Affiche  belge provenant des lesgensducinema.com

« Les mauvais coups » (1960, sortie 1961), est une belle surprise histoire de reconsidérer le parcours comme réalisateur de François Leterrier. C’est ici son premier film, adaptation d’un roman de Roger Vailland. Suivent quelques films personnels dont « Un roi sans divertissement », « La chasse royale » et « Projection privée », ainsi qu’un excellent téléfilm « Milady » tourné pour la télévision en 1975, avec un magistral Jacques Dufilho. La deuxième partie de son œuvre est du pur cinéma commercial, il se révèle habile dans la comédie de mœurs. Le film commence dans une campagne profonde, un matin d’hiver, un couple de quadragénaires se réveille, lui, Milan solide gaillard blond (joué par un acteur méconnu, Reginald Kernan – 4 films seulement sur IMDB, dont « Cent milliards au soleil » (Henri Verneuil, 1963), si quelqu’un a des informations…-), se lève rapidement guettant un vol de canards, elle se recroqueville dans son lit. Le couple part à la chasse, et l’habilité du film est telle, que l’on comprend assez leurs rapports. Elle, c’est Roberte, elle est incarnée très subtilement par une Simone Signoret au sommet de son art. Si lui, prestigieux pilote automobile vit parfaitement ce retrait, Roberte elle s’ennuie, boit régulièrement et s’étiole. Sa seule vie sociale se résume, à jouer aux cartes avec le vétérinaire – Serge Sauvion, célèbre doubleur – ou écouter les racontars de la propriétaire du café. Le café est le seul lieu vivant de cette sombre campagne, tout le village se réunit le dimanche pour assister à une émission de Raymond Marcillac, sur l’unique écran du coin. 

Arrive Hélène, une charmante institutrice, très jolie – c’est la superbe Alexandra Stewart -, quoi qu’assez godiche – elle a vingt ans, et est donc mineur pour l’époque -. Elle flirte avec le sérieux Duval – Serge Rousseau, devenu un célèbre agent artistique -. Roberte se lie très vite d’amitié avec elle, et le présente rapidement à Milan, on ne sait si c’est pour hâter l’inéducable d’une relation entre deux, le couple après 10 ans, ne faisant pas l’amour ou pour mieux contrôler la situation. Le trio se rencontre souvent, les villageois se font observe de manière malsaine le manège. Lors d’une visite au casino local, Hélène apprend ainsi par un ami du couple – José Luis de Villalonga -. Elle apprend que Roberte était une artiste, elle a suivi Milan, qualifié de misanthrope dans sa retraite par amour. La relation du couple est assez vampirique, on ne sait lequel étouffe l’autre, Hélène devient le révélateur de ce couple en crise. Un ami de Milan, Luigi – Marcel Pagliero paraissant fatigué -, lui propose de reprendre la compétition… C’est une œuvre forte, âpre et amère à découvrir actuellement sur Ciné-Classic. Simone Signoret continue ses rôles de femmes blessées par la vie, après son grand rôle dans « Les chemins de la haute-ville ».