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LE TRANSPORTEUR II

J’abomine relativement les versions françaises doublées, passant le plus clair de mon temps à vouloir mettre un nom sur une voix, pour peut que film soit flapi. Dans le désœuvrement complet d’un ugecetiste – possesseur de carte UGC -, je vais donc voir la dernière bessonnade « The Transportor II – Le transporteur II », grosse machine sans âme transplantée à Miami et en français dans le texte pour deux bonnes raisons :

         1) il y a François Berléand – ça fait presque 20 ans que je le suis depuis qu’il déclarait que l’humain bouilli avait un goût de veau dans « Les mois d’Avril sont meurtriers » de Laurent Heymemann,.

           2) l’entendre se doubler lui-même, ce qui constitue une incongruité sympathique.

J’avais vu grâce à lui le premier opus du « Transporteur » en VO, de passage à Paris, il m’avait convié à une projection de presse – il y avait l’excellent Yannick Dahan, ce jour là assez érudit pour dire que la scène de luttes dans l’huile de vidange était plagiée d’un film d’extrême orient, je ne sais plus lequel, hélas. Le dossier de presse était sous forme de BD, ce qui convenait au style. Il ne faut pas voir une once d’originalité dans un préfabriqué Besson, à part la chorégraphie des scènes d’actions en général, ici Corey Yuen, véritable co-réalisateur du film. Ce type de produit manufacturé est au cinéma ce que sont les maisons Phoénix à la cathédrale de Chartres. François Berléand jouait l’inspecteur Tarconi, et se débrouille formidablement en anglais alors qu’il jure le contraire. Le film était divertissant, surtout grâce à la composition de Jason Statham renouvelant un tantinet le personnage solitaire d’action. 

François Berléand : C’est comment qu’on freine…

Il faut qu’il arrête de signer les scénarios tout seul le père Luc, car c’est le récit abracadabramtesque comme dirait l’autre, d’un kidnapping d’enfant – tendance « Léon » allié à une menace bactériologique cornichonesque. Il nous ressort ses personnages passablement grotesques, comme celui de la méchante mi-affreux-Jojovich, mi- Emma Sjöberg, passablement drôle, son traditionnel héros minéral mais humain, l’affreux mercenaire de service – Alessandro Gassman, fils de Vittorio, plutôt désinvolte -, les comédiens qui jouent les utilités – Matthew Modine, perdu de vue depuis Abel Ferrara mais qui tousse très bien, la mignonne de service Amber Valletta… Et tirons notre chapeau pour notre François national qui amuse une salle entière avec son personnage minimal du Tarconi en vacances. Reste qu’il n’est pas tendre avec l’écriture de son personnage. Il a déclaré en parlant de Luc Besson, avec sa franchise habituelle sur Europe 1 « …Ce n’est pas toujours très bien écrit, il pourrait retravailler un peu plus les scénarios, les rendre un peu plus intelligents. Ce film est destiné à un public jeune et c’est un peu primaire… », source Yahoo. Il y a des morceaux de bravoures d’action, Louis Letterier – fils de François -, arrive à tirer son épingle du jeu de son statut de « Yes man ». Cette série de déclinaisons bessonniennes finit par lasser considérablement, montrant les limites du système des films estampillés-pilleurs et épuisants d’EuropaCorp.

MA VIE EN L’AIR

Vu hier proposé par l’UGC Cité-Ciné Bordeaux, un mois avant sa sortie « Ma vie en l’air » premier long métrage de Rémi Bezançon. Ca commence une comédie un peu mode, post-« Amélie », on se met à redouter un nouveau « Jeux d’enfants » – film de Yann Samuell avec déjà Marion Cotillard -. Le film n’est pas d’une originalité folle, reprennant l’idée de départ d' »En chair et en os » de Pedro Almodóvar, l’autobus étant troqué contre l’avion, mais on finit par s’y intéresser et rire, surtout quand il y a une habituée au rire contagieux et communicatif – ça aide pas mal – et la chanson de Serge Gainsbourg « Ford Mustang » est très ciné génique.

