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LE COURAGE D’AIMER

Courage, fuyons ? Je vais traînant les pieds voir cette blessure narcissique que compose ce film, présenté comme une prise de conscience de Claude Lelouch, nous montrant une œuvre épurée débarrassé des scories habituelles, avec une modestie qui ne lui ressemble pas. J’ai un drôle de rapport avec ses films. En 1986, il y avait même une sorte de point de non-retour à la vision d’ « Un homme et une femme, vingt ans déjà », j’étais content de retrouver le couple Jean-Louis Trintignant et Anouk Aimée, mais que Lelouch s’empresse d’oublier, pour faire du film un salmigondis indigeste. Je n’ai retrouvé le chemin des salles pour voir un de ses films, depuis que pour voir « Une pour toutes ». Malgré tout, je continue à apprécier quelques instants de grâces à quelques diffusions TV, souvent un champ-contrechamp d’ailleurs entre deux comédiens, passant de l’irritation à l’admiration, et quand on aime les acteurs on ne peut qu’aimer ses films finalement. Honte sur moi, je n’avais pas vu le dernier opus de sa fresque « Les Parisiens », je vais donc voir ce nouveau digest sans apriorismes. C’est donc un montage du premier opus déjà diffusé, du second qui risque de rester inédit avec le titre du troisième, non tourné pour cause de bide abyssal ! On peut passer à plusieurs stades à la vision de ce film, ça commence par une sorte de chantage à l’émotion à retrouver Ticky Holgado en clochard céleste, joli moment cependant,

Arielle Dombasle et Michel Leeb, le charme discret de la pizza…

Lelouch semble s’auto parodier (La désormais cultissime scène des pizzas entre Arielle Dombasle et Michel Leeb), ou s’auto cite – la scène de la bijouterie où on retrouve avec bonheur André Falcon en bijoutier, 30 après « La bonne année  » -. Un montage plus court d’un film, peut le faire paraître plus long. J’ignore le sentiment que peut avoir le spectateur des « Parisiens », mais Lelouch ne le méprise t-il pas un peu dans ce montage présenté au festival de Los Angeles en Avril dernier. Certains personnages sont désormais sacrifiés, on ne sait pas ce qu’ils font là, citons notamment Antoine Duléry en mystérieux restaurateur ou Agnès Soral assistant à une avant-première ciné, puis à un mariage. Comme ces deux formidables comédiens, ils sont donc plusieurs à se retrouver involontairement à faire des « cameos », d’où une joyeuse frustration. De plus, le générique de fin crédite des comédiens absents du film – Charles Gérard, Catherine Arditi, Xavier Deluc, etc.. -, curieux. A moins que le réalisateur nous propose un nouveau montage de son second volet, le tout n’est pas donc très sérieux. Est-ce l’impression que donne ce nouveau montage, mais on se demande ce qui peut avoir coûté si cher. Peu sensible aux ritournelles de Francis Lai, je me suis retrouvé à me raccrocher aux comédiens Michel Leeb sensible, Maïwenn, Mathilde Seigner très subtile, etc…, des idées de distributions originales (Lisa Lamétrie, ancienne concierge de Maurice Pialat, Mireille Perrier en femme seule), pour finalement garder une impression assez négative. Ce n’est donc pas ce film qui risque de me réconcilier avec le cinéaste, son personnage étant très présent d’ailleurs dans le film. Mais reste l’envie de voir l’intégrale du « Genre humain », ce qui n’est pas si mal, pour cet indestructible réalisateur !

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Maurice Baquet

 

Maurice Baquet par Robert Doisneau en 1968« 

C’est un membre de la famille, un cousin farfelu adoré des enfants, capable d’improviser ou de se mettre à faire de la musique au moment où l’on s’y attend le moins. Il a au moins trois vrais talents : le sport, la musique, le théâtre… » (Olivier Barrot, « Les excentriques du cinéma français, Éditions Henri Veyrier, 1983). « C’est un personnage curieux que Maurice Baquet- et si populaire que lorsqu’il paraît sur l’écran d’une salle de quartier l’on entend généralement se propager dans l’ombre un murmure satisfait qui n’est autre que son nom, chuchoté comme celui d’un ami (Écran Français N° 100 du 27/05/1947, cité dans le livre d’Olivier Barrot, « L’écran français 1943-1953 – histoire d’une époque », Les éditeurs, français réunis, 1979).

L’un des comédiens les plus attachants du cinéma français, vient donc de nous quitter, du fils de concierge à la jambe cassée « Le crime de monsieur Lange » (Jean Renoir, 1935) au scrutateur des éléctions dans « Dieu seul me voit » (Bruno Podalydès, 1997), il était le ludion, le personnage léger, filou (son Ribouldingue dans les deux versions des « Pieds Nickelés », semble avoir marqué la fin des années 40), ou parfois graves (chez Costa-Gavras). Il a été finalement assez rare, voire modeste acceptant d’apparaître non crédité comme musicien avec son violoncelle (« Monsieur Klein », « Bobby Deerfield ». Témoin du front populaire et du groupe octobre, il amenait un vent assez libertaire, d’où son compagnonnage dans les films tirés des BD de Reiser (« Vive les femmes », Pichard (« Paulette, pauvre petite milliardaire) ou Wolinski (« Le roi des cons »). Comédien estimé par le profession, il reçoit un « molière » d’honneur en 1998. Je me souviens avoir vu un documentaire où avec humour il parlait de l’alpinisme, de Gaston Rebuffat, de sa musique, avec humour et humanité et j’ai comme l’impression d’avoir perdu, comme beaucoup de cinéphiles certainement,  un membre de ma famille. Il était le père de Grégory Baquet. 

