998-1969) : Des personnages guindés souvent coincés dans des convenances, une raideur de notable ou de domestiques serviables. Mais avec lui, derrière une apparence austère, la folie n’est jamais loin, du fétichiste des bottines du « Journal d’une femme de chambre » version Buñuel au maître d’hôtel sarcastique lançant des « Mon Dieu » à la cantonade devant les énervements d’un De Funès dans « Le grand restaurant » (1966).

Jean-Pierre Rambal (1931-2001) : Un comédien lunaire, dont le souvenir un tantinet régressif est émouvant pour les vieux enfants qui l’ont vu en professeur Plumecousin dans l’émission « Brok et Chnok » dans les années 70 dans les « Visiteurs du mercredi ». Il fallait le voir en acteur incarnant un pompiste arrosant de fausse essence les seins dénudés de Miou-Miou dans « Josépha » (1981).

Jacques Robiolles : Le moindre rôle de fou lui était dévolu par la télévision française à l’instar d’un adorateur d’une secte animalière dans les excellents « Compagnons de Baal » en 1966. Il cabotine volontiers dans ses emplois. 

Yvon Sarray : Comédien attachant que l’on retrouve souvent dans des feuilletons historiques, mais le cinéma n’aura pas sû l’utilisé autrement que dans des silhouettes.

Jean Saudray (1928-2002) : Une silhouette austère souvent cantonnée dans des rôles « d’affreux », de bagnards, il était toujours impeccable dans des rôles souvent retords.

Sylvain (Jean Sylvain) (1906-1970) : Une silhouette austère pour des petits rôles de concierges ou d’homme du peuple, à ne pas confondre avec Sylvain Lévignac qui figure parfois avec ce même prénom.

Lionel Vitrant : Ce comédien devenu cascadeur par hasard sur « Le jour le plus long » (1961) , où il joue le parachutiste accroché en haut d’une église, paraît souvent dans des rôles plutôt taiseux comme le fidèle homme de main d’Alain Delon dans « Borsalino  Co » (1974). Son fils Olivier est également cascadeur.

To be continued…

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Gordon Scott

img329/3261/scott2ta5.jpg Mort de Gordon Scott, à 80 ans, le 30 avril dernier à Baltimore, Maryland, des suites de complications des plusieurs opérations cardiaques en ce début d’année. Il né en 1927, dans une famille immigrée autrichienne installée à Portland, plus grande ville de l’état de l’Orégon. Après de brèves études à l’université de Portland, il s’engage dans l’armée de 1944 à 1947. Ce sportif émérite, il excelle dans le judo et les arts martiaux, est remarqué par deux agents d’Hollywood, en 1953, dans un petit hôtel de Las Vegas, où il travaille comme maître nageur. Ils travaillaient pour le producteur Sol Lesser, qui avait une franchise pour adapter le célèbre personnage inventé par Edgar Rice Burroughs. Il est choisit pour succéder à Lex Barker notamment, pour incarner « Tarzan », pour une série de 6 films, grâce à ses qualités physiques, ses capacités dans la natation et son corps de culturiste. Il est le onzième à tenir se rôle, et se place rapidement comme l’un des dignes héritiers de Johnny Weissmuller. Il était l’époux de l’actrice Vera Miles, qui fut sa partenaire dans « Tarzan chez les Soukoulous », de 1954 à 1959. De cette union naquit un fils Michael. Le cinéma italien se l’accapare pour des films divertissants, chers aux amateurs du « cinéma de quartier ». péplums tel « Romulus et Remus », il incarne Remus face à son homologue Steeve Reeves dans le rôle de Rémus, auquel on le compare souvent. On le retrouve aussi bien dans le western européen, en chasseur de bisons dans « Buffalo Bill, héros du Far west », que dans la mythologie gréco-romaine pour terminé dans deux films d’espionnage. Il incarne aussi bien Zorro, que Maciste poursuivant ses exploits à la cour de Chine ou luttant contre un être au pouvoirs surnaturels, ou Goliath. On le retrouve même en Jules César face à Pascale Petit dans « Cléopâtre une reine pour César », le temps d’une apparition à la fin du film, cette dernière émergeant nue d’un tapis déroulé à ses pieds. En 1967, il arrête sa carrière avant d’atteindre la quarantaine. Avec lui disparaît un certain âge d’or du cinéma italien et de divertissement, même si parfois historiquement fantaisiste, les cinéastes imaginatifs faisait souvent preuve de savoir faire et d’imaginations face à des problèmes de budget. Si les amateurs du genre préfère lui reconnaître ses qualités physiques à son jeu d’acteur, il a pourtant marqué le cinéma de genres de son empreinte.

« Le géant à la cour de Kublai Khan »

Pour conclure, dans l’excellent livre d’entretien d’Éric Poindron, « Riccardo Freda un pirate à la caméra » (Institut Lumière/Actes, 1995), page 291, Freda parlait de son « Maciste » ainsi : « …Gordon Scott était un type gentil et très attentif autant dire parfait pour ce genre de rôle. Il n’est pas devenu célèbre pour une raison simple, il était sympathique, reconnaissant, généreux » (…) « …Une anecdote amusante, c’est la séquence  où Maciste doit sauver le prince de la fosse au titre. Maciste saute dans la fosse et prend le prince dans ses bras. Pour cette séquence nous endormions un peu le tigre en lui faisant une piqûre anesthésiante dans la queue… Mais après plusieurs piqûres, l’anesthésie n’était plus aussi efficace. Quand nous avions jeté le prince, qui était joué par un étudiant coréen, le tigre était réveillé, et le prince terrorisé. Maciste saute dans la fosse, soulève le tigre et l’écarte. Au moment de sortir de la fosse avec le prince, Gordon Scott fait une grimace épouvantable… A la fin du plan, je l’insulte, je lui demande pourquoi il fait cette grimace et il me répond : « Mais Riccardo, le Coréen, il a « fait » dans son pantalon royal ! »… ».

 

Filmographie (établie avec Christophe Bier) :1954  Tarzan’s hidden jungle (Tarzan chez les Soukoulous) (Harold D. Schuster) – 1955  Tarzan and the lost safari (Tarzan et la safari perdu) (H. Bruce Humberstone) – 1958  Tarzan’s fight for life (Le combat mortel de Tarzan) (H. Bruce Humberstone) – Tarzan and the trappers (Charles F. Haas et Sandy Howard, TV) – 1959  Tarzan’s greatest adventure (La plus grande aventure de Tarzan) (John Guillermin) – 1960  Tarzan the magnificent (Tarzan le magnifique) (Robert Day) – 1961  Maciste contro il vampiro (Maciste contre le fantôme) (Giacomo Gentillomo & Sergio Corbucci) – Romolo e Remo (Romulus et Rémus) (Sergio Corbucci & Franco Geraldi) –  Maciste alla corte del Gran Khan (Le géant à la cour de Kublai Khan, Belgique Kublaï Khan et le géant de Mongolie) (Riccardo Freda) – 1962  Il gladiatore di Roma (Le gladiateur de Rome) (Mario Costa) – Il figlio dello Sceicco (Le retour du fils du Cheik) (Mario Costa) – Una regina per Cesare (Cléopâtre, une reine pour César) (Piero Pierotti & Victor Tourjansky) – Il giorno più corto  (Sergio Corbucci ) – 1963  Zorro e i tre moschettieri (Zorro et les 3 mousquataires) (Luigi Capuano) – L’eroe di Babilonia (Hercule héros de Babylone) (Siro Marcellini) – Goliath e la schiava  ribelle (Goliath et l’Hercule noir) (Mario Caiano) – Il leone di San Marco (Le lion de Saint-Marc) (Luigi Capuano) –  Buffalo Bill, l’eroe del Far West (Buffalo Bill, le héros du Far West) (Mario Costa) – Coriolano, eroe senza patria (La terreur des gladiateurs) (Giorgio Ferroni) – Ercole contre Moloch (Hercule contre Moloch) (Giorgio Ferroni) –1964  Il colosso di Roma (Le colosse de Rome) (Giorgio Ferroni) – 1965  Gli  uomini dal passo pesante (Les forcenés) (Mario Sequi & Albert Band) – Hercules and the Princess of Troy (Albert Band, TV, 48 minutes) -1966  Il raggio infernale / Nido de espías (Le rayon infernal) (Gianfranco Baldanello) –  1967  Segretissimo / Secretesimo (Le requin est au parfum) (Fernando Cerchio).