Vincent Elbaz dans un personnage assez sensible, sorte de grand enfant triste est très présent, Marion Cotillard a beaucoup de charme et Gilles Lellouche – co-réalisateur de « Narco » et du court rigolo « Pourquoi… passkeu » dans un personnage assez stéréotypé de copain envahissant – mais toujours prêt à rendre service – arrive à lui glisser une drôlerie et voler aux autres pas mal de scènes.  Le cinéaste aurait pu s’adjoindre un co-scénariste, mais au final on passe un bon moment. S’il y a des défauts, de grands sous-utilisés – Maurice Chevit, dans un rôle subliminal de prêtre, déranger un si grand acteur pour si peu…, le couple improbable Marie Rivière, Gérard Loussine-. Mais il y a de bonnes idées « la boîte noire est orange… « , le personnage d’Eddy « La tchache » joué par Vincent Winterhalter, et une écriture teintée d’un certain spleen. Il y a des acteurs attachants, Didier Bezace, passant du suffisant, du grotesque au touchant – grand moment d’acteur quand il évoque sa mère -, Elsa Kikoïne – fille de Gérard – est bien, Philippe Nahon, Cécile Cassel et Tom Novembre arrivent à se dépatouiller de rôles convenus. En prime François Levantal – décidément irréprochable – arrive même à nous faire une scène d’anthologie, avec le personnage le plus redoutable à avoir comme voisin dans un avion quand on est phobique du lieu – idée assez rallongée sur le personnage de Vincent Elbaz -. Au final c’est un film prometteur et sincère.

L’ETE OU J’AI GRANDI

« Io non ho paura », sorti en 2003 est une adaptation d’un roman de Massimo Ammaniti, connu en Italie et paru en 2001. On avait perdu un peu de vue Gabriele Salvatores, auteur de « Méditerraneo » (1991), et d’un film d’anticipation « Nirvana ». Dans un petit village des Pouilles écrasé de soleil, durant l’été 1978, un groupe d’enfants sont livrés à eux-mêmes et se livrent à de petits jeux cruels près d’une maison abandonnée. Michele – Giuseppe Cristiano très juste – un enfant de 10 ans promène une mélancolie. Il ne goûte que peu ces jeux puérils, et protège sa petite sœur. Il retourne seul sur les lieux, s’apercevant avoir perdu les lunettes de sa sœur… Je préfère ne rien dévoiler de la suite, lisez n’importe qu’elle critique et vous avez déjà toute l’histoire, il vaut mieux voir le film vierge d’informations. L’ombre de « La nuit du chasseur » le magnifique film de Charles Laughton, plane durant tout le film – les animaux de la nature, inquiétants deviennent protecteurs, la barque étant transformée par une bicyclette. La scène de la poupée cassée que la petite fille plonge sous l’eau, les cheveux ondulants comme ceux de Shelley Winters, est même une citation directe.

Gabriele Salvatores dépeint parfaitement la misère au soleil, et arrive à construire une inquiétude à partir d’un paysage superbe, un champ de blé pouvant être un refuge. Il dépeint les difficultés des adultes – les choix à faire durant la visite d’un vendeur ambulant, la mesquinerie et la bassesse dont ils peuvent être capables. Le titre italien (la traduction « Je n’ai pas peur » reflète mieux le film) qui n’est pas parfait – incohérence citées sur la fiche IMDB, dernière partie du film assez peu convaincante, la musique impeccable est un tantinet redondante -.  On retrouve un cinéma italien fort, un film à la hauteur des enfants. Des adultes on retiendra Aitana Sánchez-Gijón, mère sensuelle et cyclothymique et  Diego Abatantuono, acteur fétiche de Salvatores, en ami de la famille, pouvant très bien incarner un ogre dans le regard d’un enfant. C’est un film initiatique très ancré dans les années 70, et bénéficiant d’une lumineuse photographie. L’observation de la perte de l’innocence d’un enfant est très juste – Jean-Luc Douin, « Le monde » cite très justement Luigi Comencini : « …Encore jamais vu à l’écran, Giuseppe Cristiano lui donne une sensibilité craquante, rappelant les petits héros des films de Luigi Comencini, le Pinocchio désobéissant ou le frère mal aimé de L’Incompris.  Ce film solaire et inquiet est à découvrir.

