Annonce de la mort du cinéaste Francis Girod, ce 19 novembre, à Bordeaux. Victime d’une crise cardiaque, il tournait un téléfilm inspiré de l’affaire Alègre, voir les informations du site Flach Films. Il débuta comme journaliste au « Nouvel observateur ». Il débute au cinéma en devenant assissant de Jean-Pierre Mocky – qui l’égratigne dans son dernier film quand il fut chevalier des « Beaux arts » en 2002- (« Les vierges » 1962), Robert Vadim (« La ronde » (1963), « La curée » (1966)), François Reichenbach (« Les amoureux du « France » (1963), Alex Joffé (« Les culottes rouges » (1962), etc… Sa carrière de réalisateur déute sur des chapeaux de roues avec « Le Trio infernal » (1973), brûlot surréaliste, baignant dans l’humour noir – et dans l’acide -. Il dépeint trois monstres – Michel Piccoli, Romy Schneider et Masha Gomska, qui élaborent une macabre escroquerie à l’assurance vie. Avec « René-la-Canne » (1976), il fait de l’oeuvre de René Borniche, une pochade, avec Gérard Depardieu et Michel Piccoli, en roues libres. « L’état sauvage » (1977), d’après le roman de Georges Conchon, est une critique acerbe d’un pays africain, qui vient d’obtenir l’indépendance, en proie à la corruption. « La banquière » (1980) d’après la véridique affaire Hanau, histoire d’une banqueroute qui defraya la chronique au début du siècle dernier, offre l’un de ses meilleurs rôles à Romy Schneider. « Le grand frère » (1981) est titré d’une série noire de Sam Ross, et adapté par Michel Grisolia, parle des immigrés dans un Marseille hostile, porté par l’interprétation de Gérard Depardieu, et révélant Souad Amidou. « Le bon plaisir » (1983), adapté d’un livre de Françoise Giroud, aux éditions Mazarine ! est un portrait au vitriol de la Présidence de la République, avec un Jean-Louis Trintignant éblouissant, ayant un fils caché avec Catherine Deneuve. Suivent « Descente aux enfers » (1986), adaptation assez conventionnelle de David Goodis, où Sophie Marceau, retrouve son « père » de « La boum », Claude Brasseur, pour en faire son amant. « L’enfance de l’art » est une sorte de modernisation d' »Entrée des artistes », voulant donner sa chance à de jeunes comédiens comme Clotilde de Bayser et Michel Bompoil. « Lacenaire », donne l’occasion à Daniel Auteuil, après Marcel Herrand, le rôle du célèbre criminel, pour un film enlevé, ses échanges avec Jean Poiret, sont particulièrement jubilatoires. Ses derniers films déçoivent, avec quelques polars efficaces, mais décevant dans l’ensemble, avec « Délit mineur » (1995), « Passage à l’acte » (1995), montrant la neutralité malveillante d’un psychiatre joué par Daniel Auteuil, « Terminale » (1997), « Mauvais genre » (2001), malgré une saisissante composition de Robinson Stévenin, et « Un ami parfait » (2005). Il semblait avoir plus d’ambitions pour la télévision avec « Le pays des enfants perdus » (2003), page méconnue de notre histoire, où des élus français « transplantent » 200 enfants Réunionnais, en 1966, dans « La Creuse », pour lutter contre un exode massif, sans avoir d’états d’âmes. « Notable et non coupable » sera terminé par Dominique Baron. On retiendra aussi ses autres activités. Il fut comédien, on se souvient de son rôle de cinéaste démiurge et autoritaire dans « Zanzibar » (Christine Pascal, 1988). Il fallait le voir faire tomber une script de sa chaise, car selon lui, son regard est le plus juste, pour y installer une caméra. Il fut aussi un producteur intelligent, pour Jacques Rouffio (« L’horizon » (1966), « Sept morts sur ordonnance » (1975)), Marc Monnet (« Léa, l’hiver, 1970), Bernard Paul (« Beau masque », 1972), ou Jérôme Kanapa (« La République est morte à Dien-Bien-Phu, 1973). Il eu également de nombreuses activités pour la SACD, ou dans l’enseignement de l’art dramatique pour de jeunes comédiens. On peut déplorer, que l’acidité de son regard à ses débuts, ne traverse pas toute son oeuvre. « L’oncle de Russie », un téléfilm inédit, sera diffusé sur France 3 le 10 décembre prochain, avec Claude Brasseur, Marie-José Nat. L’histoire : « 1989. La perestroïka a assoupli les relations entre l’URSS et la France. Gaston Boissac refait alors surface : cet ancien soldat français, qui fut prisonnier des Allemands, a été libéré par les troupes soviétiques en 1945. Et il s’est retrouvé coincé pendant quarante-quatre ans de l’autre côté du rideau de fer. » (source : www.guidetele.com).

Filmographie : 1973  Le trio infernal – 1976  René-la-Canne – 1977  L’État sauvage – 1980  La banquière – 1981  Le grand frère – 1983  Le bon plaisir – 1986  Descente aux enfers – 1987  L’enfance de l’art – 1990  Lacenaire – 1991  Contre l’oubli [épisode « Archana Guha »] – 1990  Lacenaire – 1993  Délit mineur – 1995  Lumière et compagnie [Un sketche] – Passage à l’acte – 1997  Terminale – 2001  Mauvais genre – 2003  Le pays des enfants perdus (TV) – 2005  Un ami parfait – 2006  L’oncle de Russie (TV) – Notable donc coupable (TV, terminé par Dominique Baron).

©   Le coin du cinéphage (reproduction strictement interdite, textes déposés)