Est-ce un effet post blues d’avoir traversé les inévitables fêtes de fin d’années sans trop d’ambages, mais « Mon meilleur ami » dernier avatar de Patrice Leconte est une excellente surprise. Cette comédie teintée d’amertume évite la mièvrerie. Je dois confesser avoir un peu décroché de ses derniers films – depuis « Ridicule » en fait. Le cinéaste inventif du « Mari de la coiffeuse »  me semblait s’être un peu dévoyé, pour avoir signé trop de pubs sans doute, dans un glacis général. Les bronzés 3 finissait par nous décourager à son propos, d’autant plus que la polémique à son sujet à propos des critiques semblait l’avoir affecté. L’histoire sans être très originale, on finit par traîner les pieds après avoir vu la bande-annonce, surtout que Daniel Auteuil semblait sérieusement faire avoir mon d’exigences ces derniers temps – jetons un voile pudique sur « Son Napoléon et moi » pantalonnade assez sinistre – . Mais on retrouve une écriture assez ciselée, grâce à Jérôme Tonnerre on peut le supposer. François Coste – Daniel Auteuil, probant -, un marchand d’art qui ne laisse que peu de place à ses émotions, après un enterrement, discute avec son associée, Catherine – lumineuse Julie Gayet, dont on apprécie toujours la subtilité de son jeu – et des amis, sur le nombre de présents à ses propres funérailles. L’homme étant assez antipathique, il fait le pari stupide avec elle de trouver en 10 jours son meilleur ami. Un vase grec de grand prix, que convoite un producteur de TV déterminé – Henri Garcin, épatant – est l’enjeu de son pari. Il délaisse comme à l’accoutumée sa maîtresse discrète – Elizabeth Bourgine que l’on a plaisir à revoir – et sa fille, qui refuse de soigner son asthme – Julie Durand, la révélation du film « Du poil sous les roses » -.

Daniel Auteuil & Julie Gayet

Malgré son tempérament affairiste est ombrageux, il finit par se lier avec un chauffeur de taxi loquace et un peu cuistre féru de culture – Dany Boon, qui impressionne par son jeu, entre drôlerie et émotion, définitivement un grand comédien -. On se laisse très vite prendre par l’histoire, inversant la célèbre phrase de Jean Cocteau « Il n’y a pas d’amour, il n’y a que des preuves d’amour ». Patrice Leconte garde le cap, il est même admirable de voir comment il fait naître une tension, avec l’utilisation casse-gueule d’une célèbre personnalité de TF1, dans une partie du film – la polémique sur le fait que TF1 soit co-producteur du film me semble assez vaine – Il y a un soin particulier aux  – seconds rôles, habitués ou non de l’œuvre  du cinéaste, ce qui se perd un peu dans les comédies actuelles de Jacques Mathou et Marie Pillet touchants en  parents attentifs de Bruno , Jacques Spiesser en marchand d’art cinglant, Anne Le Ny et Pierre Aussedat en sélectionneurs perplexes, Marie Mergey en veuve blessée, Andrée Damant en passagère bretonne et alerte, Philippe du Janerand irrésistible « ami d’enfance » marié à Fabienne Chaudat, Etienne Draber en orateur, le désormais incontournable Eric Naggar – présent de plus en plus sur les écrans, en bigleux timide, soit un grand nombre de nom à rajouter à la fiche d’IMDB du film. Pour faire allusion aux sinistres « Bronzés 3 » , félicitons-nous de voir que Patrice Leconte ait retrouvé sa petite flamme.