Dorothée Blanck dans « L’or du duc » de Jacques Baratier

Note du 4/02/2016 : Je suis très attristé d’apprendre la disparition de Dorothée Blanck sur la page facebook d’Agnès Varda Officiel : « Je considère que mon seul métier, c’était ni d’être une femme, ni une maîtresse, ni une mère de famille, mais une égérie. »
Dorothée Blanck vient de nous quitter : amoureuse dans « L »opéra-Mouffe » & modèle amie de Cléo dans « Cléo de 5 à 7 » chez Varda, qui l’avait repérée en danseuse à la Cigale dans « Lola » de Demy. Sa gentillesse, sa bonne humeur, ses yeux de chat vont nous manquer… » Je garderai en mémoire le souvenir de cette femme lumineuse aux multiples talents. Merci à Frédéric Norbert

En navigant sur le web, en cherchant des informations sur « L’or du duc » de Baratier, je découvrais le blog de la comédienne Dorothée Blanck, Le journal d’une dériveuse, montrant ses qualités d’observations et d’écritures, aussitôt il figurait dans mes favoris. On retrouve aussi ses textes et beaucoup de documents sur son site.  Puis Agnès Varda nous donna de ses nouvelles, en la retrouvant avec Corinne Marchand dans l’un des formidables boni du DVD de « Cléo de 5 à 7 ». Malicieusement, la réalisatrice lui fit redescendre la rue qu’elle arpentait dans le film, nommée… « Rue des artistes » à Paris. J’eu la bonne surprise de découvrir un jour un courriel de Dorothée après avoir fait une note sur « Cléo… », film que j’estime énormément. Grâce à nos échanges qui suivirent, j’eu le temps d’apprécier les qualités humaines de cette personne et son grand talent de plume. Profitant de nos échanges, je lui ai proposé de commenter sa filmographie, remarquable s’il en est. Ce qu’elle fit volontiers avec modestie et faconde, en annonçant sur son blog « C’est plus amusant d’écrire sur commande, et cela règle les problèmes d’identité: Lira…Lira pas… ». S’il elle n’avait fait que « Cléo de 5 à 7 » et les films de Jacques Demy, ça lui suffirait pour rester dans le coeur des cinéphiles. Mais le parcours de celle qui fut le modèle de Josef Von Sternberg pour une leçon de cinéma pour un documentaire d’Harry Kümel, est encore plus riche, et ainsi elle vous propose une réponse au court-métrage que lui a consacré Haydée Caillot « Qui êtes-vous Dorothée Blanck ? », en 1987. Elle n’a pas finit de nous surprendre…

Longs-métrages :

1953 Les Enfants de l’amour, (Léonide Moguy)

De ce mélo avec une ravissante Etckika Choureau larmoyante, je ne me souviens que des seins de Nadine Tallier. J’étais danseuse aux Capucines où elle menait la revue avec son charme canaille de titi parisien. Nos lits étaient côte à côte dans un grand dortoir. Nous avions toutes la même blouse grise de l’orphelinat, il faisait très chaud sur le plateau, elle s’éventait, je pouvais donc voir sa gorge parfaite. En dehors de ça, Léonide Moguy avait un charme slave auquel je n’étais pas insensible.

1954 La Reine Margot, (Jean Dreville).

Quelques danseuses du Mogador avait auditionné pour danser une Pavane. J’adore ces danses anciennes où l’on ne fait que des grâces, des révérences.