Filmographie : 1932  Les bolides de la neige (A. Ledoux, CM) – 1933  Trois vies et une corde (Henri Stork, CM) – 1935  Taxi de nuit (Albert Valentin, CM) – Veille d’armes (Marcel L’Herbier) – Les beaux jours (Marc Allégret) – Le crime de monsieur Lange (Jean Renoir) – 1936  Les Bas-fonds (Jean Renoir) – Hélène (Jean Benoît-Lévy & Marie Epstein) – Jeunes filles (Claude Vermorel) – 1937  L’alibi (Pierre Chenal) – Gueule d’amour (Jean Grémillon) – Mollenard (Robert Siodmak) – La mort du cygne (Jean-Benoît Lévy & Marie Epstein) – 1938  Altitude (Jean-Benoît Lévy & Marie Epstein) – Accord final (Ignacy Rosenkranz & I.R. Bay) – Place de la Concorde (Carl Lamac) – 1939  Le grand élan (Christian-Jaque) – 1941  Départ à zéro (Maurice Cloche) – 1942  Le chant de l’exilé (André Hugon) – Dernier atout (Jacques Becker) – La fausse maîtresse (André Cayatte) – Frederica (Jean Boyer)- Opéra-Musette (René Lefèvre) – 1943  Adieu Léonard (Pierre Prévert) – Coup de tête (René Le Hénaff) – Premier de cordée (Louis Daquin) – 1945  Dernier métro (Maurice de Canonge) – Leçon de conduite (Gilles Grangier) – 1946  Pas un mot à reine-mère (Maurice Cloche) – Voyage-surprise (Pierre Prévert) – 1947  Les aventures des Pieds Nickelés (Marcel Aboulker) –  Kenzi (Kenzi, mon trésor) (Vicky Ivernel) – Une aventure de Polop (Walter Kapps, CM) –    La fleur de l’âge (Marcel Carné, inachevé ) – 1948  Les souvenirs ne sont pas à vendre (Robert Hennion) – Les drames du Bois de Boulogne (Jacques Loew, CM) – Trois garçons et un planeur (Jean Perdrix, CM) – 1949  Tire au flanc (Fernand Rivers) – Le trésor des Pieds Nickelés (Marcel Aboulker) – 1950  Rondo sur la piste (Maurice Henry, CM) – Bibi Fricotin (Marcel Blistène) – Andalousie (Robert Vernay) – 1952  Innocents in Paris (Week-end à Paris) (Gordon Parry) – 1955  L’impossible monsieur Pipelet (André Hunebelle) – 1956  Le voyage en ballon (Albert Lamorisse) – 1957  Une nuit au Moulin-Rouge (Jean-Claude Roy) – 1962  Mandrin, bandit gentilhomme (Jean-Paul Le Chanois) – 1966  Scarf of mist thigh of satin (Joseph W. Sarno, inédit, non confirmé) – 1968  Z (Costa-Gavras) – 1974  Section spéciale (Costa-Gavras) 1975  Attention les yeux ! (Gérard Pirès) – Monsieur Klein (Joseph Losey) – 1976  Bobby Deerfield (Id) (Sidney Pollack) –  1977  Jacques Prévert (Jean Desvilles, documentaire) – L’ange (Patrick Bokanowski) – 1978  L’adolescente (Jeanne Moreau) – Fedora (Id) (Billy Wilder) – 1979  Le divorcement (Pierre Barouh) – 1980  Le roi des cons (Claude Confortès) – 1981  Madame Claude 2 (François Mimet) – Tête à claques (Francis Perrin) – Salut j’arrive (Gérard Poteau, Pierre & Marc Jolivet) – 1983  Vive la sociale (Gérard Mordillat) – Vive les femmes ! (Claude Confortès) – 1984  Les rois du gag (Claude Zidi) – 1985  Paulette, la pauvre petite milliardaire (Claude Confortès) – Strictement personnel (Pierre Jolivet) –  1986  Le débutant (Daniel Janneau) – 1988  Le come back de Baquet (Nicolas Philibert, CM documentaire) – 1990  Cinématon N°1324 (Gérard Courant, CM) – 1992  Babilée ’91 (William Klein, MM) – Roulez jeunesse (Jacques Fansten) – 1993  Délit mineur (Francis Girod) – Doisneau des villes, Doisneau des champs (Patrick Cazals, CM) – La braconne (Serge Pénard, inédit en salles)  – 1994 Télémania (Arnaud Bel, CM) – Oui (Pascal Perennes, MM) – Les cent et une nuits (Agnès Varda, rôle coupé au montage) – 1997  Dieu seul me voit (Versailles-chantier) (Bruno Podalydès)1998  Pierre Verger : Mensageiro entre dois mundos (Pierre Verger, messager entre deux mondes) (Lula Buarque De Holanda, documentaire)Télévision (notamment) : 1957  Songe d’une nuit d’été (François Chatel) – 1964  Arlequin Hulla ou la femme répudiée (Maurice Beuchey) – Le petit Claus et le grand Claus (Pierre Prévert) – Le prince de Madrid (Janine Guyon) – 1966  Bonsoir Gilles Margaritis (Pierre Tchernia, divertissement) – 1970  Alice au pays des merveilles (Jean-Christophe Averty)1980  La plume (Robert Valey)Notre bien chère disparue (Alain Boudet)Docteur Teyrand (Jean Chapot)1981  Robert Doisneau, badaud de Paris, pêcheur d’images (François Porcile, MM)Le loup (Youri)1982  Paris Saint-Lazare (Marco Pico)1985  La sorcière de Couflens (Gérard Guillaume) – Jeu, set et match (Michel Wyn)1986  Noël au Congo (Patrick Gandery-Réty)1987  Tailleur pour dames (Yannick Andréi, captation) – Cinéma 16 : Un village sous influence (Alain Boudet) – 1988  Le ravissement de Scapin (Georges Folgoas)1990  Notre Juliette (François Luciani)1991  Crimes et jardins (Jean-Paul Salomé )- 1992  Mes coquins (Jean-Daniel Verhaeghe)La peur (Daniel Vigne)1996  J’ai rendez-vous avec vous (Laurent Heynemann)1998  Le goût des fraises (Frank Cassenti) – 2000  L’ami de Patagonie (Olivier Langlois). Nota : Petit mystère, IMDB, le créditait un temps dans « 1966  Scarf of mist thigh of satin » (Joseph W. Sarno, 1966), hors désormais il n’y figure plus. Remerciements à Yvan Foucart