NOUS NE VIEILLIRONS PAS ENSEMBLE

Ce film magnifique de Maurice Pialat en 1971, est une lucide analyse sans complaisance du point de non retour d’un couple. Rarement on a pu voir une telle âpreté, un tel réalisme, une telle cruauté. La genèse du film fut tourmentée, lire le formidable « Pialat » de Pascal Mérigeau (Éditions Grasset, 2002), Jean Yanne n’aura cesse de minimiser sa performance, suite aux nombreux différents entre lui, Jean-Pierre Rassam – qui apparaît d’ailleurs en guitariste – et Maurice Pialat. Yanne obtiendra un prix d’interprétation masculine, plus que mérité. Il a joué le rôle de Jean, personnage frustre, violent et assez détestable avec une humanité, de même Marlène Jobert obtient un de ses meilleurs rôles, avec celui de « Catherine », femme touchante venant d’un milieu populaire, sans cesse rabrouée par Jean, voire humiliée comme dans la scène d’une incroyable crudité de son retour chez sa grand-mère. Jean comprend son amour au moment de l’ineductable seulement, Catherine devenant autonome, cessant de vivre dans une crainte permanente, préférant fuir de prime abord plutôt que de lui annoncer sa rupture.

Marlène Jobert & Jean Yanne

Comme Jean Eustache pour « La maman et la putain », Pialat se sert de son vécu, Pascal Mérigeau raconte qu’il voulait retrouver certains détails de sa propre vie. Il porte un regard assez acerbe sur son monde et sur lui-même. Les autres personnages sont touchants, les hommes souvent assez absent, Harry-Max en père de Jean, vieillissant seul, et l’on voit un rapport père-fils avec lequel il n’y a que peux d’échanges, Jacques Galland en père de Catherine assez résigné ou Maurice Risch, confident triste. Les femmes sont plus fortes, Christine Fabréga – inoubliable dans le « Deuxième souffle » -, mère de Catherine lucide, Macha Méril en femme de Jean – il n’a toujours pas divorcé – personnage meurtri qui ne montre pas ses souffrances ou Muse Dalbray – une comédienne très touchante – en grand-mère qui se plaint d’avoir acheté une grande maison pour ses enfants qui l’ignorent. Le DVD du film propose des bonus exemplaires, dont un entretien avec Marlène Jobert, le regard de François Truffaut sur le scénario, des archives de l’INA, son court-métrage « La Camargue » et un ahurissant face-à-face Pialat-Lucien Bodard. Ce film est un classique désabusé et une des plus fulgurantes analyses d’un couple en perdition.

DISJONCTÉ

The cable guy « Disjoncté » (1996) est le troisième film de Ben Stiller comme réalisateur après « Elvis Stories » (1989) et le générationnel « Realy Bites / Génération 90 » (1994). Le film qui est un mélange de loufoquerie et de thriller, avait désorienté le public de son interprète principal : Jim Carey – caché record à l’époque, et bide noir en France du moins -. Depuis on connaît la palette du comédien de « Man on the moon » à « Eternal sunshine of the spotless mind » déborde d’inventivité et compose un personnage hallucinant. Certes la dénonciation d’une société médiatisée est assez vaine et la réalisation n’est pas très inventive, mais Stiller a un regard assez noir sur la société et parle de la solitude en milieu urbain assez justement. L’homme du câble a besoin d’amour, d’être le centre intérêt alors qu’enfant sa mère se servait de la télévision comme une baby-sitter !