1955 French Cancan, (Jean Renoir) (1)

« … J’avais 15 ans et je donnais tous les soir à Mogador quand Renoir est venu nous auditionner pour son film « French-Cancan ». Après avoir vu toutes les danseuses de Paris, il en a retenu 24, je faisais partie du lot… Sur les 24, il y en avait 4 qui jouaient un petit rôle. Je faisais aussi partie des 4, mais j’ignorais tout de mon rôle. Je l’ai apris par le régisseur qui m’a annoncé que je devais tourner une scène nue dans un tub, j’étais mortifiée, mais de peur d’être renvoyée je n’ai pas osé dire non. (…) Il n’y a pas eu de scène du tub. Le jour du « costume », c’est-à-dire, le jour de la scène, j’ai vu Renoir et je lui ai avoué que cela me gênait beaucoup car j’étais une vraie « Jeune fille », et je me gardais pour l’homme que j’aimerais ! Il a dit : « O.k., je comprends, tu danserais dans le balais » (…) L’atmosphère était joyeuse et bon enfant. Comme nous avions toutes le même costume, Renoir craignait d’avoir oublié de nous dire « bonjour ». Alros, toute la journée, il nous retournait en disant : « Toi, je t’ai dit bonjour ! » et il nous embrassait de nouveau, ce qui d’ailleurs nous ravissait car nous étions bien entendue amoureuse de lui (…) Il était d’une politesse exquise, et dès qu’une femme entrait dans le studio ou à la cantine, il se levait pour la saluer. Mais sa courtoisie ne s’adressait pas qu’aux femmes. Pour saluer un machiniste, il traversait le plateau s’il le fallait…

1956 Elena et les hommes , (Jean Renoir) (1)

« Je me souviens que les figurants étaient presque au nombre de mille. Il était impossible aux principaux acteurs d »étre dans le champ de la caméra et l’opérateur, son fils Claude le lui a signalé. Alors Renoir a pris un porte-voix et s’est adressé à la foule des figurants qui encombrait le champ car tout le monde rêve d’être du film. « Vous êtes tous des artistes », leur a-t-il dit, « Alors, faites les choses comme vous le sentez, bougez, embrassez-vous, courrez, sautez ». Et le miracle s’est produit. Tous les figurants étaient tellement émus, qu’ils n’on plus encombré le devant du plateau sauf dans les limites qu’il fallait, et Renoir a pu filmer ses acteurs…

1959 Enigme aux Folies Bergère, (Jean Mitry).

J’ai rencontre Jean Mitry qui était alors critique de cinéma dans un cinéma d’art et essai que Jacques Loew fréquentait. Il en avait lui même été un certain temps le directeur. Nous avons tourné cette scène d’une loge de danseuses en train de se préparer au spectacle Aux Bouffes Parisiens, joli théâtre à l’italienne.

1960 Une femme est une femme, (Jean-Luc Godard)

Jean-Luc Godard avait vu Opéra Mouffe de Varda, il a imaginé me faire faire un pastiche de Belmondo dans à bout de souffle en streaptiseuse avec l’imper et le chapeau melon de celui-ci, en dessus j’avais un collant entier vert. Mais le temps a manqué pour cette improvisation, Godard tournait avec Anna Karina de jour dans une petite boite de nuit de Pigalle. Alors, il a demandé à Agnès de lui donner un plan de son film avec moi nue. C’est ainsi que je figure de dos dans la scopitone que regardent Jean paul Belmondo et Jacques  Brialy.

1961 Lola, (Jacques Demy)

Jacques Demy accompagnait Agnès Varda dans la rue, elle m’a présentée à lui et proposé de danser dans le film de celui-ci qui serait tourné à Nantes. J’ai tout de suite dit oui! Comme le costume que l’on me montrait au studio lors d’essai n’était pas particulièrement sexy, je me suis acheté une guépière et je l’ai agrémentée de bas résilles noirs et d’une rose sur une jarretière, mon cachet y passait mais c’était pour la gloire, nous étions une demi-douzaine de danseuses je voulais me démarquer. Quand arrivées à l’hôtel on nous a demandé de mettre nos costumes pour nous présenter à Demy, j’ai plaqué mes mains sur les hanches et bombé la poitrine. Agnès toute petite se trouvait là. J’ai demandé à la costumière ce qu’elle faisait là: « Comment, tu ne sais pas, C’est la femme de Jacques! » Génée, j’ai rengorgé mes avantages. Avec le charleston en musique de fond, cela a été un plaisir de tourner durant huit jours. Anouk Aimée fait partie de mon phantéon d’actrice et Corinne Marchand en simple collant noir et chapeau claque faisait rêver. Ce film est un bijou… 