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Katia Tchenko

Katia Tchenko

Tout peut arriver, c’est peut-être la comédienne que j’ai le plus souvent vu nue au cinéma, nombreux sont les ceux qui comme moi lui doivent quelques émois. Elle est aussi adulée des amateurs de « nanars ». Elle avait, par exemple, une curieuse manière de faire du stop dans « La carapate » (Gérard Oury, 1978), topless, et elle ne faisait rien d’autre qu’à causer des accidents ! Elle figurait comme star dans « L’odeur des fauves » de Richard Balducci en 1971, avec l’excellent Maurice Ronet, et c’était pour elle le rôle le plus improbable du monde ! Une certaine vulgarité assez saine et une forte sensualité qui faisait son petit effet. Et on la retrouve ces derniers temps, habillée, dans les films de Pascal Thomas, Jacques Otzmeguine et surtout le méconnu « On va nulle part et c’est très bien » de Jean-Claude Jean, avec l’excellent Maurice Lamy. Le site Bide&Musique nous apprend qu’elle a fait un disque.

Le jour où j’ai fait sa filmo pour les Les gens du cinéma, Yvan Foucart avait trouvé son état civil exact d’ailleurs, j’étais à des années lumière de supposer qu’elle pourrait être un jour décorée des insignes de chevalier dans l’ordre national du mérite. Je me mets à croire alors, à un champ des possibles plus grand… que Dieu peut exister et n’est pas seulement une vue de l’esprit… qu’il y a peut-être une parcelle de dignité quelque part chez Alexia Laroche-Joubert… que la vie à plus d’imagination que nous… Le bonheur céleste est possible, la vie est belle, Patrick Le Laye sera inhumé au Panthéon…

Pour preuve le discours de Renaud Donnedieu de Vabres, le 13 juin dernier :

« Chère Katia Tchenko,

Je suis très heureux de vous distinguer aujourd’hui pour vous dire à la fois mon admiration, celle que je porte à votre talent, et aussi ma reconnaissance, au nom de la France, pour le rôle que vous n’avez cessé de jouer, au-delà de votre carrière d’artiste, au service de l’amitié et des liens culturels qui unissent la France et la Russie. Vous êtes française, vous êtes une authentique parisienne, et vous êtes restée attachée à vos racines. Vos parents étaient médecins, et avaient d’ailleurs souhaité que vous suiviez cette voie : élève douée et précoce, vous saviez que, en dépit de votre facilité, et de votre goût pour les sciences, les arts de la scène auraient votre préférence. Votre volonté a eu raison du déterminisme familial et vous avez intégré d’abord les formations des conservatoires du 15e et du 16e arrondissement, puis le Conservatoire national supérieur d’art dramatique, où vous avez fait le choix de la musique. Vous vouliez tout apprendre : la comédie, la danse, et le chant, à l’image des formations de vos pairs américains. Vous avez d’ailleurs par la suite intégré l’Actor’s Studio de New York et achevé une formation d’une grande richesse, dont peu d’artistes peuvent se vanter.

