C’est la seconde adaptation du roman de Roald Dahl en 1964, faisant suite au « Willy Wonka & the Chocolate factory / Willy Wonka au pays enchanté » de Mel Suart, avec Gene Wilder dans le rôle titre. Charlie est un enfant pauvre échappé d’un roman de Charles Dickens. Ses parents ayant chacun ses parents, la famille n’arrive pas à subsister dans une société en voie de modernisation – L’époque est difficile à déterminer -. Charlie trouve donc un salut, dans l’image de la mystérieuse usine voisine, une chocolaterie royaume secret d’un certain Willy Wonka. Son rêve est de participer à un concours organisé par le propriétaire des lieux qui sort d’un mutisme de plusieurs années. Celui qui découvrira l’un des cinq tickets d’or que Wonka a caché dans les barres de chocolat de sa fabrication gagnera une vie de l’usine qui fonctionne sans ouvriers succeptibles de trahir les secrets de fabrication du génie de la confiserie. La visite de l’usine est une source de choix, pour l’essor de l’imaginaire burtonien, peuplée de créatures mystérieuses et de technologie avancée. On retrouve l’univers originel d’un « Edward aux mains d’argent », féérique et noir, un régal visuel, il retrouve la force des grands contes de fées, et la noirceur inhérente aux grands classiques, et prouve qu’après « Big Fish » il a retrouvé de l’allant. Johnny Depp compose un personnage expressionniste et très inventif, à la hauteur de ses précédentes collaborations avec le metteur en scène. Entre Dorian Gray et Michael Jackson, il retrouve un personnage expressionniste sorte de dandy apeuré par les premiers signes de maturité et qui va s’humaniser en présence d’un enfant Charlie Bucket, – joué avec justesse par Freddie Highmore, – son jeune partenaire dans « Neverland » -.

 

Tim Burton cite et ingère plusieurs univers, Stanley Kubrick pour « 2001, Odysée de l’espace » – scène hilarante -, ou Busby Berkeley, pour la chorégraphie des Oompa Lommpas, pour mieux les intégrer à son imagination fertile, porté par la musique inspirée de Danny Elfman. La distribution est parfaite, de l’Irlandais David Kelly en grand-père attachant, le grand comédien James Fox, à la raideur britannique corrosoviment malmenée, le mythique Christopher Lee, en dentiste sévère de Willy Wonka, Noah Taylor et Helena Bonham Carter en parents aimants, formant avec les aînés, un petit groupe touchant et solidaire. Il y a une cruauté envers les 4 enfants privilégiés et gagnants du concours, rivalisant d’ignominie mesquine. Ce sont des petits monstres sur-protégés, Tim Burton en se moquant de l’enfant roi, dénonce le laxisme des parents, et les médias détruisant l’imaginaire des contes de fées, passage initiatique à l’âge adulte. Seul Charlie et sa famille trouveront grâce aux yeux du metteur en scène. Il y a beaucoup de morceaux d’anthologie, de rires et d’émotions tout en démontrant la difficulté de dire à ses proches comme on les aime – touchante scène des gants entre Johnny Depp et Christopher Lee -. N’écoutez pas les âmes chagrines pour retrouver le Tim Burton « première période » que nous aimons …

Johnny Depp