Photo : © Collection Christine Guegan, droits réservés

Il serait intéressant de faire l’éloge des cascadeurs, un réseau social bien connu nous permet de rendre hommage, grâce à sa fille Christine, à Henri Guegan disparu l’an dernier.

Sa disparition fut ignorée des médias mais rendons grâce à Jean-Claude Fischer et à son site Cinéfiches (3615 Cinoche sur le minitel) de nous l’avoir signalé, information qui ne peut que réjouir nos amis historiens. Christine Guégan, nous annonce également le décès à l’âge de 87 ans en septembre dernier d’Antoine Baud, membre comme son père de l’équipe de Claude Carliez. Henri Guégan nous est familier aussi comme comédien, il est vrai qu’il en impose souvent comme dans son rôle d’athlète dans un cabaret « Dossier 1413 » jouant les gros bras pour défendre une danseuse du haut de ses 85 kilos, et  neutralisant Jean Danet qui l’attaque avec une rapidité stupéfiante. Sa filmographie est difficile à établir, il apparaît parfois sous le nom de Philippe Guegan, merci donc à sa famille pour ses précieuses informations. Il y aurait matière à rendre hommage à d’autres membres de l’équipe de Claude Carliez, comme Gil Delamare, François Nadal, Odile Astié, Jacques Brécourt, Jean Minisini, Lionel Vitrant, Guy Fox, Marcel Gallon, Jack Jourdain, Rico Lopez, Gérard Moisan, Eric Vasberg, etc… Si vous avez des idées à ce sujet ou de suggestions, n’hésitez pas à nous les communiquer. A noter que Philippe Guegan, a pris la suite de son père.

Hommage de Christine Guegan : C’est à l’adolescence que mon père commença à faire de la boxe, c’est son instituteur qui voyant ses aptitudes physique le dirigea vers ce sport. Il fut d’abord boxeur amateur puis semi-professionnel et devint meilleur espoir poids moyen.

Suite à une rencontre il se dirigea vers le music hall dans un numéro de portée à trois sous le nom des Cravels et arrêta la boxe au début des années 50. Avec ce numéro ils voyagèrent en Europe et surtout en Allemagne ou ils se produisaient devant les soldats Américains.

Un jour un ami lui proposa de travailler dans le cinéma  comme cascadeur et c’est comme cela qu’il commença dans les années 50 à tourner soit comme comédien dans de petits rôles soit comme cascadeur.

Viendra la rencontre avec Claude Carliez sur «  Le miracle des loups » et il deviendra  un élément majeur de son équipe pendant plusieurs années.

Il doubla beaucoup des grands acteurs emblématiques de cette époque tels que Jean Gabin dans « Les misérables », Bourvil dans « Le corniaud » (la chute de la falaise), « Le cerveau » (dans la DS coupée et c’est sa silhouette que l’on aperçoit à l’arrivée du France à New York) et participa à un grand nombres de films de capes et d’épée.

Il travailla souvent avec Jean Marais à qui il montrait  et réglait les cascades avant qu’il ne les fasse lui-même.

Il travailla  avec Louis de Funès dans les grandes vacances et les gendarmes, Eddy Constantine, Lino Ventura, et beaucoup d’autres.

Il faillit se noyer en 1964 sur  » Allez France »  film de Pierre Tchernia et Robert Dhéry  en tombant dans un port du Havre enfermé dans une 2CV et resta coincé suffisamment  longtemps pour battre le record d’apnée.

Sur « Thierry la fronde » il n’était pas rare de l’apercevoir dans la même scène  en soldat anglais et le plan d’après en soldat français. Pour paraître plus nombreux à l’image la mise en scène  leur demandait  de sortir du champ d’un coté de contourner la caméra et de rentrer de l’autre coté, ce qui  permettait de donner l’impression d’être un autre personnage.

Sur « Les trois mousquetaires », il sauta d’une tour de 25 mètres de haut pour doubler Gérard Barray et impressionna  bon nombre des gens présents dont Jean Carmet, mes frères Philippe et Pascal alors âgés de 6 et 10 ans assistaient à cette cascade. Vus d’en haut  les cartons sur lesquels il devait se réceptionner  paraissait grand comme une boite d’allumettes  et Jean Carmet nous a racontait qu’il avait eu très peur ce jour là que la cascade se passe mal devant mes deux frères.

Il participait au film « Le saint prend l’affût » et était présent  quand se produisit l’accident qui couta la vie à Gil Delamare.

Dans un des dernier film dans lequel il tourna « Le fou du roi »  réalisé par Yvan Chiffre, ancien lui aussi  de l’équipe de Claude Carliez il  eut le plaisir de travailler avec ses fils Philippe et Pascal  Guegan, sa grande fierté, eux même cascadeurs  à qui il a transmis sa passion et de retrouver ses anciens copains Rico Lopez, Guy Delorme, Yvan Chiffre et Bernard Celeron.

Il fait une petite apparition dans la série « Guillaume Tell » dans les années 80 dont les cascades sont réglées par son fils Philippe Guegan.