 

Vous saviez tout faire, et il n’était pas un domaine du spectacle qui ne vous intéressait pas. C’est d’abord l’opérette qui vous a offert vos premiers rôles : vous avez notamment joué au Théâtre Mogador dans une œuvre de Francis Lopez, La Route fleurie. Vous racontez d’ailleurs qu’un producteur de Las Vegas vous y avait repérée et proposé de mener une revue au fameux Dunes, où Line Renaud a fait une partie de sa carrière. Mais Mogador ne voulait pas vous laisser partir. Plus tard, aux Folies Bergères, vous avez fait le numéro de Mistinguet, allant choisir dans le public des messieurs aux « physiques marquants »…

Et puis, vous avez continué votre carrière dans le théâtre, le cinéma et la télévision, en France et à l’étranger. Votre connaissance de la langue russe vous a souvent placée dans la position, parfois inconfortable, de traductrice : vous racontez volontiers que l’année où Les Yeux noirs, le film de Nikita Mikhalkov, avait été sélectionné à Cannes, vous aviez ainsi, de manière très amicale, traduit des discussions tardives et joyeuses entre le ministre russe de la culture de l’époque et le représentant d’Unifrance. Je trouve admirable la générosité avec laquelle vous avez, de manière constante, abordé votre carrière, en vous rendant toujours disponible, avec simplicité et sincérité, au service de l’amitié entre la France et la Russie. Ainsi, par exemple, vous avez accompagné des missions humanitaires de médecins français au chevet des enfants victimes de Tchernobyl.

Parmi les temps forts de votre carrière, je crois que l’on peut notamment retenir La Chambre de l’Évêque, de Dino Risi, qui avait été programmée au Festival de Cannes en 1977, et dans lequel vous jouiez aux côtés de Patrick Dewaere et d’Ornella Muti. Comment ne pas citer aussi L’Important c’est d’aimer, le film d’Andrzej Zulawski dans lequel vous jouiez le rôle de Myriam ? Vous avez aussi tourné dans de très nombreux films populaires. Je pense par exemple à La Carapate de Gérard Oury, un film qui, je crois, vous a laissé des souvenirs forts, en particulier parce qu’il vous avait fallu vous « effeuiller » par – 4°C et provoquer un carambolage : vous racontez que vous aviez pu affronter cette épreuve physique en vous aidant d’un peu de vodka ! On dirait que la Russie vient comme cela régulièrement vous secourir. Et vous le lui rendez bien ! En 1999, vous avez écrit et monté un spectacle sur Pouchkine au Théâtre Molière – Maison de la poésie avec des musiciens. Parce que le théâtre demeure un art authentiquement populaire, vous êtes en ce moment même en tournée avec une pièce d’Eugène Labiche, Le plus heureux des trois, aux côtés de Pierre Bellemare. Vous n’arrêtez pas de travailler : il faut dire que vous disposez de talents tout à fait rares et qui, cela s’est vérifié depuis vos débuts, ont conquis de nombreux créateurs.

Katia Tchenko, au nom du Président de la République, et en vertu des pouvoirs qui nous sont conférés, nous vous faisons chevalier dans l’Ordre national du Mérite ». source : Culture.gouv.fr

Et comme disait Pierre Desproges « Étonnant ! non ? ». Mais trêve de sarcasmes, cette comédienne vaut beaucoup mieux que son image légère. Pascal Thomas utilise avec malice son image en princesse russe cachée dans une mystérieuse clinique. Elle fait toujours mouche comme dernièrement à la télévision en voisine revêche mais qui se révèle serviable et toujours sensible aux jeunes hommes dans « La smala s’en même » ou dans « Je retourne chez ma mère » en bonne copine d’Annie Cordy qui se verrait bien « femme cougar » auprès de Pierre Cassignard. Son charme et sa drôlerie sont toujours présent. Voir aussi le trombinoscope de « BDFF »

À lire également son portrait chez Nanarland.

Filmographie, établie avec Christophe Bier & Armel de Lorme :