1961 Cléo de cinq à sept, (Agnès Varda)

Agnès Varda, pendant que son mari tournait, elle écrivait Cléo. J’ai dû apprendre à conduire, je m’y suis reprise à deux fois avant d’avoir le permis, sinon je ne pouvait tourner ce rôle de modèle, métier que je pratiquais à l’époque. Les étrangères, sans carte de travail avait cette ressource pour vivre, dans les ateliers le massier passait avec un chapeau à la fin des poses pour rétribuer le modèle. Retrouver la superbe Corinne qui grande, généreuse, et très directe me traitait comme une petite soeur était aussi un plaisir. Mes scènes préférées sont celles où elle répète avec ses musiciens Serge Korber et Michel Legrand. Je revois le film il n’a pas pris une ride.

1962 Il segno del vendicatore, (Roberto Mauri)

Roberto Mauri, quand les cancans allaient bon train : »Voilà les concierges de la culotte! Il faut dire que nous étions à Gubbio, une petite ville moyennageuse tenue par les curés. Le moindre écart de conduite, la permission de tourner dans les lieux était otée. Pour ma part, j’étais sage comme une image car amoureuse d’un amant resté à Paris. Et puis l’équipe sicilienne n’otait pas son chapeau lors des repas et faisaitmine d’ignorer la gente féminine. La production ne donnait que des bouts de pellicules, si bien que ne sachant jamais le métrage qu’il y avait dans le magasin, il fallait retourner la scène sans savoir si l’on arriverait au bout; J’étais assignée à résidence avec mon passeport polonais, je devais me présenter chaque semaine au consulat à Rome; Quand quelqu’un est venu me proposer de jouer Maris-Madeleine, j’ai voulu d’abord retrouver Paris.

1962 Le Vice et la vertu, (Roger Vadim)

Roger Vadim Vadim lui aussi avait vu le court- métrage de Varda, il m’a convoquée ainsi que plusieurs vestales, filles enlevées par des allemands pour leur plaisir dans un chateau fort. A la cantine du studio Robert Hossein usait de son charme slave. Il m’a regardé: « Toi, je ne te fais pas la cour tu ne me croirais pas! » Vadim est un seigneur, il nous mettait sur le planning même s’il n’était pas sûr de nous faire tourner, c’est la seule fois où j’ai gagné de l’argent, manque de pot, je n’avais pas le temps de déposer mon cachet à la banque, à l’époque on recevait des enveloppes en liquides, un photographe indélicat hébergé par mon partenaire s’est chargé de me délester.

1963 Les Parapluies de Cherbourg, (Jacques Demy)

Jacques Demy à toujoujours fait référence dans tous ses films aux personnages des précédents, c’est ainsi qu’il m’a permit de remettre ma guépière dans une boite de nuit à Cherbourg.

1963 Le Journal d’un fou, (Roger Coggio)

J’avais vu Roger Coggio dans sa prestation au théâtre, génial. Je l’avais rencontré dans les couloirs du Trocadéro lorsqu’il jouait pour Vilar, moi, j’étais élève au Cours Dullin. Pour le film, il a voulu visualisr les personnages avec lesquels il dialoguait dans sa folie, nous étions donc des comparses muets. Sa mégalomanie a fait qu’il n’a mit personne au générique, les techniciens lui en ont voulu et le film a quitté l’affiche jusqu’à ce qu’il fasse un générique. Un an a passé, le film n’a plus été distribué en France, ma mère l’a vu au Canada

1964 Ces dames s’en mêlent, (Raoul André)

C’est Serge Valin, connu lors de French Cancan,le plus réputé des premiers assistants qui m’encourageait face à Eddy Constantine,   » Soit plus chatte! Encore plus chatte! » J’en ai tellement fait que je n’ai jamais osé aller voir le film de Raoul André.