©   Le coin du cinéphage (reproduction strictement interdite, textes déposés)

 

Fragments d’un dictionnaire amoureux : André Valardy

Jacques Mazeau & Didier Thouart  dans « Les grands seconds rôles du cinéma français » (Pac, 1984), précieux livre hélas épuisé, saluait le grand talent de ce comédien. Son visage très mobile et son habituel petit air goguenard faisait merveille dans bien des comédies. Ce comédien belge est mort à Paris, le 30 avril dernier à Paris, des suites d’un cancer, à l’âge de 68 ans. Au cinéma, il excelle en journaliste minable, collègue de Jean Rochefort, découvrant des martiens – nommés les Gammiens -… en Bretagne ! dans l’ahurissant « Ne jouez pas avec les martiens » (Henri Lanoë, 1967). On le retrouve en automobiliste baba-cool pris en stop par Jacques Brel dans « L’emmerdeur » (Édouard Molinaro, 1973), ou en syndicaliste profitant de la sympathie qu’il suscite auprès de son patron incarné par Pierre Mondy dans « Le téléphone rose » (Molinaro toujours, 1975), pour tirer son épingle du jeu lors de grèves. Il est irrésistible en psychologue d’entreprise utilisant la malchance de François Perrin, joué à la perfection par Pierre Richard dans « La chèvre » (Francis Veber, 1981). Il trouve l’un de ses meilleurs rôles à la télévision dans l’épisode « Urbain » de la série « La ligne de démarcation » (Jacques Ertaud, 1973). Il incarne un citoyen belge débrouillard, qui se lance dans la résistance avec beaucoup d’enthousiasme, face à un Louis Lyonnet – comédien mort en février dernier – intrigué. Son personnage se sert de ses qualités sportives, en se déguisant en coureur cycliste pour passer des documents. Les soldats allemands le laissent passer… en l’applaudissant ! Il restait fidèle au théâtre où son univers non-sensique à l’instar d’un Jean-Paul Farré, faisait merveille. Il connut aussi une grande popularité à la télévision avec des émissions comme « Allons raconte », « L’académie des 9 », « Le bon mot » ou « La classe ». En 2003, il se produisait dans son one-man-show « André Valardy – Un monde fou… fou… fou… », co-écrit avec Jean-François Champion et Jean-Marc Ferréol, où le L.S.D. devenait « Le Lifting Sans Douleur, » ou l’.E.T.A., « Épilation Traitement Assuré » (Source Théâtre on line.). On le retrouvait rarement sur un grand écran ces derniers temps, mais il marquait toujours la moindre de ses apparitions. Citons le montreur d’ours ébaubi de voir son ours « divinisé » se mettant à parler dans « Que la lumière soit ! » (Arthur Joffé, 1997), le fantôme du père de Sophie Marceau, danseur de claquettes dans « La fidélité » (Andrej Zulawski, 1999), et l’acteur cabotin de théâtre, capitalisant sa popularité pour avoir été la vedette d’un feuilleton des années 60 en restant suffisant dans « 30 ans » (Laurent Perrin, 2000). Il avait réalisé trois courts métrages, dont « L’erreur est humaine » (1984), avec Renée Saint-Cyr, Marthe Villalonga et Alain Flick, racontant les déboires d’une vieille dame qui devient bonne dans un immeuble et « Le fauteuil magique » (1992) avec Marthe Villalonga et Olivier Lejeune, mettant en scène un jeu télévisé. A lire l’hommage de Donatienne Roby pour Les gens du cinéma. 

Annonce également de la mort du comédien italien Luigi Filippo d’Amico le 28 avril dernier.

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André Valardy au théâtre Saint-Georges à Paris, en juin 1989

Filmographie (établie avec Christophe Bier) : 1959  Les frangines (Jean Gourguet) – 1966  Bang-Bang (Serge Piollet) – 1967  Ne jouez pas avec les Martiens (Henri Lanoë) – 1971  Papa, les petits bateaux (Nelly Kaplan) – 1973  L’emmerdeur (Édouard Molinaro) – Les aventures de Rabbi Jacob (Gérard Oury) – 1974  Parlez-moi d’amour (Michel Drach) – L’important c’est d’aimer (Andrzej Zulawski, rôle coupé au montage) – 1975  Le téléphone rose (Édouard Molinaro) – 1976  Bobby Deerfield (Id) (Sydney Pollack) – 1977  Monsieur Papa (Philippe Monnier) – Le point de mire (Jean-Claude Tramont) – La raison d’état (André Cayatte) – 1979  Nous maigrirons ensemble (Michel Vocoret) – Les Charlots en délire (Alain Basnier) – Je vais craquer (François Leterrier) – 1980  Rendez-moi ma peau (Patrick Schulmann) – Faut s’les faire ces légionnaires ! (Alain Nauroy) – 1981  La chèvre (Francis Veber) – 1982  Légitime violence (Serge Leroy) – Les voleurs de la nuit (Samuel Fuller) – 1983  Attention ! une femme peut en cacher une autre (Georges Lautner) – Amercian Dreamer (titre vidéo : Une américaine à Paris) (Rick Rosenthal) – 1984  Sous peine de poursuite (Vincent Vidal, CM) – 1986  Lévy et Goliath (Gérard Oury) –  1987  En toute innocence (Alain Jessua) – 1995  Iraé (Alain Bellon, CM) – 1997  Que la lumière soit ! (Arthur Joffé) – 1999  La fidélité (Andrzej Zulawski) – 30 ans (Laurent Perrin) – 2006  Nothing sacret (Dylan Bank & Morgan Pehme). Comme réalisateur-scénariste : 1984  L’erreur est humaine (CM) – 1992  Le fauteuil magique (CM) – non daté : « Boule de haine ».

Télévision(notamment) : 1968  Ton sur ton (Georges Barrier, variétés) – 1970  Une heure, une vie (Alain Dhénaut) – 1973  Il faut que le Sycomore coule (Jean-Paul Sassy, captation, captation) – La ligne de démarcation : Urbain (Jacques Ertaud) – 1974  À dossiers ouverts : La malédiction de l’ogre (Claude Boissol) – 1974  Messieurs les jurés : L’affaire Varney (André Michel) – 1978  Ce diable d’homme (Marcel Camus, série TV) – 1980  Petit déjeuner compris (Michel Barny, série TV) -Le dossiers de l’écran : Vient de paraître (Yves-André Hubert) – 1981  À nous de jouer (André Flédérick) – Julien Fontanes magistrat : Un si joli nuage (Jean Pignol) – Arcole ou la terre promise (Marcel Moussy, série TV) – Au bon beurre (Édouard Molinaro) – 1982  Le sud (Philippe Monnier) – Julien Fontanes magistrat : Une fine lame (François Dupont-Midy) – Aide toi… (Jean Cosmos) – Cinéma 16 : Le wagon de Martin (Patrick Saglio) – 1990  Le grand dîner (Gérard Pullicino, divertissement) – 1991  Navarro : Comme des frères (Patrick Jamain) – 1996  Navarro : Comme des frères (Patrick Jamain) – 2000  Le juge est une femmes : Cadeau d’entreprise (Pierre Boutron) – 2002  Navarro : Sur ma vie (Patrick Jamain) – 2003  Navarro : Ne pleure pas Jeannettes (José Pinheiro) – Ne pleure pas (Josée Dayan) – 2005  Navarro : Manipulation (Édouard Molinaro).