1967  J’ai tué Raspoutine (Robert Hossein) – 1969  Dossier prostitution (Jean-Claude Roy) – La promesse de l’aube / Promise at Dawn (Jules Dassin) – Les cousines (Louis Soulanes) – La maffia du plaisir (Jean-Claude Roy) – 1970  Les assassins de l’ordre (Marcel Carné ) – 1971  L’odeur des fauves (Richard Balducci) – 1972  L’insolent (Jean-Claude Roy) – Les tentations de Marianne (Francis Leroi) – Les charlots font l’Espagne (Jean Girault) – Pas folle la guêpe (Jean Delannoy) – 1973  Les charnelles (Frédéric Lansac [= Claude Mulot]) – Le concierge (Jean Girault) – 1974  Deux grandes filles dans un pyjama (Jean Girault) – L’important c’est d’aimer (Andrezj Zulawski) – L’éducation amoureuse de Valentin (Jean Lhôte) – La messe dorée (Béni Montrésor) – Le pied !… (Pierre Unia) – Serre-moi contre toi, j’ai besoin de caresses (Jean Le Vitte [=Raoul André]) – 1975  La Stanza del vescovo  (La chambre de l’évêque) (Dino Risi) – 1976   Cours après moi que je t’attrape (Robert Pouret) – Drôles de zèbres (Guy Lux) – Blue Jeans (Hugues Burin des Rosiers) – 1977  Le mille-pattes fait des claquettes (Jean Girault) – L’ombre et la nuit (Jean-Louis Leconte) – 1978  L’horoscope (Jean Girault) – La carapate (Gérard Oury) – Général… nous voilà (Jacques Besnard) – Les bidasses au pensionnat (Michel Vocoret) – Et la tendresse bordel (Patrick Schulmann) – 1979  Haine (Dominique Goult) –  L’oeil du maître  (Stéphane Kurc) – Gros câlin (Jean-Pierre Rawson) – The Fiendish Plot of Dr. Fu Manchu (Le complot diabolique du Dr. Fu Manchu) (Piers Haggard) – 1980  L’ombre et la nuit (Jean-Louis Leconte) – 1981  Le bahut va craquer (Michel Nerval) – Qu’est-ce qui fait courir David (Elie Chouraqui) – Servantes iz Malog Mista (Daniel Marusic) – 1982  Qu’est-ce qui fait craquer les filles (Michel Vocoret) – On n’est pas sorti de l’auberge (Max Pécas) – Mon curé chez les nudistes (Robert Thomas) – C’est facile et ça peut rapporter vingt ans ! (Jean Luret) – L’émir préfère les blondes (Alain Payet) – 1983  Mon curé chez les Thaïlandaises (Robert Thomas) – American dreamer (Vidéo : Une américaine à Paris) (Rick Rosenthal) – 1984  Code name : Emerald (Titre TV : Nom de code, émeraude) (Jonathan Sanger) – Premier pas (Christophe Barry, CM) – 1985  Bâton rouge (Rachid Bouchareb) – La vraie histoire du chaperon rouge (Anne Ikhlef, CM) – 1986  Club de rencontes (Michel Lang) – 1994  Paris Melody (Youra Bouditchenko, CM) – 1996  On va nulle part et c’est très bien (Jean-Claude Jean) – 1997  Madeline (Id) (Daisy Scherler von Mayer) – Ronin (Id) (John Frankenheimer) – 2000  Mon année 1919 (Zhuang Zingzong) – Mercredi, folle journée! (Pascal Thomas) – 2002  Rémy Bernard (Mikhaël Levy, CM) – Den Xia Ping (Ding Yin-Nan) – 2003  Trois couples en quête d’orage (Jacques Otmezguine) – 2005  Antonio Vivaldi, un prince à Venise (Jean-Louis Gillermou) – L’un dans l’autre (Audrey Schebat, CM) – 2008  Transportor 3 (Le transporteur 3) (Olivier Mégaton) – 2011  Associés contre le crime… (Pascal Thomas) – 2012  De l’autre côté du périf’ (David Charhon) – 2013  Casting (Franck Tempesti, CM) – 2016  Sous le même toit (Dominique Farruggia).

Nota : elle n’apparait pas – rôles coupés au montage final ? – dans « Le bal des voyous » (Jean-Claude Dague, 1966) et « Les ringards » (Robert Pouret, 1978), bien que créditée dans les catalogues des « Bois d’Arcy »,

