On n’attendait pas grand chose de ce « Célibataires », sinon la vision d’un nanar opportuniste, il est vrai que le précédent film du comédien Jean-Michel Verner, « Jeu de con » en 2000 était un sommet du film cornichon, sauvé de l’oubli par une composition cocasse de Patrick Chesnais en commissaire survolté. Si on retrouve un peu, une captation de l’air du temps, le résultat est assez désolant, par l’utilisation à l’envi de l’effet pour l’effet – plan redoutable de l’exposition du derrière d’un chien en gros plan, au ras du trottoir par exemple -. Si on sourit à quelques dialogues, le résultat manque de consistance. Les comédiens font ceux qu’ils peuvent avec des archétypes prévisibles. Guillaume Depardieu – formidable pourtant chez Pierre Salvadori, essaie d’être léger, Patrick Mille – curieux parcours de l’amant de Michel Piccoli dans « Les équilibristes » au personnage de Chico chez Édouard Baer,ici assez falot -, Serge Hazanavicius – dans le registre râleur -, Cartouche – décidément pas gâté au cinéma – n’arrivent pas à installer la complicité de ces amis. Seul Olivia Bonamy donne une sensibilité à son personnage. Les personnages secondaires sont inexistants, saluons Jean Barney qui tire son épingle du jeu dans le rôle caricatural du père de Nelly, la pauvre Chantal Banlier ne doit se contenter que d’une apparition en mère de Ben.  Le pire c’est encore la prestation de Jean-Michel Verner lui-même, en psychiatre névrosé harcelé par sa mère au téléphone, grand numéro d’agitation vaine et de brassage d’air.

Jean-Michel Verner dans ses oeuvres

Et l’on déplore les stéréotypes abondants, les manques de rigueur, entre autres défauts, une production qui, de toute évidence, est conçue pour surfer sur la vague des comédies sur le malaise ambiant du célibataire trentenaire – vivement la quarantaine ! -. L’humour de service est d’une banalité et d’une pauvreté hélas commune au tout venant de la comédie. Dans la scène du gadget sonore, faut-il y voir une référence à la célèbre blague potache de « Mes chers amis » de Monicelli – les baffes dans une gare -, le cinéaste cite Yves Robert, mais n’évite en rien le lourdingue.  Si on peut trouver un intérêt à ce film, c’est en satellite. Il faut entendre la formidable langue de bois des productrices Jeanne-Rose Tremski et Stéphanie Vannier dans le making-off.  Elles minaudent allégrement et vantant (en pouffant tellement elles ont l’air convaincues), les difficultés pour monter le film – 54 décors, 80 acteurs ou inversement, où çà ? -, une comédie originale (sic), bien écrite et tutti quanti. Autre intérêt c’est Guillaume Depardieu en promo, électron libre, laissant un malaise partout où il passe, outrageant Joëlle Goron sur France Inter, commentant le passage de Nicolas Sarkozy par un « vous ne trouvez pas que cela sent la merde », tétanisant le trio Massenet/Denisot/Begbeder, – pourtant déjà bien chloroformé, qui avait évité de poser la question d’actualité qui fâche sur la connivence du ministre avec Jean-Pierre Elkabach – ou cassant le jouet du triste ludion Cauet traité de « fils de chien ». La télévision n’aime les artistes imprévisibles que morts, au moins Guillaume Depardieu donne dans un incorrect de parfait mauvais goût mais finalement assez salutaire. En souhaitant que nos deux apprentis-productrices fassent preuvent de moins de désinvolture dans l’avenir et que Guillaume Depardieu retrouve un auteur à la mesure de son talent.