Avant-première le lundi 16 juin, de « Valse avec Bachir » à l’UGC-Cité Ciné Bordeaux, en présence de son réalisateur Ari Folman. Ce film présenté au festival de Cannes le 15 mai, a d’excellentes critiques, beaucoup d’entre eux s’étonnèrent à raison de son absence de prix au Palmarès. Évidemment, pour poser la question qui fâche au réalisateur sur ce fait, devinez donc qui était volontaire ce soir-là ? La réponse était assez cinglante « Too many american actors », avec le sourire cependant. Mais l’accueil critique et ses répercutions internationales était une véritable consolation pour lui. On peut se demander même en n’ayant pas vu l’intégralité des films du pourquoi des prix attribués par ce jury qui semble avoir voulu privilégier plus le côté social que la réussite artistique. Le film est une animation documentaire, genre assez inédit, présentant l’avantage d’une économie sur les problèmes de reconstitution. L’animation est très probante, malgré un manque de moyens avérés – jusqu’à trois minutes utilisable par jour –. Elle se base sur une base documentaire, alternant la technique du « rotoscope » utilisant les images existantes, avec l’animation traditionnelle – que le réalisateur nommait « Bambi » pour mieux nous faire comprendre -. Son travail avec son directeur artistique David Polonsky est remarquable. Il évoque aussi la difficulté pour ses personnages de les faire se mouvoir, mais on ne peut que louer le résultat final alors qu’il affirmait avoir qu’un budget très serré loin de celui du film de Marjane Satrapi « Persepolis » – qu’il citait à dessein ? -. Ari Folman évoque donc sa guerre, vue par un lui-même jeune homme. Il nous explique la manière dont il a occulté des années plus tard, le souvenir de sa cruauté par un souvenir écran imaginaire – il se rêve se baignant dans la mer avec ses camarades militaires -. Il va se livrer de nous jours, à une véritable investigation avec ses anciens amis soldats, il ne peut se souvenir s’il avait assisté aux massacres par les phalangistes chrétiens des Palestiniens dans les camps de Sabra et Chatila en 1982, voulant venger la mort de Bachir Gemayel. La démonstration est très convaincante, de la manière dont les jeunes gens doivent « déréaliser » la guerre pour survivre – le témoignage d’un photographe, pour supporter le carnage ambiants – image « Célinienne » d’un massacre de chevaux -.

Ari Folman en animation

Il essaie de comprendre le travail de la mémoire – très belle image de l’incrustation de la photographie de sujets enfants dans un décor de fête foraine, ils vont s’approprier cette scène jamais vécu par eux. Nous avons une empathie immédiate, avec la démonstration de la réaction que peut avoir un être humain pour composer avec la réalité. Il peut ainsi surmonter son traumatisme, comme absent de lui-même. Il se sert de son point de vue pour expliquer sa vision de la guerre, il trouve plus juste que les Palestiniens évoquent eux même leurs vécus au cinéma, plutôt que d’opposer les deux points de vue. Son travail d’évocation est d’une grande richesse, montrant la réalité crue de la guerre – la scène du verger, celle documentaire et insoutenable dans le final du film – et son interprétation onirique refoulée – la meute de chiens -. La guerre peut être surréaliste comme la scène qui donne son titre au film, du soldat narguant l’ennemi en dansant, ou du journaliste se tenant droit dans la mitraille. Il y a une bande son exceptionnelle, grâce aussi au talent du musicien écossais Max Richter, avec lequel il avait commencé à travailler par mails, la musique était composée en amont de l’animation aidant à établir un climat, voir la manière dont il s’approprie le climat musical des années 80. Le débat était très intéressant, en anglais, on ne pouvait que féliciter le traducteur présent, mais je n’ai pas retenu son nom. Son réalisateur, parlait du cinéma actuel israélien plus nourri par les images que sa génération – il a 46 ans –. Scénariste, il était amené comme beaucoup de soldats, à suivre une thérapie en étant dégagé des obligations militaires à la quarantaine. Il a ainsi mené à bien cette œuvre foisonnante et passionnante et à trouver la bonne distance pour nous la faire comprendre. Un choc tant sur le fond que sur la forme, dans cette année cinématographique assez médiocre.