Il y a des jours où l’on ressort d’un film amusé, satisfait, sans vouloir ergoter sur une absence d’inventivité dans la mise en scène. Nous voyons donc ici le dernier avatar après le BD de Florence Cestac et le spectacle de Michèle Bernier. Première surprise on attendait à retrouver l’abattage de cette dernière, mais son personnage Anne, est désabusée, blessée, tout en retenue et même simplement belle. Elle continue son personnage de femme quadra, en mal d’amour mais combatif comme dans le très juste téléfilm « Haute coiffure » de Marc Rivière présenté sur Arte l’an dernier. Autre personnage fort, celui de Julien joué par le brillant Simon Abkarian, passant de la lâcheté aux affres du quotidien, voir la scène où il passe en une fraction de secondes, dans un café, d’excuses touchantes à la jubilation d’un but marqué, en voyant un match de foot sur un écran TV. Ce comédien confirme à chacun de ses films combien il est devenu important.

Simon Abkarian et Michèle Bernier dans « Le démon de midi »

Les équivalences du passage de la scène au film sont assez prévisibles – voix off, scène d’ivresse dans un café -, mais on suit le film par la justesse du portrait d’une femme abandonnée, de sa reconquête d’une autre vie, du regard des autres. Le film dénonce justement la vision de notre société sur une femme de plus de 40 ans. IL fourmille aussi de petites idées comme le fils d’Anne Julien jouant avec un pistolet à eau avec le bocal d’un poisson rouge. .. Il a beaucoup d’excellents comédiens autour du couple, parfois sous utilisés, hélas, comme la sublimissime Hiam Abbass, jouant la confidente, Zinedine Soualem, jouant son mari aimant, Riton Liebman en maître nageur en panne sexuelle à cause du « chlore », Julie-Anne Roth en bonne copine, Roland Marchisio, en médecin accoucheur blagueur, Jean-Louis Foulquier en père indigne, l’ex Deschien, Jean-Marc Bihour et Stéphane Hillel en potes de Julien, Jérôme Pouly en cousin consolateur. La fiche IMDB comporte pas mal d’erreurs : Marc Berman en boucher, hors le rôle est joué par Michel Pilorgé, se trompe sur l’attribution de certains personnages, oublie quelques acteurs Nathalie Krebs en pharmacienne, Patrick Fierry dans le rôle d’Antoine. J’ai rajouté des compléments en cours de validation trouvé sur le  Site officiel du film.

 Autre beau moment et non le moindre, les deux scènes avec Claudia Cardinale – il y a deux extraits de deux de ses films « Sandra » et « Cartouche » -. Elle console Anne en parlant des surprises de la vie, et de ne plus trop se reconnaître en voyant ses premiers films. Un joli moment. Un film où l’on passe un bon moment et plus profond qu’il n’y paraît.