Paris brûle-t-il ? (René Clément, 1965) – Is Paris Burning ?- en VO, revu la même semaine que le digne documentaire « Les survivants » de Patrick Rotman, diffusé sur France 3 le lundi 18 avril 2005, continue à me poser problème.
Il serait idiot de comparer ces deux oeuvres, le documentaire étant très digne sur la libération des camps, mais il peut faire comprendre le malaise que l’on peut avoir ensuite, à la vision du film de René Clément. La force du témoignage d’un côté, la faiblesse de la reconstitution de l’autre.
Ce film officiel, est un défilé de stars, avec l’ironie mordante d’un Sacha Guitry, en moins… Le choix du réalisateur de « La bataille du rail », film rigoureux et presque documentaire, pouvait sembler légitime, mais René Clément se perd dans cette grosse machine.
Le casting « all-star » dessert formidablement le film, à l’image d’Alain Delon, dans le rôle de Jacques Chaban-Delmas. Tout le monde vient y faire son petit tour, et Jean-Paul Belmondo dans le rôle d’Yvon Morandat semble même se demander ce qu’il fait là. L’anecdote est privilégiée et l’histoire réécrite (Les problèmes du colonel Rol – campé sobrement par Bruno Cremer – avec le reste de la résistance). Dans un hors série de Ciné-Revue, on voyait même une photo de Romy Schneider, tournant dans ce film, son rôle doit être coupé au montage final, de même de Michael Lonsdale souvent annoncé dans le rôle de Debu-Bridel… voir distribution complète sur IMDB.
On peut sauver à la rigueur Pierre Vaneck dans le rôle de Cocteau-Gallois et Claude Rich dans le double rôle de Leclerc, et d’un commandant bondissant. Le choix de Suzy Delair, que l’on voit bien en Parisienne à l’arrestation de Von Choltitz- contrairement à ce qu’affirme Raymond Chirat dans son dictionnaire, dont le générique est d’ailleurs repris dans le site de la BIFI – est assez regrettable, compte tenu de ses débuts à la Continental et ses ambiguïtés avec le régime nazi à l’époque.
Les comédiens sont tous doublés en français (Gert Fröbe par Claude Bertrand, Orson Welles par Georges Aminel et Rudy Lenoir -inévitable dans son rôle d’officier SS, en dehors des films d’Alain Payet et Jean-Pierre Mocky- par Robert Dalban !. On se souvient que dans « Le jour le plus long » il n’y avait pas ce doublage intempestif, qui nuit à la crédibilité du film. Voir également La gazette du doublage.
De plus l’utilisation des archives réelles, insérées dans le film (choisies par Frédéric Rossif), ne fait que renforcer le côté factice du film, le noir et blanc ne légitime en rien l’épopée de l’affaire mais surligne les clichés. Le film est assez plaisant à voir, on peut s’amuser à reconnaître quelques débutants – dont Patrick Dewaere, en étudiant exécuté de manière presque subliminale -. Mais le tout est assez vain, même si René Clément n’est pas entièrement responsable : « … En dépit des heurts répétés et souvent violents qu’il eut avec le producteur tout au long des prises de vues »… Clément refusa de jouer le jeu chercha à faire son film… » René Clément par André Farwagi (Éditions Seghers, 1967).