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Roscoe Lee Browne

img262/8285/roscoeleebrownexz3.jpg Annonce de la mort de Roscoe Lee Browne, décédé des suites d’un cancer à Los Angeles ce 11 avril 2007, à l’âge de 81 ans. Son décès a été injustement omis des médias français, hormis des internautes avisés signalant sa disparition dans un des forum de DVD Classik.  C’était un comédien solide et attachant, très discret finalement au grand écran. Il avait été un athlète remarqué dans la course à pieds. Il avait gagné notamment les 804 mètres courus dans les jeux de 1952 de Millrose. Il avait enseigné la littérature comparative et le français à l’université noire de Lincoln en Pennsylvanie, lieu où il avait été diplômé. Il débute au théâtre en 1956, avec une adaptation du « Jules César » de William Shakespeare, lors d’un festival.  Il continue son parcours notamment à New York, passant de l’univers de Shakespeare à celui de Brecht. En 1961, il avait joué l’adaptation américaine de la pièce « Les nègres » de Jean Genet, où il tenait le rôle principal. Au cinéma, on se souvient de lui dans « L’étau » d’Alfred Hitchcock, où il incarne un fleuriste espion. Curiosité il était un droïde dans « L’âge de Cristal » – Le film –  (Michael Anderson, 1976), affublé d’un curieux costume en fer blanc. Paul Vecchiali dans la « Saison cinématographique 1972 » avait bien résumé son jeu à propos de « John Wayne et les Cow-Boys » (Mark Rydell, 1971) : « …Au milieu d’une troupe exceptionnelle, on peut retenir Roscoe Lee Browne qui joue le cuisinier avec une élégance et une maîtrise inégalables ». Il incarne souvent des hommes d’autorités, magistrats ou chefs de la police, mais il peut incarner aussi des hommes humbles ou des maître d‘hôtels. A la télévision, on le retrouve aussi souvent comme des « guest » dans des séries comme « Columbo », « Falcon Crest », ou plus récemment dans « The Shield » ou « New York police judiciaire ».  Il avait gagné un « Emmy Award »  en 1986 pour son rôle du professeur Barnabus Foster dans « Le Cosby Show ». Soucieux d’éviter d’incarner les stéréotypes, il a préféré privilégier sa voix de baryton, à l’instar de James Earl Jones, sa voix a beaucoup été utilisée dans des narrations multiples. Il est le récitant des deux films « Babe », narrant les aventures du cochon parlant. Sa voix de baryton était très célèbre pour les spectateurs anglo-saxons. Ce serviteur discret de la scène américaine fut également un poète. Il avait sillonné les États Unis avec Anthony Zerbe, dans une création poétique « Behind the broken words », dont il était le co-auteur.

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Filmographie : 1962  The connection (Connection) (Shirley Clarke) – 1963  Terror in the city (Allen Baron) – 1964  Bertholt Brecht : Practice pieces (Nick Havinga, CM) – Black like me (Carl Lerner) – 1967  The comedians (Les comédiens) (Peter Glenville) – Up Tight ! (Point noir) (Jules Dassin) – 1968  Me and my brother (Robert Frank) – 1969  Topaz (L’étau) (Alfred Hitchcock) – 1970  The liberation of L.B. Jones (On n’achète pas le silence) (William Wyler) – 1971  Cisko Pike (Bill L. Norton) – The cowboys (John Wayne et les cow-boys) (Mark Rydell) – 1973  The world’s greatest athlete (Robert Scheerer) – Super Fly T.N.T. (Ron O’Neal) – 1974  Uptown saturday night (Sidney Poitier) – 1976  Logan’s run (L’âge de Cristal) (Michael Anderson) – 1977  Twillight’s last gleaming (L’ultimatum des trois mercenaires) (Robert Aldrich) – 1979  Double take (Richard Quine) – 1980  Nothing personal (George Bloomfield) – 1985  Legal eagles (L’affaire Chelsea Deardon) (Ivan Reitman) – 1986  Jumpin’Jack Flash (Id) (Penny Marshall) – 1990  Moon 44 (Id) (Roland Emmerich) – 1991  The Mambo Kings (Les Mambo Kings) (Arme Glincher) – 1993  Naked in New York (Daniel Algrant) – Eddie Presley (Jeff Burr) – 1994  Last summer in the Hamptons (Henry Jaglom) – 1995  The beast (Rhoderic C. Montgomery, CM) – 1996  Muppet treasure island (L’île au trésor des Muppets) (Brian Henson) – The pompatus of love (Richard Schenkman) – Dear gold (Escroc malgré lui) (Garry Marshall) – Forest warrior (Aaron Norris) – 1998  Judas kiss (id) (Sebastian Gutierrez) – 1999  Morgan’s Ferry (Sam Pillsbury) – 2002  Sweet deadly dreams (Walter Stewart) – 2003  Behind the broken words (David Sern, captation).

 

Voxographie : (notamment) 1986  The nativité (Bruce Johnson, court-métrage d’animation) – 1988  Oliver & company (Oliver et compagnie) (George Scribner) – 1989  Night angel (Dominique Othenin-Girard, récitant) – 1995  Babe (Id) (Chris Noonan) – 1998  Babe : Pig in the city (Babe, le cochon dans la ville) (George Miller) – 2002  Treasure island (La planète aux trésors – Un nouvel univers) (Ron Clements) – 2006  Garfield : A tail of two cities (Garfield 2) (Tim Hill, Récitant) – Epic movie (Big movie) (Jason Friedberg, récitant) .

A noter que Les gens du cinéma, signale le décès de la comédienne Ariane Borg.

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Jean-Pierre Cassel

Annonce de la mort de Jean-Pierre Cassel. C’était un artiste complet, comédien, mais aussi danseur, il avait connu un grand succès sur la scène internationale dans « Chorus line ». Pour l’anecdote, il avait fait en 1956 de la figuration dans « La route joyeuse », film de Gene Kelly de 1957, mais à l’époque il ne dansait pas encore. Après trois années de cours chez René Simon, il commence sa carrière par de petits rôles. Il est amusant de le retrouver dans  » À pied, à cheval et en voiture », mettant en vedette Noël-Noël, en 1957. Il est alors le prototype du jeune premier, face à Jean-Paul Belmondo qui doit se contenter d’un rôle de bon copain. Il devient très vite un jeune premier très demandé au cinéma. Philippe de Broca l’emploie dès 1959 dans des rôles légers et charmeurs, le jeu de Jean-Pierre Cassel étant en parfaite adéquation avec le rythme rapide du cinéaste : « …Philippe est venu me voir en douce au théâtre dans le rôle d’Oscar », que je reprenais après Delon. Ses potes étaient sûrs que mes yeux bleus et mon grand pif allaient lui plaire (rires !) Et ça marché, il m’a proposait le rôle. Le film a signé l’explosion de sa carrière et de la mienne par la même occasion » (1). On le retrouve souvent dans des rôles de naïfs, à l’instar de « Candide », libre adaptation du conte de Voltaire, signé Norbert Carbonnaux. En 1961, il excelle dans le rôle du caporal dans « Le caporal épinglé » signé par un Jean Renoir galvanisé de diriger une troupe de jeunes comédiens. Son personnage cherche à s’évader d’un camp de prisonniers du Nord-est de la France en 1940. Jean-Pierre Cassel confiait à Roger Viry-Babel dans « Jean Renoir, le jeu et la règle » Éditions Denoël, 1986″ :  « …Ce qui est merveilleux avec Renoir, c’est le respect qu’il nous manifeste. Avec lui, on ose oser des trucs. On sait que ça peut l’aider, et que si l’on se trompe, il saura vous le faire comprendre sans que l’on se sente ridicule ». Il est idéal pour incarner le panache d’un D’Artagnan, face à José Ferrer en Cyrano, dans « Cyrano et D’Artagnan »(1962), amusant film d’Abel Gance, entièrement écrit en vers ! La comédie reste son domaine de prédilection, il est irrésistible dans le rôle de Gaspard, violoncelliste bougon dont la vie est chamboulée par l’arrivée de Brigitte Bardot dans l’excellent « L’ours et la poupée » (Michel Deville, 1969). Le même année on le retrouve dans une tonalité plus âpre dans « L’année des ombres », dans le rôle d’un résistant frère de Paul Meurisse. Il évoquait les tensions sur le tournage avec Jean-Pierre Melville, dans le bonus DVD du film « Jean-Pierre Melville et l’armée des ombres », même s’il avait eu de bons rapports avec lui. C’est dans les années 70, qu’il trouve des rôles plus graves et plus complexes. Claude Chabrol lui donne le rôle d’un aventurier suffisant et d’une bêtise redoutable, qui essaie de compromettre le personnage de Stéphane Audran qui est en froid avec son beau-père, incarné par Michel Bouquet dans « La rupture » (1970).