1965 L’Or du duc, (Jacques Baratier)

Je n’avais pas de rôle dans l’Or du Duc, Baratier filmait des gags au fur et à mesure qu’il les trouvait au bistrot le soir, cela se rajoutait sur le plateau, le producteur fâché lorsqu’il m’y  voyait: Vous avez encore passé la soirée avec Baratier, vous allez  finir par  me couter cher! Une fille qui se douche dans un immeuble en construction et qui reçoit le jet des laveurs de vitres; Une malle offerte par Jacques Dufilho vient des Indes pour le maharaja joué par Pierre Brasseur, une  femme nue est dedans; Puis je fais la danse du ventre déguisée en  indienne toujours pour Pierre Brasseur lequel meurt du coeur; Une soirée parisienne très snob avec Dutilho j’ai une perruque et un costume 1920; Une jeune fille à vélo double un autobus dans lequel se trouve Claude Rich, Monique Tarbès et leur famille dans le film, ainsi qu’une belle  passagère Elsa Martinelli. Jacques Baratier voulait un petit personnage multiple à la Helsapoppin qui n’a rien à faire dans le scénario mais apparait et disparait.

1965 La Métamorphose des cloportes, (Pierre Granier-Defferre)

Je ne sais plus comment j’ai atterri sur ce plateau, je crois que le journaliste avec qui je vivais alors, Gilles Durieux, connaissait le metteur en scène. Lorsque celui-ci à demandé à Lino Ventura sur qui il fallait rester à la fin du plan,celui-ci a répondu: « Sur la petite bien sûr! » Ma soeur qui n’a fait aucune remarque sur ma courte prestation était jalouse que j’ai pù approcher Lino Ventura…

1965 Pleins feux sur Stanislas, (Jean-Charles Dudrumet)

Je me souviens que j’ai complètement occulté ce film car Jacques Sternberg y jouait son propre rôle d’auteur dramatique. Dans la loge il y avait une petite blonde très sexy dans ses cuissardes sur des jambes grêles et une grosse bouche. J’ai tout de suite su que je serais cocue. Sternberg a disparu puis est venu me trouver: « laissez-moi encore une quinzaine, voir si j’en ai toujours envie! » Je n’ai jamais disputé le bout de gras, j’ai pris mes cliques et mes claques et suis partie travailler en Suisse.

1965 Lady L, (Peter Ustinov)

C’est Margot Cappelier qui faisait les beaux jours du casting des petits rôles pour les films américains tournés en France à l’époque.Toujours une floppée de starlettes pour un boxon célèbre Le One….. Catherine Allégret était si belle à seize ans, un vrai Renoir, j’en étais jalouse. et Peter Ustinov :  « De toi, je ne connais que le dos! »  Ces dames se disputaient les créneaux devant la caméra en plan américain, je n’avais pas envie de me battre. Je me disais qu’un comédien doit être bon de dos.

1967 J’ai tué Raspoutine, (Robert Hossein)

Robert Hossein rencontré sur le plateau « Du Vice et de la Vertu » m’a fait l’honneur d’interprêter le Tsarine qui acceuille Gagliostro. Au cinéma, je n’ai pas vu passer la scène, peut-être y a t-il eu des coups de ciseaux au montage!