Photo : © Collection Christine Guegan, droits réservés

Filmographie

1955  Gueule d’ange (Marcel Blistène) – Gas-Oil (Gilles Grangier) – 1956  Fernand cow-boy (Guy Lefranc) – Action immédiate (Maurice Labro) – 1957  Les misérables (Jean-Paul Le Chanois) – À la Jamaïque (André Berthomieu) – Mademoiselle et son gang (Jean Boyer) – Le temps des œufs durs (Norbert Carbonnaux) – The Vikings (Les vikings) (Richard Fleischer, cascadeur) – 1958  Les tricheurs (Marcel Carné) – Et ta soeur ? (Maurice Delbez) – The reluctant debutante (Qu’est-ce que maman comprend à l’amour ?) (Vincente Minnelli) – Le fauve est lâché (Maurice Labro) – Oh ! que mambo (John Berry) – 1959  Le testament du docteur Cordelier (Jean Renoir) – Le Baron de l’écluse (Jean Delannoy) – Ce soir on tue (Yvan Govar) – 1960  Dossier 1413 (Alfred Rode) – 1961  Le capitaine Fracasse (Pierre Gaspard-Huit) – Le miracle des loups (André Hunebelle) – Cartouche (Philippe de Broca) – Callaghan remet ça (Willy Rosier) – Les trois mousquetaires (Bernard Borderie, doublure de Gérard Barray) – Seul contre tous (Jean Bacqué, sous le nom de Philippe Guegan) – 1962  Le diable et les dix commandements [Skech « Tu ne déroberas point »] (Julien Duvivier) – : Les mystères de Paris (André Hunebelle) – 1963  La tulipe noire (Christian-Jaque) – 1963  L’honorable Stanislas, agent secret (Jean-Charles Dudrumet) – OSS 117 se déchaîne (André Hunebelle) – Banco à Bangkok pour OSS 117 (André Hunebelle) – Blague dans le coin (Maurice Labro) – 1964  Coplan agent secret FX 18 (Maurice Cloche) – Ein sarg aus Hong-Kong (Du grisbi pour Hong-Kong) (Manfred R. Köhler) – Fantômas (André Hunebelle) – Le corniaud (Gérard Oury, doublure de Bourvil) – Le majordome (Jean Delannoy) – 1965  Hotel Paradiso (Paradiso, hôtel du libre échange) (Peter Glenville) – 1966  Objectif 500 millions (Pierre Schoendoerffer) – Roger la Honte (Riccardo Freda) – Le Saint prend l’affût (Christian-Jaque) – Sept hommes et une garce (Bernard Borderie) – Trois enfants dans le désordre (Léo Joannon) – 1967  Les grandes vacances (Jean Girault) – 1967  deux billets pour Mexico (Christian-Jaque) – Le fou du labo 4 (Jacques Besnard) – 1968  Faites donc plaisir aux amis (Francis Rigaud) – Le gendarme se marie (Jean Girault) – Le cerveau (Gérard Oury, doublure de Bourvil) – 1969  Mon oncle Benjamin (Édouard Molinaro) – 1970  Le cinéma de papa (Claude Berri) – Le gendarme en balade (Jean Girault) – Ich schlafe mit meinem Mörder (Je couche avec mon assassin / L’amour, la mort et le diable) (Wolfgang Becker) – 1971  Jo (Jean Girault) – 1972  Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil (Jean Yanne) – 1973  Moi y’en a vouloir des sous (Jean Yanne) – 1974  La kermesse érotique (Jean Le Vitte [Raoul André]) – Célestine… bonne à tout faire (Clifford Brown [Jesús Franco], sous le nom de Philippe Guégan) – 1976  Furies sexuelles / Les Marie-Madeleine (Alain Payet) – 1977  Prends-moi partout (Stratos Markidis) – Blue Rita / Le cabaret des filles perverses (Clifford Brown [Jesús Franco]) – Lola 77 (Lola 2000 – Petites femmes pour hôtels particuliers) (Paolo Moffa) – 1978  To symblegma (Prends-moi partout) (Stratos Markidis) – 1983  Le fou du roi (Yvan Chiffre) – 1984  Vivre pour survivre (Jean-Marie Pallardy) – 1989  TV Buster (John Hudson, CM, diffusé également dans le long-métrage « Adrénaline ») .

Télévision (notamment)

1963/1966  Thierry La Fronde (Robert Guez & Joseph Drimal) – 1966  Les corsaires / Corsaires et flibustiers (Claude Barma & Claude Boissol, série) – La tour de Nesle (Jean-Marie Coldefy) – 1967  S.O.S. Fernand : Le coup de fil (Jacques Pinoteau) – 1968  Vive la vie (Joseph Drimal, série, saison 2) – Thibaud ou les croisades : Étienne (Joseph Drimal) – 1972  Le demoiselle d’Avignon (Michel Wyn, série) – Les chemins de Pierre (Joseph Drimal, série) – Les évasions célèbres : Le duc de Beaufort (Christian-Jaque) – 1974  Arsène Lupin : Le coffre de Madame Imbert (Jean-Pierre Desagnant) – Schulmeister l’espion de l’empereur : La dame de Vienne (Jean-Pierre Decourt) – 1975  Jack (Serge Hanin, série) – Saint-Just ou la force des choses : La victoire (Pierre Cardinal) – Saint-Just ou la force des choses : La mort (Pierre Cardinal) – 1977  Richelieu ou Le Cardinal de velours (Jean-Pierre Decourt) – 1979  Pierrot mon ami (François Leterrier) – 1985  Guillaume Tell (un épisode).

Remerciements à Christophe Bier et à la famille Guegan.