L’ami Christophe Bier nous informe de la mort de Jean Luisi, à l’âge de 79 ans, des suites d’un cancer. C’était une figure familière du cinéma français, il l’était l’acteur fétiche de Georges Lautner. Ce dernier disait de lui : « …dans mes films, il incarne souvent un imbécile borné au rire stupide, mais dans l’a vie c’est un gentil, sensible, cultivé, mais qui a toujours son rire « stupide ». Si tous les méchants lui ressemblaient la vie serait plus facile. Vous l’avez compris notre « méchant » Luisi, nous l’aimons » (1) Il avait prévu d’être juriste, mais après trois ans de cours Simon, il se lance dans le cinéma. Corse d’origine il ne manque pas de jouer des personnages issus de ce département, en truand le plus souvent, notamment chez Lautner depuis « L’oeil du monocle ». On le remarque notamment en petit truand dans les mythiques « Tontons flingueurs » (1963), et en chauffeur de taxi malmené dans les rues niçoises par Michel Constantin dans « Il était une fois un flic » (1971).  Durant les années 60, on le cantonne comme Corse de service à l’image de l’inspecteur soucieux de l’honneur corse face à la vindicte de Noël Roquevert « Le diable et les dix commandements » (Julien Duvivier, 1962). Il compose souvent des personnages pas très malins, à l’instar de son rôle d’agent en faction devant une chambre hôpital psychiatrique dans un épisode de la série TV des « Cinq dernières minutes » : « L’eau qui dort » (Claude Loursais, 1963). A le voir complètement hébété face à l’inspecteur Dupuy (excellent Jean Daurand), on comprend aisément la disparition du personnage de Monique Mélinand. Puis il devient grand copain de Jacques Dutronc, on le voit même figurer en diable rigolard dans « Salut sex ! » un documentaire de Jean-Marie Périer. Il forme un tandem décalé avec Henri Guybet dans « O.K. Patron » (Claude Vital, 1973), film où il doit protéger un « cave » innocent joué par Jacques Dutronc, qui ne néglige pas de le faire participer à ses films, même pour une apparition non créditée, comme dans « Les victimes » (Patrick Grandperret, 1995). Il devient très vite un second couteau très présent, il figure même dans des scènes marseillaises du « French connection » (William Friedkin, 1971), où il se fait trucider par Marcel Bozzuffi… la baguette sous le bras.  Ricaneur permanent, tueur ou pilier de comptoir, on le retrouve aussi souvent dans des films érotiques – Je vous laisse apprécier les titres à la lire dans sa filmo ci-dessous, c’est un vaste programme… -. Il s’en amuse d’ailleurs dans « On aura tout vu » de Georges Lautner, en acteur de porno, choquant la chaste Sabine Azéma par son empressement. Stéphane Collaro l’a aussi souvent engagé dans ses émissions de télévision. Laurent Baffie l’utilise avec intelligence dans ses sous-estimées « Clefs de Bagnole », et il retrouve la nationalité corse, avec un personnage typique, surnommé « Fritella », dans « Le cadeau d’Éléna » (Frédéric Graziani, 2003). En malfrat ou en gendarme, il est une des figures les plus amusées du cinéma français, apportant toujours en prime, une petite touche d’humour bienvenue.

(1) « On aura tout vu » par Georges Lautner & Jean-Louis Bocquet (Éditions Flammarion 2005)

Jean Luisi dans "Les cinq dernières minutes", épisode "Un mort sur le carreau"

Jean Luisi dans « Les cinq dernières minutes », épisode « Un mort sur le carreau »

 

 

 

 

 

 

 

 