1967 Les Demoiselles de Rochefort, (Jacques Demy)

Toujours par réminiscence, Demy m’a fait descendre à Rochefort pour dire une seule phrase à Gene Kelly: » Vous avez de la chance »! Celui ci n’a pas voulu me faire cadeau du plan, il se retournait comme un danseur et j’étais de trois-quart dos. Alors Demy me dit : » Tu t’en va lentement en arrière, en le regardant! Comme ça je t’aurais dans le champ! En bon professionnel,  Kelly me dit: « Chérie, tu n’es pas gentille! » Alors, j’ai lâché, je suis partie droit devant moi, tel un soldat. Il m’a remercié par un baise main: »tu dines avec moi, ce soir? -Non! Je reprends le train! » Quand je pense qu’en le voyant à l’écran je le trouvais si sexy… Lors d’une projection privée, François Chalais qui était devant moi s’est retourné  » Excusez-moi Dorothée, j’ai éternué, je ne vous ai pas vu passer! »

1969 A Quelques jours près, (Yves Ciampi)

Je me souviens avoir fait des essais, Corinne Marchand qui avait refusé cette épreuve à eu le rôle. Le lendemain l’assistant m’a téléphoné, que je ne l’apprenne pas par les journaux, j’ai ri, « Au moins, avec votre franchise on pourra se dire bonjour lorsqu’on se rencontrera dans la
rue! » (c’était Yves Boisset) Je ne me souviens de rien d’autre.

1969 Une Femme douce, (Robert Bresson)

Je suis une infirmière qui soigne Dominique Sanda dans le fond du décor derrière un paravent. Bresson m’a mise au générique, comme nous n’étions que trois en tout, tout le monde a pensé que j’avais eu un grand rôle et qu’il avait été coupé.

1970 Peau d’âne, (Jacques Demy)

Je vais finir par croire que j’étais sa mascotte, ce qu’il avait dit
lorsqu’il m’a fait venir pour Les Demoiselles.

1971 Hellé, (Roger Vadim).

( Je ne sais plus quoi!)

1993 La lumière des toiles mortes, (Charles Matton).

Le titre est si triste, j’ai eu peur pour son impact commercial. Toujours le plan
unique, j’ai été la femme d’un seul plan dans les grands films, et j’avais
le rôle titre dans les courts-métrages…

2001 Tanguy (Étienne Chatiliez)

Ils ont demandé à des habitués de la « Brasserie Lipp » de figurer, nous avons été payés comme figurants, j’ai vu le film, je ne suis pas dans le champ.

Les herbes folles (Alain Resnais, 2008)

Rôle d’une passagère

Jours de France (Jérôme Reybaud, 2015)

Court-métrages :

L’Opéra-mouffe, (Agnès Varda 1957)

Agnès Varda cherchait » un nu froid » Le contraire d’une » streepteaseuse », elle est allé voir du côté des peintres. Je posais dans l’atelier de Roederer à la grande Chaumière, il m’a présentée; je venais de voir le film d’Ingmar Bergman « Elle n’a dansé qu’un seul été » J’avais été très émue par la les deux amoureux dans l’herbe. » Est-ce que ce sera aussi pur? – Ce ne sera pas pareil mais aussi pur que ça! m’a répondu Agnès Varda. »  Pour les scènes de lit avec José Varela, Agnès nous a demandé: « Vous êtes des dauphins, retournez-vous l’un sur l’autre en jouant comme eux! »

Fabliau, (Annie Tresgot 1957)

Une bleuette tournée au bois de Boulogne avec deux amoureux. Annie, beaucoup plus tard a fait un très beau documentaire sur l’école de Strasber- Kasan. C’est une leçon extraordinaire de voir ces vedettes Hollywoodiennes se ressourcer au milieu de débutants.

La leçon de beauté, (Fernand Aubry 1961)

Un documentaire sur le maquillage et les masques. à force de m’épiler, j’ai perdu mon côté sauvageonne et pris dix ans d’âge. Aubry voulait une image à la Hollywood. Heureusement, Agnès a mit le « holla! » pour le rôle de modèle de peintre dans  » Cléo de cinq à sept ». Le plaisir que j’ai eu a été de présenter les masques en improvisant des attitudes pour les photographes italiens dans les arenes. On se sent protégé derrière un masque,on ose tout.