Télévision (notamment) : 1970  Les enquêtes du commissaire Maigret : L’écluse (Claude Barma) – Vive la vie (Joseph Drimal, saison 3) – 1971  Le voyageur des siècles : L’album de famille (Jean Dréville) – Schulmeister, espion de l’Empereur : Au pays de l’eau tranquille (Jean-Pierre Decourt) – 1973  Chéri-Bibi (Jean Pignol, série) – L’Alphoméga (Lazare Iglésis, Série TV) – Les grands musiciens : La vie et l’oeuvre de Jules Masset (Maurice Jaquin) – 1974  Le vagabond (Claude-Jean Bonnardot, série) – La mouche bleue (Jean-Paul Sassy) – 1975  La chasse aux hommes (Lazare Iglésis, série TV) – L’inspecteur mène l’enquête : Le mort du bois de Boulogne (Marc Pavaux et Armand Ridel) – 1978  Madame le juge : Autopsie d’un témoignage (Philippe Condroyer) – Douze heures pour mourir (Abder Isker) – Quatre jours à Paris (Jean Canolle, captation) – Le temps des as (Claude Boissol, série) – Sam et Sally : Isabelita (Jean Girault) –1979  Par devant notaire : La résidence du bonheur (Jean-Laviron, CM) – Petit déjeuner compris (Michel Berny) – Histoires insolites : La boucle d’oreille (Claude Chabrol) – Fantômas : L’échafaud magique (Claude Chabrol) – 1980  Le Kimono rouge (Olivier Gérard & Yuji Murakami) – Histoires étranges : La mort amoureuse (Peter Kassovitz) – Frénésie tzigane (Georges Paumier) – Au théâtre ce soir : Hold-Up (Pierre Sabbagh) – 1981  Paris-Porto-Vecchio (Anne Revel) – La route fleurie (Jean-Roger Cadet) – Au théâtre ce soir : Il est important d’être aimé (Pierre Sabbagh) – Au théâtre ce soir : Comédie pour un meurtre (Pierre Sabbagh) – Au théâtre ce soir : À cor et à cri (Pierre Sabbagh) – Staline est mort (Yves Ciampi) – La double vie de Théophraste Longuet (Yannick Andréi) – Exil (Egon Günther) – 1982 Au théâtre ce soir : Les pas perdus (Pierre Sabbagh) – 1983  Au théâtre ce soir : La cruche (Pierre Sabbagh) – 1983  Au théâtre ce soir : Je l’aimais trop (Pierre Sabbagh) – Les brigades du tigre : La fille de l’air (Victor Vicas) – 1984  Disparitions : Double fond (Yves Elléna) – Le petit théâtre : Y a rien eu (Gérard Thomas, CM) – Au théâtre ce soir : Nono (Pierre Sabbagh) – Au théâtre ce soir : Le mal de test (Pierre Sabbagh) – 1985  Clémence Aletti (Peter Kassovitz, mini-série) – Bulman : Sins of Omission (Roger Tucker) – 1986  Les enquêtes du commissaire Maigret : Maigret voyage (Jean-Paul Carrère) –  Claire (Lazare Iglésis) – Médecins de nuit : Temps mort (Emmanuel Fonlladosa) – 1986/1987  Demain l’amour (Emmanuel Fonlladosa, série) – 1987  Marc et Sophie : Croque-en-jambe (Jean-Pierre Prévost, CM) –  1988/92  Vivement Lundi (plusieurs réalisateurs) – 1990  Les pique assiettes : Et qu’ça saute (Michèle Lucker, CM) – 1998  Ma voyante préférée (Bernard Dumont, sitcom AB, diffusion câblée) – 1999  Revient le jour (Jean-Louis Lorenzi) – 2002  72 heures : mariage impossible (Oliver Pardot) – 2003 De soie et de cendre (Jacques Otzmeguine ) – 2003  Ariane Ferry : Fâcheuse compagnie (Gérard Cuq) – 2004  Confession d’un menteur (Dider Grousset) – 2005  Le chapeau du p’tit Jésus (Didier Grousset) – 2006  Le clan Pasquier (Jean-Daniel Verhaeghe) – 2007  Le sanglot des anges (Jacques Otzmesguine) – Aïcha (Yamina Benguigui) – 2010  Trois filles en cavale (Didier Albert) – 2011 Injustice (Benoît d’Aubert) –  Je retourne chez ma mère (Williams Crépin) – La smala s’en mêle : Un nouveau départ (Didier Grousset) – Le jour où tout a basculé : La veuve noire (Luc Chalifour) – 2012  La smala s’en mêle : Sauvage concurrence (Didier Grousset) – Tout doit disparaître (Christian Faure) – Scènes de ménage – 2013  La smala s’en mêle : Je vous salue maman (Didier Grousset) – 2014  La smala s’en mêle : Drôle d’héritage (Olivier Barma) – La smala s’en mêle : Vos papiers s’il vous plaît (Thierry Petit) – 2016  La smala s’en mêle : Tout va bien se passer (Pascal Lahmani) – 2017  Mama a tort (François Velle, mini-série).

WHISKY ROMEO ZULU

Whisky Roméo Zulu au titre hautement poétique est une des belles surprises de ce début d’année. On le sait Enrique Piñeyro reprend son propre rôle de pilote, pour dresser un constat lucide, sur quelques libertés prises avec la sécurité d’un avion par une compagnie en proie à une extension dans une Argentine prise au marasme économique, c’est un cinéma qui continue à critiquer sa nation de manière exemplaire. Il joue « T » irréductible mauvaise tête qui refuse de prendre l’avion quand les dispositifs de sécurités marquent des signes de faiblesses et risquant de mettre en danger les passagers.

Enrique Piñeyro

La force de son personnage est de ne pas se présenter en héros, un des ses collègues composant malgré lui avec sa hiérarchie, lui fait bien remarquer que son statut social assez aisé lui permet d’agir de la sorte. « T » est un individu, qui croit aux changements possibles des choses, à l’image de son grand amour d’enfance qu’il retrouve – elle a des responsabilités dans le domaine des transports aériens -. Son personnage ne baisse jamais les bras, il prend le temps d’écrire des lettres superbes auprès de cette femme fantasmée, mais aussi de démonter les rouages d’un système perverti par l’ultralibéralisme. Le film est sans esbrouffe, et le crash inévitable de l’avion en 1997, est glaçant, nous ramenant à nos propres compromissions quotidiennes. Les lieux sont angoissant, même si vertigineux, et l’utilisation d’archives d’époques renforcent le message du film, alors que la confrontation fiction-réel anile souvent la bonne volonté d’un réalisateur. Ce film sincère, touchant, sans la rouerie d’un cinéaste roublard, est une pure réussite.

TROUBLE

Dès les premiers plans, on devine que l’angoisse ne sera pas au rendez-vous et l’interprétation subtile de Benoît Magimel n’y change rien. Pourtant la Belgique est souvent particulièrement propice pour installer un climat fantastique, le metteur en scène réussit à installer une angoisse sourde, mais le film est plus un banal polar qu’un film fantastique.