Il y a de grands moments, notre cinglé ne parlant que par référence avec les classiques télé ou cinéma, d’une scène tordante de parloir de « Midnight express » à celle du jeu du « mot de passe » devant Georges Segal et Diane Baker amusés. Matthew Broderick est à la hauteur de son prestigieux partenaire, son personnage qui vient de séparer de sa petite amie, va s’installer seul et donc tomber sous l’emprise d’un employé du câble zélé. Il y a des cameos amusants de Charles Napier en policier, Ben Stiller en jumeaux cathodiques, héros d’un fait divers, Eric Roberts qui incarne les rôles de ce dernier pour une série, plus quelques comédiens reconnus depuis comme Owen Wilson, Janeane Garofalo ou Jack Black. Une comédie noire à redécouvrir, et un portrait d’une certaine Amérique, et que reflète l’incertitude des personnages du film.

LE GRAND COUTEAU

Revu hier « The big kife » (Le grand couteau) film réalisé et produit par un « maverick » : Robert Aldrich et sorti en 1955. Le film a une atmosphère digne d’un film noir, le réalisateur garde le huis clos de la pièce de Clifford Odets et le traite avec maestria, ne cherche pas à l’aérer. Le film traite des difficultés d’un acteur, Charles Crane aux prises avec deux producteurs détestables et qui tente de reconquérir sa femme, Marion et son jeune fils. La pièce avait été crée par John Garfield, la formidable idée est d’avoir choisi Jack Palance, saisissant de colère rentrée, et qui a abandonné ses convictions idéalistes au profit d’une carrière gérée par deux producteurs roublards qui veulent renouveler son contrat de sept ans. Il peut trouver une certaine autonomie financière mais en le signant il sait qu’il peut abandonner toute ambition artistique. Assez volage, en restant dans le giron des deux vampires, il risque en  plus de perdre la considération de Marion, jouée avec une réelle émotion par Ida Lupino, actrice douée d’humanité et également réalisatrice. Aldrich digère le cabotinage hallucinant de Rod Steiger, jouant le premier d’entre eux, mais qui convient parfaitement à l’hystérie d’un producteur manipulateur et dictatorial, surjouant les situations. Le second c’est Wendell Corey, plus affable en apparence – mais un tremblement de terre paraîtrait inanimé, face à cette masse virulente Steigerienne – se révèle finalement encore plus cynique et sans scrupules, ils forment un duo particulièrement malsain.

Jack Palance et Ida Lupino

Aldrich scrute les comportements et se sert de l’écriture d’Odets traquant les rouages des compromissions hollywoodiennes, de la commère qu’il faut ménager, de l’agent fatigué et malade – excellent Everett Sloane – qui tente de relativiser toujours, à la starlette consciente qu’on ne l’utilise que comme « hôtesse » mais qui parle un peux trop, – Shelley Winters touchante et blessée – ou le prétendant de sa femme – Wesley Addy, fidèle de l’univers du réalisateur -, écrivain très digne. Charles aidé par Nick, son homme de main plus que fidèle et dévoué – Nick Cravat, souvent comparse de Burt Lancaster – a donc un choix décisif à faire dans sa vie, il risque de figurer dans une liste noire (subtile allusion) si il refuse l’emprise des deux redoutables financiers, et qui de plus ont un moyen de pression sur lui. La mise en scène est au cordeau, Jack Palance trouve est un ici de ses grands rôles, révélant une sensibilité, et Aldrich trouve ici le moyen de critiquer avec acidité le monde du cinéma. Souvent mésestimé, ou décrié sur certaines ficelles de la pièce, ce film à redécouvrir. A noter que la pièce de Clifford Odets « auteur que Renoir admirait fort, pour sa ‘poésie amère, puissante, profonde et désespérée' » Anthologie du Cinéma N°11″ par Claude Beylie a été adaptée sur les planches dans une mise en scène de Jean Renoir, avec Daniel Gélin (Charles Castle), Claude Génia (Marion), Paul Bernard (Marcus Hoff), Paul Cambo (Smiley Coy), etc… Beylie rajoute « …Rappelons qu’au cours de la pièce était projetée sur scène, par manière de private joke, une courte séquence de film (quinze secondes) avec Daniel Gélin, qu’avait réalisée Renoir ».