Concerto pour violoncelle, (Monique Lepeuve 1962)

J’étais une jeune fille qui passe par tous les trous des instruments de musique, façon de présenter ceux-ci; le film a été à Locarneau, je n’ai rien vu, ce que c’est que de jouer les passe-muraille.

Coup de feu à 18h, (Daniel Costelle 1962)

Oui, c’est ce polar que j’ai joué avec l’acteur américian parisien Jess Hann, scénarisé par Philippe Labro.

L’Annonciation, (Philippe Durand 1963)

Philippe revenait de la guerre d’algérie, il était légèrement subversif et dénonçait « les barres, cités dortoirs » Il m’avait enduite de glaise, ne permettant plus qu’un cri. On s’est fai huer au festival de Tours.  Jean-Claude Averty avait aussi fait les frais de cette vindicte avec « Les petits vieux de Nanterre. » Nos retraités étaient filmés lors d’une sortie du samedi, revenant à la maison de retraite passablement éméchés, tentant encore de bousculer leurs camarades féminines dans le fossé avec le litron sous le bras. Cela a été un tollé.

Plus qu’on ne peut donner, (François Chevassu – Claude Aveline 1963)

Une jeune fille aime un jeune homme joué par Gilles Durieux mon partenaire à la ville comme à l’écran à ce moment là. Le jeune homme porte un masque qu’il refuse d’enlever avant le mariage, demandant une pleine confiance à sa fiancée. Celle-ci craque, le garçon se suicide, elle enlève le masque pour voir le pur visage de son futur, intact de tout tare.

Le producteur, Bromberger voulait faire tourner sa femme, le réalisateur a résisté, le film à été gelé.

Le Maître, (Paul Carotti, 1963)

C’est le scénario d’un écrivain Jacques Cousseau qui joue son propre rôle. Il avait écrit chez Gallimard, « le chien gris »

La Folie avec Jacques Dufilho (Éric Duvivner, film d’entreprise) 1964

Nous avons tourné cette histoire de stop sur les routes du Midi, une femme prend plusieurs fois Dufilho dans sa voiture, à chaque fois, celui-ci joue une autre forme de folie, c’était une démonstration pour des médecins. J’ai été surprise et charmée par le raffinement de cet acteur. Mais lors des prises, comme tout comique, tant qu’il n’avait pas fait rire sa partenaire, il se jugeait mauvais, et quand je riais, je ne pouvait pas être à l’écran… Visible sur Canal-U

Entends-tu la mer ?, (Jacques Rouland 1966)

Je ne sais pourquoi, Rouland qui est un grand marchand d’art a refusé de me donner la fiche technique, il préfère oublier cet épisode. A Etretat, sur le haut de la falaise, je devais simuler une femme prête à se suicider, l’assistant, couché au sol, me retenait par les chevilles afin
que je ne m’envole pas par le vent, la caméra placée en contre bas  sur le sable.

Faire quelque chose, (César Polognio 1966)

Je venais de quitter le domicile conjugal, ce jeune portugais m’a hébergée dans sa mansarde, sous prétexte de calins du matin, il fouinait sous mon oreiller et finissait par: tu n’aurais pas un ticket de métro?

L’Espace vital, (Patrice Leconte 1969)

Bruno Nuytten qui avait tourné pour Jacques Ledoux (cinémathèque belge) le reportage sur le tournage de von Sternberg m’a présenté à Patrice Leconte. je n’ai jamais vu le film, le réalisateur n’en à guère de copie, à cette époque, il n’y avait pas de cassettes, les tirages coutant chers, seul le producteur détenait la pellicule et partait avec en cas de faillite, c’est pour ça qu’il n’y a pas de témoignages des courts tournés dans ce temps là. J’en ai tournés 26, et les trois-quart, je ne les ai jamais vus.

Pour que Jeanne et Pierre, (René Gilson 1984)

Je ne sais même pas si Gilson a fait tirer ce film au labo.

