Et une comédie, encore ! Donnez-moi du bitume, du givre, de la neurasthénie, des chambres de bonnes, Alain Juppé, Ève Ruggieri, du brouillard, du plombé, du dépressif… Liza Azuelos nous livre ici sa recette de saison, un peu de « Vénus beauté institut », un peu du « Cœur des hommes », un soupçon de la « Vérité si je mens », une pincée de « Sex in the city » et beaucoup de gnangan dans la grande tradition de l’édulcoration. On attendait beaucoup de ces portraits de femmes dans note société, et on retrouve un produit formaté recyclant les effets modes à tout va. Le regard sur la communauté séfarade est tendre, mais ça ne fait pas forcément un film. Sur le même thème on peut tout de même préférer l’excellent « Tango des Rachevski » de Sam Gabarski, et même les deux « Vérités… « ., Mais à quoi bon se formaliser, moins les cinéastes font preuves de subtilité et de nuances, plus ça marche. Ce film n’est pas si déshonorant que ça finalement que beaucoup d’autres, mais il a le tort de passer après beaucoup d’œuvrettes. Dans le style « si vous voulez passer un bon moment… », elle remplit parfaitement sa mission, mais on pouvait attendre un petit supplément d’âme. Finalement la seule audace du film est d’utiliser Marthe Villalonga…  dans un parfait contre-emploi… Il est vrai qu’elle reste à jamais marquée par ses rôles de femmes austères et revêches chez André Téchiné, on retrouve donc une gouaille inattendue en mère juive volubile. Trêve de sarcasmes, elle est tout de même excellente, au moins elle a l’âge d’être la mère des personnages présents – Elle n’avait que deux ans de plus que Guy Bedos dans « Un éléphant… » et « Nous irons… », mais ces deux films d’Yves Robert gardent un charme certain à chacune des nouvelles visions -. Nos amis les Machos sont égratignés et forcément caricaturaux, voire insipides. Mais saluons Alexandre Astier, il y a donc une vie après « Kaamelott ». Il faut le voir en beauf sérial baffreur tellement macho qu’Éric Zemmour c’est Gisèle Halimi en comparaison. Mais il est très drôle, on l’imagine accompagné d’un ver solitaire, au moins il nous sort de notre torpeur.

Michèle Laroque, Aure Atika, Marthe Villalonga, Lisa Azuelos, Valérie Benguigui & Géraldine Nakache

Les autres hommes sont assez falots, comme Francis Huster qui semble s’ennuyer ferme, Thierry Neuvic – qui nous avait tant fait rire en chasseurs de rats dans le pathétique téléfilm de TF1 « Alerte à Paris ! » et David Kammenos ne sont là que pour incarner le fantasme de ces dames – sans parler de l’ineffable Frédéric Beigbeder, qui au moins ici est muet -. On a plaisir à retrouver Dora Doll, qui n’a pas grand choses à faire en grand-mère qui perd un peu la tête et qui adore Julien Lepers, dans une distribution peu inventive. L’impression d’une soirée TV pantoufle sur grand écran finit par vous aigrir un peu. Michèle Laroque semble souvent jouer toute seule, Aure Atika en mère dépassée ne se renouvelle guerre, on peut par contre louer Valérie Benguigui et Géraldine Nakache, qui volent allégrement la vedette aux deux autres, elles font preuve d’un bel abattage. Le cinéma français manque de beaux rôles féminins, on assiste ici à une vision assez rose de notre société, un regard avisé manque ici singulièrement, les migraines de la fille d’Aure Atika ne sont qu’un prétexte scénaristique, et les problèmes se résolvent dans un irréalisme de conte de fées. Pointe même un certain conformisme, le personnage de Géraldine Nakache devant se bimboliniser pour être « consommable ». Elle avait pourtant trouvé un ton par moment, dans la trivialité notamment, à l’exemple de poils pubiens posés sur le bureau d’un contrôleur fiscal, quelques moments qui surnagent d’un grand bain dans l’eau de rose. On attendait une ode à la tolérance, mais la réalisatrice tombe même dans les clichées, à l’image du frère de la nounou marocaine, « pacsée » avec Michel Laroque pour régulariser sa situation, qui la frappe avec violence et intolérance, Liza Azuelos est pourtant d’origine marocaine, son grand-père étant séfarade. On peut sauver un certain air du temps, une étude de mœurs de femmes ballottées entre la vie familiale, les amours, l’éducation des enfants, c’est suffisamment rare pour signaler. Mais hélas, on termine dans les clichés, ralentis étirés d’instant de bonheur, le film finit hélas par ne pas trouver son rythme. Il y avait une belle matière de film, hélas on reste ici dans les bonnes intentions.

Armel de Lorme auteur du livre L’@ide-mémoire ouvre son site : http://www.aide-memoire.org/, souhaitons lui bonne route !