LE COIN DU NANAR EN CAMARGUE

Le film c’est « D’où viens-tu Johnny ? », réalisé en 1963 et signé par un réalisateur de seconde équipe Noël Howard. Johnny Hallyday est l’éternel débutant du cinéma, et va jusqu’à obtenir le prix Jean Gabin, dédié au meilleur espoir masculin en 2003 pour « L’homme du train » pour Patrice Leconte, 40 ans plus tard ! Ce film est pourtant l’un des premiers films construit sur son statut d’idole des jeunes. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’y est ici vraiment pas probant, il a une demi-expression les soirs de grand vent. Le film débute dans un troquet appartenant à M. Franck – premier rôle d’André Pousse -, qui aime la jeunesse, et prête sa salle à de jeunes musiciens (Le Smet, un Jean-Jacques Debout rondouillard et imberbe, Sylvie Vartan en chanteuse). Il s’énerve, n’arrive pas à faire taire le petit groupe, et n’a pas encore du Audiard à dire, mais du Audouard (Yvan) pour débuter… il veut bien prêter sa salle, mais il veut en échange quelques services… Johnny va donc chercher, selon son habitude de la drogue dans une gare, sans le savoir bien sûr, tout naïf qu’il est… Devant le manège de quelques policiers – dont Yvon Sarray, figure familière ces années-la -, il finit par suspecter quelque chose… Il arrive à semer ses suiveurs, pas discrets discrets, et finit par ouvrir la valoche, sur les quais de la Seine. Là il fait la mimique d’un singe découvrant une cornemuse, avant de comprendre qu’il s’agit d’une poudre stupéfiante. Il est contrarié comme tout, et jette le tout dans le fleuve.

Craignant les représailles du « Pousse » furax, il part se mettre au vert en Camargue. Depuis le début du film, j’ai le sous-titre bloqué « Coupez » (authentique), ayant bloqué le sytème du câble sur la VO et qui déraille régulièrement en ce moment. Le Johnny, se réfugie chez ses tuteurs  – Henri Vilbert et la joviale Hélène Tossy -. Le film passe du noir et blanc à la couleur, et là commence un improbable western franchouillard, on doit encore se marrer dans les rizières… La ravissante Evelyne Dandry – future mère névrosée dans « Sitcom » – ligote un taureau et roucoule avec son amoureux répondant au nom de… Django (hautement improbable Pierre Barouh !). La petite amie de Johnny (Sylvie Vartan) descend voir notre Johnny, elle est suivie par un homme de main de Monsieur Franck, – Daniel Cauchy, toute une époque et un grand sous estimé… -. Le film, très couleur locale et folklorique, se voit sans déplaisir grâce à des seconds rôles pittoresques,  Fernand Sardou soiffard sympathique, Henri Vilbert tout en autorité conviviale et saluons l’arrivée d’André Pousse déjà dans un ton « lautnerien ». La charmante Evelyne Dandry et Daniel Cauchy en petite frappe sont bons, il y a Jean Franval en guardian et Jean-Marie Rivière, épouvantable en ludion grimaçant. Le cinéma et les grands espaces semblent trop grands pour notre idole – il faut le voir neutraliser un taureau ou se battre avec Pierre Barouh, copain jaloux, reste qu’il pousse souvent la chansonnette -. Il y a même un explication à sa longévité, un de ses agresseurs le voyant coriace déclare qu’il est « tout en os » tout en le baffant copieusement. Actuellement sur TPS Cinéfamily, pour les fans du chanteur et les amateurs des sixties, avec la nostalgie de retrouver un vieil album « Johnny » !