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Avec Fernando Rey et Paul Frankeur dans « Le charme discret de la bourgeoisie »

Il est formidable en bourgeois suffisant dans le dévastateur « Le charme discret de la bourgeoisie »  (Luis Buñuel, 1972). Michel Deville, en 1973, fait de lui un homme boiteux et aigri, manipulant Jean-Louis Trintignant pour transformer un timide employé de banque en « mouton enragé ».  Il aime aussi à égratigner son image, comme dans le « Prêt-à-porter » de Robert Altman, où il incarne un « cador » de la mode qui meurt étouffé par un sandwiche face à Marcello Mastroianni. Mais il est toujours dans la nuance, que se soit l’homme d’affaires trouble dans « La truite » (Joseph Losey, 1982), le directeur de l’hôtel homosexuel ballotté par les événements dans « Casque d’or » (Gérard Jugnot, 1993) ou le bourgeois mélomane n’anticipant le drame à venir dans « La cérémonie » (Claude Chabrol, 1995). Au théâtre, il joue Molière, Feydeau, Guitry, Bourdet ou Jean-Claude Brisville sous la direction de Jean Vilar, Jacques Charon ou Jean Meyer, Pierre Dux ou Marcel Bluwal. Il passe avec aisance du théâtre de boulevard « La fille sur la banquette arrière » de Jean-Claude Carrière, en 1983, mise en scène de Pierre Mondy, au drame, comme dans l’adaptation théâtrale du film « Festen », en 2002-2003, mise en scène par Daniel Benoin et Mogens Rukov. En 1999, il adapte, produit et interprète  » Le Désenchanté  » de Budd Schulberg. Il chante et danse également dans de nombreux spectacles, comme dans « Jean-Pierre Cassel chante et danse Fred Astaire (1994-1995), « Jean-Pierre Cassel fait son petit journal » (1999), « Je n’peux pas vivre sans amour » (2002), dont il tire un album, « Jean-Pierre Cassel chante Serge Gainsbourg » (1985). Il signe également des disques comme « Et maintenant » (Wagram, 2001). Sur la danse, il confiait à Guy Braucourt dans « La revue du cinéma » N°246 de janvier 1971 : « Je trouve qu’il faut faire de la danse comme l’on pratique la compétition sportive, en amateur, comme une activité accessoire et parallèle à autre chose, car le drame de ce métier c’est qu’il accapare entièrement, qu’il arrête complément la vie. Mais il est très important pour un acteur de savoir danser, même si cela ne ne lui sert jamais directement et je pense que pour jouer Shakespeare il est utile de connaître les claquettes. Je ne fais que reprendre là l’opinion de Laurence Olivier qui, recevant un jeune homme venu lui demander des conseils après une représentation de « Jules César », releva sa toge, fit quelques pas de claquette et répondit : « Apprenez cela et peut-être pourrez-vous jouer Shakespeare »… ». Au cinéma, on le retrouve ces dernières années, dans les personnages parfois mutiques, tel le père paralysé à l’oeil inquisiteur d’Olivier Gourmet dans « Congorama » (Philippe Falardeau, 2005), sensible tel son interprétation de l’homme âgé qui tombe amoureux de Françoise Fabian dans la subtile adaptation de l’œuvre de Noëlle Chatelet dans « La femme Coquelicot » pour France 3, ou le père juif déstabilisé par le fait que le compagnon de sa fille soit arabe dans le subtil « Mauvaise foi » (Roschdy Zem, 2005). Il peut être aussi féroce, comme dans « Bunker Paradise » (Stefan Liberski, 2005), où il agresse son dégénéré de fils campé par Jean-Paul Rouve, avec un cynisme inouïe. J’avais eu la chance de le rencontrer lors de l’avant-première du film de Mabrouk El Mechri « Virgil ». Dans ce rôle d’Ernest, ancien boxeur condamné à perpétuité, il offre une excellente composition dans l’extraversion. Je me souviens de sa grande élégance, et de la pudeur qu’il avait pour évoquer sa maladie sans aucune plainte. Il était très malade sur le tournage de « Narco », mais il était toujours disponible pour travailler avec de jeunes metteurs en scène, rencontrés souvent auprès de sa fille Cécile et de ses fils Vincent et Mathias – alias Rockin’Stat,  leader du groupe rap « Assassin » -. Il évoquait librement sa carrière dans son livre « À mes amours » (Éditions Stock, 2004), évocation sensible de ses rencontres avec Philippe de Broca et Claude Chabrol, mais aussi avec celle des grands maîtres du cinéma, Luis Buñuel, Jean-Pierre Melville, Robert Altman, Jean Renoir ou Joseph Losey. Ce grand comédien a eu une brillante carrière internationale, sans se préoccuper de l’importance d’un rôle, tout en restant disponible pour les nouveaux talents : « …J’ai toujours fait mon petit bonhomme de chemin en diversifiant mes activités et en choissant selon l’envie. Je suis content de continuer à tourner et de rester sur le qui-vive. Si on axe sa carrière sur la réussite et l’argent, on se plante forcément. Il vaux mieux miser sur le plaisir. » (1) Il va beaucoup nous manquer. Nos pensées vont à sa famille.

(1) Dossier de presse de « Virgil »

