Avant-première lundi soir à l’UGC Cité-Ciné, du nouveau film de Christian Carion, « Joyeux Noël », en présence du réalisateur, du producteur Christophe Rossignon et Guillaume Canet. Le décorateur Jean-Michel Simonet était également présent mais par discrétion n’est pas monté sur scène. Le film parle du thème de la fraternisation entre les soldats allemands, français et anglais, ici le 24 décembre 1914. C’est un fait réel, l’histoire concentrant plusieurs histoires, longtemps éludé par les autorités, mais connu grâce à la presse anglaise. Anne Sörensen, une soprane – superbe Diane Kruger, bien que peu crédible dans les scènes de chants -, rejoint son amoureux, Nikolaus Sprink – Benno Fürmann, très convaincant – un célèbre ténor de l’Opéra de Berlin, dans une tranchée allemande. Des arbres de Noël surgissent du côté allemand, causant un trouble général… Le réalisateur n’a pas pris le parti pris du réalisme comme dans « Les sentiers de la gloire », mythique film de Stanley Kubrick, ou même d’  « Un long dimanche de fiançailles ». Cette épure déstabilise au départ, puis comme pour le décors de « Brigadoon » de Vincente Minnelli, on finit par adhérer très vite à ce concept. Le côté sanguinolent de la guerre n’est pas privilégié. Cette stylisation donne un côté conte de Noël plaisant, d’autant plus que le côté absurde de la guerre n’est pas éludé, un chat devant être jugé pour être passé à l’ennemi. Cette anecdote s’avère exacte et le réalisateur a expliqué que l’animal  avait d’ailleurs été fusillé pour faits de haute trahison ! Il y a pléthore d’excellents comédiens, pour ne citer que les plus connus de Gary Lewis, digne prêtre anglican, Ian Richarson impitoyable évêque, Daniel Brühl qui révèle une maturité inattendue en lieutenant allemand, Guillaume Canet en lieutenant français passant d’une autorité à une belle sensibilité, Bernard Le Coq en austère général, Lucas Belvaux en soldat râleur, sans oublier Dany Boon, sensible et drôle soldat simplet du Nord, et même le couple Michel Serrault et Suzanne Flon, en châtelain résignés.

Guillaume Canet & Daniel Brühl

Cette avant-première animée par la bonne humeur du trio invité, fait suite à l’inoubliable soirée d’ « Une hirondelle ne fait pas le printemps », où un Michel Serrault en plaine forme – j’ai parlé à une de mes idoles, avant de me faire neutraliser par une grande bourgeoise bordelaise suffisante -, avait fait preuve de brio. Le débat était passionnant de la vérité historique de ce fait occulté. Je n’ai pas pu m’empêcher de poser des questions sur  la polémique lancée par Libération. Le producteur s’étonnait qu’elle n’éclate pas au moment des nominations, de la réaction de quelques mauvais joueurs – des pingouins, d’ailleurs -. J’ai continué  sur le choix des acteurs – Gary Lewis était une évidence pour le réalisateur dès la première rencontre, Guillaume Canet tenait à tout prix faire ce film., Il faut souligner l’importance et l’originalité du travail du producteur Christophe Rossignon, nous faisant des propositions de cinéma singulières et abouties, contrastant avec le tout venant du cinéma français actuel. Pour la petite histoire, il a comme a l’accoutumé joué un rôle dans un de ses films, ici un lieutenant qui remplace le lieutenant Audebert en le critiquant sévèrement, mais il a été coupé au montage. Il me confiait avec humour, vouloir désormais essayer de figurer une prochaine fois dans une scène impossible à supprimer pour la compréhension de l’histoire. Cette évocation sensible de la guerre confirme le talent de Christian Carion.