Z

Lundi a débuté sur Arte, la trilogie des films politiques de Costa-Gavras, interprétés par Yves Montand, avec « Z », film souvent décrié par son utilisation d’un spectacle pour un film à message. « Z » était la lettre on le sait symbolisant la lutte contre la dictature en Grèce – Lambrakis vit -, pour protester contre le meutre du député Grigoris Lambrakis, opposant pacifiste. Il a fallut l’abnégation de Jacques Perrin producteur – qui tient ici le rôle d’un journaliste accrocheur -, pour que ce film puisse être tourné en Algérie. Aidé de Jorge Semprun au scénario d’après un livre de Vassilis Vassilikos, et du musicien grec alors en exil Mikis Theodorakis.

Costa-Gavras, Pierre Dux & Julien Guiomar

Le réalisateur, comme Yves Boisset, a souvent été traité de manière condescendante, comme un si un film à message était antinomique avec une réalisation aérée, efficace et servie par de formidables comédiens. Il n’a d’ailleurs rien perdu de son esprit critique avec le récent « Le couperet » et le film recèle de nombreux morceaux de bravoure. Tout est ici maîtrisé des scènes de foules, au petit jeu des dignitaires déchus s’acharnant sur une porte fermée. Le film démontre la manière de gouverner des colonels grecs, utilisant la conviction ou la précarité de personnes frustres – Renato Salvatori – doublé par William Sabatier et Marcel Bozzuffi, assez réjouissants dans des rôles de gros bras violents -. Pierre Dux et Julien Guiomar, symbolise d’ailleurs brillamment ces fantôches roublards et fascistes, voire la manière de Dux de parler du mildiou idéologique ! et à propos du personnage de Charles Denner de le traiter de demi-juif, qui selon lui sont « Les pires ». C’est la bassesse de trop de ses personnages arrogants, qui précipiteront leurs chutes relatives.

Jean-Louis Trintignant

Comme dans ces deux précédents films « Compartiments tueurs », il y a une interprétation phlétorique, outre ceux cités précédemment il y a Yves Montand dans un rôle symbole mais secondaire, Jean-Louis Trintignant exceptionnel en petit juge déterminé – son prix d’interprétation à Cannes était très mérité, même s’il a lui même relativisé l’importance de son jeu -, Irène Papas en épouse meurtrie, Maurice Baquet, qui vient de nous quitter, s’improvisant justicier en « bondissant comme un tigre », Georges Géret – d’ailleurs très drôle – en témoin courageux luttant contre les considérations de sa sœur – Magali Noël – et de sa mère – Andrée Tainsy -, l’étrange Guy Mairesse en agresseur improvisé, Gérard Darrieu en oiseleur brute, Bernard Fresson en opposant raisonnable, François Périer en chef de la police suffisant, Jean Dasté en témoin farouche, Gabriel Jabbour en organisateur de spectacle vindicatif, Clotilde Joanno en femme passionnée, José Artur en journaliste précieux, etc… A noter que pour nos amis amateurs de doublage, il y a de nombreuses voix doublant les comédiens algériens (Jacques Monod, Jean Berger, etc…

Charles Denner & Yves Montand

Je m’arrête sur deux comédiens, car je les trouve exceptionnels, Jean Bouise, toujours bouleversant d’humanité, déteminé dans sa sagesse, toujours en éveil, et Charles Denner, éblouissant d’une nervosité active, il concilie excentricité et vérisme, héroïsme et calcul, un très grand comédien. Il est bon, je crois de rappeler le talent d’un Costa-Gavras, et signaler sa grande modestie pour l’avoir vu à l’avant-première du « Couperet ». Arte, qui a une programmation assez désolante pour le cinéma en ce moment (beaucoup de VF et ne programme pas les inédits des émissions d’André S. Labarthe ), joue au moins ici son rôle de service public, même si l’on pouvait attendre ces films dans des chaînes généralistes.