Filmographie : Établie avec Armel de Lorme & Christophe Bier

1958  Du rififi chez les femmes (Alex Joffé ) – 1959  Le trou (Jacques Becker) – 1960  Une aussi longue absence (Henri Colpi) – Boulevard (Julien Duvivier) – 1961  Le dernier quart d’heure (Roger Saltel) – Le Bluffeur (Sergio Gobbi), Horace 62 (André Versini) – Un nommé La Rocca (Jean Becker) – 1962  L’œil du monocle (Georges Lautner) – Le diable et les dix commandements [sketch « Bien d’autrui ne prendras »] (Julien Duvivier) – 1963  L’assassin connaît la musique (Pierre Chenal) – Les tontons flingueurs (Georges Lautner) – OSS 117 se déchaîne (André Hunebelle) – 1967  Fleur d’oseille (Georges Lautner) – Le pacha (Georges Lautner) – 1968  Delphine (Éric Le Hung) – Ho ! (Robert Enrico) – Faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages (Michel Audiard) – 1969  Une drôle de bourrique / L’âne de Zigliara (Jean Canolle) – Les patates (Claude Autant-Lara) – 1970  Laisse aller… c’est une valse (Georges Lautner) – 1971  La part des lions (Jean Larriaga) – Le saut de l’ange (Yves Boisset) – The Fench connection (French connection) (William Friedkin) – Il était une fois un flic (Georges Lautner) – 1972  Les hommes (Daniel Vigne) – Sans sommation (Bruno Gantillon) – Quelques messieurs trop tranquilles (Georges Lautner) – Profession : aventuriers (Claude Mulot) – Érotisme à l’étude / Dossier érotique d’un notaire (Jean-Marie Pallardy) – 1973  O.K. patron (Claude Vital) – La valise (Georges Lautner) – La rage au poing (Éric Le Hung) – L’Amour aux trousses (Jean-Marie Pallardy) – Le journal érotique d’un bûcheron (Jean-Marie Pallardy) – 1974 Les seins de glace (Georges Lautner) – L’Amour chez les poids lourds/Convoi spécial (Jean-Marie Pallardy) – L’arrière-train sifflera trois fois (Jean-Marie Pallardy) – Comment se divertir quand on est cocu mais… intelligent (Pierre-Claude Garnier/Charles Lecoq) – La donneuse (Jean-Marie Pallardy) – Pleins feux sur un voyeur (Pierre-Claude Garnier/Charles Lecoq) – Règlements de comptes à O.Q. Corral/ Règlements de femmes à O.Q. Corral /Les sept partouzards de l’Ouest (titre de la version hard) (Jean-Marie Pallardy) – Le journal érotique d’un bûcheron (Jean-Marie Pallardy) –  La donneuse (Jean-Marie Pallardy) – Pas de problème ! (Georges Lautner) – 1975  Le gitan (José Giovanni) – Les vécés étaient fermés de l’intérieur (Patrice Leconte) – Le bon et les méchants (Claude Lelouch) – Porn’s Girls / Libre service spécial (Guy Maria) – Belalı tatil / Le ricain  (Jean-Marie Pallardy) –  1976  Le chasseur de chez Maxim’s (Claude Vital) – On aura tout vu ! (Georges Lautner) – Les demoiselles de pensionnat (Patrick Aubin/Jean-Claude Roy) – Un amour de sable (Christian Lara) – Gorges profondes ou il était une fois deux gorges profondes (André Koob) – 1977  La nuit tous les chats sont gris (Gérard Zingg) – L’amour chez les poids lourds (Jean-Marie Pallardy) – 1978  Le temps des vacances (Claude Vital) – Les égouts du paradis (José Giovanni) – Bactron 317 ou l’espionne qui venait du show (Jean-Claude Stromme & Bruno Zincone, + co-scénario) – Ils sont fous ces sorciers (Georges Lautner) – L’amour chez les poids lourds (Jean-Marie Pallardy) – Prends-moi…. de force ! (Boris Pradley / Jean-Marie Pallardy) – 1979  Le mors aux dents (Laurent Heynemann) – Le mouton noir (Jean-Pierre Moscardo) – Les Charlots en délire (Alain Basnier) – L’œil du maître (Stéphane Kurc) – Le guignolo (Georges Lautner) – 1980  Une robe noire pour un tueur (José Giovanni) – Le journal érotique d’une thaïlandaise (Jean-Marie Pallardy) – Charlie Bravo (Claude Bernard-Aubert) – Une merveilleuse journée (Claude Vital) – Est-ce bien raisonnable ? (Georges Lautner) – 1981  Les brigades roses (Jean-Claude Stromme) – Le cadeau (Michel Lang) – 1982  L’été de nos quinze ans (Marcel Jullian) – Si elle dit oui… je ne dis pas non ! (Claude Vital) – 1983  Attention une femme peut en cacher une autre ! (Georges Lautner) – Les parents ne sont pas simples cette année (Marcel Jullian) – 1984  Le cow-boy (Georges Lautner) – 1986  La vie dissolue de Gérard Floque (Georges Lautner) –  1988  Mon ami le traître (José Giovanni) – 1989  Docteur Petiot (Christian de Chalonge) – 1990  Le moustique (Olivier Cozic, CM) – 1991  Nous deux (Henri Graziani) – L. 627 (Bertrand Tavernier) – Riens du tout (Cédric Kapisch) – 1992  Le moulin de Daudet (Samy Pavel) – 1995  Mister Fourmi (Sébastien Burnet, CM) – Les victimes (Patrick Grandperret) – 1997  Luis et Margot (Chantal Richard, CM) – 1998  Innocent (Costa Natsis) – 1998  Noël d’urgences (Patrick Chamare, CM) – 2002  Les clefs de bagnole (Laurent Baffie) – 2003  Le cadeau d’Elena (Frédéric Graziani) – 2004  Lily et et le baobab (Chantal Richard). nota : A confirmer : Le Rallye des joyeuses (Serge Korber).