Natacha Régnier rayonne dans un rôle absent mais on la préfère dans « Le silence » et que dire du rôle d’Olivier Gourmet : avoir un comédien pareil pour si peu ! C’est dommage, surtout en souvenir du premier film d’Harry Cleven – il jouait Dieu dans « Hélas pour moi » -, »Abracadabra », c’est peut-être ici un moyen pour lui de faire un film plus personnel.

Fragments d’un dictionnaire amoureux : Alberto Lattuada

 

Annonce de la mort d’Alberto Lattuada, grand metteur en scène du cinéma italien, marquant par son ironie grinçante. Il débute dans le sillon du néoréalisme, adapte plusieurs romans dont « le Manteau » d’après Gogol avec Renato Rascel, Machiavel, Pouchkine, etc… A l’image du film « I dolci inganni / Les adolescentes » en 1960, avait Catherine Spaak, il aimait à explorer les amours adolescentes, dévoilant ensuite Nastassja Kinski dans « Cosi come sei / La fille » en 1978, avec Marcello Mastroianni. Il avait fait un film assez désastreux en 1985 « Une épine dans le coeur » malgré la beauté mise à nue de Sophie Duez, qui avait gardé de ce film un mauvais souvenir. Cinémed nous informe qu’il était aussi président et co-fondateur de la Cinemathèque italienne.

 

On lui préfère le mordant « Venga a prendere il caffè da noi / Venez donc prendre le café chez nous » en 1970, farce inouïe où Ugo Tognazzi voulant profiter de l’argent d’un trio de « vieilles filles » (les formidables Angela Goodwin, Francesca Romana Coluzzi et Milena Vukotic), se retrouve impotent épuisé pour avoir voulu satisfaire sexuellement ce trio inédit. Un grand classique de la comédie italienne !

MY SUMMER OF LOVE

« My summer of love », film du polonais Pawel Pawlikowki  – Transit Palace -est un pendant solaire au film d’Antony Cordier, « Douches froides », sorti d’ailleurs le même jour.  Tout comme ce dernier, il définit justement la période de l’approche avec le monde adulte, des différences de classes sociales, de la manière d’évoluer à l’encontre d’un certain déterminisme. Le metteur en scène se sert de son passé de documentariste pour dresser le portrait de deux adolescentes, l’une orpheline en confrontation perpétuelle avec son frère – Paddy Considine déjà étonnant en père de famille dans « In America » de Jim Sheridan -, évangéliste fondamentaliste tardif et halluciné. Ill veut dresser une croix géante sur une des collines, anecdote inspirée d’un cas réel -.

Il est habile pour utiliser les talents des deux comédiennes dont Nathalie Press – qui sait dessiner, il a donc utilisé ce don pour la fresque murale ou imiter le démon de « l’exorciste » – et Emily Blunt. Les amours saphiques sont évoqués le plus simplement du monde. Les déconvenues des amours de vacances pouvant augurer à une tragédie, sont habilement montrés, de même l’évocation de la jeunesse où tout semble possible. Les clichés sont transcendés – le nain de jardin – pour montrer la contradiction de deux mondes et la soif d’une autre vie meilleure. Ce film sensuel et désabusé montre la promesse d’un cinéaste prometteur. Dans une Angleterre intemporelle il montre un sens de l’écriture, de la complexité des êtres et une dénonciation subtile des petites mesquineries d’une micro-société.

LE VENT DE LA VIOLENCE

The Wilby Conspiracy (Le vent de la violence), film de 1974 de Ralph Nelson, a une La vision sur l’Afrique du Sud proprement surprenante. Elle dénonce l’Apartheid bien sûr, mais sur le mode sarcastique alors que l’on attendait un digne film à message. Michael Caine est un ingénieur assez désinvolte, peu concerné par les problèmes politiques et préférant les mots croisés. Il est évidemment rattrapé par la dure réalité des événements, alors que sa maîtresse, une avocate tente de faire un plaidoyer. L’accusé, est un activiste bantou, joué par un Sidney Poitier, qui semble vouloir s’amuser des ses rôles « à message ». Il est libéré grâce à l’enthousiasme de la jeune avocate – la méconnue Prunella Gee -, mais le trio de sortie voulant fêter la libération n’est pas au bout de leurs peines.

Ils sont pris en chasse par un officiel sud-africain, le major Horn, particulièrement déplaisant, et raciste, campé formidablement par un Nicol Williamson en grande forme. Il est jubilatoire en militaire besogneux, par son cynisme, son approche sadique et sa clope vissée au bec . Le comédien est d’une redoutable efficacité, volant même souvent la vedette à ses prestigieux partenaires. Suit alors un sadique jeu du chat et de la souris. On comprend bien dans le style caustique, l’instinct de possession, des Afrikaners, finalement plus efficace que bien des discours, à l’image du personnage cynique de  Blane Van Niekirk, joué avec humour par Rutger Hauer. Mais même les minorités à l’image de l’Indien, Saeed Jaffrey, très drôle en dentiste maladroit et intéressé, en tandem avec une belle et mystérieuse assistante. Ce film montre que les mécanismes de l’héroïsme, ne proviennent pas toujours des grands sentiments. En dépit de quelques « transparences » absolument maladroites – scènes de voitures –, le ton du film est réjouissant et Michael Caine reste un des meilleurs acteurs mondiaux.

