Courage, fuyons ? Je vais traînant les pieds voir cette blessure narcissique que compose ce film, présenté comme une prise de conscience de Claude Lelouch, nous montrant une œuvre épurée débarrassé des scories habituelles, avec une modestie qui ne lui ressemble pas. J’ai un drôle de rapport avec ses films. En 1986, il y avait même une sorte de point de non-retour à la vision d’ « Un homme et une femme, vingt ans déjà », j’étais content de retrouver le couple Jean-Louis Trintignant et Anouk Aimée, mais que Lelouch s’empresse d’oublier, pour faire du film un salmigondis indigeste. Je n’ai retrouvé le chemin des salles pour voir un de ses films, depuis que pour voir « Une pour toutes ». Malgré tout, je continue à apprécier quelques instants de grâces à quelques diffusions TV, souvent un champ-contrechamp d’ailleurs entre deux comédiens, passant de l’irritation à l’admiration, et quand on aime les acteurs on ne peut qu’aimer ses films finalement. Honte sur moi, je n’avais pas vu le dernier opus de sa fresque « Les Parisiens », je vais donc voir ce nouveau digest sans apriorismes. C’est donc un montage du premier opus déjà diffusé, du second qui risque de rester inédit avec le titre du troisième, non tourné pour cause de bide abyssal ! On peut passer à plusieurs stades à la vision de ce film, ça commence par une sorte de chantage à l’émotion à retrouver Ticky Holgado en clochard céleste, joli moment cependant,

Arielle Dombasle et Michel Leeb, le charme discret de la pizza…

Lelouch semble s’auto parodier (La désormais cultissime scène des pizzas entre Arielle Dombasle et Michel Leeb), ou s’auto cite – la scène de la bijouterie où on retrouve avec bonheur André Falcon en bijoutier, 30 après « La bonne année  » -. Un montage plus court d’un film, peut le faire paraître plus long. J’ignore le sentiment que peut avoir le spectateur des « Parisiens », mais Lelouch ne le méprise t-il pas un peu dans ce montage présenté au festival de Los Angeles en Avril dernier. Certains personnages sont désormais sacrifiés, on ne sait pas ce qu’ils font là, citons notamment Antoine Duléry en mystérieux restaurateur ou Agnès Soral assistant à une avant-première ciné, puis à un mariage. Comme ces deux formidables comédiens, ils sont donc plusieurs à se retrouver involontairement à faire des « cameos », d’où une joyeuse frustration. De plus, le générique de fin crédite des comédiens absents du film – Charles Gérard, Catherine Arditi, Xavier Deluc, etc.. -, curieux. A moins que le réalisateur nous propose un nouveau montage de son second volet, le tout n’est pas donc très sérieux. Est-ce l’impression que donne ce nouveau montage, mais on se demande ce qui peut avoir coûté si cher. Peu sensible aux ritournelles de Francis Lai, je me suis retrouvé à me raccrocher aux comédiens Michel Leeb sensible, Maïwenn, Mathilde Seigner très subtile, etc…, des idées de distributions originales (Lisa Lamétrie, ancienne concierge de Maurice Pialat, Mireille Perrier en femme seule), pour finalement garder une impression assez négative. Ce n’est donc pas ce film qui risque de me réconcilier avec le cinéaste, son personnage étant très présent d’ailleurs dans le film. Mais reste l’envie de voir l’intégrale du « Genre humain », ce qui n’est pas si mal, pour cet indestructible réalisateur !