img294/8861/jeanpierrecasselbc6.jpg DR

Filmographie (initialement élaboré pour le site « Les gens du cinéma ») : 1950  Pigalle St-Germain-des-Prés (André Berthomieu) – 1953  La route du bonheur (Maurice Labro & Giorgio Simonelli) – Un acte d’amour / Act of love (Anatole Litvak) – 1956  The happy road (La route joyeuse) (Gene Kelly) – 1957  La peau de l’ours (Claude Boissol) – À pied, à cheval et en voiture (Maurice Delbez) – Les surmenés (Jacques Doniol-Valcroze, CM) –  Comme un cheveu sur la soupe (Maurice Régamey) – Trois pin-up comme ça (Robert Bibal) – 1958  Le désordre et la nuit (Gilles Grangier) – En cas de malheur (Claude Autant-Lara) – Et ta soeur ? (En Belgique : Ma soeur exagère) (Maurice Delbez) – Sacrée jeunesse (André Berthomieu) – Cabriole ou la journée d’une danseuse (Robert Bibal, CM, voix du récitant) – 1959 La marraine de Charley (Pierre Chevalier) – Les jeux de l’amour (Philippe de Broca) – 1960  Le farceur (Philippe de Broca) – Candide (Norbert Carbonnaux) – L’amant de cinq jours (Philippe de Broca) – 1961  Goodbye again ? (Aimez-vous Brahms ?) (Anatole Litvak) – Les sept péchés capitaux [épisode « L’avarice »] (Claude Chabrol) – La gamberge (Norbert Carbonnaux) – Le caporal épinglé (Jean Renoir) – Napoléon II, l’aiglon (Claude Boissol) – 1962  Arsène Lupin contre Arsène Lupin (Édouard Molinaro) – Cyrano et d’Artagnan (Abel Gance) – 1963  Nunca pasa nada (Une femme est passée) (Juan Antonio Bardem) – Alta infedelta (Haute infidélité) [épisode « La sospirose / La jalousie »] (Luciano Salce) – Les plus belles escroqueries du monde [épisode « L’homme qui vendit la Tour Eiffel »]  (Claude Chabrol) – 1964  Un monsieur de compagnie (Philippe de Broca) – Those magnificent men in their flying machines (Ces merveilleux fous volants dans leur drôle de machines)  (Ken Annakin) – 1965  Les fêtes galantes (René Clair) – Paris brûle-t-il ? (René Clément) – 1966  Jeu de massacre (Alain Jessua) – 1967  Le dolce signore (Pas folles, les mignonnes) (Luigi Zampa) – La révolution d’octobre (Frédéric Rossif, documentaire, voix du récitant) – 1969  Oh ! what a lovely war (Ah ! Dieu que la guerre est jolie) (Richard Attenborough) – L’armée des ombres (Jean-Pierre Melville) – L’ours et la poupée (Michel Deville) – 1970  La rupture (Claude Chabrol) – Le bateau sur l’herbe (Gérard Brach) – 1971  Baxter (En Belgique « R. comme Roger ») (Lionel Jeffries) – Malpertuis (Harry Kümel) – 1972  Le charme discret de la bourgeoisie (Luis Buñuel) – Il magnate (Le magnat) (Gianni Grimaldi) – 1973  Le mouton enragé (Michel Deville) – 1974  The three musketeers (Les trois mousquetaires) (Richard Lester) – The four musketeers (La revance de Milady) (Richard Lester) – Murder on the Orient-Express (Le crime de l’Orient-Express) (Sidney Lumet) – 1975  That lucky touch (Le veinard) (Christopher Miles) – Docteur Françoise Gailland (Jean-Louis Bertuccelli) – Les oeufs brouillés (Joël Santoni) – 1976  Folies bourgeoises (Claude Chabrol) – 1977  Who is killing the great chiefs of Europe (La grande cuisine) (Ted Kotcheff) – 1978  Les rendez-vous d’Anna (Chantal Akerman) – Contro 4 bandiere/From hell to victory (De l’enfer à la victoire)(Hank Milestone) – Je te tiens, tu me tiens par la barbichette (Jean Yanne) – 1979  La giacca verde (Le maestro) (Franco Giraldi) –  La ville des silences (Jean Marboeuf) –  Alicja / Alice (Jacek Bromski & Jerzy Gruza) – Le soleil en face / Les morts de Marat (Pierre Kast) – Grandison (Joachim Kurz, inédit en France) –  5 % de risque (Jean Pourtalé) – 1980  Superman II (Richard Lester, cameo) –  1981  La vie continue (Moshé Mizrahi) –  Nudo di donna (Nu de femme) (Nino Manfredi) – La guerrillera (Pierre Kast) –  1982   Ehrengard (Emilo Greco) (+ version TV) – La truite (Joseph Losey) – 1983  Désir (Jean-Paul Scarpitta, inédit) – Vive la sociale (Gérard Mordillat) – 1984  Tranches de vie (François Leterrier) – 1986  Se un giorno busserai alla mia porta (Luigi Perelli, téléfilm parfois diffusé en salles) – 1987  Chouans ! (Philippe de Broca) – Vado a riprendermi il gatto (Giuliano Biagetti) – Migrations / Seobe / La guerre la plus glorieuse (Migrations) (Aleksandar Petrovic, présenté au Festival de Cannes en  1989) – 1988  Mangeclous (Moshé Mizrahi) – The return of the Musketeers (Le retour des mousquetaires) (Richard Lester) – 1989  Mister Frost (Philippe Setbon) – Vincent & Theo (Vincent et Théo) (Robert Altman) (+ version TV) – 1990  The favour, the watch and the very big fish (La montre, la croix et la manière) (Ben Lewin) – 1991  Sur la terre comme au ciel (Marion Hänsel) – The maid (En France, présenté comme un téléfilm sous le titre « Un amour de banquier ») (Ian Toyton) – Aqui d’el Rei ! (António Pedro Vasconcelos) – 1992  Pétain (Jean Marboeuf) – L’oeil écarlate (Dominique Roulet) – Coup de jeune (Xavier Gélin) – Métisse (Mathieu Kassovitz) – Chá forte com limao (Thé  noir au citon) (Antonio de Macedo) – 1993  L’enfer (Claude Chabrol) – Casque bleu (Gérard Jugnot) – 1994  Prêt-à-porter (Robert Altman) – 1995  La cérémonie (Claude Chabrol) – Amores que matan (Juan Manuel Chumilla) – Valse nocturne / Valse bleue (Christopher Barry, CM) – Les Bidochon (Serge Korber) – 1996  La lettre (Pierre Anaïs, CM) – 1997  La patinoire (Jean-Philippe Toussaint) – Con rabbia e con amore (Alfredo Angeli) – 1998  Le plus beau pays du monde (Marcel Bluwal) – Trafic d’influence (Dominique Farrugia) – 1999  Sade (Benoît Jacquot) – Les rivières pourpres (Mathieu Kassovitz) – 2002  Michel Vaillant (Louis-Pascal Couvelaire) – À l’abri des regards indiscrets (Ruben Alves & Hugo Gélin, CM) – 2003  The wooden camera (La caméra de bois) (Ntshaveni Wa Luruli) – Narco (Tristan Aurouet  Gilles Lellouche) –  2004  Dans tes rêves (Denys Thibaud) – Virgil (Mabrouk El Mechri) – Judas (Nicolas Barry, CM) – 2005  Bunker paradise (Stefan Liberski) – Call me Agostino (Christine Laurent) – Fair play (Lionel Baillu) – J’aurais voulu être un danseur (Alain Berliner) – Congorama (Philippe Falardeau) – Mauvaise foi (Roschdy Zem) – 2006  Où avais-je la tête (Nathalie Donnini) – J’ai plein de projets (Karim Adda, CM) – Astérix aux Jeux Olympiques (Frédéric Forestier) – Contre-enquête (Franck Mancuso) – Acteur (Jocelyn Quivrin, CM) – Le scaphandre et le papillon (Julian Schnabel) – Vous êtes de la police ? (Romuald Beugnon). 

 

Avec Françoise Fabian dans « La femme coquelicot »

Télévision :  1956  La famille Anodin (André Leroux) – 1958  Les cinq dernières minutes : Le théâtre du crime (Claude Loursais) – 1959  La nuit de Tom Brown (Claude Barma) – En votre âme et conscience : L’affaire Benoît (Claude Barma) – Le fameux coup de chapeau (Michel Mitrani) – Les vacances de Brutus (Michel Mitrani) – 1960  La mariage de Figaro ou la folle journée (Marcel Bluwal) – 1966  L’avare (Robert Valey) – Le jeu de l’amour et du hasard (Marcel Bluwal) – 1967  La double inconstance (Marcel Bluwal) – 1969  Mesure pour mesure (Marcel Bluwal) – 1977  L’oeil de l’autre (Bernard Queysanne) – 1978  La giaca verde (Le maestro) (Franco Giraldi) – 199  Love in a cold climate (Donald Mc Whinnie) – 1980  Shillingburry tale (Val Guest) – Ca, ça va plaire (Bernard Lion, + co-réalisation) – La mise à nu (André Gazuts) – Il caso Grasiosi (Michele Massa) – 1982  Le fleuve étincelant (Patrick Bureau) – 1983  Le dernier banco (Claude de Givray) – 1985  La méthode rose (Claude de Givray) – Série noire : La lune d’Omaha (Jean Marboeuf) – Padre Brown (Vittorio de Sisti) – Vous êtes avec moi Victoria (Claude Barma) – Sei delitti per Padre Brown (Vittorio de Sisti) – L’été 36 (Yves Robert) – Se un giorno busserai alla mia porta (Luigi Perelli) – 1985  Liberty (Richard C Sarafian) – Nel gorgo del peccato (Andrea et Antoine Frazzi) – Casanova (Sidney Langton) – Les temps difficiles (Georges Folgoas, captation) – 1987  Talkie walkie (Daniel Moosman) – Sahara secret (Le secret du Sahara) (Alberto Negrin) – A matter of convenience (Le prix à payer) (Ben Lewin) – Sentimental journey (Peter Patzak) – Emma, quatro storie di donne / Una moglie (Carlo Lizzani) – La chaîne (Claude Faraldo) – Tu crois pas si bien dire (Giovanni Fago) – 1989  Le piège infernal (Richard Martin) – The phantom of the Opera (Le fantôme de l’Opéra) (Tony Richardson) – Aqui d’El Rei ! (Lieutenant Lorena) (António-Pedro Vasconcelos) – 1990  Avanti (Patrick Bureau, captation) – Disperatamente Giulia (Enrico Maria Salerno) – The fatal image / French kill (Meutre en vidéo) (Thomas J Wright) – Fantaghirò / Cave of the Golden Rose (La caverne de la rose d’or) (Lamberto Bava) – Une affaire d’état (Jean Marboeuf) –  Mountain of diamonds (La montagne de diamants) (Jeannot Szwarc) – Warburg : A man of influence (Warburg, le banquier des princes) (Moshé Mizrahi) – Puissance 4 : Déshabillés fatals (Jean Marboeuf) – 1991  Talky-Walkie : Barbara a du punch Daniel Moosmann) – Haute tension : Adriana (Juan Luis Buñuel) – Salut les coquins (Marcel Zemour) – Notorious (Colin Bucksey) – The Young Indiana Jones Chronicles : Petrograd, July 1917 (Les aventures du jeune Indiana Jones) (Simon Wincer) – De terre et de sang (Jim Goddard) – 1992  La treizième voiture (Alain Bonnot) – Le secret d’Élisa Rhais (Jacques Otmezguine) – 1993  Héritage (Maurice Frydland) – 1994  Le juge est une femme : Dérive mortelle (Claude Grinberg) – 1995  Tatort – Eine todsichere Falle (Vol & envol) (Hans-Christoph Blumenberg) – Le fils de Paul (Didier Grousset) – Le cœur étincelant (Henri Helman) – L’embellie (Charlotte Silvera) – Le match de notre vie (Gareth Davies) – Le neuvième jour (David Delrieux) – 1996  Flairs ennemis (Robin Davis) – Le président et la garde-barrière (Jean-Dominique de la Rochefoucauld) – Un printemps de chien (Alain Tasma) – Les tiers mondains (Éric Civanyan) – 1998  Il cuore e la spada (Le cœur et l’épée) (Fabrizzio Costa) – Les montagnes bleues (Fabrizzio Costa) – Mai con i quadri (Mario Canaio) – Les Cordier, juge et flic : Les tables de la loi (Pascale Dallet) – 1999  Crimes en série : Histoires d’amour (Patrick Dewolf) – Le coup du lapin (Didier Grousset) – 2000  Double emploi (Bruno Carrière) – Rastignac ou les ambitieux (Alain Tasma) – Un pique-nique chez Osiris (Nina Companéez) – Ma vie en l’air (Arnaud Sélignac) – Méditerranée (Henri Helman) – 2001  La memoria e il perdono (Giorgio Capitani) – La faux (Jean-Dominique de la Rochefoucauld) – La chanson du maçon (Nina Companéez) – 2002  La maison du canal (Alain Berliner) – Une deuxième chance (Frédéric Krivine) – 2003  Fabien Cosma : D’un battement de cils (Jean-Claude Sussfeld) – 2004  Menteur ! menteuse ! (Henri Helman) – 2005  La femme coquelicot (Jérôme Foulon) –  2006  Le vrai coupable (Francis Huster). 

