Que 2007 soit pour vous une source de multiples réussites professionnelles et privées ! C’est le moment où jamais de souhaiter que  cette nouvelle année comble et apporte tout ce qu’un cœur vaillant peut souhaiter –  si on survit bien sûr aux prochaines élections présidentielles… -. Foin de platitudes et d’usages usés pour saluer l’excellent Pascal Thomas venu présenter le 19 décembre dernier son avant-dernier film en avant-première – il vient de terminer “L’heure zéro”, nouvelle adaptation de l’œuvre d’Agathe Christie, après “Mon petit doigt m’a dit”, avec Danielle Darrieux et François Morel -. Venu avec des amis, dont la comédienne Evelyne Bouix, il nous a communiqué sa bonne humeur habituelle – c’est la troisième fois que je le vois -. “Le grand appartement” était un projet qu’il avait dû abandonner suite à la désaffection de dernière minute de TF1, qui n’avait pas apprécié les changements dans le scénario initial. Il a enchaîné avec “Mon petit doigt…”, avant de le reprendre, en ayant l’idée de féminiser le rôle principal – il devait être tenu par Vincent Lindon, puis Jean Dujardin -. Le ton du film est assez désinvolte, de même la forme moins maîtrisée que d’habitude – on peut s’amuser à compter le nombre de passage des perches de la prise de son -, mais l’enthousiasme du réalisateur est toujours présent, grâce à son inimitable style libertin-libertaire. Un couple bohème, Francesca et Martin Cigalone – se trouvèrent fort dépourvus, quand la bise fut venue ? -, bénéficie de la fameuse loi de 1948, loi sociable, due à la crise du logement suite à la seconde guerre mondiale, “obligeant les autorités à prendre des mesures contre la flambée des loyers en les fixant par décret .. .” (source “Le site immobilier”). Le couple bénéficie donc d’un immense appartement à un prix dérisoire. Mais la propriétaire vacharde – Noémie Lvovsky qui retrouve un personnage outré comme dans “L’école pour tous”, flanquée de son gérant – Maurice Risch, irrésistible dans son retour du “grogneau” dans “Mercredi, folle journée !”, veulent récupérer ce lieu loué depuis des décennies à la grand-mère de Francesca qui en prime n’y habite plus – La toujours alerte Gisèle Casadesus -.

Mathieu Amalric, Laetitia Casta à Pierre Arditi

Dans ce vaste appartement – où a véritablement vécu le cinéaste et qui a été divisé en trois en réalité -, vit toute une communauté d’amis de la famille, dont Adrien cinéaste “rozien” volage. Ce dernier est joué par Pierre Arditi, un peu en roue libre mais ce n’est pas désagréable, son réalisateur a insisté sur sa rencontre avec ce comédien enthousiaste.  8 clefs différentes valsent dans ce lui hors du temps dans un climat proche du Renoir du “Crime de M. Lange”. Francesca – Laetita Casta dont le charme au naturel fait des merveilles – est l’âme du lieu, elle doit batailler avec tous les problèmes entre l’inaction revendiquée de son mari Mathieu – Mathieu Amalric, ludion cinéphile qui se laisse vivre -, et les facéties familiales de la grand-mère sénile. Si les coutures sont parfois un peu lâches, le brio des dialogues fait mouche dans ce côté “Joyeux bordel” cher à Pierre Bourdieu. Le cocasse est toujours présent de l’érotisme rêvé chez les commerçantes du quartier, une nostalgie d’une innocence perdue face aux rudesses de ce monde – idée de la “bancarisation” pas si bête, évoquée par Francesca face à  l’excellent Jean-François Balmer en banquier perplexe -. Les professionnels et non professionnels sont toujours comme dans l’œuvre de Pascal Thomas, mis sur le pied d’égalité. Il a toujours le chic pour confirmer de nouveaux talents comme Paul Minthe en acteur cabotin inemployé, Stéphanie Pasterkamp en brunette piquante et Valérie Decobert en sœur neurasthénique, des incongruités d’emplois – Pierre Lescure en bistrot auvergnat mutique, et quelques amis de passages – Cheik Doukouré en ami de la famille, Bernard Verley en avocat visqueux, François Morel en automobiliste outragé. Cet éloge à la liberté, aux groupes composites et solidaires, cette utopie rêvée de réinventer son monde a un charme fou. Même si ce film ne participe pas aux grandes réussites de son metteur en scène, on a toujours un grand plaisir à le retrouver dans ce vaudeville dynamité.