UN VRAI BONHEUR (LE FILM)

Coup de cœur, hier soir à l’avant-première du film « Un vrai bonheur », premier film de Didier Caron, à l’UGC Cité-Ciné. Pour accompagner le réalisateur il y avait la chaleureuse équipe du film composée par Véronique Barrault, Stéphane Boutet, le « local de l’étape » et Valérie Baurens. Et il y avait pour les accompagner la ferveur coutumière du producteur Charles Gassot, toujours à l’écoute du public, parlant avec franchise des contraintes de l’époque, loin du marketing pouvant peser dans le cinéma. Il déplorait avoir entendu parlé, par exemple d’un mauvais coefficient province pour un acteur connu !-. Ce producteur est toujours à l’affût des nouveaux talents, était allé voir la pièce en août suite à un article de Paris Match. Il a résisté à remplacer les comédiens originaux de la pièce, par des noms  » bankabeules », à l’exemple de la pièce « Un petit jeu sans conséquence », pièce de Jean Dell et Gérald Sibleyras. Et c’est ici l’une des grandes forces du film, ils sont tous formidables.

Valérie Vogt, Valérie Baurens, Véronique Barrault & Marie-Hélène Lentini dans « Un vrai bonheur, le film » 

Par ordre alphabétique :

Valérie Baurens est une lumineuse Mathilde, rattrapée par des incertitudes le jour de son mariage, elle a une très belle scène où elle parle à sa robe de mariée, elle était de la distribution de la tournée province de la pièce. Véronique Barrault joue Cécile est une nature incroyable, – elle jouait l’infirmière dans « 7 ans de mariage », très sympathique et énergique, le cinéma va désormais se l’arracher. Son personnage est désabusé et direct. Stéphane Boutet joue François, aventurier au Gabon, et premier amoureux de la belle Mathilde, dont l’arrivée va causer le trouble, il remplace Didier Caron, qui avait créé ce rôle au théâtre. Denis Chérer joue Christophe, le mari et gynécologue rassurant de Mathilde, dépassé par une incertitude. Pierre-Jean Chérer joue Yvan, l’ami coureur de la famille, lâche et fuyant. C’est dans la vie le frère de Denis. Bernard Fructus, joue le traiteur méridional défendant toujours ses jeunes employés maladroits, ses répliques risquent de devenir culte. Maaike Jansen est extraordinaire en mère insatisfaite de Mathilde, elle se liquéfie littéralement de dépit, acariâtre et cassante, sa prestation est un régal. Françoise Lépine est France, maîtresse d’Yvan, et rêvant de mariage avec lui, habituée de rôles mordants, elle donne ici une belle sensibilité. Marie-Hélène Lentini – vue dans « La France d’en face » sur Canal+, est Yvonne, femme possessive et rude de Jean, Fred Nony – le cafetier dans la série « Boulevard du Palais » – joue Patrice, garagiste lourd de « beaufitude » et spécialiste des interventions qui se veulent drôle mais tombe à plat. Valérie Vogt est Valérie, l’épouse sensuelle de Patrice, mais qui s’est arrangé avec les contraintes de sa vie. Patrick Zard’ est Jean, l’époux résigné d’Yvonne, amoureux transi de Cécile, et qui se révèle l’un des personnages les plus touchants. N’oublions pas Eric Laugérias, une folie sous-utilisée hilarant dans le rôle de M Da Silva, et pardon pour les autres interprètes dont il est parfois difficile associer un nom à un visage. Et il y a l’amusant – et lourd – clin d’oeil de voir Gérard Louvin pathétique en curé – il était producteur de la pièce -, en partie doublé par Didier Caron, lui-même.

Il faut donc passer outre, l’appréhension d’un nouveau film surfant sur la mode des films de « Mariages », la pièce datant de 1997, et d’une énième captation d’une pièce à succès. Il y a eu des répétitions pour casser le rythme rodé de la pièce, et Charles Gassot a eu l’idée lumineuse d’organiser une lecture – la 23ème version du scénario ! – par les comédiens, avec les partenaires financiers très indifférents et finalement convaincus. Car il y a ici un grand regard, une acuité. La maison bourgeoise est remplacée ici par une gare désaffectée emménagée en salle de réception – Lieux réels suite à une idée de Charles Gassot. Le tournage des scènes de repas a été chronologique, parfois jusqu’à 5 heures parfois, le tournage étant limité à 5 semaines en juillet, et il fallait lutter contre le froid, selon Véronique Barrault avec des doudounes. Et on passe ici du rire à l’émotion très rapidement, le « spleen » inhérent à ce genre de cérémonie est bien rendu. Et il y a l’écriture, très inspirée, et des éléments – le « 12 juin », le lavomatic -, qui vont rester dans les mémoires…  Je discutais ensuite avec Pierre Bénard, l’indispensable directeur de l’UGC, d’avoir eu un rire de cette qualité, la dérnière fois, sans pouvoir y répondre. Ils d’ailleurs couvrent certains dialogues, ce qui est bon signe. Ce film risquant d’avoir une couverture médiatique assez rudimentaire, empressons-nous donc, de nourrir un « bouche à oreille »  favorable.