« Shaun of the dead » est est une comédie « mordante » absolument réjouissante, le mélange des genres étant difficile par excellence, c’est aussi un hommage aux films de Lucio Fulci et de George Romero (« Dawn » of the dead)– son réalisateur Edgar Wright et son acteur et co-scénariste Simon Pegg, apparaissent d’ailleurs dans « Land of the dead » le dernier opus de l’œuvre du sieur Romero -. Loin de faire les malins avec le genre, ils assument franchement le côté gore, et concilient  la drôlerie, à l’effroi. Les zombies sont donc décidément à la mode, après le passionnant « Les revenants » de Robin Campillo, l’an dernier, plus ancré dans un fantastique social et le film ici pose la même question, comment composer une société avec ces gens si différents–non-morts, non-vivants – et qui ont une tendance à se montrer désobligeants avec les passants ce qui dénote un manque d’éducation certain. Shaun a 29 ans, partage sa vie entre un emploi de vendeur en télévisions, manque d’autorité sur ses jeunes collègues, et vie en collocation avec son meilleur ami Ed, « patate de canapé » qui ne pense qu’à boire, dire des grossièretés gratuites et jouer à la game boy, et le sérieux Pete, qui essaie de tolérer les zigotos comme il peut. Shaun a une petite amie, mais ne la voit que dans un pub, au grand désarroi de cette dernière, qui voudrait un tantinet d’intimité, elle vit également avec un couple. Manquent au tableau la mère de Shaun – Penelope Wilton vue dans « Calendar Girl »– et son beau-père avec lequel il n’a que peu d’intimités – Bill Nighby, toujours aussi glaçant, mais qui peut avoir un sursaut d’humanité -.

Simon Pegg en fâcheuse posture

La petite amie de Shaun le quitte après une journée pathétique, avec nombre de personnes qui semblent être atteint d’un virus inédit. Il va noyer avec Ed, sa mélancolie dans l’alcool dans le pub « refuge », et va noter ses bonnes résolutions pour l’avenir, avant de s’effondrer. Suit un petit matin blême, où il peine à reprendre surface, dans l’impossibilité de se rendre compte des quelques changements autour de lui. Tout est ensuite surprenant et habile – la peur n’est jamais loin -, avec l’idée que c’est dans l’adversité que l’on peut se révéler. Outre une critique sociale assez acide – les passages du bus se comportant comme des zombies -, il y a d’excellents moments, et des citations – le bandeau de Shaun à la Robert de Niro – dans « Voyage au bout de l’enfer », le nom d’un bar fait référence à Fulci, etc… Simon Pegg se révèle un nouveau « corps comique », passant allègrement de l’apathie à l’héroïsme. Le ton est cinglant, on rit souvent, tout en s’attachant aux personnages – la mère qui ne veut pas déranger -, et on prend peur assez vite. Le film est suffisamment acide pour décrire les difficultés de se loger dans la ville de Londres, et décrit nos petites conformismes et manières de ce fondre nos dans la médiocrité, et une certaine apathie, les habitudes ça rassure, c’est bien connu, mais si on en souffre parfois. Mais le réalisateur a une empathie avec ses personnages, commePete qui trouve une énergie avec un cynisme décalé, et montre un visage très fraternel – campé par un excellent Nick Frost -,. Si l’instinct de survie de tout un chacun est montré habilement, c’est une vision assez pessimiste finalement, où même l’épreuve ne vous grandit pas forcément, nous désignant du doigt et les petits arrangements avec notre quotidien. La critique des médias est également assez « saignante ». Ce film débordant d’inventivité est en  passe de devenir un film culte – le ballet des zombies est étonnant -. A voir donc dans ce morne été cinématographique.