(2) Petit commentaire : Pour la petite histoire, Jean-Pierre Cassel, ne fait qu’une brève apparition dans « Superman 2 ». J’avais d’ailleurs rajouté son rôle sur la fiche IMDB du film, qui manifestement ignorait sa participation dans ce second opus. Il est assez fréquent de voir un journaliste un peu hâtif, donner une importance à un rôle mineur après avoir consulté cette célèbre base de données.

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Fragments d’un dictionnaire amoureux : Gilles Gaston-Dreyfus

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Le spectateur lui sera toujours redevable, la moindre de ses apparitions anime l’ensemble et nous amène dans un univers déjanté. Dans « Hellphone », il est irrésistible en proviseur « cartoonesque », amateur de poissons rouges, trônant dans un bureau, infatué de lui même pour finir par être malmené par la puberté de Jean-Baptiste Maunier dont un téléphone portable satanique est tombé amoureux – Christophe Lambert et son porte-clefs criant à tout bout de champ « I love you » dans le film homonyme de Marco Ferreri, peut aller se rhabiller… -. En œnologue surlignant sa compétence, hallucinant de roublardise, il arrive même à réveiller Russel Crowe dans le pachydermique « Une bonne année » en suscitant la méfiance, et dans « Incontrôlable » il est un médecin ayant gravi depuis longtemps la plus haute échelle de la folie, laissant Michael Youn sidéré d’avoir son corps qui parle avec la voix de Med Hondo.

Je vous propose simplement de lui porter un culte, l’acteur qui nous sauve de l’ennui  pour nous amener directement dans la jubilation.

Cela fait un petit moment qu’il nous est familier, on se souvient de ses mémorables scènes d’engueulades avec Catherine Frot dans « Escalier C », amusant Robin Renucci par leurs éternelles disputes. Yves Boisset en fait un moment l’un de ses acteurs fétiches.

C’est avec Édouard Baer qu’il connaît un regain de popularité, notamment avec le cultissime « Centre de visionnage » de l’émission « Nulle part ailleurs » sur Canal plus dans le but de contribuer à son amélioration dans la mesure où il y aurait lieu de le faire » (sic ! ) de 1997 à 1999. Il fallait le voir en éternel rouspéteur, il incarne le sentencieux Me Morissard, qui a même droit à sa phrase culte : « Je suis une merde ! ». A l’aise dans l’univers Baerien, il nous livre toujours de véritables morceaux d’anthologies, en collaborateur fatigué dans « La Bostella » et en narrateur lunaire et envahissant dans « Akoibon ».

Il participe aussi à la série de Nicolas & Bruno « Cogip 2000 », version pré- « Bureau », il figure aussi dans l’originale émission « L’œil du cyclone », toujours pour Canal + et perturbe même sérieusement la campagne électorale 2007 – qui n’arrête pas de nous faire rire jaune d’ailleurs -, dans des détournements pour le site de Karl Zéro. Multicarte, il a une carrière prestigieuse au théâtre, avec les plus grands metteurs en scène, comme Jorge Lavelli, André Engel, Roger Planchon ou Bernard Murat. Il fut aussi le directeur de la compagnie théâtrale du « Chapeau ».

Il vient véritablement du moule cassé des « excentriques du cinéma français » chers à Raymond Chirat et Olivier Barrot, on l’aurait vu volontiers animer de sa folie quelques films des années 30 à 60. Le délire chez lui n’est jamais loin, et le rencontrer c’est une entrée directe dans l’insolite, comme son personnage de l’inconnu du cimetière dans « Je pense à vous ». Il est le convoyeur toujours en train de faire des quêtes et répondant au doux sobriquet de « Butagaz » dans « Le convoyeur » et le bon copain s’amusant de sa libido dans « Monique ».

On le retrouve aussi en président haineux sous perfusion qui ne s’exprime que par « borborygmes », et en fantôme homosexuel, trompant son éternel ennui en repassant sans cesse, tous les vêtements qu’il trouve.

On ne lui aura finalement pas souvent demandé d’être dans une tonalité « normale » à l’instar du père qui retrouve le goût de vivre dans « La maison de Nina » et du prof soucieux d’équitation dans « Danse avec lui », que l’on devine sensible et pudique, ne montrant pas sa joie de retrouver le personnage joué par Mathilde Seigner après des années d’absences.

Comme souvent pour les comédiens, c’est Bertrand Tavernier qui l’utilise avec le plus de subtilité, en lui offrant le rôle d’Yves Fontaine, dans « Holy Lola ». Il est un père adoptif rigoriste, maladroit et buté, s’évertuant à faire répéter l’alphabet à sa fille adoptive, braquant toute la petite communauté des Français cherchant à adopter au Cambodge. Trop probe finalement, il ne va pas comprendre une société de compromission qui le dépasse, et derrière une attitude sur la défensive, il n’arrive pourtant pas à cacher sa trop grande humanité. Dans « Cherche fiancé tous frais payé », il vole allégrement, avec Isabelle Gélinas, la vedette du couple Alexandra Lamy-Bruno Salomone. Dans le rôle du mari trop idéal pour ne pas cacher quelques failles, il excelle quand ses excès de boissons révèlent chez lui des penchants homosexuels. Dans « Cortex », il est un malade qui perd sa mémoire, mais qui reste avisé d’une situation trouble malgré son handicap. Dans «  »Hello Goodbye » », il est un médecin vivant en Israël et amateur de taxidermie, qui promet un peu trop rapidement un poste de gynécologue à notre Gégé Depardieu national un peu chloroformé. Il compose un « Beria » saisissant en deux scènes dans « Une exécution ordinaire ». Dans l’une, il se renseigne auprès d’un médecin prisonnier politique de l’état de santé de Staline, et dans l’autre, assez drolatique, il visionne avec ce dernier un film de John Wayne, avec une traduction simultanée décalée.

Au final, son apparence tranquille cache toujours quelques secrets bien gardés, comme le voisin de Kad Merad, qui semble très contrarié qu’il ait une inclinaison pour Christiana Reali dans « Le grand méchant loup », ou le père de famille qui a peur de ne pas y arriver dans « Tirez, la langue mademoiselle ». Il est toujours à l’aise dans le délire, en centurion ivrogne dans la quatrième mouture d’Astérix, ou le retraité qui termine « façon puzzle » dans « 9 mois ferme ».

Quoi qu’il en soit, nous avons beaucoup à attendre de ce fabuleux comédien, capable de toujours nous expédier dans de hautes sphères délirantes.