Qui êtes-vous Dorothée Blanck ?, (Haydée Caillot 1987)

Nous avions fait notre stage de montage au studio Eclair, ensemble avec Haidée. Nous courions avec les bobines dans les couloirs pour satisfaire l’étalonneur vedette Pierre…qui riait des facéties d’Haidée laquelle en bonne marseillaise avait une tchatche redoutable. Quant on a tourné ensemble, on a moins rit, Sternberg me disait: « Elle veut que vous soyez née d’elle! » C’est toujours un rapport de force entre le créateur et sa créature, et je ne me suis jamais laissée faire même par mes amants aimés, alors avec les femmes…
( Documentaire de fiction, 27mn)

L’Anniversaire de Paula, (Haydée Caillot 1993)

C’est Eric Rhomer qui a produit le film d’Haidée, il avait été interessé par le premier. J’ai adoré tourner dans le froid, le vent, c’est salvateur.

François vous aime, (Frédéric Tachou 1993)

Frédéric Cousseau était copain de Tachou. C’est le grand-père âgé de 80 ans de l’autre Frédéric qui à acceuilli toute l’équipe du petit-déjeuner au souper, nous faisant la tambouille, j’étais sous le charme, je l’aidais pour la vaisselle.

Commerce, (Philippe-Emmanuel Sorlin 1998)

Personnage troublant et pervers que ce Sorlin, impossible de communiquer, sauf s’il a besoin de vous charmer, comme beaucoup de metteurs en scène qui ne s’embarrassent pas de vos désiratas.

Problèmes de hanche, (Frédéric Tachou 2003)

Tachou s’est inspiré de la vie de deux comédiennes, l’une ancienne bourge et l’autre toujours bohémienne, nous avons joué nos rôles sur l’écran comme dans la vie.

Première prise, kino de Christian Laurence, Festival Off-Court Trouville 2004 avec Christian Cardon

2 femmes, kino de Jean Antoine Charest, Festival Off-Courts Trouville 2005), avec Lucie Muratet

Cléo de 5 à 7 : Souvenirs et anecdotes (Agnès Varda, bonus DVD, 2005)

Les petits sablés (Cloé Micout) (Kino off-courts Trouville, 2006), avec Diane Dassigny et Dorothée.

La mort vous aime aussi, (Simon Laganière & Carol Courchesne-Marco Andréoni – Documenteur Trouville 2007) visible sur MySpace

Une fois de plus (Sandra Coppola, 2009) visible sur MySpace

Voyageuse (Sergueï Vladimirov, 2010) visible sur MySpace

Naufragée (Juliette Chenais, 2010)

7 kinos, cuvée 2011, à Off-Courts -Trouville :

Quelques premières fois (Kristina Wagerbauer, 2011)

Contaminés (Dorothée de Silguy, 2011)

La méthode du docteur Blousemental (Anne Revel, 2011)

À tous mes Jules (Émilie Rosas, 2011)

Tiamoti kino (Alexis Delamaye, 2011)

Sois belle et tais-toi (Sido Nie, 2011)

Excuse(s)-moi (Stephen Morel-Mogan, 2011)

Red Tales : Mad Tales (Hugues Fléchard, 2012)

La fin de la pellicule (Laetitia Lambert, 2014)

Fantômes (Ariane Boukerche, 2015)

Télévision :

Le Mariage de Figaro (Marcel Bluwal, 1961)

Télé mon droit et Décor pour un auteur (1966)

Leçon d’éclairage, Joseph von Stenberg (RTF) 1968 (repris dans l’émission « Cinéma, Cinéma » de Michel Boujut, en 1985)

Les dossiers de Jérôme Rendax : Pola, (Jean-Paul Carrère 1966)

Anna, (Pierre Koralnik, 1967) (Comédie musicale de Serge Gainsbourg)

(1) Sur Jean Renoir : extraits d’un article de « Ouest-France », propos confiés à Dominique Wallard.