« A history of violence » a été présenté à Cannes en mai dernier, sans recevoir de prix, on retrouve pourtant la maestria de la mise en scène de David Cronenberg, et une profonde réflexion sur l’humanité quand advient l’inéluctabilité de la violence. C’est une adaptation de Josh Olson d’après une bande dessinée publiée en 1997de John Wagner et Vince Locke. Mais le parti pris est celui ici du réalisme, et d’une dénonciation des faux-semblants et de l’hypocrisie de mise dans la société américaine actuelle. On pense évidemment au traitement visuel de la violence par Sam Peckinpah. Ici elle procède de l’auto-défense et est acquise ou innée et semble inéducable. David Cronenberg dresse un tableau sans complaisance dénonçant une mentalité profonde ancrée aux États Unis en nous rappellant la toute puissance du loby NRA, militant en faveur de l’armement, il se révèle plus efficace qu’un Michael Moore plus dans la manipulation. Il dénonce aussi les médias, et mêmes la mentalité des gardiens de l’ordre établi – l’attitude ambiguë du shérif – . Cette réponse faite à l’agression de son propre territoire – qui nous vise de plus dans notre tendance au repli sur soi -, nous rappelle un certain déterminisme de l’homme, on est proche de l’univers du western.
Maria Bello & Viggo Mortensen
Le traitement de David Cronenberg, est plus épuré que ces derniers films, mais il ne renonce en rien à son exigence, et une présente une famille typique, Tom Stall est propriétaire d’un restaurant familial, père d’un adolescent et d’une petite fille, les époux Stall, exemplaire de probité, vivent dans une quiétude, et pimente leur couple en s’inventant des petits jeux érotiques. Deux malfrats dans un montage parallèle exercent leurs vilenies dans un hôtel, ils se rendent chez Tom, comme le définit la bande-annonce, posant ainsi le postulat de départ. Viggo Mortensen – présence faussement tranquille – en homme tranquille et étonnant, on a plaisir à retrouver la sensuelle Maria Bello – ce qui confirme son talent après le méconnu Lady Chance. Comme un entomologiste David Cronenberg s’approche de manière charnelle de ses personnages, nous définissant l’intimité érotique du couple. Car c’est souvent le corps qui s’exprime contradisant les non-dits et les actes que l’on occulte trop facilement. La violence promise par le titre est saisissante, choquante, et non pas stylisée ou chorégraphié, ce qui est un choc pour le spectateur, qui va se livrer ainsi à une réflexion. Howard Shore installe un climat avec sa musique. Les autres comédiens sont stupéfiants, Ed Harris, composant un personnage particulièrement inquiétant, cynique et lourd de menace, et William Hurt – qui joue avec justesse l’état d’ébriété – est excellent en personnage installé dans un certain confort. Cette œuvre oppressante, surprenante et radicale, est une grande réussite de son metteur en scène.