La bande annonce et les teasers, laissait entrevoir une pochade racoleuse et assez lourde à l’image du couple Didier Bourdon-Armelle Deutsch, restés collés après le coït, idée piquée au couple Sami Frey-Carole Laure dans « Sweet Movie » de Dusan Makavejev, en 1974. Mauvais service rendu à ce film plus sensible, du réalisateur Yves Fajnberg, car cette comédie neurasthénique a des qualités. Richard, patron d’une prospère société de vidéo, divorce sans fracas de sa femme – la très belle Natacha Lindinger -. Sa conception de la vie vole en éclat quand il apprend d’une femme qui insiste beaucoup sur son nom – Isabelle Petit-Jacques, très juste -, qu’il a un Q.I. proche de celui de l’huître comme disait Jean Yanne. Cette information est révélatrice des manques de sa vie, il finit par s’humaniser en rencontrant Maud, un mannequin dépressive – Alexandra Lamy, décidément très bien dans les premiers rôles -, Colombe, une jeune femme en attente d’une greffe de cœur – Armelle Deutsch attachante -. Il finit par se rapprocher de ses deux amis d’enfance Rachid, un clown triste mais d’une drôlerie incroyable, se laissant porté par les événements – Zinedine Soualem, au jeu toujours subtil – et un chirurgien brillant – Frédéric van den Driessche, amoureux transi de la jolie Colombe -.

Zinedine Soualem & Armelle Deutsch

On retrouve également Didier Flamand, étonnant en psychiatre, loin des clichés habituels, Lise Larnicol en secrétaire indécise et la trop rare Sophie-Charlotte Husson, en sœur de Maud, Didier Bourdon, bon comédien donne une épaisseur à son personnage, autoritaire et névrosé. Cette comédie douce amère est à réévaluer, même si elle connaît par moment une baisse de régime et est un peu maladroite et convenue, mérite que l’on s’y attarde. La grande force de ce film, est la présence de Zinedine Soualem. Le réalisateur qui le connaît depuis plusieurs années, a utilisé ses facultés expérimentées dans le théâtre de rue et auprès des enfants malades dans les hôpitaux. Il faut le voir dans la scène cultissime inspirée du court d’Yves Fajnberg « Harakiri », où travesti en samouraï il se livre à une étonnante prestation, parodie amusante des films de Kurosawa. Soulignons l’extraordinaire efficacité dans l’humour de ce comédien, et qui amène encore une fois une humanité prodigieuse. Il n’a pas fini de nous surprendre et le film lui doit beaucoup.