Jean Luisi dans « Brigade des maléfices »

Télévision (notamment) : 1963  Conte de la vieille France : La poule savante (Abder Isker, CM) – Les cinq dernières minutes : L’eau qui dort (Claude Loursais) – 1964  L’abonné de la ligne U (Yannick Andréi) – Détenu (Michel Mitrani) – 1967  La robe poignardée (Jean Vernier) – Les cinq dernières minutes  : Un mort sur le carreau (Roland-Bernard) – Max le débonnaire : Le point d’honneur (Jacques Deray) – 1969  Le boeuf clandestin (Jacques Pierre) – Le huguenot récalcitrant (Jean L’Hôte) – 1970  La brigade des maléfices : Les dents d’Alexis (Claude Guillemot) – Les dossiers du professeur Morgan : La mort au pied du mur (Jacques Audoir) –  L’écureuil (Arlen Papazian) – 1971  Madame êtes-vous libre ? : Une famille dispersée (Jean-Paul Le Chanois) – La belle aventure (Jean Vernier) – 1972  Mycènes, celui qui vient du futur (François Chatel) – Rue de Buci (Gérald Duduyer) – La bonne nouvelle (Guy Lessertisseur) – Les habits neufs du Grand Duc (Jean Canolle) – 1973  La regrettable absence de Terry Monaghan (Pierre Viallet) – 1974  L’or et la fleur (Philippe Ducrest) – Quai n°1 voie A (Jean Faurez) – 1975  La mer à boire (Philippe Ducrest) – 1977  La foire (Roland Vincent) – Les enquêtes du commissaire Maigret : Maigret, Lognon et les gangsters (Jean Kerchbron) –  – 1978  Les pirates de la mer : La marée blonde (Jean Kerchbron) – La main coupée (Jean Kerchbron) – 1981  Les dossiers de l’écran : Les avocats du diable (André Cayatte) – 1982  Jacques Dutronc, la nuit d’un rêveur (Pierre Desfons, documentaire) – 1991  Maxime et Wanda : Les belles ordures (Claude Vital) – 1992  Aldo tous risques : Direct au coeur (Claude Vital) – 1993  Commissaire Dumas d’Orgheuil (Philippe Setbon) – 1996  La nouvelle tribu (Roger Vadim) – 2000  Salut Sex ! (Jean-Marie Périer, documentaire) – 2002  Jacques Dutronc, l’ère de rien (Richard Valverde, divertissement).

Mise à jour du 10/12/2009