Troisième volet de ce qui peut constituer une trilogie (avec les jubilatoires « Alberto Express » et « Que la lumière soit » sur la dette au son père, « Ne quittez pas » est un bijou de conte philosophique, alternant le rythme d’une « screwball comédie » américaine et une humanité rare au cinéma français, à redécouvrir en ce moment en DVD.

Sergio Castellito est prodigieux d’inventivité, dans la lignée des grands comédiens italiens, tel celui qui jouait son père dans « Alberto Express » : Nino Manfredi et dont la disparition a touché de nombreux cinéphiles.

Sergio Castellitto

TOUTE la distribution est au même niveau, d’Isabelle Gélinas mêlant dureté et drôlerie, une rayonnante Rachida Brakni dans un rôle symbole, le toujours très juste Laszlo Szabo, l’Anglaise Emily Morgan en amour de jeunesse, Chantal Neuwirth en passagère d’avion perplexe, une inattendue Lisette Malidor et l’étonnant Maurice Bernard (le producteur) excellent dans le rôle du rabbin, pour ne citer que quelques-uns uns…

Il y a également les familiers d’Arthur Joffé, Tcheky Karyo en petit frère d’Harper (son personnage dans « Que la lumière soit », le formidable Zinedine Soualem, Dominique Pinon en clochard acerbe ou Hélène de Fougerolles.

L’une des nombreuses grandes idées de ce film est d’avoir pris Michel Serrault pour la voix du père défunt, on imagine aisément se morfondre et fulminer, tel un lion dans sa cage dans son univers « ouaté » jaloux de son fils, bien vivant lui. Il est difficile de parler de l’histoire sous peine de déflorer bon nombre de surprises, le film regorge d’espoir face aux situations désespérées et l’humour transcende une certaine dureté et une vision lucide de la vie.

On ne peut que se louer d’avoir un metteur en scène qui a un univers aussi original dans le cinéma français, l’un des rares dont on reconnaît le style dès les premiers plans, il faut guetter la sortie en DVD d « Alberto Express » et « Que la lumière soit » (qui a connu une sortie désastreuse en pleine coupe du monde de football en 1998).

Rencontré lors d’une avant-première du film Arthur Joffé, passionnant et passionné, reste serein malgré les difficultés connues dans son parcours et nous promet un nouveau film bientôt. Il semble avoir payé la carte blanche qu’il avait eu pour son premier long-métrage « Harem » avec Nastassja Kinski et Ben Kingsley, et c’est bien dommage…