Ricky Gervais
Sortie DVD de la série culte de la BBC « The office », soit 12 épisodes de 29 minutes de 2001 à 2002, + 2 épisodes plus long dans un spécial Noël de 2003, formant un épilogue. C’est l’occasion de découvrir l’univers de Ricky Gervais, humoriste anglais particulièrement mordant. On avait vu en début d’année sur TPS, « Extras », hilarante série sur deux figurants aigris, hantant les tournages, et bénéficiant de guest stars, succès précédent oblige, comme Samuel L. Jackson et Ben Stiller particulièrement désopilants et se parodiant eux-mêmes. Co-écrite avec Stephen Merchant, « The office » se présente sous la forme d’un reportage pris sous le vif, façon « Strip-tease » – émission belge culte passant régulièrement sur France 3 -, sur une plateforme de travail, dans les bureaux d’une importante société de ramettes de papier. Les caméras filment les employés, les suivant dans toutes les occasions, en boîte de nuit, lors du concours annuel de trivial poursuite ou dans une réunion catastophique animée par un intervenant extérieur. David Brent – Ricky Gervais dans un formidable numéro d’acteur -, un quadragénaire vulgaire, agité permanent, plaisante allégrement avec une lourdeur considérable, histoire dit-il de remonter le moral de ses subordonnés. Mais rien n’y fait, une menace de licenciements planant sur eux, suite à une restructuration avec une autre branche de l’entreprise. Cabotin en diable, il ne supporte cependant pas toute dérision à son sujet. Il bénéficie d’une bêtise assez prononcée, lui évitant de voir le ridicule dont il fait preuve à chaque instant. Orgueilleux, machiste, un tantinet raciste, fêtard, il se voit comme quelqu’un de très sympathique. Il est flanqué d’un adjoint, réserviste à l’armée, psychorigide, conformiste et suffisant, nommé Gareth Keenan. Il est campé par le désopilant Mackenzie Cook, déjà excellent en Ragetti dans le pataud « Pirates des Caraïbes 2 », son côté grand blond efflanqué et suffisant est très efficace. Gareth a un rapport assez énervé avec son collègue Tim – brillant Martin Freeman – qui trompe son ennui en compagnie de la standardiste dont il tombe amoureux alors qu’elle est déjà en couple. Le petit monde du bureau, perplexe devant le numéro permanent de David Brent, ronge son frein, avec parfois une distante ironique, comme le désopilant et permanent numéro de pince-sans-rire du personnage de Keith – singulier Ewan MacIntosh -. Les situations sont très cocasses, nous vengeant allégrement de nos propres tracas de bureaux –fortement appréciable si vous oeuvrez comme moi dans ambiance panier de crabes -. C’est ici une excellente radiographie du monde du travail, montrant le nivellement par le bas d’un travail de groupe. Il y a pourtant une émotion assez flagrante dans ce lieu clos, qui a pour épée de Damoclès le chômage, loin d’être consolé par la stupidité d’un petit chef.
François Berléand
Canal + a adapté à la lettre la série avec pour titre « Le bureau « , montant le peu de créativité de cette chaîne, loin d’être une HBO a la Française, malgré des séries comme « Engrenages » ou des téléfilms traitant de problèmes contemporains ou du XXème siècle – « Nuit noire », etc… -. C’est le tandem Nicolas et Bruno qui s’y colle, j’avoue n’avoir pas perçu l’humour de leurs « messages à caractère informatif ». La sortie DVD suivant de près celle de « The office », donne l’occasion de retrouver ce remake, après un passage réservé pour les abonnées – en pleine coupe du monde -, puis en clair les dimanches de cet été. Le duo me semble ici plus inspiré, même s’ils doivent énormément à l’œuvre de Ricky Gervais, qui est suffisamment forte, pour une transposition en France. A noter qu’il y avait déjà eu une adaptation américaine avec 2005, avec Steve Carell. Aucune référence n’apparaît sur la jaquette du DVD sur l’œuvre originelle, présentée comme une création originale, ce qui est assez désobligeant pour les vrais créateurs. Le duo reprennent strictement les mêmes histoires et les dialogues des 6 premiers épisodes et en adaptant les situations à la mentalité française. Mais il y a ici la formidable idée de prendre François Berléand dans le rôle du petit chef faussement sympathique. Ils n’hésitent pas à charger encore plus son personnage de Gilles Triquet, le rendant encore plus veule que celui de Ricky Gervais, ce qui nous vaut une réjouissante performance de Berléand. Il faut le voir faire preuve de veulerie, et son interprétation est suffisamment subtile, pour éviter le travers pour un acteur de se montrer plus malin que son personnage. Il faut voir ses regards caméras, tel un gamin pris au piège quand il a fait une bêtise, jouer façon Indochine des morceaux de sa composition dans un morceau d’anthologie ou sa manière de se complaire dans sa propre suffisance. A noter pour la petite histoire, qu’il avait une épaule cassée durant le tournage de la série, et qu’il avait eu du mal à mémoriser son dialogue, une suite continue d’enfilage d’idées reçues. Le reste de la troupe est excellent, comme Anne-Laure Balbir en standardiste hésitante, Benoît Carré reprenant avec bonheur le rôle de Gareth Keenan et Jérémie Elkaïm, apportant un décalage bienvenu, pour ne citer que les principaux. Connaissant un peu François Berléand, il m’a parlé d’un projet de suite pour cette série, avec cette fois ci, une histoire se démarquant de la version originale, avec un séminaire à l’étranger pour tout les employés de la COGIREP. Vivement la saison 2… On peut donc recommander vivement les 2 DVD pour ces 2 variations, riches en bonus, scènes coupées. On retrouve des similitudes entre Ricky Gervais et François Berléand, qui sont des trublions lors des tournages, plaisantant sans discontinuer, qui apportent leurs génies comiques à ce rôle riche en nuances.