Gilles Gaston-Dreyfus

Gilles Gaston-Dreyfus dans « Bad timing »

Filmographie : 1983  La fiancée qui venait du froid (Charles Némès) – 1984  Escalier C (Jean-Charles Tacchella) – 1986  Lévy et Goliath (Gérard Oury) – Edwige et l’amour (Cécile Decugis, CM) – Le moustachu (Dominique Chaussois) – 1987  Bernadette (Jean Delannoy) – La travestie (Yves Boisset) – 1988  Les cigognes n’en font qu’à leur tête (Didier Kaminka) – Radio corbeau (Yves Boisset) – L’étudiante (Claude Pinoteau) – Vampitreries (Éric Delatour, CM) – Envoyez les violons (Roger Andrieux) – Le dénommé (Jean-Claude Dague) – 1989  Chanson à ma mère (Deva-Sugeeta Fribourg, CM) – 1990  Déminage (Pierre-Oscar Levy, CM) – La double vie de Véronique ( Krzystof Kieslowski) – La tribu (Yves Boisset) – 1991  La gamine (Hervé Palud) – Les improductifs (Pierre Isoard, CM) – Mauvais garçon (Jacques Bral) – 1992  La fille de l’air (Maroun Bagdadi) – Décroche, Pénélope ! (Sylvie Flepp & Didier Fontan, CM) – 1993  Neuf mois (Patrick Braoudé) – 1994  Interview (Benoît Di Sabatino, CM) – 1995  (Sic) (Matthieu Poirot-Delpech, CM) – Sept ans et  demi de réflexion (Sylvie Flepp, CM) – 1997  La vieille barrière (Lyèce  Boukhitine) – Qui va Pino va sano (Fabrice Roger-Lacan, CM) – 1998  Moi j’ai pas la télé (Raphaël Meltz & Pauline Bauer, CM) – Les frères Sœur (Frédéric Jardin) – 1999  Sur un air d’autoroute (Thierry Boscheron) – La Bostella (Édouard Baer) – 2000 Cy-belle (Grégory Baubeau, CM) – Laissez passer (Bertrand Tavernier) – Un oiseau dans le plafond (Cécile Macherel, CM) – 2002  Pauvre de moi (Olivier Gorce, CM) –  L’esprit du jeu (Philippe Dorison, CM) – Bois ta suze (Thibault Staib, CM) – Monique (Valérie Guignabodet) – 2003  Le convoyeur (Nicolas Boukhrief) – Mariages ! (Valérie Guignabodet) – Holy Lola (Bertrand Tavernier) –  2004  Akoibon (Édouard Baer) – Sanctus (Alain Boegner, CM) – La maison de Nina (Richard Dembo) – 2005  Incontrôlable (Raffy Shart) – Roucoulements sourds et inquiets (Jean-Christophe Thormann, CM) – Enfermés dehors (Albert Dupontel) – Poltergay (Éric Lavaine) – 2006  Je pense à vous (Pascal Bonitzer) – A good year (Une grande année) (Ridley Scott) – Danse avec lui (Valérie Guignabodet) – Hellphone (James Huth) – Mr. Bean’s holiday (Les vacances de Mr. Bean) (Steve Bendelack) – 2007  Cherche fiancé tous frais payés (Aline Issermann) – Cortex (Nicolas Boukhrief) – Les dents de la nuit (Vincent Lobelle & Stephen Cafiero) – Hello Goodbye (Graham Guit) – Les vieux sont nerveux (Thierry Boscheron) – 2008  Sale timing (Olivier Barma, CM) – 2009  Une exécution ordinaire (Marc Dugain) – Gardiens de l’ordre (Nicolas Boukhrief) – Divorces (Valérie Guignabodet) – Un mystérieux mystère (Céline Macherel, CM, + scénario) – Machination (Arnaud Demanche, CM) – 2010  Station Pir (Gilbert Glogowski, CM) – 2011  Astérix et Obélix : Au service de sa majesté (Laurent Tirard) – 2012  Le grand méchant loup (Nicolas & Bruno) – Tire ta langue, mademoiselle (Axelle Robert) – Neuf mois ferme (Albert Dupontel) – Parenthèse (Bernard Tanguy, CM). Voxographie : 2009  Logorama (H5 , Hervé de Crécy , François Alaux & Ludovic Houplain, CM, animation).

Télévision : 1984  Deux filles sur un banc (Alain Ferrari)-– 1986  À nous les beaux dimanches (Robert Mazoyer) – La dame des dunes (Joyce Buñuel) – 1987  Marie Pervenche : La dernière patrouille (Claude Boissol) – 1988  L’éloignement (Yves-André Hubert) – La belle anglaise : S’il vous plaît chauffeur – Palace (Jean-Michel Ribes) – 1989  Le retour d’Arsène Lupin : La robe de diamants (Nicolas Ribowski) – A tale of two cities (Un comte de deux villes) (Philippe Monnier) – 1990  Haute tension : Meutre en douces (Patrick Dromgoole) – Notre Imogène (Sylvain Madigan) – 1991  Navarro : Mort clinique (Gérard Marx) – Strangers dans la nuit (Sylvain Madigan) – C’est quoi ce petit boulot (Michel Berny) – Aldo tous risques : Mascarade (Michel Lang) – 1992  Aldo tous risques : La guigne (Michel Lang) – 1993  L’affaire Seznec (Yves Boisset) – Charlemagne (Id) (Clive Donner) – Ascension express (Nicolas Ribowski) – 1994  Couchettes express (Luc Béraud) – 1995  Le juge est une femme : Dérive mortelle (Claude Grinberg) – 1996  Le galopin (Serge Korber) – Maigret a peur (Claude Goretta) – 1997  Une femme en blanc (Aline Issermann) – Navarro : Le parfum du danger (Nicolas Ribowski) – Un et un font six : Crise de confiance (Franck Appréderis) – Un et un fonx six : Ca passe ou ça casse (Franck Appréderis) – 1998  Une grosse bouchée d’amour (Michaëlla Watteaux) – Venise est une femme (Jean-Pierre Vergne) – 2000  Marc Eliot : Ces flics qu’on dit sauvage (Patrick Jamain) – 2001  Thérèse et Léon (Claude Goretta) – La mort est rousse (Christian Faure) – 2002  La kiné : Double drame (Aline Issermann) – 2003  Cogip 2000) (Nicolas & Bruno) – Louis Page : Un enfant en danger (Chantal Picault) – 2006  Sartre, l’âge des passions (Claude Goretta) – 2008  Central nuit : Comme des soeurs (Olivier Barma) – 2009  L’éloignement (Emmanuel Murat, captation en direct) – 2010  Les Bleus : premiers pas dans la police (Chambre avec vue) (Olivier Barma) – 2012  Trafics (Olivier Barma & Laure Diaz, série) – Fais pas ci, fais pas ça (Saison 5) (Gabriel Julien-Laferrière) – 2013  Kaboul Kitchen (Frédéric Berthe & Frédéric Belekjdian).

Dernière mise à jour du 12/10/2013

 

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Stuart Rosenberg

Annonce de la mort du réalisateur Stuart Rosenberg, à l’âge de 79 ans, d’une crise cardiaque, jeudi dernier à Beverly Hills. Cet ancien enseignant de littérature à l’université de New York, fit une carrière prolifique à la télévision, à l’instar d’un Robert Altman, en réalisant des séries à la télévision (« La quatrième dimension », « Alfred Hitchcock présente », « Les incorruptibles », etc..). Il commence en 1959, le tournage de « Crime société anonyme », interrompu par une grève des acteurs, solidaire avec eux, il fut remplacé par Burt Balaban. La critique était parfois rude avec cet habile artisan, pourtant toujours soucieux de faire exister une atmosphère et un décors.  Michel Grisolia dans Cinéma 73 N°178-1979, évoquait « le tape à l’œil de très mauvais goût dans lequel baignent aussi bien « Les indésirables » que « Move » », mais louait par contre ses « deux réquisitoires désespérés sur l’Amérique contemporaine : les forçats de « Luke la main froide » et les paumés de « W.u.s.a. » ». Il offre donc des rôles forts à Paul Newman, comme dans « Luke, la main froide » – qui valu l’oscar du meilleur second rôle à George Kennedy. Il le retrouve pour « W.u.s.a. » – nom d’une station de radio ouvertement fasciste – avec sa femme Joan Woodward, « Les indésirables » démythification du western hollywoodien, avec comme partenaire Lee Marvin et « La toile d’araignée » mettant en scène un privé aux prises avec les habituels clichés du polar dans une Floride écrasée de soleil. S’il est efficace dans les films de dénonciation, il semble cependant moins à l’aise dans la comédie comme dans « Folie d’Avril », malgré le tandem Jack Lemmon et Catherine Deneuve, et avec des grands sujets, tel l’exil des juifs expulsés d’Allemagne en 1976, malgré un impressionnant casting all-stars, – Orson Welles, Max Von Sydow, Faye Dunaway, etc… -. Il signa un curieux film en 1973, « Le flic ricanant », mettant en vedette Walter Matthau qui incarnait un policier sans histoire traquant un criminel sadique. Il connaît une consécration avec « Amityville, la maison du diable » victime de l’actuelle mode des remakes, mais le film a cependant mal vieilli et déçoit désormais malgré l’impact qu’il pouvait avoir dans les années 80. Il signe deux très bons films dans les années 80, tel « Brubaker » – il avait remplacé Bob Rafelson, réalisateur initalement prévu pour ce film -, où Robert Redford personnifie un nouveau directeur d’un pénitentier, voulant réformer les lieux, et « Le pape de Greenwich village » qui offrit l’un de ses meilleurs rôles à Mickey Rourke. Ce dernier était le partenaire d’Eric Roberts et Darryl Hannah, dans cette histoire de petits malfrats désoeuvrés. La dernière partie de sa carrière marquait le pas notamment avec « Six hommes pour tuer Harry », film d’action reaganien qu’il désavoua en signant « Alan Smithee » au générique. Son dernier film, « My heroes have always been cow-boy » datait de 1991, avec Scott Glenn et Ben Johnson, et est resté inédit en France. Jean-Pierre Coursodon et Bertrand Tavernier, lui avait consacré un article dans l’indispensable « 50 ans de cinéma américain », excellente approche sur ce réalisateur. 