SHAUN OF THE DEAD

« Shaun of the dead » est est une comédie « mordante » absolument réjouissante, le mélange des genres étant difficile par excellence, c’est aussi un hommage aux films de Lucio Fulci et de George Romero (« Dawn » of the dead)– son réalisateur Edgar Wright et son acteur et co-scénariste Simon Pegg, apparaissent d’ailleurs dans « Land of the dead » le dernier opus de l’œuvre du sieur Romero -. Loin de faire les malins avec le genre, ils assument franchement le côté gore, et concilient  la drôlerie, à l’effroi. Les zombies sont donc décidément à la mode, après le passionnant « Les revenants » de Robin Campillo, l’an dernier, plus ancré dans un fantastique social et le film ici pose la même question, comment composer une société avec ces gens si différents–non-morts, non-vivants – et qui ont une tendance à se montrer désobligeants avec les passants ce qui dénote un manque d’éducation certain. Shaun a 29 ans, partage sa vie entre un emploi de vendeur en télévisions, manque d’autorité sur ses jeunes collègues, et vie en collocation avec son meilleur ami Ed, « patate de canapé » qui ne pense qu’à boire, dire des grossièretés gratuites et jouer à la game boy, et le sérieux Pete, qui essaie de tolérer les zigotos comme il peut. Shaun a une petite amie, mais ne la voit que dans un pub, au grand désarroi de cette dernière, qui voudrait un tantinet d’intimité, elle vit également avec un couple. Manquent au tableau la mère de Shaun – Penelope Wilton vue dans « Calendar Girl »– et son beau-père avec lequel il n’a que peu d’intimités – Bill Nighby, toujours aussi glaçant, mais qui peut avoir un sursaut d’humanité -.

Simon Pegg en fâcheuse posture

La petite amie de Shaun le quitte après une journée pathétique, avec nombre de personnes qui semblent être atteint d’un virus inédit. Il va noyer avec Ed, sa mélancolie dans l’alcool dans le pub « refuge », et va noter ses bonnes résolutions pour l’avenir, avant de s’effondrer. Suit un petit matin blême, où il peine à reprendre surface, dans l’impossibilité de se rendre compte des quelques changements autour de lui. Tout est ensuite surprenant et habile – la peur n’est jamais loin -, avec l’idée que c’est dans l’adversité que l’on peut se révéler. Outre une critique sociale assez acide – les passages du bus se comportant comme des zombies -, il y a d’excellents moments, et des citations – le bandeau de Shaun à la Robert de Niro – dans « Voyage au bout de l’enfer », le nom d’un bar fait référence à Fulci, etc… Simon Pegg se révèle un nouveau « corps comique », passant allègrement de l’apathie à l’héroïsme. Le ton est cinglant, on rit souvent, tout en s’attachant aux personnages – la mère qui ne veut pas déranger -, et on prend peur assez vite. Le film est suffisamment acide pour décrire les difficultés de se loger dans la ville de Londres, et décrit nos petites conformismes et manières de ce fondre nos dans la médiocrité, et une certaine apathie, les habitudes ça rassure, c’est bien connu, mais si on en souffre parfois. Mais le réalisateur a une empathie avec ses personnages, commePete qui trouve une énergie avec un cynisme décalé, et montre un visage très fraternel – campé par un excellent Nick Frost -,. Si l’instinct de survie de tout un chacun est montré habilement, c’est une vision assez pessimiste finalement, où même l’épreuve ne vous grandit pas forcément, nous désignant du doigt et les petits arrangements avec notre quotidien. La critique des médias est également assez « saignante ». Ce film débordant d’inventivité est en  passe de devenir un film culte – le ballet des zombies est étonnant -. A voir donc dans ce morne été cinématographique.