Filmographie : 1960  Murder, Inc. (Crime société anonyme) (Film terminé par Burt Balaban) – Question 7 / Frage 7 – 1964  The black list (documentaire) – 1967  Cool Hand Luke (Luke la main froide) – 1969  The April Fools (Folies d’Avril) – 1970  Move (+ producteur exécutif) – WUSA (W.u.s.a.) – 1971  Pockey Money (Les indésirables) – 1973  The laughing policeman (Le flic ricanant) – 1975  The Drowning Pool (La toile d’araignée) – 1976  Voyage of the Damned (Le voyage des damnés) – 1979  Love and Bullets (Avec les compliments de Charlie) – The Amityville Horror (Amityville, la maison du diable) –  1980  Brubaker (Id) – 1984 Village Dreams (Le pape de Greenwich Village) – 1986  Let’s Get Harry (Six hommes pour tuer Harry) – 1991  My heroes have always been cowboys.

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Nicole Stéphane

Annonce de la mort de Nicole Stéphane actrice et productrice française. Elle est très active durant la seconde guerre mondiale, confère sa fiche Wikipédia. Issue de la célèbre famille des de Rothschild, elle est choisie par Jean-Pierre Melville qui est un de ses amis pour incarner la mutique nièce de Jean-Marie Robain dans « Le silence de la mer », adaptation du célèbre roman de Vercors, tourné en 1947 sans avoir l’autorisation de ce dernier. Melville l’évoque dans le livre de « Rui Nogueira », « Le cinéma de Jean-Pierre Melville » (Éditions Seghers – Cinéma 2000, 1974, réédité par « Les cahiers du cinéma » : «  …Un jour qu’elle me confiait son désir de devenir réalisateur, je lui avais répondu : « Je vous prendrai comme assistante le jour où je ferai un film, mais permettez-moi de vous dire que j’aimerais mieux que vous y participiez comme comédienne ». Son profil très pur et ses yeux très clair convenaient parfaitement au rôle de la nièce ». Elle est excellente dans son attitude butée face à Howard Vernon incarnant un officier allemand cultivé. Elle retrouve Melville, dans l’adaptation de Jean Cocteau, « Les enfants terribles », où elle incarne une échevelée Élisabeth, elle y est excellente face au piètre Edouard Dhermite imposé par Cocteau. Elle abandonne très vite sa carrière d’actrice – elle figurait Marie Curie dans un court-métrage de Georges Franju », suite à un accident de la route pour se lancer dans la production pour des projets ambitieux. Elle produit « La vie de château » qui est un petit bijou de la comédie et est le premier film de Jean-Paul Rappeneau, Le site Artepix évoquait ses difficultés sur le financement de « Mourir à Madrid », évoqué dans le bonus du DVD du film : « Cette entrevue avec la productrice du film, Nicole Stéphane, permet de revenir sur son engagement sur le projet et les difficultés qu’elle a rencontrées avec Frédéric Rossif pour le mener à bien. Elle explique, entre autres choses, comment le gouvernement espagnol lui a proposé de racheter son film, pour l’empêcher d’être projeté en Espagne… ». A partir de 1969, elle avait pour projet d’adapter Marcel Proust dans une adaptation de Suso Cecchi d’Amico pour Luchino Visconti, la préparation fut évoquée dans deux livres « Proust à l’écran » de Peter Kranvanja » éditions « La lettre volée » et dans un livre de Suso Cecchi D’Amico paru aux éditions Personna. L’adaptation, finit par aboutir en 1983, pour le film honorable de Wolker Schlöndorff. Il convenait de saluer ce parcours exceptionnel. Annonce également, ces derniers jours du décès de la comédienne Betty Hutton et du réalisateur Jeff Musso.

Filmographie : Comme actrice : Le silence de la mer (Jean-Pierre Melville) – 1949  Les enfants terribles (Jean-Pierre Melville) La dernière nouvelle (Rune Hagberg &  Georges Patrix, CM) – 1950  Né de père inconnu (Maurice Cloche) – 1953  Le défroqué (Léo Joannon) – Monsieur et Madame Curie (Georges Franju, CM) – 1957  (Carve har name with pride (Agent secret S.Z.) (Lewis Gilbert) – 1984  Libération, libération : Le cinéma de l’ombre (Pierre Beuchot, documentaire TV). Comme réalisatrice : 1956  Les Hydrocéphales (CM) – 1958  La génération du désert (CM) – 1967  Une guerre pour une paix (CM) – 1993 En attendant Godot à Sarajevo (CM) – Comme productrice : 1961  Vel d’hiv (Frédéric Rossif & Guy Blanc, CM) – 1962  Mourir à Madrid (Frédéric Rossif) – 1965  La vie de château (Jean-Paul Rappeneau) – 1967  L’une et l’autre (René Allio) – 1968  Phèdre (Pierre Jourdan) – 1969  Détruire, dit-elle  (Marguerite Duras) – 1974  Promised lands (Susan Sontag, documentaire) –  1988  Sarah (Edgardo Cozarinsky, CM) –  Divers : Montage du générique : 1963  Behold a pale horse (Et vint le jour de la vengeance) (Fred Zinnemann). Comme assistante réalisatrice : 1957  Mon chien (Georges Franju, CM).

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Colette Brosset

Robert Dhéry & Colette Brosset

Les mouettes ne gueuleront plus… Annonce de la mort de Colette Brosset, à l’âge de 85 ans. Sa gouaille participait à un grand talent novateur dans la comédie française pour des films cultes, réalisé par son mari Robert Dhéry, décédé en 2004. Ce dernier ne me semble pas avoir la place qu’il mérite dans le panthéon des auteurs du cinéma français, mais ses films restent chers à nos coeurs. C’était un grand metteur en scéne, il suffit de comparer ses films avec la captation d' »Ah! Les belles bacchantes » par Jean Loubignac. Sa bande de comédiens autour de son couple, Christian Duvaleix, Robert Rollis ou Louis de Funès faisait merveilles. Dhéry lui-même jouait des personnages lunaires comme celui du supporter, tenu de rester muet par un dentiste dans un Londres hostile, ou le nouveau propriétaire de « La belle américaine », des rôles souvent lunaires. Colette Brosset incarnait la raison, avec un petit côté frondeur, il fallait la voir essayer de suivre, avec dynamisme, les chamailleries du tandem Dhéry-De Funès dans « Le petit baigneur ». Si comme comédien, Robert Dhéry était poignant dans « Malville » et « La passion Béatrice » dans le registre de l’émotion, Colette Brosset n’aura pas eu la chance d’avoir des rôles à sa mesure en dehors des films de son mari, mais on la retrouvait dans « La grande vadrouille » ou elle trouvait des uniformes allemands et des chiens pour les donner au tandem Bourvil-de Funès. Elle avait en effet un talent complet et un charme proche d’une Sophie Desmarets. Elle excellait pourtant dans tous les domaines, la danse – elle avait réalisé la chorégraphie des serveurs dans « Le grand restaurant » (Jacques Besnard, 1966), le théâtre, la radio et le cinéma. Certaines filmographies me semble la créditer à tort pour le film de René Clément « Paris brûle-t’il ? » (1965).

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