LE COIN DU NANAR : AMITYVILLE II : LE POSSÉDÉ

Amityville II : The Possession (Amityville II : Le possédé » (1982) : Cette séquel(le) est une « préquel(le) », j’ai vu le premier opus, il y a assez longtemps, mais pas le remake actuel. Le réalisateur en est Damiano Damiani, honnête artisan de « western à l’Italienne ». Il a du métier, et dans les scènes d’emménagement dans la fameuse villa maléfique, un climat s’installe. La maison est un personnage, elle existe bien, au numéro 112 d' »Ocean avenue ». Mais ça se gâte assez vite, les esprits frappeurs sont confinés dans une pièce secrète dans la cave. Un ouvrier zélé se prend à visiter ce lieu caché par une planche, domaine de déjections et des mouches. les esprits en profitent pour sortir de cet antre pas très convivial il faut bien en convenir. Quand on est mort, c’est pour la vie d’accord, mais il y a des limites quand même ! La petite famille est composée des parents, et de quatre enfants – deux petits et deux jeunes adultes -, le père c’est Burt Young, il est vindicatif à souhait, a une collection d’armes, frappe sa progéniture à tous propos. Sa femme est croyante, et se refuse aux devoirs conjugaux, il est sur les nerfs le père Young. Les esprits s’amusent, bousculent la mère de famille – ils sont invisibles, hélas pas trop sur la fin -. Ils frappent violemment à la porte, histoire d’énerver le chef de famille qui sort son arme en réponse, Homer Simpson est d’un calme olympien en comparaison. Vieux gamins nos spectres se défoulent. Nos esprits qui ne sont pas les derniers à la plaisanterie, couvrent d’un drap un crucifix, ils ont en peur  tout en restant bloqué sur les années 50 -, et la mère de famille ne fait rien qu’à les embêter en récitant le bénédicité. Ils décident de se venger en dessinant une sorte de succube cochonne volante, avec les peintures de la maison dans la chambre des juniors. Comme le dessin n’est pas assez terrifiant, ils décident de rajouter en commentaire « déshonorez votre père, petits cochons ! » et font du ramdam, histoire de bien prouver qu’ils sont les maîtres des lieux. Le père voyant ça sur les murs décide de corriger les enfants qu’il pense irrespectueux, à coup de ceinture. Le paranormal, ça ne rentre pas dans son analyse des événements. La mère appelle un prêtre, on se sait jamais…

La star du film

Ca doit faire rire nos fantômes, car le père se montre carrément hostile envers notre brave curé, ils en profitent pour tout casser dans la cuisine en présence des enfants qui se prennent évidemment une correction, manquent les rires sardoniques… Bon finit, les taquineries, ils décident de prendre possession de l’aîné, et là ça devient carrément malsain, d’autant plus que ça s’inspire d’un fait divers réel, on ne ricane plus du tout… il n’y a pas grand chose à sauver donc, malgré une musique assez efficace de Lalo Schiffrin. Les scénaristes assez fatigués sans doutes, ne font ensuite que plagier « L’exorciste », remplaçant simplement la bille verte, par un visage qui se fracasse comme une poupée de porcelaine – rare bon moment du film – et dans l’élan pillent une des idées de « L’emprise » de Sidney Furie, célèbre scène de manifestation rapprochée d’un poltergeist. Le prêtre lui décroche le téléphone pour partir en camping avec un ami prêtre assez ambigu d’ailleurs. Il ne peut donc sauver la petite famille du drame. Pris de remords, il prend les choses en main, et décide de faire un exorcisme, et de ce fait déclenche la colère de ses supérieurs, un peu comme Daniel Prévost dans le film de Raoul Ruiz, « L’œil qui ment », où il refuse les apparitions de la vierge, c’est mauvais pour le commerce… Et l’on on se met à ricaner à nouveau, devant le jeu insipide des acteurs – il faut voir la mère de famille, dans un instant critique…, et les subterfuges qu’utilise le prêtre pour arracher des griffes de la justice l’incube, qu’il ne peut exorciser que dans un lieu saint. Un nanar d’anthologie, qui a donné une troisième suite en relief signée Richard Fleischer !, en attendant le prochain remake de nos amis américains qui viennent de s’attaquer au formidable « Dark water », envoyez le glas en fond sonore !